Décès de mon grand amour de jeunesse

Portrait de Claudy

Je viens de passer trois jours dans mon village natal et je suis allée, comme à chaque fois, fleurir la tombe de mes parents et de mes grands-parents. J'en ai profité pour faire un tour dans le cimetière pour " saluer " la mémoire de personnes disparues que j'aimais bien. Au détour d'une allée, j'ai eu un choc d'une violence inouïe : mon grand amour de jeunesse est décédé le 14 février, jour de la Saint Valentin..., sachant que je suis arrivée le 18 février (renseignement pris depuis, son enterrement avait eu lieu la veille...). 

J'ai su au fil du temps qu'il n'avait pas plus que moi fait le deuil de notre passion mais mes parents ne voulaient pas entendre parler de cette union, officiellement parce qu'il avait 12 ans de plus que moi mais ça, c'était un faux prétexte et ce qui les gênait surtout c'était des désaccords personnels avec les parents de mon amoureux (ils étaient en rivalité professionnelle). Ils ont tout fait pour nous séparer et ils y sont arrivés. Lui est resté au village et a travaillé dans l'affaire familiale et moi je suis partie faire mes études à Lyon. À l'époque et en raison de la complication des moyens de transport (j'ai 62 ans), je ne revenais que rarement au village. Il avait expliqué à une amie que si j'avais accepté de partir si loin, c'est que je ne l'aimais pas et c'était pourquoi il ne répondait plus à mes lettres. À cause de son entêtement, notre séparation a été définitive dans les faits : ainsi, il a rencontré une jeune fille et moi un jeune homme... J'ai su qu'il s'était marié alors que sa jeune épouse était enceinte de huit mois... Chacun de notre côté, notre mariage a eu lieu, sans le savoir, à une semaine d'intervalle, lui dans le village de la jeune femme et moi à Lyon car je n'avais aucune envie de le croiser éventuellement vêtue de ma robe de mariée... Mon amie m'a dit qu'il ne voulait pas se marier, qu'il n'aimait pas cette jeune femme et qu'il avait regretté son attitude envers moi mais, de toutes les manières, il avait fait en sorte que nous soyons engagés chacun de notre côté... Il a eu une fille et moi un fils. Quand j'allais voir mes parents, je me faisais discrète pour ne pas le rencontrer. Mais il y a une dizaine d'années, j'ai craqué et j'ai pris un prétexte pour entrer dans leur magasin car j'avais envie de voir comment il était devenu en réalité, mon amie de l'époque vivant en Australie depuis 1985 n'étant plus au courant de rien dans le village où elle n'a plus d'attaches. C'est sa femme qui m'a accueillie. Je ne sais pas pourquoi mais je lui ai dit qui j'étais ! Et je ne sais pas pourquoi non plus mais elle a compris tout de suite qui j'étais ! Je garde le souvenir d'une femme très gentille mais obèse (lui était charmant jeune) et elle m'a raconté que leur commerce ne marchait pas bien. Encore un étonnement pour moi, elle m'a fait comprendre que son mari n'allait pas bien genre fragile... J'avais su il y a longtemps qu'il avait tendance à boire et j'ai pensé qu'elle faisait peut-être allusion à ça. Elle m'a dit aussi qu'il était dans le magasin et, là, ce que je regrette de toutes mes forces depuis, je n'ai pas osé lui demander de l'appeler... Je suis donc partie pour ne plus jamais revenir, hésitant tous les ans... Sur Internet et en cherchant, j'avais vu qu'ils n'avaient plus leur commerce depuis 2014 et que depuis 2004, il était à son nom à elle. Pourquoi ? J'ai tout imaginé, sachant que je n'ai jamais fait le deuil de cet amour...

Excusez-moi d'être aussi longue dans mes explications mais je ne savais pas comment vous présenter les choses. Ma question est la suivante : n'ayant plus jamais revu cet homme physiquement et pouvant encore rêver de lui, est-ce que mon deuil va devenir totalement impossible maintenant qu'il est mort sans donc l'avoir revu ? Ma question n'est pas égoïste. Je vais aller jusqu'au bout de sa raison : mon fils n'a jamais été heureux sentimentalement, ayant connu divorce et trahisons et j'ai toujours eu l'impression que ça venait de mon amour de jeunesse que je ne suis jamais arrivée à dépasser... Mon cœur est brisé depuis le 18 février et je suis perdue avec mes interrogations, à savoir que si je n'arrive pas à faire ce deuil, je crains que mon fils ne soit jamais heureux en couple et je sais que lui aussi est très fragile psychologiquement (il avait fait une tentative de suicide après son divorce).

Portrait de Mado

Votre triste histoire sentimentale a retenu mon attention et sur un plan humain et sur un plan familial avec beaucoup de similitudes par rapport à une de mes cousines mais, en plus,  je suis de la même génération que vous (66 ans) et effectivement de notre temps, c'était encore nos parents qui décidaient de notre avenir conjugal! C'est une de mes cousines donc qui a eu droit au refus ses parents d'épouser son amoureux au prétexte qu'ils n'étaient pas du même milieu social... Lui est parti vivre en Côte d'Ivoire et s'est tué à 26 ans sur un chantier sur lequel il travaillait... Elle, ne s'en est jamais remise, est restée célibataire, dévouée à sa cause d'infirmière et est décédée des suites d'un accident de voiture très grave qu'elle a eu en revenant de chez un de ses patients... Elle était fille unique et sa mère a avoué un jour à la mienne tous ses regrets... qui ne servaient plus à rien... 

Moi aussi mon entrée en matière est longue mais ce que vous avez confié m'ayant beaucoup remuée, je voulais vous témoigner toute mon empathie en passant par le drame qui a touché notre propre famille.

Je ne suis pas psy (infirmière) mais il me paraît raisonnable que si vous réfléchissez à cette rencontre que vous avez eue avec l'épouse de votre amour de jeunesse, le fait que vous l'ayez vue obèse peut vous renvoyer l'image de celle que vous seriez devenue si vous l'aviez épousé. Cette rencontre ne s'est pas faite par hasard et l'Univers vous a mis sous les yeux de quoi faire votre deuil, non pas pour des raisons esthétiques mais parce que l'obésité cache sans exception de gros problèmes psychologiques et à priori dans ce couple. Cette dame vous a parlé aussi de la fragilité de son mari. Vous aviez eu également des échos qui allaient dans ce sens. C'est sûr que si vous l'aviez revu, on peut penser que ça aurait été mieux mais si ça ne s'est pas fait, c'est selon moi qu'il ne fallait absolument pas que ça se fasse. Imaginons que vous ayez vu qu'il était vraiment alcoolique, je crois que vous seriez rentrée dans une profonde culpabilité qui aurait rendu impossible la moindre capacité de deuil. 

Mon explication n'est pas très professionnelle mais je pense que votre tristesse va en toucher plus d'un et que vous allez pouvoir évoluer vers une porte qui est en train de se fermer aussi et certainement grâce à cette discussion.

Je vous assure de ma plus grande sympathie,

Mado

Portrait de Gabrielle

N'étant pas de la même génération que vous et Mado, je trouve que nous avons beaucoup de chance de ne plus subir à ce point les injonctions parentales. Il me semble que nous devrions conscientiser cette situation plutôt que de râler pour un oui ou pour un non. Ceci dit, le com de Mado m'a touché par sa sagesse. Et j'espère de tout coeur qu'il allégera votre fardeau. Je le trouve plein de bon sens et de justesse.

Amitiés,

Gabrielle

Portrait de Mireille-cogolin

Je ne sais pas si vous êtes croyante mais, pour avoir vécu un immense drame en restant veuve à 30 ans, ma foi globalement m'a aidée, même si j'ai eu beaucoup de " bas ".

Je vais faire comme si vous étiez croyante...

Je suis certaine que Le Seigneur vous a évité un couple que vous n'auriez pas pu supporter. À mon sens, il est fort probable que cet homme que vous avez connu " charmant " se soit dégradé et Dieu jusqu'au bout vous a épargné ce spectacle qui vous aurait meurtrie à tout jamais... De vous répéter cela peut vous aider à faire le deuil. C'est un peu de cette façon que j'ai démarré le mien en me disant que j'aurais peut-être été très malheureuse si mon couple avait duré. Par exemple, je n'aurais pas supporté que mon mari ait des maîtresses. Dieu m'a protégée du pire. J'en suis convaincue. Ne pensez pas que je sois inhumaine et égoïste par rapport à mon époux en me disant que mon veuvage avait sa raison spirituelle d'être. Bien sûr que mon mari est décédé très et trop jeune mais si Dieu l'a décidé ainsi, c'est aussi pour lui épargner une vie qui l'aurait fait souffrir.

Portrait de Hugopsyfrance

Il est certain que vous êtes restée fixée sur une image idéale de votre "grand amour de jeunesse" et qu'il est indispensable de la désidéaliser. Toutefois, et cet aspect vous a déjà été signalé dans cette discussion, deux objectivations vont vous y aider: l'apparence de l'épouse de ce monsieur décédé qui manifestement vous a choquée et la fragilité de votre ex. Tout comme de l'avis général, cette histoire d'amour vous aurait joué de mauvais tours à la longue. Vous n'avez sûrement pas choisi par hasard de faire vos études à Lyon qui est une superbe ville et très élégante de surcroît. Vos parents vous ont sûrement protégée, même si vous avez souffert de cette rupture involontaire au conscient. Permettez-moi d'ajouter quelque chose qui me semble important également: avec les coïncidences de dates que vous donnez, on peut se demander si ce couple ancien n'a pas été perturbé par trop de similitudes entre vous laissant envisager comme une sorte de rapports de gémellité qui à la fois vous attiraient mais devenaient en parallèle répulsifs. Quoi qu'il en soit, ne courez pas les psychogénéalogistes. Ça ne ferait qu'attiser votre idéalisation. Faire le deuil c'est accepter que notre chemin sur terre est comme il doit être. 

Portrait de Christine-zen

Un passage de l'enseignement de Mâ Ananda Moyî pourra, je le souhaite, vous aider dans votre deuil :

" Quelle que soit l'image qui surgisse à votre esprit, contemplez-la ; observez sous quelle forme Dieu veut se présenter à vous. ".

Cet extrait m'est revenu à la suite de certains posts qui, et je suis pleinement d'accord avec leur contenu, ont retenu, tout comme vous, l'image de cette épouse obèse. Prenez-la comme un signe que le Seigneur vous a envoyé pour vous faire comprendre que vous n'auriez pas été heureuse dans ce couple. Cette dame a dû avoir besoin de combler un immense vide pour se remplir autant de nourritures terrestres et grossir anormalement. Autrement formulé, le Seigneur vous a fait comprendre que cette union que vous regrettez tant aurait été VIDE DE SENS pour vous... Je sais que ce que je vous dis là peut vous attrister mais c'est cette évidence qu'il est nécessaire que vous acceptiez. 

Portrait de iverlaine

Cet homme est décédé le jour de la Saint Valentin. Il est certain qu'il ne devait pas être lui non + très heureux dans son couple mais reconnaissez tout de même que c'est lui qui a fermé la porte à double tour avec vous, estimant que vous ne l'aimiez pas ! J'en déduis qu'il n'a jamais essayé de vraiment discuter avec vous et qu'il ne vous a pas réellement attendue ! S'il cherchait à vous punir de votre éloignement, permettez-moi de vous dire qu'il était un peu spécial, ce qui rejoint le fait qu'il ne devait pas être évident de vivre avec lui... Il me paraît utile, si vous désirez faire ce deuil nécessaire, que vous mettiez à plat le blocage définitif qu'il a créé lui-même en se débrouillant pour qu'une jeune femme soit enceinte quasiment dans votre dos et qu'il l'épouse. Peu importe que vos parents ne l'aient pas apprécié mais j'estime qu'il ne s'est pas beaucoup battu pour sauver votre histoire sentimentale...

Portrait de cerise-du-26

J'adhère tout à fait au commentaire d'Iverlaine et je pense exactement la même chose que lui quant à cette triste histoire. 

Cet homme est maintenant décédé. Essayez d'avoir le courage d'analyser tout ce qu'il aurait pu faire pour que votre relation amoureuse ne dépérisse pas lamentablement, d'autant qu'à mon sens, j'ai le sentiment qu'il a fait en sorte ainsi de vous phagocyter à lui psychiquement, que vous avez dû penser à lui toute votre vie avec des regrets insurmontables et qu'au final, il a endeuillé depuis toujours votre quotidien...

Portrait de iverlaine

Cet homme a tenu depuis des lustres sous sa coupe et à distance Claudy... Il l'aimait certainement mal, trop et de façon pathologique. Quel gâchis ! 

Portrait de yamina.174

Ce type de pulsions d'emprise, le + souvent refoulées mais agissant tout de même malheureusement, est redoutable. 

Dommage que cet homme ne soit pas parvenu à réaliser que punir, c'est s'auto-punir. En même temps, l'inconscient a ses raisons que la raison ne connaît pas...

Portrait de Gilbert

Je suis d'accord avec ce qui vous est dit même si cela peut vous paraître un peu douloureux. J'ai noté que c'est lui qui a coupé les ponts en ne pas répondant à vos lettres. Il vous a fait un procès d'intention en fuyant la relation. Ce qui montre qu'il n'était pas à la hauteur de vos sentiments pour des raisons multiples certainement et il n'est pas question de juger. Visiblement vous n'étiez pas sur la même longueur d'onde. Lorsqu'Iverlaine dit qu'il aimait de façon pathologique, j'adhère à ce point de vue. Et du coup, vous auriez formé un couple pathologique...

Portrait de Sofia M

Si on se place sur le plan spirituel, Dieu n'a pas permis la moindre ouverture pour que vous discutiez avec votre ex une fois devenus vraiment adultes et là, effectivement, d'un point de vue de croyant c'est un état protecteur.

Si on se place sur le plan humain, et c'est ce qui est extrêmement douloureux de toute façon, c'est que cet homme a fermé toute possibilité de dialogues et que vous êtes restée sur une frustration épouvantable que son décès vient de rendre définitive. Il faut impérativement que vous sortiez de cette histoire que je qualifierai d'inhumaine car, qu'on le veuille ou non, il vous a prise et gardée en otage. Je dis cela car j'ai fait le calcul avec les dates que vous donnez et il était né en pleine guerre, sa névrose vous emprisonnant par voie de conséquence. De mon côté, je pense que vous n'auriez pas été heureuse avec lui mais comment vous faire entendre cette certitude ? Je vais aller + loin dans l'expression de ma pensée : en lisant votre récit, j'ai ressenti le fait que cet homme n'était pas loin de ce qu'on appelle aujourd'hui un pervers narcissique. L'image que renvoie son épouse tend à le prouver, elle qui a dû mettre des kilos autour d'elle pour se protéger, le décrivant " fragile " (bonjour sa culpabilité à elle !) + leur commerce mal en point dans un village, bien logique d'ailleurs ce commerce qui ne s'est pas développé car l'énergie qu'il a dû consacrer à vous empêcher inconsciemment d'être libre, heureuse et épanouie dans votre propre famille (vous ne parlez pas de votre couple officiel...) a dû lui manquer sévèrement pour faire grandir son entreprise. Preuve encore s'il en fallait qu'il est resté fixé à cette époque de votre rupture obligée... Je ne doute pas que cet homme vous ait aimée mais comme un malade, à la folie... De grâce, malgré votre chagrin qui n'a jamais dû vous quitter depuis plusieurs décennies à constater la fragilité de votre fils, ouvrez les yeux sur cet homme qui, à mon sens, avait des problèmes psychologiques très importants qui ont contribué à faire de vous son bouc émissaire privilégié, sa " cible " somme toute. Si vous l'envisagez à partir de maintenant comme trop tortueux pour vous, je suis certaine que vous allez vous libérer enfin de cette prison fantasmatique et libérer par la même occasion votre fils qui s'est identifié à votre peine, fantasmant inconsciemment que vous n'étiez pas heureuse à cause de lui...

Votre histoire m'attriste profondément car je pense que vous avez été " mal-heureuse " et je suis de tout cœur avec vous,

Sofia

Portrait de Pauline

Et tous les commentaires me permettent de mon côté de voir ma propre histoire sous un jour nouveau. Avant de faire la connaissance de celui qui est devenu mon mari (je me suis mariée très jeune, à 17 ans) et père de mes trois enfants, j'ai eu moi aussi un grand amour. Je n'ai jamais vraiment pû oublié mon grand amour (il m'arrive fréquemment d'y penser encore, même d'en rêver à aujourd'hui 69 ans). Il s'est tué dans un accident de voiture alors que j'étais jeune maman de mes deux filles, l'aînée ayant à ce moment là 16 mois, la seconde tout juste 4 mois. J'ai eu aussi un fils après son décès... Fils mort enfant, d'un accident de la route. En lisant notamment ce qu'explique Sofia je réalise qu'il y avait des points communs entre ces deux hommes. Originaire tous deux de la région parisienne, l'un et l'autre avaient une histoire douloureuse avec leurs pères respectifs, ce qui a été mon cas également. Mon ex mari était né en 1939, mon premier amour en 1944. Ce serait vraiment très long de raconter dans le détail toute l'histoire mais disons que lui n'a pas voulu s'engager dans une vie de couple, se disant trop jeune et pas assez établis dans sa vie matérielle (il était un jeune militaire débutant sa carrière). Il s'est tué quelques semaines après être entrer en contact avec moi, ayant appris que j'étais mariée et jeune mère. Il m'a proposée alors de quitter mon mari et de le suivre avec mes deux jeunes filles... Je n'ai pas pû par respect pour le père de mes enfants qui m'a lui laissée libre de choisir entre eux deux. Je vous remercie Claudy d'avoir eu ce courage de raconter votre histoire ! Celà va m'aider à revisiter la mienne avec peut-être enfin une forme de détachement... Car je comprends grâce à vous que j'ai moi aussi continuer à vivre durant toutes ces années, une histoire qui en fait ne devait pas se faire. De tout coeur merci.

Portrait de Claudy

Grâce à l'ensemble de vos commentaires et notamment grâce à celui de Pauline, une scène désagréable m'est revenue que j'avais enfouie. Lors d'un passage dans mon village natal il y a fort longtemps, nous sommes allés avec mon mari prendre un café au Café des sports, seul lieu correct car mon département c'est un peu la France profonde....Nous étions tranquillement installés quand " mon grand amour " est arrivé avec sa femme, trois copains (de jeunesse à moi aussi évidemment) et sa fille qui devait avoir deux ans (mes parents avaient gardé mon fils pour que nous allions nous promener).  Une fois la surprise passée car il ne s'attendait pas à me voir, il m'a toisée du regard, sans me dire bonjour, pas plus que les copains d'ailleurs, et je me souviens maintenant du sourire ironique et fier qu'il arborait. Monsieur était père de famille, LUI ! Quel exploit ! Sauf qu'il ne savait que de mon côté j'étais maman... J'avais complètement oublié cette scène qui m'avait été très douloureuse sur le moment...

Je vais faire comme Pauline et je vais revisiter cette histoire. J'ai du reste commencé et je me demande si je n'ai pas fait grossir les sentiments qu'il me portait, même si je suis certaine qu'il m'aimait. Pauline m'a aussi ouvert les yeux sur des similitudes familiales car, et curieusement, dans ce qu'elle évoque, j'ai retrouvé des paramètres identiques avec mon ex-futur ! Mais je ne crois pas au hasard... Je pense que ce qui nous avait rapprochés c'était l'abandon. Lui était un enfant abandonné et mon grand-père paternel l'avait été aussi, ce que nous savions tous les deux. 

Je sais que je vais parvenir à voir enfin la réalité en face mais, au risque de vous étonner, et c'est ce qui est douloureux pour moi, j'ai l'impression de l'aimer toujours. Et de n'avoir jamais arrêté de l'aimer. En même temps, j'ai compris ce que vous avez voulu me faire saisir : tous ces mots tus entre nous ont entraîné l'entretien de l'amour que je lui portais et qui a considérablement entâché mon couple légitime en secret. J'ai toujours eu le sentiment que j'aimais moins mon mari que lui et que je m'étais mariée par dépit... Je crois que je me suis bien plantée et que j'ai bien gâché ma vie. Comme vous le dites, il faut maintenant que je quitte cette idéalisation, ne serait-ce que pour être enfin un peu heureuse et libérer mon fils qui n'est pour rien dans cette triste relation. Par contre, je suis effondrée de savoir que je ne reverrai plus jamais cet homme parce que mon grand regret repose toujours sur mon manque d'explications. S'il avait voulu me revoir au moins une fois, j'aurais pu aussi voir comment il réagissait et avoir une preuve de son amour ou de son non-amour pour moi... Il va falloir de toute façon que j'arrive à faire " sans " et ce n'est pas gagné. Pour autant, je ne baisserai pas les bras tant que je n'aurais pas évacué le moindre regret. 

Merci pour toute votre gentillesse.

Claudy

Portrait de Danièle-Dax

Je vais essayer de ne pas être maladroite Claudy mais votre commentaire me fait penser à une très bonne copine de jeunesse, une jeune fille de mon propre village natal. Elle était sortie avec un garçon pendant quelques mois et en était folle amoureuse. Lui sortait chaque samedi soir mais ses parents à elle ne voulait pas qu'elle aille au bal le soir (le terme quand nous étions jeunes car le " boîtes " n'existaient que dans les grandes villes). Jusqu'au jour où il a mis enceinte une jeune fille d'un village voisin qu'il a dû épouser. Tout le monde savait qu'il ne l'aimait pas mais il a fondé sa famille avec elle et n'a jamais divorcé. Ma copine a supporté cette situation épouvantable comme elle a pu. Elle voyait ce jeune couple de garagistes (affaire familiale en plein centre du village) dès qu'elle était obligée d'aller faire des courses mais ne sortait pratiquement plus en dehors de ses achats incontournables. Sa mère avait une petite mercerie. Elle a d'abord travaillé avec elle, puis a tenu le commerce seule quand sa mère a pris sa retraite. Elle ne s'est jamais mariée et s'est réfugiée passivement dans la religion. Elle est décédée d'une crise cardiaque il y a une dizaine d'années. Elle, si jolie jeune, était également devenue obèse. Les psys diraient probablement qu'elle compensait l'absence d'amour et de présence de son amoureux, dont elle n'a jamais fait le deuil, par la nourriture... Elle aussi était restée fixée sur une histoire d'amour impossible et n'en était jamais sortie. Malheureusement, je pense qu'il ne s'agit pas de cas uniques et qu'il y en a beaucoup plus de ce type que ce que l'on peut l'imaginer...

Portrait de Serge

Cette discussion vient de m'éclairer sur des questions que j'avais sans réponses autour du deuil non fait, voire impossible à faire, quel que soit le domaine concerné.

Finalement, tout deuil est irréalisable tant que nous nous sentons atteints, blessés, par une situation qui ne tourne pas à notre avantage, comme nous l'avions envisagé, estimé, autrement formulé : tout évènement que nous ne maîtrisons pas. Ce qui peut concerner une perte d'emploi aussi par exemple et des chômeurs qui, malgré leurs démarches, ne parviennent pas à retrouver un job...

Je viens de comprendre pourquoi on dit que l'orgueil est le pire des fléaux...

Merci pour vos posts qui ont allumé chez moi une lumière dont j'avais grandement besoin.

Serge

Portrait de Orlan

Vous mettez l'accent où il faut dans votre post. Vous venez de me faire comprendre pourquoi je gère mal l'échec scolaire de mon ado. Je me sens atteint au + profond de moi par ses mauvaises notes ! Effectivement, il ne s'agit que de la réaction minable de mon orgueil. Tant que je n'évoluerai pas vers davantage d'humilité, tant que je ne quitterai pas cette confusion de personnes, je continuerai à souffrir. Logique. Quant au scénario expliqué de l'état de " vieille fille ", il m'a parlé par rapport à un copain à moi resté " vieux garçon " et devenu dépressif à la suite d'une rupture sentimentale et qui a fini en hôpital psychiatrique...

Portrait de Régis

Vos témoignages me parlent aussi, Serge et Orlan, comme pour me confirmer que l'humilité est toujours une clé bénéfique à disposition lorsque je me sens mal dans ma peau. La joie est à ce prix. C'est l'enseignement de Jésus.

Portrait de Sylvie-0570

Au regard de ce que vous venez d'expliquer, la célèbre sculptrice aurait sombré dans la folie se sentant humiliée par Rodin à cause d'un orgueil démoniaque... 

Mon programme par rapport à ma vie sentimentale tortueuse : tordre le cou à mon orgueil le + vite possible. Et soyez assurés que je vais m'occuper de lui de ce pas et qu'il aura intérêt à lâcher parce que moi je ne le lâcherai pas...

Portrait de Régis

Une compréhension qui éclaire la souffrance de Camille Claudel d'un point de spirituel. Je n'avais pas vu cet aspect du problème. Merci Sylvie-0570.

Portrait de Véro

Cette façon d'aborder les choses et les raisonnements me permettent d'entrevoir pour moi, le fait que j'ai tant de difficultés à construire une vie affective... Un grand merci pour la qualité de ces réflexions.

Portrait de Isabelle

Pour ma part, je sais que j'ai encore un gros travail personnel à fournir pour casser cet orgueil... D'autant, et c'est très intéressant; qu'il doit y avoir une couche (bien sûr !) de plusieurs générations... Ne serait-ce que par identifications avec arrière-grand-mère et grand-mère paternelles qui se sont elles aussi "drappées" dans leur dignités orgueilleuses de "femmes seules"...

Portrait de Alicia

Extrêmement réflexive cette discussion... Je n'avais jamais pensé non plus à regarder du côté de l'orgueil... Hélas ! C'est très parlant pour moi. Tant sur le plan sentimental, vu que ça fait des années que je suis seule (et le gag c'est qu'en plus je souffre de cette solitude !) que sur le plan de l'investissement scolaire de mon ado et de son non vouloir. Finalement c'est moi qui ai tout faux... Orgueil quand tu me tiens ! Parce que ça peut-être une super excuse pour ne surtout pas changer. L'orgueil me justifie "victime" finalement...

Portrait de Nathalie-196

Je viens de trouver cette discussion.

Peut être qu'elle va me faire faire le,deuil, de mon amour de jeunesse. 

Je me suis reteouvé enceinte. Du coup' il,s'est enfuit et il m'a laissé tombé. Il n'a jamais reconnu la petite. il a complètement disparu de la circulation. 

Malgrés que j'ai un compagnon, il,m'arrive encore de rêver du père de ma fille. Je viens de comprendre que c'est‘parce qu'il à refusé' tout dialogue et de me voir quand il a su pour ma,grossesse. C'est donc parce qu'on ne s'est pas parlé ni plus parlé que je pense encore à lui, imaginant que je pourrai le,revoir', alors qu'il est peut être mort lui aussi.

Portrait de Pier36

Un film est passé hier à la télé sur ce sujet: "45 ans", avec Charlotte Rampling... Un film qui donne à réfléchir sur les sentiments masqués et le deuil sentimental non fait de la personne avec laquelle on vit...

Par rapport à cette discussion et comme certains posts l'expriment très bien, comment parler à son conjoint d'une grande histoire d'amour qui s'est arrêtée brutalement au détour d'une destinée? C'est impossible... C'est ainsi que le fantasme et les élucubrations psychiques s'emparent d'une suite qui ne pourra jamais exister et qui tient à la faveur d'un rêve éveillé quotidien qui nous fait croire que pour être heureux ou heureuse dans la vie, c'est avec lui ou avec elle que j'aurais dû me marier... Et tout au long de leur existence, certains entretiennent ce leurre qui les rend mélancoliques et étouffe le couple réel qu'ils forment... Ils ne vivent pas. Ils survivent.

Portrait de Domino

Il est bien connu que nous voulons toujours ce que l'on n'a pas ou ce que l'on n'a plus. Ces regrets de pacotille sont enfantins dans la mesure où l'on s'invente alors une vie avec un homme ou une femme, vie que l'on brode à la faveur de la réduction de son partenaire à notre image. Sans même pouvoir envisager que ce couple fabriqué par notre "tête" et notre cœur n'aurait jamais pu être idyllique tout au long de l'existence.

Portrait de Flo

J'en ai malheureusement fait les frais sur le plan amoureux et il m'a fallu plusieurs années pour guérir de la dimension que je voulais donner à une relation sentimentale qui n'avait que très peu vécu.