La procrastination est-elle un mécanisme de défense ?

Portrait de Tigre

Les procrastinateurs ont une peur enfouie, refoulée de se découvrir vulnérables et imparfaits. Le cadre familial est, en général, le lieu de formation du retardataire. On compte cinq principaux modèles pouvant entraîner la manie de temporiser, tout en sachant que les familles sont bien souvent un mélange de ces différentes caractéristiques : 

> Il y a les familles tyranniques, qui placent la barre très haut et réprimandent les enfants s’ils ne sont pas les premiers. L’enfant a alors peur de décevoir, peur d’échouer. Sûr qu’en n’agissant pas, il ne risque rien ! 
> Dans les familles sceptiques, on n’accorde aucune confiance à l’enfant. Il est rabaissé ouvertement. À force d’entendre des réflexions négatives à longueur de journées, il doute de lui et renvoie aux calendes grecques tout ce qui peut ressembler à un test. 
> Au sein des familles dominatrices, on décide de tout à la place du fils ou de la fille : comment il faut parler, comment il faut s’habiller, etc. Les parents dominateurs voient d’un très mauvais œil toute velléité d’indépendance. La procrastination sert alors de résistance passive à l’enfant. En n’agissant pas, il « joue » contre l’emprise de ses parents. Devenu grand, la procrastination lui donnera l’impression de faire les choses comme il le veut (c’est-à-dire en retard). Il tient avant tout à contrarier les autres, même si c’est à son propre détriment. 
> Les parents possessifs font en sorte que leur progéniture reste dépendante. Ils pensent que les enfants doivent être pris en charge même lorsqu’ils sont adultes. Ces jeunes n’apprennent pas à compter sur eux-mêmes. À être trop « aidés », ils finissent par se croire incapables et il leur est impossible de s’affirmer. Là encore, la procrastination peut être un mécanisme défensif. 
> Quant à la famille distante, elle exprime son manque d’intérêt pour l’enfant en n’étant jamais disponible. Les enfants se demandent alors pourquoi on ne leur prête pas attention. Se sentant désarmés, ils peuvent alors sombrer dans la procrastination. 
La manie de temporiser ne dépendant donc pas de la paresse ou des capacités d’organisation, comment faire pour s’en débarrasser ? 
Selon le psychiatre Franck Lamagnère, la procrastination n’est pas un trouble facile à traiter. Il faut convaincre la personne, en soulignant les avantages d’un changement de comportement, explique-t-il. Une des solutions est de faire les exercices par binôme ou par groupe, ce qui aide les patients à se motiver. Parfois, je les fais travailler devant moi. Ils font leur courrier pendant la séance ! Autre solution : le double lien thérapeutique. Le patient doit s’engager formellement par écrit à respecter ses engagements... Une méthode certes directive mais qui peut s’avérer efficace.