J'ai toujours peur de décevoir

Portrait de Nathalie-196

Je crois que je me rend malheureuse toute seule : j'ai toujours l'impression que ce que je fais n'est pas assez bien et que ma famille en particulier va être déçue. Du coup je crée une espèce de surenchère, je me jette des sortes de défis ( culinaires entre autre) et quoi qu'il arrive personne n'est content et on finit par tous se disputer et se faire la tête. Je vois bien que je passe pour quelqu'un d'acariâtre, de compliqué, de renfrogné mais j'ai installé un cercle vicieux. Comme l'ambiance n'est pas bonne autour de moi, j'ai peur s'abîmer psychologiquement mes proches et qu'ils me le fassent payer. Est ce que vous pouvez m'aider à sortir d'un piège dont je suis responsable?

Portrait de Claire M. Psychanalyste

Bonjour Nathalie,

En vous lisant, j’ai l’impression que vous devez souffrir d’un besoin de reconnaissance, et notamment vis-à-vis de votre famille. Peut-être avez-vous le sentiment de ne jamais l’avoir reçue et c’est vous qui êtes déçue. Alors vous êtes prête  à tout mettre en œuvre, y compris des choses qui ne vous correspondent pas ( cette surenchère et ces défis culinaires), et que vous ne faites pas pour vous mais pour eux, pour obtenir cette reconnaissance. Mais à l’impossible, nul n’est tenu. Si à l’issue de vos réunions de famille, « quoi qu’il arrive personne n’est content et vous finissez tous par vous disputer et se faire la tête », à quoi bon cette dépense d’énergie inutile ?  Vous n’ êtes surement pas la seule responsable de l’ambiance générale dans votre famille. Ne confondez pas tout : l’ambiance dans vos réunions de famille d’une part, et là, vous n’y êtes pas pour grand-chose, si ce n’est que vous acceptez de vous y soumettre, et votre attente de reconnaissance, qui vous rassurerait peut être et soulagerait un manque de confiance en vous qui vous appartient. Il me semble que vous devriez peut-être vous protéger vous même et avoir le souci de ne pas vous abîmer dans un premier temps, avant d’avoir celui de ne pas abîmer les autres.

Vous pensez passer pour une personne acariâtre, compliquée, renfrognée ? Ca n’est pas vraiment l’image que vous renvoyez à travers vos posts sur ce forum. Etes-vous sûre que tout cela vous correspond vraiment ?Et si c'est vraiment le cas, dans quelles circonstances vous montrez vous sous ce jour -là ?   D’autre part, pensez-vous sincèrement que les autres sont  toujours accommodants, simples et avenants ? Regardez autour de vous et cela devrait vous permettre de relativiser . 

Bien à vous

Portrait de Cécile. G.. Psychanalyste

Pardonnez moi si je suis un peu directe mais il semble que vous surinvestissiez toujours ce vous faites pour les autres dans le but d'en récupérer des compliments et évidement vous êtes déçue de leurs réactions car elles ne sont pas à la hauteur de l'investissement, ce qui engendre un conflit.

Dans ce que vous décrivez, on ne sent pas de plaisir à faire pour l'autre : Si vous faites quelque chose pour l'autre, faites le seulement lorsque cela vous fait plaisir, en pensant au plaisir de l'autre et non pas à ses remerciements. La satisfaction du travail bien fait doit venir de vous et non des autres. C'est de l'ordre du don, on n'attend rien en retour et si vous avez des compliments ce sera de surcroit, "La cerise sur le gâteau". Vous ne ferez plus dans un but de récolter quelque chose mais vous donnerez du sens à ce que vous réaliserez. 

Portrait de Sofia M

J'ai l'impression que vous êtes encline au perfectionnisme et je ne crois pas qu'il y ait un lien avec votre histoire difficile de naissance (absence de père) dont vous avez souvent parlé...
Le perfectionnisme peut toucher un individu qu'il ait été heureux ou pas dans son enfance. C'est une question de caractère, de profil psychologique et il n'y a pas grand-chose à y faire ni à changer... Je parle en connaissance de cause ! D'ailleurs les astrologues ont l'art de très bien décliner les signes du zodiaque plutôt représentatifs de cette manifestation.
Pour être honnête avec moi-même, j'ai fait une force de mon perfectionnisme. Et ce d'autant plus dans cette société où une grande partie de la population est satisfaite d'elle-même quels que soient ses agissements. Ce manque d'objectivité s'infiltre jusque dans les élus gouvernementaux !!! Ce qui est un comble. Personnellement, j'aime le travail bien fait, j'aime m'appliquer, j'aime donner le maximum, j'aime offrir le meilleur de moi-même par respect des autres et de ma modeste personne. Mais quelle paix je retire de ce réflexe. Quelle libération de me dire que j'ai essayé de faire pour le mieux. Quelle tranquillité d'esprit. Et si avoir peur de décevoir s'appelait tout simplement décence, estime, reconnaissance, politesse, égard, considération ?

Portrait de Mireille-cogolin

Votre question et les réponses des foromers m'ont fait penser au Psaume 127 qui pourra, je pense, vous permettre de voir qu'avoir le souci des autres n'est pas un mal en soi... :

Heureux qui craint le Seigneur
et marche selon ses voies !

Tu te nourriras du travail de tes mains :
heureux es-tu ! À toi le bonheur !

Ta femme sera dans ta maison
comme une vigne généreuse,
et tes fils, autour de la table,
comme des plants d'olivier.

Voilà comment sera béni
l'homme qui craint le Seigneur.
Que le Seigneur te bénisse tous les jours de ta vie,
et tu verras les fils de tes fils.

Je sais Nathalie-196 que vous saurez adapter ce Psaume à votre quotidien et, par voie de conséquence, je sais que vous n'aurez plus peur d'en faire "trop"... Dans ce domaine altruiste, je crois tout de même qu'il vaut lieux pécher par excès que par défaut...

Je vous souhaite un très agréable dimanche.

Mireille.

Portrait de cricri

Le post de Mireille m'a ramenée, quant à moi, à la lecture de la lettre aux Hebreux (2, 9-11). Tout comme l'a initié Sofia, à force d'être pris dans le tourbillon de cette société du toujours plus, on fait tout trop rapidement. Moi aussi j'ai envie de vous dire Nathalie qu'il se peut que vous vous sentiez
en décalage dans ce monde du Tout et tout de suite. Quand j'étais enfant, il fallait encore dessiner les lettres de l'alphabet avec la fameuse plume Sergent Major. Ce n'était pas aisé mais ce procédé
nous faisait prendre de bonnes habitudes. Je détestais avoir les doigts tachés ou que ma page
d'écriture ne soit pas soignée. En outre, l'écriture était notée et les élèves tiraient une sacrée
langue, au propre comme au figuré, pour développer toujours davantage leurs talents de calligraphes. Certains étaient beaucoup plus doués que d'autres d'ailleurs. Toujours est-il qu'avec
cette méthode, j'ai pris et gardé des réflexes respectueux aussi bien des autres que de moi... J'en
reviens à la lettre aux Hébreux qui, comme vous le constaterez, donne une indication précieuse quant au chemin de la perfection et son bienfondé... Ce passage biblique considère la mort du
Christ (le changement vers l'élévation) en tant que salut pour tous les êtres humains :

. " Jésus avait été abaissé un peu au-dessous des anges et maintenant nous le voyons couronné de gloire et d'honneur à cause de sa Passion et de sa mort. Si donc il a fait l'expérience de la mort, c'est, par grâce de Dieu, pour le salut de tous. En effet, puisque le créateur et maître de tout voulait avoir une multitude de fils à conduire jusqu'à la gloire, il était normal qu'il mène à sa perfection, par la souffrance, celui qui est à l'origine du salut de tous. Car Jésus qui sanctifie, et les Hommes qui sont sanctifiés, sont de la même race ; et, pour cette raison, il n'a pas honte de les appeler ses frères. "

Je sais que vous saurez faire également cette exégèse en remplaçant certains mots de cette lecture par un vocabulaire approprié à votre vie de tous les jours et à votre famille mais, quoi qu'il en soit, il me semble qu'en cherchant à faire pour le mieux, vous servez d'exemple à votre entourage... Ce qui constitue un atout idenficatoire à disposition pour eux...

Portrait de Nathalie-196

Vos réponses m'ont fait un bien fou et je ne sais pas pourquoi mais depuis je me sens moins nulle. Je n'avais pas compris jusque là que finalement, mes comportements un peu perfectionnistes comme vous dites pouvaient aussi être comme un bon miroir pour mes proches. Je ne voudrai pas apparaitre prétentieuse mais un peu également comme un apprentissage du bien-faire pour ma fille. C'est qu'en ce qui me concerne j'ai beaucoup d'admiration pour les personnes qui travaillent bien, qui s'appliquent, qui cherchent à donner le meilleur, qui sont ordonnées et j'essaie de faire de même... Merci de m'avoir ouvert les yeux et de m'avoir fait comprendre que je n'ai pas non plus que des défauts. Peut être aussi que lorsque je serai vraiment capable de voir mes qualités, mon entourage les verra aussi...