La question du voile " re-soulevée "

Portrait de Gilbert

J'ai entendu aux infos qu'une maman d'élèves avait été interdit d'accompagnement d'une sortie scolaire parce qu'elle portait un foulard. J'ai été enseignant laïque et j'ai vu un instit devenir complètement histérique au moment de partir en car visiter une ferme pédagogique : une maman portait le foulard. Je connaissais cette maman qui était loin de professer un intégrisme religieux. Elle s'est sentie littérallement " violée " (jeu de mot intéressant !) par le comportement d'un homme que je considère en fait comme un  " religieux laïcart ". Cette homme n'avait, à mon sens, rien compris à la laïcité. Son comportement en tant qu'enseignant l'a d'ailleurs rattrapé par la suite (divers ennuis de santé et problèmes judiciaires pour détournement de fonds associatifs). Avez-vous un avis tranché sur cette question qui semble revenir sur le devant de la scène et qui exacerbe les peurs et l'agressivité ?

Portrait de Juliette

D'après Wikipédia: la laïcité ou le sécularisme est le principe de séparation de l'Etat et de la religion et donc l'impartialité ou la neutralité de l'Etat à l'égard des confessions religieuses.

Donc l'Etat ou un de ses représentants, et c'est le cas de l'enseignant, doit faire preuve d'impartialité ou de neutralité à l'égard de cette dame qui porte le voile. Le voile ne masque en rien le visage de la femme et permet son identification donc pour moi le débat ne devrait même pas avoir lieu. Accepter le voile, la croix ou la kippa, c'est accepter l'autre dans sa différence : nous sommes tous différents mais égaux en droit, je préfère d'ailleurs le terme d'équité. Avons-nous oublié : "Liberté, Egalité, Fraternité"

Portrait de Ugo

Il m'arrive régulièrement de croisé à coté de mon travail une religieuse. A aucun moment il ne me vient à l'esprit de remettre en question son habit de religieuse. La France est un pays libre.
De plus si demain un grand couturier lance la mode du voile, je pense que ça ne gênera personne...

Portrait de Natalie

 Je travaille actuellement dans une école où la question de l'intégrisme religieux pose parfois de gros soucis. Mais franchement, si une maman d'élève voilée souhaite participer à la vie de l'école en accompagnant son enfant à la ferme, au musée ou simplement à l'extérieur de son quartier pourquoi le refuser? Comme le rappelle Juliette si son visage est visible pourquoi la mettre à l'écart? Au contraire ! Je pense qu'il faut l'accueillir avec bienveillance. Nous nous plaignons parfois de ne pas avoir d'adultes accompagnateurs en sortie et certains ont le luxe de refuser sous des prétextes plus idéologiques que légaux il me semble. C'est dommage.

Portrait de Frédérique Tirtiaux Psychanalyste Art-thérapeute

Je n’ai pas oublié ce temps où mon grand père, mon parrain, ne sortaient jamais sans leur chapeau. Ma mère aussi sortait toujours avec un foulard sur ses cheveux pour ne pas se dépeigner...

Il parraissait aussi inconcevable d’aller à un mariage sans être coiffé d’un chapeau…Cela fait aussi partie des « us et coutumes ».

A partir du moment où l’on reconnaît l’autre….l’autre est différent de soi.

Je rejoins ugo avec son exemple de la religieuse...lorsqu"elles font leurs voeux...elles mettent le voile...les voiles pour s'éloigner de l'agressivité et se reconcentrer sur elles même (m'aiment) et leur foi.

Portrait de Floriane

La question, et sa réponse, n'est pas simple.

Je suis enseignante, dans une école où nombre d'élèves ont des mamans voilées. Et cela pose problème pour les accompagnements en sortie, parce que les textes, eux-mêmes, et la jurisprudence, ne sont pas clairs, et peuvent se contredire, ou laisser un flou sur cette question: la circulaire du 27 mars 2012, dite circulaire Chatel, demande aux parents accompagnant les sorties scolaires "de ne pas manifester, par leur tenue ou leurs propos, leurs convictions religieuses, politiques, ou philosophiques".

Au ministère de l'Education nationale, on se retranche derrière l'avis du Conseil d'Etat de décembre 2013 qui a précisé que l'interdiction de port de signes religieux ne s'étend pas aux parents d'élèves lors des sorties scolaires mais précise dans le même temps: "Les exigences liées au bon fonctionnement du service public de l'éducation peuvent conduire l'autorité compétente, s'agissant des parents d'élèves qui participent à des déplacements ou des activités scolaires, à recommander de s'abstenir de manifester leur appartenance ou leurs croyances religieuses".

Telles étaient les "directives" entre décembre et mars dernier. Depuis, et ce très récemment, il semblerait que la règle devienne l'acceptation des mères voilées pour les sorties, et le refus l'exception. Mais ceci étant toujours soumis à l'appréciation des gens de terrain, non décideurs et non capables, à mon sens, de telles appréciations, en regard du principe de laïcité qui doit être clairement défini.

Je vous invite à lire cet article qui reprend tous les textes et les évolutions depuis la loi de 2004 sur le prot de signes religieux à l'école: http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/10/28/01016-20141028ARTFIG00374-ecole-les-meres-voilees-pourront-accompagner-les-sorties.php

Ce sujet nous fait beaucoup échanger entre collègues parce que nous sommes aussi confrontés à une certaine revendication de mamans face à la "question du voile" qui vient masquer la question de la laïcité.

Et comment pouvons-nous être clairs face aux parents, quand les décideurs eux-mêmes ne le sont pas?

En tout cas merci de ce sujet, il m'aura permis de me repencher sur la question et de suivre "l'évolution" récente sur ce sujet.

Portrait de Cécile

Au lieu de se crisper sur une situation effectivement floue, comme le signale avec justesse Flora, confrontée directement au problème, il me semble qu'il serait intéressant d'aller plus loin dans la réflexion conçernant la femme en général. J'ai trouvé un article de fond qui fait allusion au voile mais aussi à la différence des sexes. Je vous propose le lien : " La peur de l'autre... sexe "

http://www.signesetsens.com/psycho-la-peur-de-lautre-sexe.html " Pourquoi l’autre nous fait-il peur ? Que craignons-nous ? Que cherchons-nous dans cette lutte sans merci contre nos semblables, contre nous-même ? Les relations humaines sont basées sur la différence et l’angoisse qu’elle engendre. Entre hommes et femmes, c’est une rivalité originelle, une crainte ancestrale.