Je dis trop facilement ce que je pense

Portrait de Sylvie-0570

Je souffre de ma trop grande franchise, doublée d'une spontanéité démoniaque. Ça s'est encore produit samedi au cours d'un dîner où je trouve que je me suis carrément vautrée en disant tout haut ce que certains autour de la table pensaient tout bas. Sauf qu'ils ont su se taire et que, moi, une fois de plus, je ne suis toujours pas remise de cette soirée. J'ai honte et je suis en colère également d'avoir servi de bouc émissaire... Pourquoi je n'arrive pas à maîtriser mes pensées ? Puis-je espérer y arriver un jour ? Que dois-je faire pour y parvenir ?

Portrait de Nathalie-73

Bonsoir Sylvie, il y a encore pas très longtemps ma didacticienne nous rappellait avec bon sens qu'il valait mieux "tourner sept fois sa langue dans sa bouche"avec de parler. C'est vrai que souvent nous nous laissons dominer par notre soif de répondre à tout et tout de suite, sans prendre le temps, un temps même relativement court pour s'accorder un peu de distance  par rapport aux paroles ou questions entendues. Si j'écris cela c'est parce qu'il m'arrive aussi parfois de transposer mes pensées directement en mots sans passer par la case de la juste distance par rapport au sujet. Trop d'affectif interfère alors et on se "plante" toute seule !

Nathalie

Portrait de Gilbert

Si j'adhère bien sûr aux propos de sagesse de Nathalie-73, j'aimerais tout de même relativiser les choses. Il se trouve que lors d'un repas, j'ai vécu une situation similaire à celle de Sylvie-0570. Après m'avoir demandé mon avis sur un sujet et conseillé d'en parler à qui de droit, je me suis laissé aller à m'exprimer... Bien que certaines personnes qui étaient autour de la table partageaient ma vision des choses, aucune n'a pris la parole pour appuyer mes dires. Pire, celle qui m'a encouragé à parler (et qui n'a rien dit), m'a reproché d'y être allé un peu fort  !!! J'avais effectivement servi de bouc emissaire. Comme je vous comprends donc ! Aussi, je vous conseillerais, non pas d'arrêter d'être franche (ce qui est une qualité) mais de prendre de la distance avec ce type de gens qui ne disent pas ce qu'ils pensent et vous utilisent pour arriver à leur fin, sans prendre le moindre risque. Votre franchise n'est à mon avis pas en cause. Continuez mais sélectionnez vos relations ! Et surtout, arrêtez de culpabiliser. N'est pas toujours démoniaque celle et celui qui parle mais plutôt celle ou celui qui pense la même chose mais qui continue à cautionner une position avec laquelle secrètement il n'est pas d'accord... On a vu les dégâts que cela pouvaient faire dans l'Histoire !-) Bon début de journée à toutes les deux !

Portrait de Frédérique Tirtiaux Psychanalyste Art-thérapeute

Bonjour Sylvie,

Je rejoins les commentaires précédents.

Il m’est arrivé récemment un peu la même histoire que Gilbert.

J’ai osé dire ce que tout le monde pensait, J’ai effectivement pu servir de bouc émissaire mais, comme ce que j’ai dit était totalement en adéquation avec ce que je pensais, je ne me suis pas culpabilisée plus que ça.

Lorsque Nathalie parle de "tourner sept fois sa langue dans sa bouche", elle a en effet raison car il faut bien différencier le bouc émissaire et la prise de position.

Un prise de position va prendre en considération son moi, on sera sur du vrai self ; alors que  l’effet bouc émissaire,  ne sera pas obligatoirement du vrai self  bien que cela peut l’être.

L’idéal dans ce genre de situation c’est d’analyser ses propres affects afin de comprendre si notre position est vrai ou, simplement, pour se prendre pour le sauveur.

Gilbert à raison lorsqu’il dit que le principal est de ne pas culpabiliser car cela déclencherait une belle régression avec regrets à la clé, cela ferait repartir en arrière plutôt que de faire avancer.

Ce qui est fait est fait, il y a, un sens à comprendre.

La plus grande difficulté dans ce genre de situation c’est d’accepter de s’éloigner de certaine personnes, et surtout d’accepter cet abandon, comme un plus, qui va permettre d’accéder à autre chose.

Je vous laisse mais ne vous abandonne pas…

Portrait de Sofia M

Pour ma part, j'ai toujours dit ce que je pensais, que ce soit en famille, au travail, avec des amis... Et ça m'a plutôt réussi !
J'ai connu à de nombreuses reprises ces situations où, connaissant mon caractère spontané et ma franchise, on m'a envoyée au casse-pipe. Sauf que, notamment professionnellement, ces faux-culs ont stagné, voire pris la porte de l'entreprise !
Bien que loin de moi l'idée de me prendre pour le Christ, on s'en doute, chaque fois que j'ai pu avoir l'impression d'être allée trop loin, j'ai pensé à Jésus qui avait chassé les marchands du temple sans ménagement... Ça m'a toujours aidée.
Mon modèle de femme est George Sand et, tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler n'était pas trop son truc ! Sa vie, complètement assumée, reste pour moi un exemple et plus d'un siècle plus loin, on en parle et on la lit encore... Tout simplement parce que son credo, comme elle le disait, était que " la liberté de penser et d'agir est le premier des biens "...
En outre, si la parole nous a été " donné " à nous les êtres humains, c'est quand même pour que nous nous en servions ! Le seul bémol c'est de ne dire à tout interlocuteur uniquement ce qu'il peut entendre. Si cette nuance est respectée, charge à lui d'en faire ce qu'il veut : s'il veut l'utiliser à mauvais escient ce sera son problème, avec des rétorsions à la clef ! Car, effectivement, tout pervers finit par retourner les choses contre lui à un moment ou à un autre...

Portrait de Isabelle

Je suis entièrement d'accord avec Sophia ! Et Dieu sait qu'apprendre à dire à bon escient ou ne dire que ce qui est nécessaire, reste un réel travail sur moi-même... Mais comme je suis plutôt du genre à "l'ouvrir" plutôt que la "fermer". D'ailleurs, on me prête un peu, une image de "dragon" voire de "guerrière", en lien à mon franc-parler... Et bien tant pis... Est-ce que l'on doit s'appliquer toute sa vie à ne rien dire pour ne pas  "faire de vagues" sous prétexte qu'il ne faut "pas faire d'histoires" ? Et puis en définitive, ça représente aussi certains avantages... D'abord, au fil du temps... Ceux qui peuvent être déranger par le fait que l'on dit ce que l'on pense, s'éloignent... Une sorte de "sélection naturelle" qui au fond a bien sa raison d'être, y compris sur un aspect protecteur pour soi... Si quelquefois ça ne simplifie pas toujours le relationnel, pourtant, j'ai pu aussi vérifier bon nombre de fois, qu'au moins on est en accord avec soi parce que l'on respecte ces convictions déjà, mais du coup sans véritablement le chercher par vous-même, vous permettez un "miroir" pour l'autre s'il le souhaite. Si un jour je me suis tournée vers le travail analytique, c'est aussi parce que le non-dit me posait véritablement de gros soucis... Par contre, il est bien évident qu'il ne s'agit pas de sadisme oral ici... Je me suis toujours sentie en "souffrance" face à mon père qui parlait peu, et bien qu'il y ait peut-être encore chez moi aujourd'hui, un côté réactionnel... Dire ce que l'on pense, à bon escient autant qu'il est possible... C'est aussi "poser cartes sur table"... Au moins, tout le monde sait à quoi s'en tenir et se positionne comme il l'entend en conséquences... Et puis se taire, n'est-ce pas en tout premier lieu pour surtout ne pas "trahir" et "rester fidèle" au transgénérationnel ?

Portrait de Juliette

J'ai toujours dit ce que je pensais, de façon plus spontanée que réfléchie. Alors oui, il y a eu parfois l'impression d'en avoir trop dit, d'être allé trop loin mais je préfère trop en dire que de ne rien dire car qui ne dit rien consent. Dire ce que l'on pense c'est s'engager et ce qui fait le plus de mal à l'homme c'est le non-dit.

Grâce à un ami, j'ai découvert l'évangile selon Saint-Jean qui a pour prologue  : "Au commencement était le verbe, et le verbe était en Dieu, et le verbe était Dieu".  Cela donne toute la valeur de notre parole, un cadeau du ciel.

Portrait de Sylvie-0570

Comment vous décrire ma reconnaissance qui va vers vous ?
Je me suis sentie comprise et, non pas invitée à dire n'importe quoi bien entendu, mais à réaliser que, dès l'instant où on reste correct, on a le droit de livrer le fond de sa pensée. Je vous assure que je n'exagère pas : vous m'avez enlevé une tonne de culpabilité...
De gros, gros mercis et toute mon amitié...
Sylvie

Portrait de Isabelle

Je reviens suite à mon post d'hier... Car ce qui fait la richesse aussi des interventions sur ces forums, c'est qu'ils encouragent à toujours plus de réflexion... dans le bon sens. Comme je l'ai déjà dis à plusieurs reprises, la chanson c'est un apport précieux pour moi... Je ne pouvais donc pas laisser de côté, la chanson de Florent Pagny... Mais outre les paroles, regarder les images du clip qui va avec, traduisent bien, pour moi, ce que non-dit engendre en soi... Cette impossibilité d'être libre justement... Et dire quoi qu'il en soit... c'est aussi s'accorder un minimum de reconnaissance et se hisser au-dessus de l'uniformisation, véritable danger pour l'être humain... ces "muselages" dont usent et abusent "les hommes de pouvoirs"... Bonne journée à toutes et tous !