Comment être en paix avec ma fille?

Portrait de Nathalie-196

Ma fille vient juste de se lever avec un grand sourire aux lèvres sauf qu'elle est encore rentrée à point d'heure et qu'elle m'avait promis hier qu'elle ferait hier sa chambre à fond, qu'elle changerait ses draps... 

Elle a semblé très étonnée que je ne l'accueille pas à bras ouverts! Sauf que je n'y arrive pas quand elle ne fait pas ce qu'elle dit et qu'en plus elle mène une vie de patachon.

Je sais que je me fait du mal en agissant comme ça avec elle mais je n'arrive pas à faire autrement. 

Dites moi comment je peux arriver à être en paix avec ma fille quelque soit ses comportement j'm'en foutiste et inquiétants?

Portrait de Cécile. G.. Psychanalyste

Non seulement votre fille est adulte et peut gérer seule l'entretien de sa chambre mais en plus c'est son domaine privé. Alors si c'est la pagaille et sale, c'est son problème. C'est à se demander ce qui vous gêne le plus, le fait qu'elle ne fasse pas ce qu'elle dit ou qu'elle se soit amusée ?  

Il est peut-être temps de vous faire plaisir, de vous occuper de vous ?

Portrait de Frédérique Tirtiaux Psychanalyste Art-thérapeute

La plus grande difficulté c’est de lâcher.

Pour cela, je rejoins Cécile : sa chambre c’est son domaine.

La chambre représente un peu l’individu. Votre fille montre à voir qu’elle n’a pas votre maturité et qu’il va lui falloir le temps pour mettre de l’ordre, non pas dans sa chambre, mais dans ses choix, ses envies…

On ne peut pas changer les gens, on ne peut que changer soi-même. Ce qui vous convient ne l’est pas systématiquement pour l’autre.

Accueillez la comme elle est, et non pas comme vous souhaiteriez qu’elle soit, car c’est le meilleur moyen de rater des échanges de sourires, et d’accolades et de rires qui sont source d’énergie et de bonheur…

Cela me renvoie à l’histoire de l’enfant prodigue…

Portrait de Isabelle

Je suis d'accord avec ce qui vous est dit plus haut... Et même si, par expérience parentale, je sais qu'il est difficile de ne pas "rentrer" dans les provocations... Déjà, il y a un bon côté dans le comportement de votre fille... Elle se lève avec le sourire ! Et croyez-moi, c'est déjà positif en soi !

Cessez donc de vouloir votre fille à votre image ! Quand à son espace "chambre", comme cela a été souligné, c'est son espace personnel... Et elle n'a plus 10 ans... Vous ne supportez pas la pagaille voire plus, de son espace... Fermez la porte et forcez-vous volontairement (c'est un pléonasme...) à ne plus vous en préoccuper...

Lorsque votre fille "construira" sa propre vie d'adulte, peut-être un couple, peut-être des enfants... Il y a fort à parier, que vous serez sans doute surprise de voir alors, comment elle saura mettre en place les règles reçues par l'éducation et tout l'amour maternel que vous lui avez prodigué...

Ce qui me ramène aussi à vous demander... Comment étiez-vous à son âge ? Bien sûr, ce n'est pas la même génération... Mais comment était le relationnel avec votre mère ? Et qu'en avez-vous fait aujourd'hui en tant qu'adulte confirmée ?

Portrait de cricri

Il ne s'agit pas de répondre en ne se sentant pas concerné. Je pense que Nathalie attend de nous que l'on entende ce qu'elle veut dire. Selon moi, qui suis mère de 3 filles, je comprends déjà qu'elle trouve inadmissible que sa fille, qui est toujours sous son toit, ne respecte pas l'ordre, pas plus que la tranquillité de sa mère. Et ça c'est anormal. Je pense que c'est ce point particulier qui déstabilise Nathalie. Je suis d'autant plus surprise de la banalisation de vos réponses, que j'ai lu à quelques reprises dans des posts que l'équilibre psychologique de l'être humain passe par la mère qui doit faire respecter l'ordre qui correspond à une première loi intérieure, donc première loi fondamentale par rapport à soi, puis par le père qui doit faire respecter la loi par rapport à l'extérieur, donc par rapport aux autres. Et ces deux lois sont complémentaires.

Au regard de cette théorie dont je crois qu'elle est universelle, Nathalie a raison de faire preuve de mécontentement, en particulier quand sa fille ne fait pas ce qu'elle dit. 

Ensuite, il me semble que la question que pose Nathalie demande comment elle doit faire pour ne pas être perturbée au fond d'elle-même, même si elle ne valide pas - encore une fois selon moi et à juste titre - les comportements provocateurs de sa fille. Vivant ce genre de situation avec une de mes filles, je trouve que c'est ce qu'il y a de plus difficile. Quand je vois qu'elle recherche le conflit ou qu'elle cherche à m'inquiéter, je ne suis pas " aimable " avec elle. Je lui oppose une neutralité pour deux raisons : la première, c'est que je ne veux pas cautionner ce qui, objectivement, s'apparente à des erreurs et la seconde, c'est que je reprends à mon compte la célèbre phrase de Khalil Gibran : " Vos enfants ne sont pas VOS enfants "... Ça me permet de mettre une distance et de ne pas me laisser contrôler par les réactions projectives de ma fille. C'est comme une sorte de main de fer dans un gant de velours. Dans cet esprit, je crois qu'il est nécessaire de ne pas oublier que " qui ne dit rien consent "... Or, on peut dire sans utiliser de vocabulaire. Effectivement, une mine réprobatrice atteste d'un désaccord quand il y a irrespect de la vie en communauté. De toute façon, compte tenu de ce que nous confie Nathalie, je ne vois pas très bien comment elle peut changer son propre caractère d'un coup de baguette magique. Au plus, il s'agit qu'elle trouve des astuces qui allient amour et fermeté mais faire comme si elle ne voyait pas le jeu détestable de sa fille contribuerait à gommer des limites dont son héritière semble avoir grand besoin si elle veut être heureuse un jour...

Portrait de Cécile. G.. Psychanalyste

Vous avez raison Cricri de rappeler que la mère doit faire respecter l'ordre intérieur, limite protectrice quant à soi et doit aussi poser la distance pour ne pas se laisser contrôler. C'est ce qui est effectivement le plus difficile : trouver cet équilibre que vous avez bien résumé avec "une main de fer dans un gant de velour".  

"Qui ne dit rien conscent" est ma devise. Je vous rassure, j'ai eu mon rappel à l'ordre, pour ne ma dire ma rétorsion immédiate :   ma fille, ce matin, est partie au lycée en laissant le bazar dans sa chambre alors qu'elle m'avait dit qu'elle l'avait rangée. 

Soyez en sûre, Nathalie, c'est que ce soir lorsque ma fille rentrera, je penserai à vous !

Portrait de Frédérique Tirtiaux Psychanalyste Art-thérapeute

 

Vous avez raison Cricri, la diplomatie du gant de velours n’ôte pas la fermeté, l’un est douceur et l’autre est froid.

Avoir une grande fermeté sous une douceur apparente et non pas complaisante.

Et je vous rejoins totalement sur le "qui ne dit rien consent". Le parent à le devoir d'éduquer, ce qui est une preuve d'amour , il lui faut aussi se frustrer, en frustrant son enfant car, de la frustration on devient quelque chose.

Votre intervention est très juste et répond bien à la question de Nathalie.

 

Portrait de Isabelle

Si ce n'est toutes mes excuses à Nathalie-196. Merci à Cricri de rappeler effectivement qu'ordre et loi sont les bases essentielles d'un équilibre nécessaire et protecteur.

Portrait de Nathalie-196

Souvent je viens vous embêter avec ma fille mais je ne crois pas exagérer en disant qu'elle est difficile à vivre. Même si je sais que son histoire n'est pas facile, en attendant -au lieu de voir un peu de positif dans son quotidien- il faut toujours qu'elle soit désagréble avec moi et qu'elle assombrisse la plus belle des journées...

Je crois que j'ai bien compris vos bons conseils et je vais tenter de les appliquer. J'ai bien aimé cette histoire de distance mais je sais aussi que ce n'est pas gagné avec elle parce que comme elle est loin d'être bête, elle trouve toujours de quoi m'énerver ou m'agresser en paroles...

de toute façon, si je n'arrive pas à appliquer vos conseils, je me,permettrai de revenir discuter avec vous...