J'ai peur de me faire couper les cheveux

Portrait de clémentine-78

À 33 ans, j'ai toujours la hantise de me faire couper les cheveux et ça, depuis toute petite. 

En ce moment, il faudrait que j'aille chez le coiffeur car mes cheveux sont trop longs par rapport à ma silhouette et abîmés, mais je n'arrive pas à prendre rendez-vous. Quand je vois le coiffeur arriver avec ses ciseaux et son rasoir, je panique même si j'arrive un peu à le lui cacher. J'ai changé plusieurs fois de salon mais c'est toujours la même angoisse. Quand je me fais couper les cheveux, je trouve que c'est toujours trop court et, en général, je ne dors pas la nuit qui suit.

J'en ai vraiment marre de cette attitude infantile. Mais j'ai beau me dire que les cheveux, au pire, ça repousse, mon anxiété est toujours là. C'est horrible.

Pourriez-vous m'expliquer d'où vient cette phobie et me donner quelques conseils pour que j'arrive à la dominer, et surtout à l'éradiquer complètement ?

Portrait de Gilbert

Bonjour Clémentine-78,

Je suis de sexe masculin et assez avancé en âge, c'est sûr (rire), mais je garde un souvenir exécrable de l'époque où mon père m'emmenait chez le coiffeur en vérifiant que ma coupe de cheveux soit bien dégagée derrière les oreilles. Une véritable torture ! Adolescent dans les années 70, la mode des cheveux longs, j'y suis tombé dans la marmite avec délice. Je portais fièrement mes " douilles " comme on disait à l'époque jusque sur les épaules. Et pour compléter la panoplie je me suis intéressé à la pop music en jouant d'un instrument de musique. Tout cela pour vous dire que ma pire angoisse lorsqu'il a fallu faire mes 3 jours pour le service militaire, c'est qu'on me fasse une coupe réglementaire... Inutile de vous dire que ma terreur fut telle que je me suis arrangé pour être exempté !!!!! Après un  " long " travail sur moi, j'ai réalisé que j'avais affaire à une très forte angoisse de castration... Vous parlez de ciseaux à bon escient !!! Je pense que pour une femme, les choses doivent être un peu différentes mais s'originent à une même angoisse infantile. Aujourd'hui, mes cheveux ne sont pas très longs, mais je garde toujours une longueur au niveau de la nuque, dès fois que ça me protègerait de l'échaffaut (rires !). Voilà, je vous livre simplement mon témoignage qui vous permettra peut-être de dédramatiser la situation... Nous avons tous parfois - chacun avec notre histoire - des peurs irrationnelles. En cherchant dans vos souvenirs, il y a certainement des explications aux vôtres. Mais je laisse les spécialistes de la psyché vous en dire plus. Ils ne manqueront certainement pas de vous apporter leurs lumières. A +

Gilbert

Portrait de Sofia M

La psychanalyse évoque souvent dans ce cas-là une tondue collabo dans la filiation mais qui a été masquée par la famille de par la honte qu'elle a générée. Les accumulations de cancers dans une même lignée avec, la plupart du temps, le recours obligatoire à la chimiothérapie et donc perte des cheveux comme conséquence de la lourdeur du traitement, peuvent entraîner aussi une angoisse phobogène dès que les cheveux raccourcissent... Même si là encore il n'y a pas connaissance consciente de ce type de malades parmi nos aïeux, mais l'inconscient " sait "...

Le moins compliqué pour résoudre ce genre d'inconfort consiste à vivre le plus possible au temps présent et à stopper les mécanismes de pensées qui poussent à aller revisiter le passé, a fortiori un passé qui ne nous appartient pas compte tenu de notre âge... C'est le seul moyen de tordre le cou à nos névroses de guerre qui cherchent à nous faire culpabiliser pour des fautes que nous n'avons pas commises...

Portrait de Gilbert

Je pensais aussi à cette histoire de tondue mais ne me suis pas autorisé à en parler. Il se trouve que j'ai un oncle qui, d'après ce que m'en a dit ma mère, s'occupait de ce type de " purification " après la guerre. Cet oncle s'est pendu par la suite... Je comprends mieux mon désir de protéger ma nuque... Oui, l'inconscient sait...

Portrait de clémentine-78

Malgré le peu de réactions, je crois que j'ai compris et ce d'autant plus qu'il y a des choses qui me parlent dans vos commentaires... Du coup, vous m'avez fait prendre conscience de quelque chose de paradoxal mais que je sais que vous ne considérerez pas comme paradoxal : on me reproche de toujours vouloir " couper les cheveux en quatre "...