Ma mère se prend pour ma psy

Portrait de clémentine-78

Je craque, je craque, je craque !

D'accord j'ai 33 ans, je n'ai pas de mec actuellement ni d'enfant et des finances au plus bas ! Alors ma mère, femme intrusive en tout et pour tout, vient avec ses conseils de psycho de supermarché qui me mettent hors de moi. Hier on s'est disputées grave. Je sais que j'ai tort parce qu'elle a quand même 70 ans, que c'est ma mère et que je lui dois le respect, mais elle me traque en permanence.

Qu'est-ce que je peux faire pour qu'elle comprenne, sans que nous allions systématiquement au clash, que ma vie ce n'est pas sa vie et que ma vie ne lui appartient pas ?

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Bonjour, Clémentine

Bien sûr, votre mère n'est pas votre psy... Mais c'est votre mère, comme vous le précisez. Il est certain qu'elle projette ses propres inquiétudes à votre sujet. Le problème, c'est qu'en partant au quart de tour vous risquez de lui donner raison d'être inquiète. Et le cercle vicieux ne cessera pas. A vous de  lui montrer et surtout de vous montrer à vous-même, que vous gérez sereinement la situation, soit toute seule, soit à l'aide d'un vrai psy. En tant que mère, elle doit bien sentir que vous n'êtes peut-être pas à l'aise et elle fait ce qu'elle peut, même de façon très maladroite. Par ailleurs, il me semble que vous étiez venue vous plaindre de votre mère il y a pas mal de temps déjà et il vous avait été conseillé d'essayer de couper le cordon au niveau d'un étayage. Il est certain que votre mère en tire un bénéfice mais vous aussi. Désolé d'être un peu direct mais si vous êtes revenue sur la question, c'est que votre inconscient a envie d'avancer.

Portrait de Régis

Je suis célibataire et sans enfant. J'ai pensé en temps devenir prêtre et ça aurait bien arrangé ma mère, très  " catholique ". Mon père l'ayant quitté, je suis longtemps resté avec elle et je me suis peu à peu détaché après avoir trouvé un travail  qui n'avait rien à voir avec la religion mais qui me convenait pleinement. A partir de là elle m'a lâché les baskets et ne m'a plus rien reproché. Et je n'ai plus eu besoin de me " défendre ". Je ne sais pas si ce que je vous raconte peut vous aider mais je suis sûr que vous pouvez vous assumer seule. Je n'y croyais pas mais j'y suis arrivé. Je crois en Dieu et ai beaucoup prié. Dieu m'a montré une voie qui n'était celle que je pensais ni surtout celle que ma mère avait imaginéé pour moi.

Portrait de Charles

En ce qui me concerne, j'aurais bien aimé que ma mère me " traque " un peu. Sauf que j'avais l'impression qu'elle se foutait pas mal de moi. Heureusement que ma grande soeur m'a pris en charge. Et je vous assure que même si je n'ai pas été un enfant facile, il y a eu des moments où j'écoutais ce qu'elle me disait. Peut-être des conseils de psy de pacotille mais en attendant, ses coups de pieds aux fesses j'en avais besoin. Je n'ai pas suivi tous ces conseils mais juste les plus utiles pour moi. J'ai mis longtemps à me mettre en couple. Je n'ai pas d'enfant... Mais j'avance et n'inquiète plus ma grande soeur.

Portrait de cricri

Imaginez l'inverse... Je pense que vous le vivriez très mal ! Le commentaire de Gilbert R. Psy explique parfaitement ce qu'est l'inquiétude d'une mère pour son enfant. Quand vous serez vous-même maman, vous constaterez que vos réflexes protecteurs pour votre progéniture  fonctionneront à l'identique et vous " gonflerez " à votre tour vos héritiers qui ne manqueront pas de vous le faire sentir.

En revanche, je pense qu'il vaut mieux qu'un parent pèche par excès que par défaut car il s'inscrit alors dans une notion de devoir qui fait comprendre à sa fille ou à son fils que, même adulte, il pourra toujours compter sur lui...

Portrait de Orlan

Il y a une pointe d'ironie dans le titre de mon post mais pas que...

J'aurais bien aimé que mes parents soient intrusifs et me traquent... Agriculteurs, ils avaient cette distance, cette froideur, et leur propriété était - et est toujours - leur " bébé " ! Je ne leur en veux pas, c'est leur façon de faire dont ils ont hérité de leurs propres parents mais sachez Clémentine que je n'ai rien à leur dire, à tous les sens du terme... Par contre, j'ai cherché à compenser avec mon fils, depuis qu'il est né, ce que j'ai toujours perçu comme étant un manque affectif. Je sais qu'il trouve que je suis trop présent mais je suis certain qu'un jour, il comprendra (il est encore ado). Et puis, qu'il comprenne ou pas et même si j'ai commis avec lui des erreurs, dont certaines que je réalise en prenant de l'âge, quand je quitterai cette dimension j'aurai l'impression d'avoir fait mon job de père de mon mieux malgré l'absence de mode d'emploi...

Portrait de Ludo_437

Ma mère est à l'identique de celle de Clémentine. Souvent je râle quand elle cherche à SE rassurer en utilisant des stratégies très peu habiles et qu'elle me téléphone avec ses gros sabots en essayant d'en savoir un peu plus sur ma vie personnelle ! En fait, il y a longtemps que j'ai compris qu'elle cherche à savoir si je vais bien et si je ne dérive pas (je suis étudiant dans une grande ville...). Mais, et comme le souligne Cricri, une chose est sûre, c'est qu'en agissant comme elle le fait, je sais que je peux compter sur elle et que tant qu'elle sera en vie je pourrai compter sur elle...

Portrait de Gilbert

" Tant qu'elle sera en vie je pourrais compter sur elle ". Je trouve cela très important, Ludo. C'est du bon sens premier degré. Même si une maman est maladroite, savoir qu'on peut compter sur elle est important. Et d'ailleurs, ça peut aller dans les deux sens. Ma mère a le défaut d'être aussi un peu trop présente mais j'aurais bien tort de m'en plaindre car elle est effectivement toujours là et attentive. Et elle sait aussi qu'elle peut compter sur moi dans son âge avancé. Elle m'a révéillé  un matin à 4 heure pour un problème très important et j'ai répondu présent. Juste retour des choses !

Portrait de M.Christine

Je pense qu'il faut doser : être un parent présent, disponible, sans être étouffant et pomper les énergies . Etre intrusif est à mon sens un abus de pouvoir . Se désintéresser de son enfant est de l'égoïsme .

Dans les deux cas, l'enfant est désorienté . Il ne se sent pas reconnu en tant que personne à part entière, avec ses propres capacités . Il doute de lui, soit par omniprésence du parent qui "sait mieux que lui" soit par le sentiment d'abandon .

Portrait de Jean-Marc

Vous avez raison, M. Christine, mais je ne pense pas que ce soit ce que Clémentine attend de nous. La situation est précise et je pense qu'il faut qu'elle prenne en compte l'inquiétude de sa maman en positif plutôt que de se braquer contre elle.

Portrait de M.Christine

En effet, Jean-Marc, l'idéal serait qu'elles se retrouvent sur un terrain d'entente . Et il est vrai que si l'une des deux parties change en étant plus compréhensive, l'autre changera en conséquence . La maman de Clémentine semble avoir besoin d'être rassurée ... Alors, un équilibre se rétablira .

Portrait de Jean-Marc

Oui, M. Christine. Et comme dit Lakshmi, mieux vaut commencer par soi. Gandhi a bien dit je crois " Sois le changement que tu veux voir dans le monde ". Bonne après midi à tous.

Portrait de Lakshmi

D'accord avec vous, Jean-Marc et M. Christine. Et comme il ne faut pas vouloir changer autrui - tant est que cela soit possible, ce que je ne crois pas - autant changer soi-même. Conclusion, la balle est dans le camp de Clémentine...

Portrait de Isabelle

J'ai parlé à plusieurs reprise de la relation "compliquée" avec ma mère. Pourtant avec le recul, et ayant appris où était "ma" place, y compris avec un solide travail analytique... A 51 ans tout juste, le recul me fait voir et "sentir" en mon coeur... Que lorsque je passe un peu de temps avec ma mère, une soirée, ou elle a pris le temps de nous préparer un repas... Alors je suis où je dois être en sa compagnie aussi ! Ma mère a perdu la sienne très tôt (2 ans)... Et je garde en moi, une question qu'elle m'a un jour posé, alors que justement je la remerciais d'avoir été présente (à sa façon certes... mais présente) lors d'une situation très délicate sur un épisode de ma vie... Elle m'a alors dit : "Qu'est-ce que ça fait d'avoir une maman ?" Et je me souviens très bien de ce que je lui ai répondu alors. "Difficile à expliquer, parce que tu as toujours été là, depuis que je suis née. Et même si ce n'est pas juste de le dire comme ça... Il y a quelque chose de "naturel" de "normal", parce que je sais que tu es là... C'est rassurant". Et malgré certaines blessures, de certains manquements maternels, que j'ai vécu comme celà en tout cas... Je considère que j'ai "presque le privilège" de bénéficier de la présence de ma mère aujourd'hui encore... Elle a si peu connue la sienne... Mais par contre, même si j'y mets les formes (ce qui n'a pas toujours été le cas !), si j'ai quelque chose à dire, je n'envoie pas le voisin pour autant ! Mais je crois qu'elle sait aussi, que c'est parce que je m'inquiète quelquefois...

Portrait de Louis

Votre commentaire m'a ému, Isabelle. J'ai de la difficulté à imaginer ce que je serais devenu si j'avais perdu ma mère à l'âge de 2 ans. Il me semble qu'il a fallu que votre mère ait une sacrée pulsion de vie pour être toujours là, et disponible pour vous de surcrôit. Il est vrai que, comparé à ce destin -excusez-moi Clémentine - mais vos petits tracas avec votre mère sont à relativiser. Vous avez beaucoup de chance !

Portrait de zab

Un jour où je pensais que ma mère avait été une très mauvaise mère, s'est imposé à moi le fait qu'il valait peut-être mieux avoir eu une mère que pas du tout, même s'il m'était arrivé à plusieurs reprises de souhaiter la mort de ma mère tant elle aura été ingérable... Entre autre parce qu'elle me,faisait honte.

Portrait de Younes

Lorsque j'ai eu cette aventure avec une femme plus âgée que moi et sans l'aval de ma famille - et surtout de ma mère - j'ai eu honte d'elle au point de la détester. Mais je sais maintenant qu' à sa façon je comptais pour elle et qu'elle était là et surtout pas absente ni indifférente.

Portrait de Danièle-Dax

Mon Dieu qu'il est difficile de satisfaire ou même plus basiquement de convenir à ses enfants ! Quelle que soit l'éducation qu'on leur donne, ça ne va jamais et ça ne s'arrange pas avec l'âge quand ils s'autorisent à nous dire plus ou moins directement ce qu'ils pensent de leur enfance et de leur adolescence, faisant allusion à de véritables diktats parentaux qu'ils auraient subis ! À ce sujet, je lisais il y a quelques jours sur Internet que le plus jeune fils d'Alain Delon se plaignait de ce que son père ne lui dise jamais " Je t'aime "... Ce que ne sait pas ce très jeune homme c'est que la génération de son papa, qui a aujourd'hui 80 ans, ne prononçait jamais ce genre de phrase idiote selon moi à l'égard de sa progéniture car il est bien évident, a fortiori dans le cas de Monsieur Alain Delon, que celui-ci aime son fils qui, soit dit en passant et d'après les médias, lui en fait voir de toutes les couleurs depuis quelques années...

Portrait de Cécile

Au-delà de la star, vous réhabilitez l'homme et le père aimant. Votre post est profondément humanisant, Danièle. D'autant que je sais qu'un de mes enfants - même s'il ne le dit pas ouvertement - met de la distance avec moi car il doit me reprocher des choses... Oui, les parents ont toujours tort quoi qu'ils fassent et votre post me fait beaucoup de bien. 

Portrait de M.Christine

Ceci dit, il y a aussi des parents maltraitants . C'est une réalité . La fibre maternelle ou paternelle n'est pas automatique . On en sait quelque chose dans les écoles et sans doute aussi dans les cabinets psy .

Mais ce n'est pas le cas de la mère de Clémentine, heureusement ! A mon avis, Clémentine doit juste reprendre son territoire, son espace vital, en essayant de l'imposer calmement et fermement afin que sa mère s'arrête là où elle dépasse les limites . Si Clémentine le fait avec colère, ça ne va pas rassurer sa mère mais plutôt renforcer en elle l'idée que sa fille est fragile émotionnellement .

Portrait de Michèle

Peut-être que l'angoisse de votre mère est liée à sa relation à sa propre mère ? En tous cas, on ne peut pas la traiter de laxiste et c'est déjà pas mal. J'aime bien l'exemple d'Alain Delon que donne Danièle Dax dans son post. Qu'il pêche par excès ou par défaut, un parent reste toujours limité par ses angoisses et sera donc toujours critiqué.

Portrait de Sofia M

Je lisais la réponse d'un des fils de Coluche à un journaliste qui lui demandait comment, selon lui, son père aurait évolué. Voilà en substance ce qu'il a dit : qu'il n'en savait rien mais qu'il aimerait bien fréquenter aujourd'hui cet homme de 71 ans...

Portrait de Mireille-cogolin

Vous prendrez alors le recul nécessaire par rapport à l'attitude de votre maman que vous jugez un peu trop présente. En plus, je suis tout à fait d'accord avec la sagesse de plusieurs commentaires : profitez bien de la présence de votre maman qui ne sera pas toujours là... Et, quels que soient les liens qui nous unissent à eux, quand les parents disparaissent, à moins qu'ils n'aient été de véritables bourreaux, ils laissent un grand vide. Quand un parent décède, ce qui est terrible c'est de ne plus entendre sa voix, cette absence d'échanges, cette absence de résonance à un propos que, par conséquent, l'on tait... Songez à cet aspect et à ce vide, qui peut prendre des tournures d'abîme, et restez proche de votre maman tant que vous le pouvez, ne serait-ce que pour que vous n'ayez pas de culpabilté vis-à-vis d'elle quand elle sera dans l'autre Dimension...

Portrait de Isabelle

Je rejoins totalement les propos de Sofia M et Mireille-cogolin. Pour ma part, la disparition de mon père a généré des "changements salvateurs" quant à ma relation à ma mère... Tout simplement parce que cette réalité de l'absence et du silence m'a poussée à regarder beaucoup "mieux" du côté de la présence effective tant qu'elle est là... Et encore une fois, la présence de mes parents, j'en ai bénéficié quoiqu'il en soit... ce qui a été très différent et trés compliqué, dans l'histoire d'enfance de ma mère...

Portrait de Gabrielle

Le post de Mireille a agi comme un électrochoc. Moi qui ait tendance à râler je vais voir mes parents autrement tant qu'ils sont dans cette dimension. Un grand merci à Clémentine qui n'a pas  " craqué  " pour rien. 

Portrait de M.Christine

Il est salvateur aussi de s'expliquer sincèrement et calmement quand les gens sont en vie . Les non-dits sont, après la mort, des causes de grands regrets et d'un sentiment d'être passé à côté de quelque chose, ce qui provoque un vide, une sensation d'inachevé . La conscience est sereine quand on a supprimé tous les griefs et les mal-entendus avant le départ des personnes .

Portrait de Cécile

A condition de dire les choses de façon juste, au moment opportun et à qui est capable de l'entendre, je suis d'accord avec M. Christine.

Portrait de yamina.174

Sinon le problème n'existerait pas...

La communication est la chose la plus difficile qui soit, chaque interlocuteur restant sur ses positions affectives et affectées, même s'il les ignore...

En ce qui me concerne, je ne me vois pas exprimer à mes parents tout ce qui m'a déplu ou dérangé chez eux ! D'une, ils ne comprendraient pas parcse que je sais qu'ils ont fait ce qu'ils ont pu et qu'ils ont autant de reproches, je présume, à adresser à leurs parents décédés il y a fort longtemps maintenant (...), et de deux, c'est à moi de faire quelque chose de positif de mon incarnation, a fortiori avec ses manques et autres déceptions, honte, chagrin, etc. Quels progrès aurais-je pu accomplir si ma trajectoire de vie avait été et était idyllique ?

Portrait de Alicia

Y compris, que si ce parcours personnel était idyllique pour reprendre ce que dit Yamina, je ne vois pas comment nos enfants, pourraient avancer à leurs tours... Parce que si on y réfléchis, ce serait "encore plus" impossible pour eux... Au fond, le fait qu'on puisse émettre le désir de s'améliorer, vient bien du fait que nous "pensons" faire mieux que nos parents, en tout cas différemment d'eux... C'est bien à soi-même de s'améliorer, et en plus... Que pourrait-on bien "changer" à ce qui a été fait et même pas par nous-même ? Aussi difficiles que puissent être certaines histoires, je crois de plus en plus qu'accepter ses parents c'est aussi déjà un peu s'accepter soi... Et plus je réfléchis de ce côté-là, et plus je me sens paisible à l'intérieur...

Portrait de Jean

"  Je ne vois pas comment nos enfants pourraient avancer à leur tour ". J'aime beaucoup votre réflexion Alicia. d'où l'intérêt de faire confiance à nos jeunes, même s'ils nous dérangent parfois.

 
Portrait de Gilbert

L'important consiste à faire de mon mieux. Je ne me vois pas non plus entrer dans une espèce de règlement de compte inutile vis à vis de ceux qui ont vécu avant moi. C'est justement grâce à leurs imperfections et aux miennes que j'ai de quoi travailler sur moi pour être meilleur aujourd'hui qu'hier avec l'espèrance d'être moins bon que demain.

Portrait de clémentine-78

Depuis vendredi que j'ai posté mon problème, j'attendais fébrilement une discussion qui me donnerait à 100 % raison ! C'est maintenant que je le réalise d'ailleurs...

En fait, sur l'ensemble de vos commentaires, je n'ai pu que constater que vous me remontiez les bretelles mais dans le bons sens.

Émue par plusieurs de vos avis, j'ai pleuré et je vais tout faire dès lors pour apprécier la présence de ma maman.

Merci beaucoup de m'avoir secouée...

Clémentine

Portrait de Younes

Grâce aux réponses qui vous ont été données, j'ai pu faire une prise de conscience par rapport à ma mère qui ne sera pas toujours là certainement. Merci à vous Clémentine.

Younes