Apprendre à dire non

Portrait de Chantal Calatayud

Pas facile de dire non et ce, quel que soit le registre...

Pourtant, le petit d'Homme montre le chemin lorsqu'il assène des " non " appuyés pour asseoir son autorité en devenir ! Pourquoi alors cette difficulté, à l'âge adulte, à poser des limites protectrices, c'est-à-dire justifiées ?

Tout d'abord, l'être humain étant doué de la parole, le verbe est intimement lié - dans l'inconscient - au oui. Regardons un nourrisson, donc en période dite pré-verbale : il baragouine des sons et peut en rire lui-même, auréolé d'une sorte d'autosatisfaction et d'acceptation. Ainsi, le principe même de la communication s'étaye sur ce mode d'accord... infantile. Ce lien se veut positif dans ses fondements par traces mnésiques interposées mais, coupé de discernement, il peut nous coûter cher !

Dire oui à tout-va peut générer bien des ennuis de par la transformation inéluctable de l'interlocuteur en prédateur... Le non sert justement à recadrer mais, encore une fois, pour certains, opposer un refus relève de l'impossibilité. Ne nous méprenons pas pour autant : les raisons inconscientes de cette faille ne sont jamais louables, comme l'indiquent les plus habituelles :
. Craindre de ne pas être aimable et donc aimé.
. Chercher à prendre le pouvoir sur autrui par hystérie de séduction.
. Se nier soi-même pour mieux victimiser ensuite.
. Porter un masque attrayant pour cacher ses défauts.
. Donner l'illusion de ne pas être égoïste.
. Se complaire dans le complexe du sauveur.

Ainsi, s'engager à dire non revient à quitter ces bases névrotiques. Rapide tour d'horizon sur les comportements à adopter pour en finir avec un rôle de composition aux conséquences finalement particulièrement inhibitrices et sclérosantes :
. Cesser de penser qu'il faut plaire à tout le monde.
. Accepter ses divergences de point de vue.
. Admettre que l'entourage a sa propre capacité à comprendre les refus.
. Renoncer à imaginer être indispensable.
. S'autoriser à délimiter ses plages personnelles.
. Préserver ses désirs légitimes.
. Développer sa sincérité.
. Être centré sur sa valeur intrinsèque.
. S'autoriser certains " non " à ses parents pour que chacun reste à sa place.
. S'autoriser certains " non " à son conjoint par honnêteté vis-à-vis de lui et de soi.
. S'autoriser certains " non " à son enfant pour affermir son autonomie.

Mis en application, ces quelques axes introspectifs aboutissent à la réincorporation du non approprié pour le bien de tous et de chacun.

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Commentaires

Portrait de Raphaelle

J' approche de la cinquantaine et je réalise, en lisant attentivement ce blog très intéressant qu 'il m 'a fallu beaucoup de temps pour apprendre à dire non sans peur; Un divorce, il y a quelques années puis une maladie invalidante dans mon travail m 'ont un peu appris à savoir dire non pour me protéger. Mais en lisant et relisant , je pense que j 'ai encore du chemin à parcourir. Merci quoi qu 'il en soit pour cette réflexion sur moi-même grâce a ce blog.

Portrait de Amélie

Raphaelle sur la qualité du contenu de ce blog. Je me disais que je ne dois pas être quelqu'un de particilièrement accomodant... Peut-être parce qu'assez tôt il m'a fallu compter plus avec moi-même ? Mais après tout comme le titre d'une émission télé : "On ne peut pas plaire à tout le monde". Dans ce cas, et sans peur de passer pour "égoïste", autant dire non quand ça nous semble nécessaire et sans "arrières pensées".

Portrait de Charles

Je me rends compte que je n'ai pas toujours su dire non, pour ne pas déplaire, pour ne pas faire de vagues. Et ça n'a pas toujours été bénéfique, bien au contraire. Aussi, ce blog de Chantal Calatayud est un excellent rappel pour moi. Merci.