Il y a des gens qui s'accrochent

Portrait de M.Christine

J'ai été trop bienveillante avec certaines personnes et maintenant elles s'accrochent à moi . Elles veulent m'imposer leur manière de voir et de vivre . Que faire pour les éloigner ? Je n'arrive pas à leur faire comprendre que je ne suis plus intéressée à les fréquenter . Si j'essaie, elles deviennent agressives .

Portrait de Gilbert

J'ai connu ce type de personnes qui m'appelaient pour un oui ou pour un non, sachant que j'étais toujours disponible. Sauf que j'ai pris conscience que j'étais devenu la " poire " de service. Bien qu'à la retraite, j'ai fini par m'investir sérieusement dans le bénévolat et suis devenu de plus en plus indisponible. Ce qui m'a permis d'envoyer ballader naturellement ces gens-là qui, évidemment, n'avaient rien  d'autre à faire... Passionnez-vous pour une activité qui vous plaise et investissez-vous à fond. Je vous assure, par expérience, que personne ne pourra plus vous contrôler. En tous cas, je l'ai vérifié de nombreuses fois. Seules les relations qui ont du sens  seront conservées. Et c'est vrai que cela fait beaucoup moins de monde...

Portrait de M.Christine

Merci Gilbert pour ce sage conseil ! En effet, c'est la solution, et j'avais commencé à le comprendre .

Seulement, le problème se corse car, depuis 6 mois, j'héberge un couple pour les aider à démarrer une nouvelle vie, et ils ne veulent pas partir . Je leur ai donné un délai, le 1er juin, mais rien ne se passe . Je pense aller demander conseil à la gendarmerie . J'aurais voulu éviter cette extrémité ...

Si quelqu'un a déjà été confronté à cette situation, ou connaît un cas similaire, cela m'intéresse !

Je suis ouverte également à une explication psy . On attire souvent les mêmes types de personnes ou de situation pour une certaine raison . J'avoue que je ne sais pas trop quelle attitude adopter (intérieure et extérieure) . Je navigue entre le doute sur leurs valeurs morales et la culpabilité .

Merci d'avance . 

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Bonjour M. Christine,

Il peut y avoir de multiples raisons au fait que vous vous retrouviez dans une telle impasse. Il serait bon que vous revisitiez votre histoire, celle du couple de vos parents, voire votre propre couple (si tel est votre cas) pour comprendre les bénéfices inconscients ( réparation par exemple) qui vous ont poussée à accueillir ces personnes. Si votre geste reste généreux, il est important de saisir qu'aucun inconscient n'est philanthrope. Nous pouvons tous développer ce que les psys appellent " Le complexe du Sauveur ", sauf que nous ne sommes pas le Sauveur.

En résumé, il me semble que vous avez atteint vos limites. Aucune culpabilité à avoir à mon sens. Ce couple semble présenter un profil pathologique. Vous prenez sans doute la place d'une " mauvaise mère ", vu leurs attitudes agressives. Passer par la loi est une bonne idée. Cependant, prenez soin de vous recentrez sur vous et chez vous... On ne peut donner que ce qui déborde de la coupe !

Cordialement,

Gilbert. R.

Portrait de yamina.174

Ce que vous décrivez traduit a priori un comportement abandonnique : on accueille, on rassure, on donne à voir ce qu'est un toit, mais ça finit par devenir encombrant à la longue et le couple doit partir !

En fait, il semble que vous attiriez des abandonniques parce que vous êtes abandonnique vous-même. La seule piste vraiment solide et valable à explorer est celle-là. Le terme que vous utilisez " s'accrochent " le confirme. Ce terme renvoie dans son principe et très en profondeur au fait que vous pouvez aussi appartenir à une filiation où il y a eu beaucoup d'IVG (même si dans des temps lointains ça ne s'appelait pas ainsi). Sans vouloir rentrer dans une analyse sauvage (mais vous vous dites ouverte à une explication psy), il se peut aussi que vous n'ayiez pas été une enfant desirée, que votre mère et/ou votre père ai(en)t envisagé un avortement vous concernant. L'embryon ressent cette menace et il a fallu qu'il " s'accroche ". L'inconscient garde cette mémoire douloureuse enfouie et au fur et à mesure de son existence, il s'arrange pour attirer à lui des profils psychologiques identiques pour vérifier ce doute, cet " évident caché " pour lui... Si ce genre de traumatisme peut entraîner un manque de confiance en soi, le corollaire inversé est intéressant : ces profils psychologiques peuvent être très courageux dans la vie et " s'accrocher " avec une persévérance incroyable. En revanche, ce terme étant très ambivalent, il peut y avoir beaucoup d'" accrochages " au propre comme au figuré. Il est tout de même à souligner qu'un enfant non désiré pourra être aimé de son ou ses parents ou... pas... La vie amoureuse peut se révéler par conséquent très délicate, notamment avec des ruptures et des reprises après ruptures et ce, de façon compulsive, l'inconscient pouvant répéter à l'infini son traumatisme embryonnaire : " Je te garde ou je ne te garde pas ? ". L'existence est mouvementée, souvent instable, jusque dans le domaine professionnel pour certain(e)s qui peuvent connaître des épisodes récurrents de chômage... Ainsi l'abandonnique est-il un être changeant : il donne son amitié trop fortement et la reprend trop fortement. Il s'inscrit dans un jeu fantasmatique de " donner ", croyant ne rien recevoir en échange, pour assouvir la " dette " qu'il a de s'être " battu " pour vivre. Il paye mais, au final, il fait payer les autres...

Je ne vous jetterai surtout pas la pierre M. Christine car je fus une grande abandonnique. C'est la psychanalyse qui m'a guérie de mes dérives inhérentes à ce vrai trouble psychologique, m'ayant permis toutefois de mettre en lumière - et de " garder " (!) - mon tempérament particulièrement persévérant...

Portrait de M.Christine

Ce que vous dites, Gilbert, est très juste .

J'ai connu beaucoup de scènes de violence chez mes parents, auxquelles j'ai assisté . Ma mère était très autoritaire et conflictuelle ; mon père plus aimant mais distant . Apparemment, je n'ai pas reproduit le même schema avec mes enfants qui, adultes aujourd'hui, font tout pour me soutenir et m'aider .

Vous mettez l'accent sur l'idée de la "mauvaise mère", ce qui sous-tend l'idée de la "bonne mère", rôle que j'ai sans doute voulu jouer . Vous parlez de réparation ... Ai-je voulu réparer la mauvaise mère que j'ai subie en créant la mère idéale par mes comportements (complexe du sauveur par ex.) ? Ca voudrait dire que j'ai essayé de "réparer" plutôt extérieurement qu'intérieurement . J'ai dit à ce couple que je n'étais pas une maman, qu'ils cherchaient une maman . Ils m'avaient raconté comment ils ont été rejetés dans leur enfance et cela a sans doute réveillé en moi la corde sensible . Mais ils ont 48 ans, un cuisinier et une infirmière, et ne veulent plus travailler dans leur branche . Ils s'installent comme guérisseurs, et visiblement ne gagnent pas suffisamment pour payer un logement . Ils attendent d'obtenir le RSA . Et moi, j'attends aussi !

C'est étrange car je n'ai pas agi ainsi avec mes propres enfants . Je n'avais pas ce souci . Je les ai élevés avec des convictions, une ligne de conduite claire, faite d'amour et de fermeté quand c'était nécessaire .  

Depuis quelques temps, je me montre froide et distante avec ce couple, et j'ai un peu de mal à sortir de l'idée que je suis devenue la "mauvaise mère", ce qui me ramènerait à la case départ : ma propre mère .

Je ne sais pas encore si je porte son sentiment de culpabilité à elle, qu'elle m'aurait transmis . Sinon, d'où viendrait ce sentiment ? Peut-être d'un reste de rancune . Je pense que j'ai encore du mal à lui pardonner complètement . Cette situation que je vis est peut-être l'occasion de comprendre de l'intérieur ce qu'elle ressentait et les raisons de son comportement .

Ma mère s'est retrouvée pendant la guerre seule à 14 ans avec une mère folle, chassée par la famille, errant dans les rues de la ville, et ayant perdu la trace de son père (qui avait décidé de partir au front barrer la route aux Allemands et croyant sa femme et sa fille en sécurité dans la famille) . Un moment donné, dans une rue,  ma mère a vu la plaque d'un psy, elle est entrée et a expliqué sa situation . Le psy leur a immédiatement trouvé une chambre dans un hôpital psychiatrique où elles sont restées quelques temps . Le père de ma mère a fini par retrouver leur trace, s'est occupé de ma mère, et ma grand-mère a continué à être soignée à l'hôpital .

Tout cela a évidemment beaucoup marqué ma mère qui n'a jamais cessé de nous seriner, à ma soeur et à moi, qu'on ne pouvait pas faire confiance aux hommes (sentiment d'abandon), qu'il fallait avoir un métier pour se débrouiller dans la vie et être autonome . Peut-être craignait-elle que nous restions accrochées à elle, comme sa mère, en état de dépendance . Ce qui me ramène à ma propre situation actuelle ! Mais comment arrêter de vivre l'histoire de ses parents sous une forme ou une autre ?

Merci à ce site, à vous tous pour vos paroles et vos analyses qui poussent, au fil des jours, à chercher toujours plus loin les causes de nos mal-être, de nos comportements et des situations auxquelles on se trouve confrontés .

Portrait de Sofia M

Au regard de vos explications détaillées, la piste de l'abandonnisme filial semble se confirmer...

Votre post me parle bien, appartenant à une famille issue de l'immigration et de la guerre, avec tous les drames que ça peut engendrer, particularité dans laquelle la notion de " toit " reste importante... Comme Yamina, j'ai réglé mon abandonnisme grâce à la psychanalyse mais les échanges ciblés de ces posts peuvent conduire à un principe de guérison...

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Je suppose que vous n'avez pas eu le temps de lire le post de Yamina, posté à peu près au même moment. Mais votre inconscient a anticipé puisque vous parlez de ce " sentiment d'abandon ". Avec les éléments que vous relatez, cela confirme l'hypothèse de Yamina. Pour vous rassurer un peu, sachez que de cet " abandonnisme " j'ai beaucoup souffert aussi et seule une psychanalyse m'a permis de me recentrer sur moi même (m'aime). Vous n'êtes donc pas unique dans votre genre et vous avez surtout une capacité d'interrogation suffisante pour aborder un travail sur vous efficace, quelle qu'en soit la médiation. En tous cas, je vous souhaite de trouver la ou le professionnel qui vous conviendra. L'inconscient sachant ce qu'il fait, je n'en doute pas plus que ça. Merci pour votre confiance, vous êtes sur le bon chemin !

Gilbert. R.

Portrait de M.Christine

Merci Yamina pour ce nouvel éclairage ! Votre explication vient confirmer mon témoignage ci-dessus . C'est tout ou rien, en quelque sorte .

En ce qui concerne les IVG, voici mon témoignage qui confirme ce que vous dites . Lors d'un stage d'une semaine de remise en forme énergétique, j'ai revécu ma naissance . J'ai senti comme un évanouissement en voyant tournoyer des lumières bleues et blanches, et je me suis retrouvée "coincée"dans l'utérus . Une sorte d'énorme chappe de plomb s'est abattue sur moi et je me suis retrouvée complètement paralysée . Mon corps l'était mais pas ma conscience . J'étais dans un grand état d'angoisse, cherchant autour de moi ce que je pourrais saisir pour m'aider . J'ai vu apparaître l'image d'un bouddha et aussi d'un bébé momie tout emmaillotté . Puis, une petite voix très douce avec un visage souriant m'a dit de ne pas m'inquiéter, que tout allait bien . Je l'ai reconnue comme étant mon âme . Alors, peu à peu, je me suis apaisée, je suis devenue confiante, sachant que j'allais être délivrée . Je voyais une ouverture de lumière au bout des ténèbres . 

Concrètement, ma mère s'est mariée (elle nous l'a avoué) pour se libérer de sa propre mère . Amoureuse née, elle voulait vivre sa vie de femme, comme elle disait, ne voulant pas répéter le schema "mariage, enfants", comme la génération précédente qu'elle a vécue comme étouffante (sa mère) .Manque de pot, elle tombe enceinte de ma soeur, tout de suite après le mariage . Grossesse, allaitement, couches, etc ... Et paf, 7 mois plus tard, c'est moi qui arrive !  Imaginez comme j'étais désirée ! En plus, j'étais une fille alors qu'on espérait un garçon (tant qu'à faire ).

Lors du revécu de ma naissance, cette chappe de plomb, je l'ai ressentie clairement comme une volonté de ma mère de me faire disparaître . Plus tard, je lui ai demandé . Elle m'a affirmé que non, mais j'en doute . Elle m'a dit aussi qu'à chaque douleur pendant l'accouchement, elle respirait un masque de gaz anesthésiant . Est-ce vraiment l'explication ...? Je suis née sans crier, j'avais des peaux dans la gorge . Et pendant toute ma scolarité, je ne devais surtout pas parler de ce qui se passait à la maison . N'étant pas consciente, j'ai appliqué cet interdit à outrance, ce qui m'a beaucoup inhibée .

Ce que vous dites, Yamina, sur le fait de s'accrocher dans la vie, d'être persévérant, est vrai . Et je ne l'avais pas associé à cet événement de la naissance . Ma soeur a été tout le contraire de moi . Elle avait beaucoup de facilités scolaire mais a eu une vie professionnelle assez fantaisiste et instable . Moi, je suis arrivée à une vie stable avec beaucoup d'efforts . Ma soeur était rebelle envers ma mère, elle lui tenait tête . Moi, j'étais très attachée à elle, je vivais profondément toutes ses souffrances, j'étais fusionnelle, et elle n'hésitait pas à pleurer souvent devant moi . je prenais son mal et elle retrouvait la pêche . Je m'en veux encore d'avoir agi ainsi .

Je me rends compte que je me suis sûrement identifiée à ce couple "abandonné" en revivant mon propre abandon . Et maintenant je dois les "abandonner" pour qu'ils volent de leurs propres ailes . J'espère que cela me fera "abandonner" aussi, et définitivement,  mes propres schemas de dépendance .

Portrait de Modérateur
Portrait de M.Christine

Merci, Modérateur, pour ce lien !

Portrait de M.Christine

Bonjour,

Je viens donner des nouvelles .

A ma grande surprise, mes "hébergés" ont trouvé un logement et déménagé aujourd'hui . Nous avons discuté calmement . J'ai évoqué mon attitude erronée de sauveur et leur ai exprimé mon plaisir de les voir voler de leurs propres ailes, autonomes et indépendants . Ils m'ont remerciée de les avoir accueillis en disant que cela avait été une chance, un tremplin pour démarrer leur nouvelle vie . 

Intérieurement, les choses n'ont pas été faciles, j'ai appris à lâcher le "tout ou rien" dont parle Yamina dans le comportement abandoniste . J'étais en quelque sorte un sauveur abandonné qui sauve pour ne pas être abandonné !

Désormais, j'accepte mon imperfection, et donc celle des autres . Inutile de vouloir être parfait pour ne pas être abandonné (dans ce cas, par ma mère). Ca ne marche jamais . C'est un cercle vicieux qui exige trop de soi-même et auto-tyrannise indéfiniment . Il y a le juste milieu, celui qui fait dire parfois : "On est juste des humains" . Eh oui, pas encore des sur-hommes !

Merci encore pour vos conseils et partages .

Portrait de yamina.174

C'est un grand bonheur pour moi d'apprendre l'issue favorable de votre problème. Sans compter toute cette belle réflexion que vous êtes en train de mûrir et qui va sûrement vous permettre de faire des pas de géant car, lorsqu'il y a eu une grosse résistance et qu'elle se débloque, les résultats a posteriori sont proportionnellement positifs. Sans compter aussi que vous allez récupérer une superbe énergie...

Merci de toute votre confiance M. Christine et d'avoir eu la gentillesse de donner de vos nouvelles...

Amitié,

Yamina

Portrait de M.Christine

Merci, Yamina, pour votre chaleureux commentaire !

En effet, comme vous l'aviez prévu, je chemine ... C'est un peu compliqué, on ne comprend pas tout, mais les résultats sont là .

En résumé, il me semble que j'ai été une mère pour ce couple . Ce faisant, je me projetais dans l'image de la mère idéale (selon mon point de vue), et en même temps dans l'enfant qu'ils représentaient . Eux aussi jouaient le rôle .

Il m'est venu aujourd'hui le terme "expulser" . C'est comme si j'avais vécu un travail d'accouchement . J'ai expulsé l'enfant symbolique (fusionnel et dépendant qui "s'accroche"), et en même temps libéré la mère en moi, celle qui en fait trop .

Je suis donc enfin sortie de l'utérus et me suis, par la même occasion, libérée de la dépendance affective envers ma propre mère génitrice .

Je pense avoir compris le schema de sauveur qui m'habitait, double schema qui m'empêchait de me connaître et de m'aimer vraiment  .

Et merci encore à ce site qui remue en profondeur et fait réellement avancer, sans même qu'on s'en rende compte parfois !

Portrait de Ninie

.

Portrait de Cécile

Je viens  d'ouvrir mon ordinateur et constaté que vous avez envoyé à plusieurs reprise votre SOS. Ne vous inquiétez plus, il a été reçu. Je ne sais pas comment nos amis les foromers vont réagir, mais soyez sûre qu'ils vont le faire. Nous sommes là, derrière nos écrans, soyez en persuadée. Ce n'est donc pas le moment d'abandonner ! Pour pouvoir essayer de vous aider, il serait peut-être bon de nous en dire plus sur votre drame. Mais il n'y a aucune obligation. Tout ce que je peux vous dire, c'est que j'ai aussi traversé des moments où j'aurai préféré ne plus exister. Mais il y a toujours eu quelqu'un sur ma route, au plus profond des ténèbres, qui m'a rendu confiance en la vie qui coulait en moi. Car, quelque soit votre galère du moment, la Vie qui vous porte a fait que vous avez trouvé l'énergie de vous exprimer ici... C'est déjà 50 % du travail... Vous avez sorti la tête de l'eau... J'en suis convaincue. A très bientôt de vous lire. j'essaie de rester connectée toute la journée, en attendant que d'autres viennent prendre le relais. A très bientôt Nini. et n'hésitez surtout pas à écrire !!! Vous avez des lectrices et des lecteurs attentifs sur ce forum, à commencer par moi !!!

Portrait de Ninie

.

Portrait de M.Christine

Ninie, vous dites que vous avez l'impression que vous n'avez ni de place ni d'endroit fait pour vous . Cela expliquerait-il votre invasion intempestive sur tous les forums ?

Il est connu que nous attirons ce qui nous arrive . Le fait de ne pas avoir de place viendrait-il du désir trop intense d'occuper toute la place, qui aurait à voir avec une angoisse de ce genre dans votre histoire d'enfance ?

Portrait de Ninie

.

Portrait de Gilbert

Loin de moi l'idée de faire pleurer dans les chaumières, mais votre histoire me parle Ninie. J'ai échappé de peu à l'aiguille à tricoter de la faiseuse d'ange... Ce qui montre que la vie passe partout lorsqu'elle le décide. Il m'a fallu, c'est vrai,  " passer " par un psy pour réaliser que la Vie m'avait accueilli indépendamment de mes souffrances existentielles. J'ai appris aussi par la suite qu'aucun être ne peut être conçu sans amour. Cette théorie peut paraître complètement folle (je pense aux enfants issus d'un viol) mais pourtant je suis sûr que c'est vrai !!! Ma quête spirituelle me l'a confirmée. Quoi qu'il en soit, vous avez déjà trouvé un peu de votre place ici... Bien à vous,

Gilbert

Portrait de Lili

Bonjour Ninie,

Désolée de ne pas avoir pu vous répondre plus tôt mais je pense que c’est peut être parce que votre mal être m’a beaucoup touchée. Je ne sais pas trop si je peux vous aider mais je crois avoir connu aussi des difficultés un peu comme les vôtres. Se sentir perdue, avoir peur de tout, ne pas trouver sa place, ne pas voir de solution à son mal être. Je ne sais pas si c’est en lien mais ma mère est morte, il y a un certain  nombre d’années aujourd’hui et j’étais assez jeune à l’époque. De plus, je n’ai pas pu assister ni à sa mort, ni à ses obsèques, ni à ses 2 derniers mois de vie car je me trouvais à l’étranger pour mes études et on ne m’avait pas clairement dit (et je n’étais sans doute pas capable de le voir ni de l’entendre )  qu’elle allait mourir. En fait, quand on m’a dit qu’elle n’allait pas bien du tout, j’ai tout de suite pris le train pour revenir de l’étranger mais quand je suis arrivée le lendemain matin, elle était déjà morte et  ne  et ne m’avais pas attendue. Et  depuis qu’elle est morte, je crois que j’ai toujours  cherché  à retrouver une relation idéalisée que j’avais avec elle, je crois que j’ai toujours l’impression que je cherche ma place car peut être que je cherche toujours une place de « bébé dans le ventre de sa mère », je ne sais pas trop. En tout cas, ce sentiment constant de besoin de sécurité totale, d’être toujours rassurée aussi, entourée et aimée comme par une maman quand on est petit m’ a souvent fait croire que j’étais seule, abandonnée, et que je n’étais pas à ma place et que la vie était injuste avec moi. Alors qu’en fait, c’est tout simplement la vie qui m’a séparée de ma mère Je fais le lien aussi avec le sujet dans lequel vous avez écrit , sur l’anbandonnisme et aussi sur les naissances difficiles car non désirées : je pense que si vous avez survécu à tout cela, c’est  que vous avez une grande force de vie en vous, même si aujourd’hui vous avez du mal à la ressentir. Vous avez du apprendre à   vous « accrocher » malgré tout et ça n’est pas donné à tout le monde. Si vous avez réussi à survivre à une enfance douloureuse et à vivre 15 ans sans votre mère, c’est que vous en êtes encore capable, et capable aussi de trouver votre place sans elle. Je suis moi aussi atteinte d’un certains « bougisme » parfois, j’ai déménagé une vingtaine de fois entre 18 et 35 ans, et aujourd’hui ; même si je ne déménage plus, j’ai tendance à m’éparpiller un peu dès que je m’angoisse, peut être aussi dès que je m’approche d’un place qui me conviendrait peut être.  Je pense que j’ai souvent peur de me recentrer sur moi,  car si je me recentre, je me retrouve seule et peut être que je retrouve un peu ce sentiment de solitude que j’ai ressenti lors de la période de la mort de ma mère, je ne sais pas trop. En tout cas vous avez votre propre chemin, distinct du sien, vous avez fais le choix de venir vous exprimer sur ce forum et effectivement ça n’est surement pas un hasard. Cherchez les endroits  où il peut vous arriver de vous sentir bien, vous-même, en ce moment, même si ça n’arrive pas souvent, ça sera peut être un premier pas pour trouver une solution à votre problème de place, la vie se présente parfois comme un jeu de piste qui nous impose de  chercher, faire des expériences et faire des choix pour se trouver et trouver sa place. Et ça vaut la peine d’essayer. Enfin, je ne sais pas trop si mon expérience peut vous parler  mais sinon, je pense vraiment que vous pouvez aller mieux en allant voir un professionnel.  

Bien à vous.


Portrait de Ninie

.