La suppression des notes à l'école ?

Portrait de Serge

Il semblerait que la France se dirige vers la suppression des notes à l'école. Déjà que les niveaux scolaires ont plus que baissé, il ne manquerait plus que ça. J'ai des enfants toujours scolarisés et pas très motivés par le travail scolaire et cette loi qui se profile me fait flipper. Est-ce que j'ai tort de dramatiser ? Est-ce que ce serait une bonne décision ? J'ai quand même l'impression que ce serait encore leurrer et les élèves et leurs parents qui n'auraient plus de réels repères... D'autant qu'on le voit déjà avec le bac qui est donné à 7 de moyenne ! On le voit aussi avec le nombre important de bacs dont beaucoup n'en sont pas en réalité, ce que bien des parents ignorent et qui tombent des nues ensuite quand leur héritier ne tient pas le coup en Fac... Je n'ai pourtant que 42 ans, je ne suis pas vieux jeu, je sais m'adapter et je comprends tout à fait que la société évolue mais si l'Éducation nationale vient à supprimer le système de notation, les bras m'en tomberont ! Pour moi, c'est encore de la démagogie de la part des responsables politiques... Mais j'attends avec impatience vos avis sur ce sujet, avis qui m'apporteront peut-être recul et zénitude...

Portrait de Gilbert

Je vais certainement vous faire bondir, Serge. Non que je sois à tout prix pour cette réforme mais l'idée me séduit. Encore une fois, tout dépend de ce que l'on met à la place. Uné réelle pédagogie de fond ou bien un laxisme discutable ? Je suis un ex-enseignant m'étant occupé d'élèves en difficultés scolaires. Il est vrai que les élèves dont j'avais la charge étaient stigmatisés comme nuls au vu des notes qu'ils avaient eu auparavant. Il fallait dans un premier temps, pour leur redonner le goût aux apprentissages, que je dédramatise ces étiquettes. Je vous l'accorde, le contexte de ces classes est particulier. Toutefois, lorsque la confiance était rétablie, ces mêmes élèves me réclamaient eux-même une notation. Comme quoi, le système est bien ancré. Le problème de la notation réside dans le fait qu'un élève peut s'identifier à un 0 en dictée et se considérer comme un nul, surtout si l'enseignant encense outre mesure celui qui obtient un 20. A mon sens, la suppression des notes se défend dans la mesure où la pédagogie se voudrait différenciée, c'est-à-dire  " individuée ". Chacun des élèves étant autorisé à avancer à son rythme. Il faudrait aussi que les métiers dits manuels ne soient pas dévalorisés par rapports aux métiers dit intellectuels. Un grande utopie donc mais qui interroge la société tout entière et pas seulement l'école. La note reste à mon sens plus synonyme de jugement (donc affectée) alors qu'elle devrait être seulement du domaine de l'évaluation, et surtout évolutive. Je suis conscient de la perte de repères que cela peut engendrer et de la démagogie sous-jacente. Encore une fois, note ou pas note, tout dépend de l'éthique de l'enseignant... Je ne suis évidemment pas objectif dans la mesure où je me suis toujours occupé des élèves exclus, donc mal notés ! Je ne peux donc parler que de mon expérience ! Bonne journée à tous. Je suivrai avec un grand intérêt votre sujet, Serge !

Portrait de Orlan

Ayant un fils peu passionné par les études, j'ai de plus en plus le sentiment que son flou artistique est entretenu par le système scolaire actuel. À la décharge des enseignants, il est certain qu'ils ne peuvent plus intervenir auprès de leurs élèves comme ils jugeraient bon de le faire car ils savent que les menaces de bien des parents s'abattraient sur eux ! Ce qui d'ailleurs fait tout le jeu de l'enseignement privé que - rappelons-le et malgré ce qu'induisent habilement nos élus français - nous finançons alors que l'école publique existe toujours !
Les notes constituent une échelle de valeurs qui parlent d'elles-mêmes parce qu'elles sont inscrites dans l'inconscient collectif, y compris dans nos expressions langières : dire de quelqu'un que c'est un zéro déclenche immédiatement une image et même un enfant du CP pourrait expliquer ce que ça signifie.
Personnellement, j'ai 48 ans et je ne me considère pas non plus comme un " has been " ! Quznd j'étais élève, j'ai connu à l'école primaire le système de notation de 1 à 10. Quand je suis arrivé en sixième, le système de notation est passé de 1 à 20. Je m'y suis habitué très vite car j'avais la sensation de grandir véritablement parce que mon horizon s'agrandissait et, à la fois, ces variations de notes me rassuraient dans la mesure où la latitude étant plus grande, je me disais qu'un 12, par exemple, ce n'était peut-être pas terrible mais que cette note m'indiquait qu'elle me laissait du temps pour m'améliorer et progresser...
Pour aller dans le sens de l'inquiétude fondée de Serge, je rajouterai que le système de notations est en lien direct avec l'économie d'un pays et du mon entier. Le plus et le moins sont très importants pour bien tenir ses comptes car ils évitent la banalisation financière. D'autant qu'actuellement, on sait que la population est très endettée entre les découverts autorisés, les crédits et les cartes de crédits qui " distribuent " de l'argent comme s'il en pleuvait ! Jusqu'à un certain point certes mais tout de mêle... Je fais bien entendu allusion ici au principe du distributeur bancaire qui élimine le regard réprobateur de l'employé de banque encore en vigueur il n'y a pas si longtemps que ça... D'accord, quznd le distributeur " automatique " dit " NON " c'est non mais on ne se fait pas engueuler ! Cette digression, qui encore selon moi n'en est pas une, me ramène aux notes : un parent sait ce que signifie un 3 sur 10 ou un 5 sur 20 et, indépendamment des professeurs des écoles ou des professeurs du secondaire, il peut réagir et aider son enfant à réagir et entamer un dialogue...
Je ne suis pas enseignant et ce n'est qu'un avis d'adulte bientôt quinquagénaire que je donne mais je persiste à penser que la suppression des notes est une aberration qui ne fera que renforcer les profils d'enfant-roi...

Portrait de Amélie

D'abord parce que bien sûr, personellement je ne vois pas où se situe le progrès ? Mais peut-être qu'avec ma cinquantaine, je suis déjà un dynosaure (je crois qu'il y a beaucoup de parents qui sont un peu vu comme ça pour leurs jeunes non ?)... Pourtant, je ne suis plus directement concernée, mes 3 enfants étant entrés dans la vie active, et pour l'aîné depuis quelques années déjà ! Et puis peut-être que là encore c'est moi qui manque d'une certaine ouverture, mais en quoi le fait de passer à des signes ou couleurs par exemple, va faire que le prof sera plus neutre déjà ? Et oui, je crois aussi que ce serait une perte de repère pour les élèves et pour les parents... et je ne peux m'empêcher d'y voir aussi, le dérapage facile, excusez-moi (!), de certains profs qui du coup vont encore plus être sur "moi je sais", parce que ça existe quand même ! Et puis parlons de l'aspect purement démagogique justement ! J'en parlais ce dimanche avec mon fils aîné, qui était "scandalisé" par d'autres choses véhiculées à l'heure actuelle... Comme par exemple, le fait que certaines municipalités ne veulent plus mettre de viande de porc dans les cantines scolaires... et même qu'il serait question d'une approche à visée pédagogique (on croit réver !) d'une "initiation au Coran" ! Je ne suis pas en train de parler de racisme, que personnes ne se méprenne sur ce que je dis s'il vous plaît. Mais que je sache, il s'agit bien d'école laïque... Ou alors c'est moi qui suis complètement "barrée", et c'est même pas un wagon que j'ai loupé, c'est le train tout entier !

Portrait de Gilbert

Je savais bien que le débat allait être passionné mais passionnant. D'accord évidemment avec Orlan. Nous avons besoin de quantifier, ne serait-ce que pour baliser le chemin. Mais encore une fois, le piège reste de qualifier un sujet en l'identifiant à une note. Par ailleurs, je rejoins tout à fait Amélie , le sytème des couleurs ne change rien : feu vert, feu orange ou feu rouge, lorsque les gommettes sont toutes rouges, ça sent l'interdit ! Lorsqu'un 2/20 a du sens, il est intéressant. Il " castre " à bon escient comme disent les psys. Mais encore faut-il que l'élève soit capacitaire à rebondir sur ce 2/20. J'en ai connu qui n'avaient pas cette maturité et qui se sont enfermés sur eux-même, trouvant plus facile et moins risqué de régresser ou de s'affirmer par des comportements agressifs. Encore une fois, le dialogue avec l'enseignant et son regard sur le Sujet en n'identifiant pas la réalisation scolaire et l'élève reste primordial. Beaucoup de facteurs entrent en jeu avec ce 2/20. J'en profite pour donner un coup de chapeau aux enseignants, dont je ne suis plus, qui font un métier difficile malgré des directives venues d'en haut sans réelle concertation avec les praticiens sur le terrain, comme d'hab...

Portrait de cricri

Même si je comprends bien les arguments de Gilbert qui sait de quoi il parle puisqu'il a été enseignant, je reste persuadée que la suppression des notes est une erreur fondamentale. Comme l'induit Orlan, déjà que les enfants d'aujourd'hui imaginent qu'ils savent tout sur tout et qu'ils auraient bien besoin d'être souvent remis à leur place, je pense que cette décision gouvernementale, si elle venait à être appliquée, renforcerait le mauvais narcissisme des élèves. De
toute façon, c'est une dérive potentielle de plus et j'espère, pour aller dans le sens de la banalisation qui est évoquée par Orlan, que le Ministre de l'Éducation Nationale va bien réfléchir à
l'aspect psychologique. Quand j'ai découvert ce post, j'en ai parlé à mon mari, professeur de
philosophie à la retraite. Il pense aussi que la suppression des notes à l'école pourra avoir des conséquences jusque dans les comportements psychologiques, avec des élèves qui se surévalueront ! C'est vrai qu'il est tout de même protecteur de savoir à peu près ce que nous valons. Je suis sexagénaire et j'ai donc connu un enseignement où les élèves n'avaient pas voix au chapitre et je peux assurer que non seulement ce n'était pas plus mal, mais ça m'a appris l'humilité, la rigueur, l'application, toutes ces valeurs qui fichent le camp...

Portrait de Igor.P

Je suis pére d'un garçon de trois ans. Ancien cancre à l'école, il faut bien le dire même si je me suis débrouillé pour être artisan, je suis quand même pour les notes à l'école car je pense que c'est une possibilité pour l'élève de s'évaluer, de se situer par rapport à une norme ( même si je n'aime pas trop ce mot ) et par apport aux autres et que les parents puissent veiller au grain. Ce ne doit pas être une finalité biensûr à mon sens, mais seulement un outil précieux pour construire son avenir. Il faut bien à un moment donné rentrer dans des cases pour en sortir grandi... Je m'étonne d'avoir ce discours aujourd'hui, j'ai toujours pesté contre l'école et l'éducation rigide de mon père. Comme quoi il y a du avoir du bon là dedans pour que cette réflexion me vienne!

Portrait de Isabelle

Je crois pour ma part, que ce serait véritablement une erreur en soi que de supprimer le système notation tel qu'il existe... Parce qu'il fait ses preuves depuis longtemps... Et il me semble que cet argument de ne pas traumatiser un élève avec un zéro, par exemple, pour moi c'est quand même un peu se moquer du monde... C'est quand même "dans l'air du temps" que de "récupérer" un aspect psycho facile, qui arrange avant tout nos dirigeants... Un bon exemple à mon sens d'une "manipulation", pour mieux "infantiliser"... Et puis je trouve excellents certains arguments ci-dessus... Pour moi une note, donc un chiffre, renvoie à compter et donc au surmoi, notre fidèle comptable (outre l'aspect qui peut être persécuteur), il s'agit d'un autre débat à mon sens... Et puis, je ne pense pas dire de bêtise en disant, que ce système "pas de notes" est largement utilisé aux Etat-Unis... Et cela ne fait poser question à personne... Sur des comportements très discutables sur un plan surmoïque justement ?

Portrait de Juliette

L'avantage des notes c'est que ça parle à tout le monde, les élèves, les parents et les enseignants. Donc c'est un outils de communication entre les trois protagonistes sans qu'il y ait besoin de rencontrer les professeurs à tout vent, je pense qu'ils ont autre chose à faire. La note permet simplement de voir où on en est l'enfant et le chemin qu'il reste éventuellement à parcourir. Je ne suis pas sûre que le problème de l'enseignement actuellement soit une problématique liée au notes !

Portrait de Gilbert

Je reviens encore " noter " une petite remarque. A moins que cela ait changé, mais je n'ai pas d'infos dans ce sens, un enseignant est un fonctionnaire " noté " par son administration... Drôle de paradoxe donc aussi montrant l'incohérence d'un système qui dit : " faites ce que je dis mais pas ce que je fais ! ". Je vous rassure, je n'ai pas fini ma carrière avec un 20/20... Mais bon, mes inspecteurs m'ont quand même évalué bien au dessus de la " moyenne " et j'en suis assez fier finalement ! (rires !)

Portrait de Igor.P

Merci Serge, les foromers, vous m'avez permis de prendre conscience ce matin que j'avais intégré certaines valeurs, c'est le cas de le dire. Comme quoi le système des notes est important quand bien même l'élève aurait de " mauvaise notes " pendant sa scolarité. Cela lui permet quand-même d'engrammer certains principes.

Portrait de Ludo_437

Je suis un petit tout juste tombé du nid (lol) - j'ai 28 ans ! ) - et je trouve moi aussi aberrant la suppression du système de notations qui sera comme d'hab remplacé par du grand n'importe quoi. Quand j'étais à la primaire, j'ai connu les A, les B, les C, système que j'ai curieusement oublié et qui ne parlait pas du tout à mes parents. Le collège a remis de l'ordre dans les idées de la famille et même si j'ai toujours plutôt bien travaillé, je me souviens de mon année de troisième où ça ne passait pas du tout avec le prof de maths (d'accord, j'étais plutôt littéraire) et je tournais aux alentours de 6 de moyenne générale. Mes parents, à juste titre, ont refusé de me faire donner des cours particulier en me disant que je n'avais qu'à bosser davantage cette matière. Par contre, mes cadeaux de Noël furent à la hauteur de ma moyenne en maths ! Ça a été ma plus belle leçon parce que m'ayant prévenu, ils ont fait ce qu'ils avaient dit... Je me suis ressaisi et mes notes dans cette matière sont remontées péniblement à 9/10 mais ce n'était plus aussi catastrophique... À partir de la seconde, j'ai appliqué la méthode qui consiste à faire des exercices jusqu'à obtention d'un résultat correct et ma moyenne de maths s'est maintenue, médiocre certes, mais acceptable... Mes parents ont été rassurés et m'ont lâché les baskets ! C'est sûr que si je n'avais pas eu de bulletin de notes à leur présenter, j'aurais pu les balader et je ne serais peut-être pas en fac aujourd'hui...

Portrait de Isabelle

Je suis entièrement d'accord avec Igor.P ! Merci Serge et à titre personnel pour 2 raisons très importantes en lien à mes propres schémas... Parce qu'en tant que "cancre", j'ai quand même moi aussi "intégrer" des principes protecteurs, grâce aux notes justement, et tout autant votre prénom sur mon histoire personnelle me renvoie à un gros soucis avec la loi mauvaise, que du coup vous me permettez aussi de remettre à sa juste place et donc taut autant de "reprendre" une bonne loi... Les notes et votre prénom, pour moi un 20/20 !!!

Portrait de David Ibanez

Les notes des professeurs  me servent à suivre la scolarité de mes enfants, en évaluer les variations bien naturelles et à ouvrir la discussion quand c'est nécessaire. J'ai parfois été étonné de la justification d'une mauvaise note, qui ne correspondait pas à une réelle défaillance dans le travail scolaire. A l'inverse, je ne me laisse pas endormir par une bonne moyenne,  sachant qu'elle peut être le reflet d'acquis antérieurs et pas seulement celui du travail en cours. A travers les notes, je reste sensible à la subjectivité de mes enfants face à l'école, et j'ai eu aussi l'occasion de découvrir, lors des rencontres avec les professeurs, une subjectivité inattendue du côté des enseignants.

Portrait de Brigitte VAUTRIN

Quelle signification ont ces notes ? Si elles sont là pour renforcer la compétition et du coup classer les élèves, alors elles sont néfastes. Si elles sont là pour que l'élève, les parents, puissent faire un état des lieux du niveau de l'enfant alors elles sont grandement nécessaires. Je suis moi-même ancienne "instit" et mère de 4 enfants dont un enfant dyslexique. Je peux dire aujourd'hui que durant toute ma carrière je n'ai eu aucun enfant "en difficulté" ou justifiant de "soutien scolaire". Et pourtant ils avaient des notes. Et pourtant j'ai eu chaque année au moins un enfant handicapé : ils étaient toujours pour ma classe ! Pourquoi ? Juste en changeant l'intitulé des "évaluations" qui ne sont là que pour relever les difficultés et donc les "erreurs" de l'élève, ne pouvant entraîner qu'un sentiment d'échec pour lui et ses parents. Je les ai appelées "réussites" de l'élève. Au lieu de relever les "erreurs", je relevai les "réussites". Juste ce changement d'appellation, a changé toute la vision que j'avais des élèves, et la vision des autres enseignants, des parents et surtout, surtout de l'élève lui-même. Il ne travaillait plus pour avoir une meilleure note que son voisin, pour plaire à ses parents ou à moi, mais pour s'améliorer, grandir, progresser, aller vers l'excellence, donner le meilleur de lui-même. Durant toutes mes années d'enseignement, je n'ai rencontré aucun enfant, aucun adolescent content d'échouer ! Par contre, ils étaient tous motivés par la réussite ! Ce qu'il faut changer, c'est notre façon de penser, notre façon de se former en tant qu'adulte responsable d'enfant, et alors nous découvrirons tout le potentiel de ces enfants quels qu'ils soient. Ce ne sont pas les notes qui sont responsables de l'échec, c'est notre vision de ce qu'est un enfant et un élève. Nos enfants en ont ras le bol de n'être plus que des "erreurs", des "fautes" ! Ils sont tellement plus que ça !

Portrait de Gilbert

Je ne peux qu'adhérer à vos propos Brigitte... Heureusement, beaucoup de pédagogues comme vous, sont sur le terrain et font honneur à ce beau métier. On a trop souvent l'habitude de " râler " sur ce qui ne va pas. C'est une bonne chose pour rectifier le tir et les dérives. Mais votre vision " positive " des choses me plaît ! ... et alors nous découvrirons tout le potentiel de ces enfants quels qu'ils soient. Oui Brigitte !

Portrait de Mireille-cogolin

Je ne suis pas enseignante, je n'ai pas d'enfant et c'est donc avec modestie que je viens partager cette discussion... Je ne peux ainsi parler que de mes réactions personnelles, à savoir que je pense que nous sommes dans une société qui nous note en permanence et dans des secteurs très inattendus, comme l'hôpital ! Aujourd'hui, quand une personne est hospitalisée pour des douleurs, on lui demande de préciser sur quel chiffre elle situerait ses douleurs sur une échelle de 1 à 10... Alors, vouloir supprimer les notes à l'école me semble, comme le précise Gilbert avec une pointe d'ironie justifiée, un paradoxe !
Compte tenu de mon âge, les notes accompagnaient notre scolarité quand j'étais enfant et ado. Élève moyenne, je n'ai jamais connu un climat de félicitations à la maison mais jamais de climat conflictuel étant donné que je passais de classe en classe avec une moyenne qui oscillait au collège entre 11 et 13, mais cette moyenne signifiait vraiment quelque chose à l'époque dans le sens où elle correspondait véritablement à mon niveau. J'ai eu une camarade de classe brillante qui est devenue agrégée de mathématiques, j'ai eu des copains et des copines qui étaient de très mauvais élèves et je peux vous assurer que leurs notes, tout au long de l'année scolaire, reflétaient globalement leur niveau. En ce qui me concerne, j'étais velléitaire et j'aimais me couler dans le moule. Je souffre encore aujourd'hui de ce côté insignifiant mais, j'ai honte de le dire, si pratique car il ne fait pas de vagues... Je me souviens encore d'une copine qui ne fichait rien, qui prenait des trempes par son père, gendarme, parce qu'elle avait des notes désastreuses et qui a fini, quand elle a atteint ses 14 ans, par la retirer de l'école : elle est allée apprendre la sténo-dactylo chez Pigier. Ça ne lui plaisait pas trop mais son père lui avait dit qu'il fallait qu'elle ait son diplôme de secrétaire, sinon il la ficherait dehors ! Mais, ce qui lui permettait de tenir, c'est quelle disait qu'elle
était sûre de rencontrer un jour son Prince charmant... Et, au cours d'une boum, elle a rencontré son futur mari, pharmacien avec qui elle a eu 5 enfants. Aux dernières nouvelles, elle est très heureuse... Je ne suis pas certaine que sans un système de notations son père ait pu la mettre dans la réalité et qu'elle aurait eu existence aussi épanouie car les événements d'une vie sont tous en lien...

Portrait de Serge

Même si les nuances subtiles que certains foromers ont apportées sont précieuses, je constate malgré tout que les notes restent un indicateur tout aussi précieux qui permettra sûrement un jour à l'élève devenu adulte de s'évaluer... J'espère juste que l'Éducation nationale n'optera pas pour la suppression d'un système qui va jusqu'à permettre de faire ses comptes correctement et de visualiser où commence la dérive possible quand la fièvre acheteuse guette... Les Français sont majoritairement surendettés : laissons-leur alors l'accès à une échelle de valeur préventive et protectrice car, avec les notes, il s'agit bien avant tout de calculer où se situe l'élève...

Portrait de Sofia M

Si l'émission animée par Jacques Martin quand j'étais enfant était charmante et qu'elle touchait et aux enfants et à l'art, chacun doit apprendre à gérer son existence et à se gérer. Ce n'est pas en remplaçant les notes par des couleurs ou autre ineptie de ce type qu'on apprendra à un petit d'Homme la notion de différence en moins ou en plus. En outre, ce qui est un comble, c'est que l'ensemble des jeux télévisés est basé sur des... points, voire des notes !!! Sans oublier les performances sportives et autres Jeux Olympiques...

Portrait de Danièle-Dax

La personne qui taillait nos haies tous les ans est partie à la retraite en début d'année. C'est son gendre qui lui a succédé. Nous avons donc fait appel à lui cette année et ne lui avons pas demandé de devis connaissant cette entreprise depuis longtemps. Nous venons de recevoir la facture : les tarifs ont doublé ! Nous avons donc attribué une très mauvaise NOTE au nouveau patron que nous ne reprendrons plus car, là, comme à l'école, nous en avons vu de toutes les couleurs... Cette désagréable surprise passée, je préfère en rire maintenant mais avec mon mari nous avons eu les glandes !

Portrait de Gilbert

Pour continuer la réflexion et aller un peu dans le sens de la pensée de Serge, une amie m'a transmis une interview d'un mathématicien qui dénonce le laxisme scolaire depuis les années 70. Voici un extrait de ce qu'il en dit. Puis je posterai le lien de l'interview en entier pour ceux que ça intéresse :

Propos de Laurent Lafforgue, mathématicien : " « On a rabaissé les programmes et les niveaux d’exigence au nom de l’égalité des chances. C’est un contresens total. Un enfant qui apprend n’enlève rien à aucun autre. On se retrouve avec des élèves qui ont passé 20 à 30 heures par semaine pendant 12 ans à l’école et qui ne savent presque rien. Les enfants sont noyés sous un flot d’informations mais rien ne s’accroche du fait du défaut de structure. Ils ont entendu parler de beaucoup de choses mais n’ont rien retenu de précis. »

http://www.en-aparte.com/2013/06/28/laurent-lafforgue-mathematicien-ledu...