Je redoute la descente aux enfers pour mon fils

Portrait de Horia

Mon fils de 17 ans fume des joints et je suis folle d'inquiétude. J'imagine toujours le pire en pensant bien malgré moi qu'il peut connaître une descente aux enfers avec des addictions plus dures.

Je lis beaucoup sur ce sujet mais je n'arrive pas à trouver la paix.

Tout à l'heure, je suis tombée sur une phrase d'Albert Einstein qui à la fois m'a angoissée et en même temps rassurée parce qu'elle permet de comprendre que tout n'est jamais perdu. Je vous la donne :

> " Aucun problème ne peut être résolu sans changer le niveau de conscience qui l'a engendré ".

Ayant lu un grand nombre d'ouvrages qui vont dans ce sens, en particulier des livres sur la Pensée positive, je comprends cette citation mais j'ai tellement appliqué la méthode du Docteur Murphy que je ne saisis pas pourquoi mon fils s'enfonce de la sorte. Il y a sûrement quelque chose que je ne fais pas bien. En + je prie tous les jours et rien ne change. Pouvez-vous m'aider en me disant ce que je dois faire ? 

Merci de tout mon cœur.

Une maman désespérée,

Horia

Portrait de Michèle

Je suis désolée de vous effrayer un peu avec mon titre mais je crois beaucoup à cette maxime. Si cela peut vous rassurer, mon fils, à l'âge du vôtre, fumait aussi des joints (j'en avais trouvé dans sa chambre). Votre inquiétude, je pense l'avoir vécue comme beaucoup de parents d'ados. Je n'ai pas évité le problème et mon mari et moi avons eu une discussion avec lui. Nous lui avons précisé que c'était illicite et interdit par la loi. Il nous a confié que c'était simplement occasionnel. D'un autre côté, nous n'avons pas remarqué que son comportement était problématique. Ses notes étaient moyennes mais pas dans le rouge. Nous lui avons dit que nous n'étions pas d'accord et - en tant que responsable - nous ne cautionions pas. Les choses se sont arrangées et il n'est jamais tombé dans l'addiction... Dites ce que vous avez à dire en tant que maman et laissez le devant ses responsabilités sans lui montrer que vous êtes affectée. Je sais que c'est facile à dire et que vous êtes très inquiète. Mais votre inquiétude n'arrangera rien. Je pense que des spécialistes viendront vous donner des conseils plus spécifiques. Et dites-vous que vous n'êtes pour rien dans cette histoire. 

Portrait de yamina.174

C'est vrai que même si ce n'est pas facile à mettre en place pour les parents, il faut essayer d'adopter une attitude genre voie du milieu : à la fois rester vigilant(e), à la fois ne pas se projeter dans l'avenir qui reste irréel pour le commun des mortels. " À chaque jour suffit sa peine "... 

Portrait de Orlan

Merci à Michèle et à Yamina pour leur réalisme plein de bon sens et qui m'a calmé car, si mon ado ne fume a priori pas le joint à aujourd'hui, sa paresse reste un vrai problème à gérer au quotidien...

Je vais donc essayer de m'appuyer sur ces conseils de sagesse, ne serait-ce que sur cette évidence qui consiste à entendre et à réaliser que nul ici-bas ne peut savoir ce qu'il en sera de la destinée de son enfant...

Portrait de Mireille-cogolin

Bien que n'ayant pas d'enfant, je ressens bien moi aussi ce que considèrent Michèle et Yamina quant à l'avenir. Leurs commentaires m'ont fait penser à Alain Delon : quand il était l'ado perturbé qu'il a été, qui aurait pu imaginer un seul instant qu'il connaîtrait la trajectoire professionnelle exceptionnelle qu'il a eue ? Sans compter qu'il s'était engagé volontaire pour aller faire la guerre en Indochine et qu'il est revenu sain et sauf de cet " enfer "... Aussi, il me semble qu'être un parent à l'écoute est un devoir mais se ronger de l'intérieur avec une inquiétude démoniaque est complètement inutile...

Portrait de Christine-zen

C'est sûr que notre époque qui voit flamber le drame des addictions tous azimuts n'est pas rassurante pour les parents mais, pour les spiritualistes, il paraîtrait qu'on ne s'incarne pas à une époque et dans un contexte familial et social par hasard. Par conséquent, s'il faut tenter de faire pour le mieux, aucun parent n'est Dieu Le Père ou La Vierge Marie. Bien des " injustices " apparentes quant à leur raison d'être nous échappent et je suis certaine que l'essentiel revient à voir comment s'y prendre pour évoluer quand un de nos proches pose problème. Les psys disent d'ailleurs que c'est le meilleur moyen d'aider la personne qui renvoie une image de détresse ou de régression. D'ailleurs, le Bouddhisme affirme que tout est lié et cette interdépendance ne doit en aucun cas être dramatisée car elle est à disposition pour grandir humainement et spirituellement...

Portrait de Amélie

D'accord avec cette sagesse yamina.174 ! Nous avons eu, mon mari et moi, en tant que parents, quelques difficultés avec la période d'adolescence de notre fille... Y compris avec un petit passage "joints"... Nous avons dits nous aussi... avons été autant que possible vigilants... et inquiets... Notre fille s'est "cherchée" avec plus de "violence" que ses frères... mais en définitive, elle a trouvé son équilibre avec un métier ayant lien direct avec la cuisine et le service à l'autre... Dieu merci ! Même si les ados traduisent souvent leur malêtres en "bravant les interdits", ils sont loin d'être systématiquement des adultes en difficultés... Et là où je rejoins (mais avec le recul, face à mes enfants qui sont tous des adultes confirmés maintenant... et pour deux d'entre eux, à leur tour parent) ce que dit yamina.174, c'est que nous ne savons absolument pas, quoi qu'il en soit, ce que deviendront nos enfants en tant qu'adultes... Peut-être que si nous avions été plus vers un "carpe diem" en tant que parents, il y aurait eu moins de heurts aussi à un moment donné... Mais après tout, si celà s'est passé comme ça, là aussi, c'est qu'il devait en être ainsi... Je pense aussi, en faisant ma réponse... Que c'est peut-être un peu moins "angoissant" malgré tout, lorsque les deux parents s'investissent dans leurs rôles... Et je sais que ce n'est pas le cas pour Horia... Demain est un autre jour Horia, alors ne baissez pas les bras, tout en gardant les yeux bien ouverts.

Portrait de Jean

Entièrement d'accord avec vous, Amélie. Nous faisons ce que nous pouvons en tant que parents (en couple ou non). C'est ce que vous faites Horia. Aussi, je rejoins notre amie pour vous encourager à rester vigilante sans dramatiser le lendemain... Oui, demain est toujours un autre jour. Ce qui nous angoisse sur le moment prend une toute autre coloration avec le temps !

Portrait de Gilbert

Je ne connaissais pas la trajectoire existentielle d'Alain Delon. Et c'est vrai que c'est assez étonnant. Voilà un homme qui aurait pu sombrer dans des sphères abominables ! Il ne sert à rien de se projeter de manière négative sur l'avenir de nos enfants, vous avez raison. J'avais des objectifs autre pour mon fils aîné comme tout enseignant. Total, il a arrêté très tôt ses études, fréquentait des copains qui m'inquiétaient... Il est aujourd'hui un père de famille responsable... Très étonnant les parcours de vie. On fait ce qu'on peut en tant que parents. Ensuite, il est bon de lâcher prise !

Portrait de Lucien

... comment faire fondamentalement pour se débarrasser de l'angoisse, de la panique, voire de la honte, quand un jeune qui a été bien élevé tourne mal ? J'ai cru comprendre que c'est ce qu'Horia aimerait savoir...

Portrait de cricri

Le plus important c'est que votre jeune ne se sente pas jugé. Aussi est-il primordial de mettre en place avec lui, quand c'est possible, une communication dans laquelle il se sente revalorisé. S'il persiste à avancer dans la mauvaise direction, c'est que ce passage existentiel est un passage obligé appartenant effectivement à sa destinée... 

Portrait de Sofia M

Je ne voudrais pas apparaître comme bêtement fataliste mais dès l'instant où un enfant a bénéficié de ce qu'il lui fallait à la maison et s'il ne se sert pas de cette chance qu'il a eue pour démarrer dans la vie, vous n'y pourrez rien. Ce sera la vie elle-même qui le recadrera. Ceci étant, nous sommes tous recadrés dans la vie quand nous exagérons, c'est-à-dire quand nous dépassons les limites...

Portrait de Orlan

En même temps, c'est ce qui nous permet d'essayer de quitter nos erreurs. Parfois, c'est très long mais la chance que avons sur Terre, c'est que comme tout change tout le temps, rien n'est jamais définitif...

Portrait de Gilbert

Vous avez raison, Lucien. C'est la demande d'Horia. La réponse n'est pas évidente lorsqu'on n'a pas été confronté au problème. Mais je crois que la seule solution consiste à se centrer sur soi et à faire, en quelque sorte, le deuil de son enfant. Pendant un an, mon fils aîné ne m'a pas parlé, suite à un clash sévère entre nous. J'ai souvent pensé alors à la parabole de l'enfant prodigue. Ce fils, dont l'histoire est raconté dans la Bible, qui demande son héritage et va le dépenser à des choses discutables. Ce fils s'enfonce de plus en plus. Le père a cependant accepté que son fils avait fait ses propres choix et qu'il n'y pouvait rien. Et surtout que ce n'était pas sa faute et son manque en terme d'éducation. " Nos enfants ne sont pas nos enfants " dit Le Prophète. Je crois que c'est essentiellement cette idée qu'il convient d'intégrer. Il ne s'agit pas de reniement et d'indifférence, il s'agit de destin unique pour chacun. Il y a une chanson de Brassens qui évoque ce fils qui se retrouve en prison... Le père accepte la situation et la punition mais ne renie pas pour autant son enfant et n'a pas honte d'aller le visiter en prison alors que l'opprobe est sur lui... Mais d'autres points de vue m'intéressent aussi car c'est une question cruciale. Je pense à cette mère de terroriste, par exemple. Pour moi, elle n'est pas responsable des déviances de son fils. On peut être une mère acceptable et avoir un fils psychotique. C'est un grand mystère qui a sûrement du sens d'un point de vue divin...

Portrait de cricri

Merveilleuse parabole de l'enfant prodigue très bien relatée par Gilbert : " ...le père a cependant accepté que son fils avait fait ses propres choix et qu'il n'y pouvait rien "... Pourtant, ce jeune avait été très bien élevé. C'est ce qui a permis à ce père à l'écoute d'accepter la différence de destinée de son fils...

Portrait de Younes

Votre exemple m'a parlé et me parle encore. Je pense aussi à ses parents totalement démunis lorsque leur enfant fait un choix radical... On en a parlé dans les médias il y a peu !

Portrait de yamina.174

Ce qu'il faudrait également que saisisse bien Horia, c'est qu'étant une maman à l'écoute, elle doit mettre en place un détachement par rapport aux conduites de son fils. C'est cet équilibre auquel elle doit parvenir absolument. Je crois avoir compris en navigant dans d'autres discussions qu'elle est croyante. Aussi, je me permets d'aller un peu plus loin dans mon raisonnement : Dieu lui a confié Son fils mais il ne lui appartient pas... Je vais passer par une métaphore ras-les-pâquerettes mais pour fortifier cet immense principe divin : imaginons une femme de ménage qui s'applique à rendre impeccable la maison qu'elle doit entretenir, entretien pour lequel elle est évidemment payée par son employeur. Comme elle aime le travail bien fait, elle brique cet intérieur. Pour autant, cette maison ne lui appartient pas. Alors qu'elle est en vacances, si un incendie se déclare dans cette maison et la détruit, la femme de ménage n'y sera pour rien. Elle pourra être attristée mais ne culpabilisera pas... 

Portrait de Michèle

Votre métaphore a touché l'essentiel. La culpabilité imaginaire peut faire plus de désastre que ce que l'on croit. Je viens de comprendre aussi qu'elle cache une sorte de toute puissance... Oui, cette femme de ménage n'est pour rien dans l'incendie d'une maison qui ne lui appartient pas et qui plus est alors qu'elle n'est pas là à juste titre...

Portrait de Horia

Peut-être de façon un peu inattendue et surprenante mais vos réponses m'ont permis de quitter un sentiment d'injustice que je ressentais au fond de moi, avec comme une révolte intériorisée... Je prends bien conscience en parallèle de cette nécessité de détachement. En +, l'exemple donné par Yamina et même s'il m'a un peu déstabilisée au départ me fait écho...

Portrait de Joseph.Coach

Je viens de prendre connaissance de vos commentaires pleins de sagesse. Je pense que le sens de la spiritualité est de nous apporter un éclairage différent sur les épreuves que nous vivons et que nous ne maîtrisons pas.

La métaphore de Yamina me renvoie à un récit initiatique dont je ne connais pas l'auteur mais qui dit ceci :  " Un élève et son Maître spirituel font une marche pour gravir un sommet. En route, l'élève s'arrête pour renouer son lacet lorsqu´un rocher situé  sur les hauteurs se détache, et déboule à quelques centimètres des deux marcheurs. L'élève comprenant vite ce qu'il venait d´éviter de justesse interroge sont maître sur l'enseignement  à tirer de cette expérience. Ce dernier, et à l'étonnement de son élève, de lui repondre : la seule chose qui nous incombe chaque jour, c'est de nouer nos lacets de façon impeccable... "

Portrait de Lakshmi

Excellent récit, Joseph Coach, qui enjoint à faire du mieux possible ce que l'on a à faire, le reste ne nous appartenant pas. A méditer chaque jour !