Est-ce que comprendre que ma sœur est malade mentalement c'est déjà lui pardonner ? ?

Portrait de Mireille-cogolin

Ma sœur est passée me voir hier et m'a dit que le bénévolat que je fais c'est par égoïsme... Et puis elle m'a fait aussi plein de reproches que je n'ai pas compris : en gros, selon elle, je n'aime pas famille !!!

Au ton qu'elle a encore employé, à la limite des cris, je pense qu'il faut que j'arrive à admettre qu'elle a un gros problème psychologique qu'elle ne réalise pas. D'ailleurs, elle se brouille avec tout le monde... Mais, est-ce que comprendre et voir qu'elle est déséquilibrée mentalement, c'est déjà lui pardonner ses insultes ?

Portrait de Viviane

Bonjour Mireille ! Pour ma part, je vous répondrais que si vous admettez un "gros problème psychologique" chez votre soeur, vous admettez en parallèle, qu'on ne change pas "l'autre" et vous prenez en compte "ses limites"... Tout comme le fait que celà permet d'intégrer pour soi, qu'il ne s'agit bien que de projections de sa part, qui n'ont en soi que valeur de "projections" et pas de "vérités" pour vous... Ce qui induit, à mon sens que face à certains profils, il s'agit avant tout vis-à-vis de soi-même de s'en protéger... Mais, et même s'il est bien évident, qu'il n'est pas question de s'inscrire dans une "volonté de vengeance"... je ne suis pas sûre pour moi-même de parvenir à être véritablement dans le "pardon"... car mon ego me fait quand même encore "réagir" sur ce que je ressens comme blessant et injuste... et je vois bien par mes propres réactions, toutes mes limites... Alors, et c'est ce que quelqu'un de mon entourage, m'a laissé entendre je crois, en tout cas c'est comme ça que je l'ai compris... Il s'agit de s'en remettre au Christ en lui confiant votre soeur... Lui le Pardon il Sait... C'est l'essence même de sa vie terrestre aussi...

Portrait de Gilbert

Bonjour Mireille,

Mon père et mon grand-père avaient de sérieux problèmes psy. J'ai pu leur pardonner et accepter leurs bons côtés le jour où j'ai compris que je n'y pouvais absolument rien et que c'était leur destinée. Votre soeur, apparemment, est perturbée mentalement. Acceptez cette réalité et n'essayez plus de rationaliser. Branchez-vous sur ses côtés positifs. Difficile certainement, mais en cherchant honnêtement, vous en trouverez. Mon père, malgré sa maladie psychique, m'a élevé comme il a pu et je n'ai pas vraiment de raison objective de me plaindre par rapport à d'autres. Mon grand-père a fini dans un hôpital psy mais je me souviens de sa gentillesse lorsqu'il m'offrait, enfant, des étrennes pour le nouvel an... Et comme il s'appelait Etienne, ça m'a marqué. Les psys diraient peut-être que ce sont des " moi " en quelque sorte  " oblatifs " qui sont là pour nous faire avancer, même si c'est difficile au quotidien. Et puis, je sais que vous êtes croyante. Or Dieu ne nous veut aucun mal. S'il nous met en présence de certaines situations familiales, c'est toujours pour évoluer vers plus d'Amour. En ce sens, je remercie mon père et mon grand-père... Amitiés, Mireille.

Portrait de Floriane

Quelqu'un m'a dit, il y a peu de temps, que pardonner c'était finalement passer à autre chose, ne plus souffrir de ce que l'autre peut dire ou faire (à notre encontre ou pas d'ailleurs). Et je suis assez d'accord. Tant qu'on en veut à l'autre, que ses paroles ou ses actes, ou sa présence, nous blessent, et qu'on le veuille ou non, on n'est pas prêt à pardonner. Le temps, la distance et le détachement aident à pardonner, au sens premier du terme.

J'ai compris ça le jour où j'ai réalisé que je pouvai passer Noël en présence de la compagne de mon frère qui avait fait de moi sa "bête noire" depuis des années, m'avait beaucoup blessée et "attaquée" alors que j'étais enceinte, avait fait du chantage à mon frère alors que je venais d'accoucher et qu'elle le menaçait de partir s'il venait me voir pour fêter mes 30 ans à la maternité, et m'avait ainsi "privée" de mon dernier anniversaire avec mes proches au complet, mon père étant décédé quelques mois plus tard.

Je lui en ai beaucoup voulu. Elle prenait beaucoup de place, trop. Et le jour où j'ai compris que je ne voulais pas me priver d'un moment avec les autres alors qu'elle serait présente, j'ai pardonné. Je me suis centrée sur mon désir, et sur ceux avec qui j'avais envie d'être, et je l'ai ignorée. Etre en présence d'elle ne m'a plus gênée.

Alors, pardonner, ne veut pas dire oublier ou tout accepter. Je ne vais pas l'appeler ni passer tous mes dimanches avec elle, mais si désormais, à certaines occasions elle est présente, et bien soit. Je m'en fous.

Pour en revenir à votre soeur, Mireille, elle projette, certes, elle essaie de régler des comptes avec vous, vous provoque, vous diminue, vous critique, et j'aurais envie de vous dire: ne vous laissez pas faire, mettez de la distance, vous n'avez pas à accepter cela. Et mettre de la distance vous permettra peut-être aussi de vous détacher petit à petit de la rivalité qu'elle cherche à attiser. Qui sait, cela lui permettra peut-être aussi de réfléchir, ou pas. Mais ça n'est pas votre affaire.

Quelqu'un m'a dit aussi, que lorsqu'une personne nous "attaque", comme elle est en pojection, par effet miroir on peut lui dire "c'est celui qui dit qui est" (ça marche bien avec les enfants) ou "toi-même". Histoire de ne pas garder en nous ces paroles blessantes. A tester...?

Portrait de Sofia M

Je pense tout comme vous, Mireille, que comprendre la pathologie de l'autre c'est pardonner. Reste que tenir le coup devant les désordres mentaux de l'interlocuteur, a fortiori quand il s'agit d'un membre de sa propre famille, c'est très difficile, notamment lorsque ces personnes agressives et déséquilibrées présentent une apparence normale car gardant un discours cohérent en surface.

Je rejoins tout à fait les vues de Gilbert quand il dit que ces personnes difficiles sont là pour nous faire progresser. Elles constituent une sorte d'apprentissage pour être dans l'acceptation mais garder systématiquement le cap de cette acceptation essentielle demeure extrêmement complexe et épineux. Pour y parvenir, je pense que le plus sage consiste à voir les progrès que vous effectuez quand votre sœur recherche le conflit, d'autant que ça a l'air fréquent et pour n'importe quoi. Si vous dérapez, ce n'est pas grave car, compte tenu de votre souci de pardon, après chaque dérapage vous pouvez analyser la situation et considérer déjà dans quel piège il ne faudra plus que vous tombiez lors d'une prochaine recherche de conflit... Tel que vous décrivez cette dame, elle a un vrai problème psychologique, malheureusement grave selon moi, et - comme le précise aussi et à juste titre Viviane - vous ne pourrez jamais la changer. Puisque vous avez le bonheur et la chance d'être croyante, je pense pouvoir dire que c'est quand Dieu estimera que vous (!!!) vous avez suffisamment changé, dans le sens de ne plus ressentir la moindre déstabilisation par rapport à la méchanceté de votre sœur à votre égard, qu'Il la transformera positivement en utilisant des moyens que Lui seul peut déterminer... Malheureusement pour elle et compte tenu de ses attitudes hostiles récrrentes, ce pourra être une leçon sévère qu'elle recevra mais, là encore, vous n'y pourrez rien... Dans ce cas, les psychanalystes parlent de rétorsion par surmoi interposé (le censeur interne). Quoi qu'il en soit, vous serez libérée des pulsions d'emprise de votre sœur quand vous couperez le cordon avec elle. Lâchez prise le plus possible et, un jour, elle sentira qu'elle ne peut plus vous contrôler... 

En revanche, Mireille, votre souffrance est palpable par rapport aux comportements anormaux de votre sœur et c'est bien compréhensible, et ce d'autant plus que vous n'avez ni mari ni enfant. Aussi n'hésitez pas à venir sur ce forum dès que vous sentez que vous n'en pouvez plus. D'une part ça évite de faire des bêtises, d'autre part ça évite d'abîmer sa santé... Sans compter que vous qui êtes altruiste, sachez que ce qui est satisfaisant c'est que vous permettrez  en parallèle d'aider d'autres foromers qui doivent rencontrer, supporter et vivre les mêmes écueils que vous...

Portrait de Lucien

Humblement, je viens apporter ma petite pierre à l'édifice...

Pour moi, Mireille, vous avez tout compris... La méchanceté gratuite de votre sœur prouve qu'elle est malade. Dites-vous que, même si vous devez la subir, vous êtes mieux lotie qu'elle... C'est du reste ce qu'elle ressent sûrement et qui la fait sortir de ses gonds uniquement parce que nombriliste comme elle est, elle est incapable de prendre en compte, de voir, de réaliser que vous avez vos propres souffrances et vos peines personnelles, indépendamment d'elle...

Comprendre, et je pense comme vous, c'est pardonner mais c'est aussi et surtout avoir déjà parcouru une sacrée distance sur le chemin de la paix...

Portrait de Mireille-cogolin

Je voudrais que vous sachiez combien j'apprécie votre empathie qui ne s'arrête pas qu'à la compréhension et à la gentillesse. Ce qui m'apporte beaucoup et qui me fait évoluer, c'est que chaque fois qu'une question est posée - et quelle que soit la catégorie - il y a des conseils avisés et appropriés... C'est souvent que j'ai demandé de l'aide dans ces forums. J'en ai toujours reçue et à chaque fois ça m'a permis de redémarrer, de me relever et de continuer ragaillardie et sans rancœur... Votre intelligence du cœur m'émeut beaucoup...