Hasard ou Conscience ?

Portrait de Gilbert

Dans les discussions sur les origines et le sens de la vie, croyants et athées s'opposent sur la notion de Création. D'autres, que l'ont dit agnostiques, ne se disent ni croyants ni athées. Ils sentent bien qu'il n'existe pas seulement la matière mais n'adhèrent pas fatalement aux Textes Sacrés tels qu'ils sont transmis par la religion. De son côté la science s'appuie sur la théorie de l'évolution de Darwin mais des scientifiques astrophysiciens, comme Hubert Reeves, ne banissent pas l'idée d'une Conscience. Nous vivons une époque où le scientisme (l'explication du monde par la science seule) a atteint ses limites. Sigmund Freud, que l'on dit athée mais qui - me semble-t-il, était plutôt antireligiosité - théorise d'une sorte d'antimatière avec sa découverte de l'inconscient. Ainsi la notion de hasard aveugle du scientifique Jacques Monod qui explique en 1965  que tout est apparu par hasard et conclut sa réflexion par " L'Homme sait finalement qu'il est seul dans un univers immense et indifférent, d'où il a émergé par pur hasard " fait aujourd'hui polémique.

Quelles sont vos réflexions sur le sujet à un moment où la technologie scientifique  a atteint des sommets fulgurants, sans toutefois parvenir à combler la quête légitime de bonheur de l'individu ?

Portrait de Jean

Dans son autobiographie, publié aux Editions Londres Oxford University Press aux p 83-84, Charles Darwin, curieusement, écrit à la fin de sa vie  : J'ai presque perdu tou goût pour la peinture ou la musique... Mon esprit semble devenu une sorte d'appareil à extraire des lois générales à partir d'une multitude de faits : je ne puis concevoir toutefois pourquoi cela aurait causé l'atrophie de cette seule parie du cerveau dont dépendent les goûts supérieurs... Leur perte est une perte de bonheur qui peut vraisemblablement endommager l'intellect, et encore plus le caractère moral en affaiblissant la partie émotionnelle de notre nature...

Je trouve intéressant que ce grand Homme à la source d'une avancée considérable de la pensée, mette en garde contre l'excès de rationalisation, voire d'intellectualisation. Il est vrai que l'Amour (qui je crois est l'essence Dieu) ne peut en aucun cas se mesurer...

Portrait de Cécile

Je voudrais vous raconter ce qui a fait suite à rendez-vous à ma banque peu satisfaisant pour moi. Je ne demandais pas la lune mais vu que je ne leur rapporte pas beaucoup avec mon salaire, l'employée n' a pas été très coopérative. Je ne lui en veux pas, elle ne faisait que s'en référer à sa hiérarchie. Du coup, ayant fait le deuil, je me suis tranquillement renseigner auprès d'une autre banque, via internet. Aujourd'hui coup de fil de ma même banque. La personne, visiblement plus expérimentée et accueillante n'était pas au courant de ma précédente démarche et m'appelait pour tout autre chose. Je précise que cela fait des années que ma banque ne m'a jamais appelée. J'en profite donc pour lui expliquer la situation ainsi que mes démarches auprès d'un autre établissement bancaire. Au fil de la conversation, elle me dit que ma demande pouvait être recevable. " J'aurais confirmation dans quelques jours. "  Le hasard, c'est Dieu qui se promène incognito  " a dit Albert Einstein.

Portrait de Thierry

Dans le champ de la psychanalyse, la question des phénomènes religieux fut le principal point de divergence entre Freud et Jung. Point de divergence auquel ils ne purent trouver de résolution qui entraîna leur rupture définitive en 1913. Freud reliant le sentiment religieux au schéma explicatif de la psychanalyse telle qu’il la concevait, renvoyant à la « névrose obsessionnelle » dans « Totem et Tabou » puis plus tard dans à « Avenir d’une illusion » à une « position illusoire et infantile ».
A l’inverse pour Jung l’homme est naturellement religieux, la « fonction religieuse » étant pour lui aussi puissante que l’instinct sexuel ou l’instinct d’agressivité. Il déclarera même que « la dominante suprême de la psyché est toujours de nature philosophico-religieuse ».

Pour ce qui est du champs scientifique, j'avoue que je ne connais pas toutes les théories sur ce sujet Biggrin Néanmoins, votre questionnement et votre propos sur Freud, évoquant une "sorte d'antimatière avec sa découverte de l'inconscient" me font penser au principe de recherche "Non-Cartésiens" (idée lancée en 1955) de Jacques Ravatin (1935 -2011), Docteur es Sciences en physique - mathématiques, Ingénieur E.S.C.I.L.

Sur la base de théories des formes et des champs de cohérences des systèmes de pensées humaines, il évoque le principe de base de l'esprit humain qui ne fait qu’osciller entre des "errances" (pensées) et des "imprévus" (accès à la compréhension). Il utilise des voies différentes pour tenter de comprendre les phénomènes scientifiques non pas en utilisant le système de décomposition habituellement utilisé dans la pensée cartésienne (pensée rationnelle de décomposition des systèmes) mais au contraire basé sur l'assemblage des systèmes.

Ce principe venant des anciens, qui mélangeaient les concepts du monde animé (exemple H²O pour l'eau) avec les concepts du monde inanimé (l'esprit des fleuves toujours dans l'exemple de l'eau) en cherchant le pont d'entre ces 2 mondes... C'est un exemple qu'il utilise dans un de ces livres sur les formes. Le principe étant d'échapper au réel  tout en faisant des constructions démontrables et modélisables...
Pour tenter de résumer les résultats de certaines de ses recherches, c'est qu'en utilisant d'autres modèles de pensées plus subtiles que la pensée rationnelle, il est impossible de traduire les résultats dans la pensée rationnelle sans mettre en place des torsions préjudiciables car ils n'appartiennent pas au même monde ... "La pensée pure étant manipulée et réalisée" durant ces recherches mais le champ de la vérité n'existant pas à l'échelle de l'homme, pour Ravatin, elle n'est pas démontrable dans ce monde / mode de pensée.
Nous entrons dans un plan plus « ésotérique » du monde qui utilise un autre langage, basé sur la métaphore (le langage du poète, lien avec la proportion en mathématique) et la dualité dynamique, sorte d’algèbre sans nom... au dessus de la conscience humaine.

Donc le (ce) monde se résume-t-il a ce que nous voyons et ce que nous pouvons en dire ? Quid des Amérindiens qui, grâce à des formes sonores non repérables par les scientifiques, arrivaient à provoquer la pluie (Danse de la pluie) ?

Peut être que la poésie, la contemplation, le silence, l’exhalaison des choses et une forme d’aperception du monde nous permettront de saisir ces hasards de la vie terrestre :
« Vous êtes dans le monde, dit Jésus, mais vous n’êtes pas du monde » (Jean 17, 14-18)

Bien à vous.

Thierry

Portrait de Gilbert

Je vais relire votre post tranquillement. Il contient  " matière " à réflexion. Sensible au langage du poète, j'aime bien cette possible articulation entre l'innéfable et le tangible. Merci Thierry !

Portrait de Charles

Voilà un sujet complexe mais passionnant. J'ai apprécié aussi ce clin d'oeil aux artistes. " Vous êtes de ce monde, mais pas de ce monde ". Je me reconnais un peu quand je pratique la musique, j'ai l'impression d'être physiquement là mais d'avoir le coeur dans les étoiles.