Maman quadra?

A 40 ans ou plus jeune, je ne pense que les femmes fassent des enfants par altruisme. Quelque soit l'âge, on peut décider d'avoir un enfant pour combler un manque affectif, pour ne pas perdre son conjoint dont le désir d'enfant est très fort, pour accomplir ce qu'on n'est pas arrivé à faire soi-même...
La médecine a beaucoup progressé et permet à ses femmes une grossesse en toute sécurité. J'allais dire que peut-être ce n'est pas l'idéal, mais les conditions idéales existent-elles vraiment ? Et puis l'arrivée d'un enfant est quelque chose d'unique, de la pulsion de vie. 

" Avoir " un enfant est certainement un acte assez incompréhensible au plan humain car nous lui donnons la vie et la mort le reprendra un jour... Cette démarche n'est donc certainement pas à envisager sous l'angle de l'âge...

Une amie de ma mère m'avait dit lorsque j'étais encore jeune qu'elle et son mari avaient eu leur fille unique tardivement pour lui donner le " meilleur " et lui offrir notamment leur calme et leur patience liés à l'âge, calme et patience qu'ils élevaient au rang de vertu... Curieuse histoire que celle de cette famille : la même année, le couple devenu septuagénaire est mort  à 6 mois d'intervalle, et leur fille de 30 ans est décédée l'année suivante, célibataire et sans enfant, d'un cancer du sein... Vous pouvez voir, ne serait-ce qu'avec cet exemple, que la destinée a plus d'un tour dans son sac et que la patience y a été en quelque sorte raillée...

Pour ma part,  je pense effectivement qu'un enfant demandant beaucoup d'énergie, l'âge avancé des parents peut être un obstacle à franchir. C'est le plus jeune fils d'Alain Delon qui d'ailleurs n'avait de cesse il y a quelques années de clamer que son père l'ayant eu trop " vieux " ne pouvait pas le comprendre... Mais je pense que tout cela est un faux problème finalement car élever un enfant fait disparaître  l'égoïsme supposé du moment de la conception, que nous soyons jeunes ou moins jeunes : il s'agit du métier le plus difficile au monde et celui-ci ne s'apprend pas...

 " Avoir " un enfant est certainement un acte assez incompréhensible au plan humain car nous lui donnons la vie et la mort le reprendra un jour...Votre phrase, Cricri, résume pour moi tout le mystère de l'incarnation. Vous avez raison de dire qu'il s'agit d'un faux problème... Comme si nous décidions, in fine, d' " avoir "un enfant. D'ailleurs, le terme " avoir " n'a aucun sens. Comme le suggère Khalil Gibran, une âme nous est plutôt confiée pour un temps limité. Une âme, suggère encore Dolto, qui nous a choisis en tant que parents, comme si, au niveau "  psy-rituel ", les choses s'envisageaient sous un autre angle. Alors " ego " isme ? Mais n'en sommes-nous pas, peu ou prou, tous un peu là ?

Je suis tout à fait d'accord avec les commentaires.

Il y a des personnes qui veulent un enfant et dont la situation est parfaite pour devenir parents et qui n'y parviendront jamais. À l'inverse, une jeune fille de 15 ans peut se retrouver enceinte d'un délinquant sans l'avoir désiré consciemment. Il y a aussi des parents " bien sous tout rapport " qui donnent la vie à un bébé qui tournera mal à l'adolescence, comme il y a des parents paumés qui engendreront un être qui " réussira " admirablement dans la société... Ces exemples et à mon très humble avis me font dire qu'il est un leurre de croire qu'on " choisit " d'être parent. Quant à une femme qui devient maman alors qu'elle est quadragénaire, elle n'est ni plus ni moins égoïste qu'une maman beaucoup plus jeune. Elle a un chemin de vie à accomplir qui passe par une maternité considérée comme un peu tardive par l'horloge biologique féminine. Si vous faites allusion aux complexes que peut retirer un enfant de l'âge avancé de sa mère, il peut aussi faire des complexes si sa mère est vulgaire ou infidèle ou alcoolique ou voleuse ou sale... Si vous induisez que cette mère quadragénaire peut décéder quand son enfant sera encore jeune, une maman de 25 ans peut également décéder dans un accident, laissant son enfant orphelin... Et puis moi aussi j'insiste : être parent c'est tout sauf être égoïste car, dès que l'enfant s'incarne, il est une source d'inquiétude...

En tant que mère je pourrais vous dire, que mes deux premiers fils, jeunes adultes maintenant, sont « arrivés » à un âge considéré comme « logique », 25 ans pour le premier, 29 ans pour le second… 

Puis, et en lien direct avec une seconde union, mon troisième fils, beaucoup plus « tardivement », j’avais 38 ans… très proche pour moi, d’être une quadra donc, lors de la venue du troisième… Personnellement je me suis souvent « sentie un peu décalée » en lien à mon âge justement… Lorsque je vois, pour une majorité en tout cas, des mamans bien plus jeunes, qui ont des enfants de l’âge de mon troisième fils, mais qui pour elles, ces enfants sont ainés de leur fratrie, je me sens « vieille »… toute proportion gardée quand même ( !). Ce qui a souvent amené chez moi cette réflexion… Comment mon fils me voit lui ? Est-ce que pour lui je suis une « vieille maman » ? Il semble, et somme toute c’est assez logique en soi, que ce ne soit pas un « problème »  pour lui… 

S’il y a quand même du réel en rapport à l’âge, sur un plan plus particulièrement « récupération physique » notamment, je crois que c'est aussi en lien, au fait que ce fils-là, je l’élève presque en solo…

Mais s’il était « arrivé » alors que j’étais plus jeune, et à situation identique, aurais-je eu la capacité de gérer de la même façon ? Je n’en suis pas certaine… Alors bien sûr, on peut toujours dire qu’il y a une question de maturité qui rentre en ligne de compte… Y compris, dans mon cas, que sans un solide travail analytique, j’aurai pu complètement « baissé les bras »… 

Je crois, et là je suis d’accord avec ce que dit Cricri… Qu’il s’agit, et chacun avec ces possibilités, d’entendre qu’au fond, nous sommes bien loin de « maîtriser » notre destinée… Et que l’âge en fin de compte n’a pas grand-chose à voir là-dedans… Nous avons tous à vivre des situations particulières, qui nous sont données pour en principe « évoluer »… Parents comme enfants d’ailleurs… Et s’il me semble que j’assume aussi mes responsabilités de mère autant qu’il m’est possible… C’est que j’ai bien autant « appris » avec l’arrivée du premier, puis du deuxième, comme du troisième… en définitive, ces « apprentissages » nous les développons tous les jours, quel que soit notre âge… Et tant que je suis en vie, je continue d’apprendre au quotidien…

Entièrement d'accord avec tout ce qui est dit ici ! Personnellement je suis devenue mère très jeune, tout juste 18 ans, de mon fils aîné, et sans l'avoir "souhaité"... au conscient en tout cas, comme vous le précisez souvent ici... Je crois, et malgré mon jeune âge, avoir moi aussi "assumé" du mieux que possible, seule (enfin en étant célibataire) durant les premières années de sa vie... Puis j'ai rencontré celui qui est devenu mon mari, et nous avons ensemble deux enfants, qui ont respectivement 10 et 12 ans d'écart avec mon fils aîné... Et bien je dirai, avec le recul de mes 58 ans maintenant, que je ne me suis pas vécue plus "rassurée" sur mes "compétences de mère" tant pour le premier que pour les deux suivants... Et je pense que nous ne faisons que nous "adapter" et "apprendre" tous les jours... Y compris, que lorsque nos enfants développent à leur tour, leurs vies d'adultes, nous continuons à apprendre... puis nous devenons grand-parent (enfin c'est mon cas...) et là aussi, nous continuons à apprendre... Et tout ça n'a pas grand chose à voir avec une question d'âge... C'est, (en tous cas c'est comme ça que je vois les choses) une question "d'accepter sa vie" et de ce fait "un investissement personnel" ou pas d'ailleurs... A chacun sa trajectoire, mais je suis sûre par contre, qu'il n'y en a pas une qui soit plus facile qu'une autre...

Mère jeune ou pas, ne change rien à notre histoire... malheureusement ou heureusement... ça appartient à chacun... J'ai eu mes 3 enfants, plutôt de bonne heure... 18 ans moi aussi, pour la 1ère... Ce qui m'a semblé très compliqué c'était mon inexpérience et le fait qu'en plus, je ne pouvais pas voir du côté de ma propre mère... Je me suis sentie assez "démunie" en fait, mais en même temps, je crois que j'ai considéré ce premier enfant comme un "bien très précieux"... Ca peut paraître banal de le dire comme ça... Mias pour moi, c'étati loin de l'être... La deuxième est arrivée 1 an plus tard... Et là ça été une autre "étape"... pas toujours très drôle non plus (si seulement on pouvait réaliser avant que d'être parent, que devenir parent est bien loin de toutes les images d'Epinal ! En même temps, la vie n'est pas si mal faites... parce que sans doute, si on le "savait" avant... il y aurait bien moins d'enfants ! Et ça poserait d'autres problèmes...). Le troisième est arrivé j'avais 23 ans... mais je ne l'ai vu grandir que quelques années... Je me suis souvent posée cette question justement, su j'avais été plus âgée, est-ce que sa mort se serait produite ? J'aurai peut-être plus vigilante, attentive, disponible... Et puis au fil des années... J'ai arrêté de me torturer inutilement... Parce que ce genre de question ne fait pas changer les choses de toute façon... Quant au fait même qu'un enfant peut être privé de ses parents, pourtant encore jeunes... Je connais aussi... Alors, je suis d'accord moi aussi... Tout ça n'a aucun rapport avec l'âge des parents et encore moins avec de l'égoïsme, parce que quoi que certains puissent en penser ou en dire... Il n'y a pas de recettes existantes, et sans vouloir vous paraître prétentieuse, je crois qu'en tant que mère j'ai fait du mieux que je pouvais quoi qu'il en soit, avec ce que je suis... Je crois surtout que bien souvent, nos enfants sont ceux qui nous apprennent le plus... à Etre humain...

Bonjour Ségo,

Je partage beaucoup des avis qui ont été exprimés ici en réponse à votre interrogation. En effet, je pense qu’au départ, on « fait » toujours un enfant « pour soi », pour « réparer » quelque chose en construisant « autre chose », qu’on accepte cette idée ou non. Et que le moment de la « conception biologique » étant passé, l’enfant à plutôt tendance à nous rendre moins  égoïste au fils du temps, par la force des choses. J’ai aussi  tendance à croire que l’enfant choisit ou non lui aussi de naître à la vie d’une certaine façon. En ce qui me concerne, la benjamine de mes enfants est née quand j’avais 40 ans. Son père et moi avions beaucoup hésité avant de la « concevoir », même si dans ma tête, je l’avais déjà conçue depuis longtemps. Finalement, après des années de réflexions (surtout pour convaincre son père !), nous avons fait ce choix mais j’avais alors 39 ans et je me suis dit que je me donnerais  jusqu’au jour de mes 40 ans  pour « y arriver » (c'est-à-dire qu’il restait 3 mois !) sachant que si au mois de mai, je n’étais pas enceinte, j’abandonnerais  cette « idée ». Je  me suis « retrouvée » enceinte en 2 mois, alors qu'habituellement, le principal problème pour avoir des enfants à cet âge, d’après ma gynéco, c’est la baisse de la fertilité ! Après cette expérience, je ne peux m’empêcher de penser que ma fille avait vraiment décidé de naître chez nous, avec une mère de cet âge, qu'elle avait donc choisi la vie ……Il est vrai  qu’elle a eu maman plus âgée que ses frère et sœur, j’ai parfois moins d’énergie à lui consacrer, je suis moins patiente  mais en fait, elle est bien plus affirmée et débrouillarde qu’eux.   Je m'en occupe sans doute moins que je m'étais occupée des 2 autres mais je ne suis pas sûre que je m'en occupais "bien".

Je me suis aussi posée la question de ma mort et de l’hypothèse de la « laisser » orpheline jeune mais ma propre mère est morte jeune alors que je suis née quand elle avait la trentaine. Sa propre mère lui avait survécu puisqu’ elle est morte à 99 ans.  Tout ça pour dire que moi non plus, tout en étant consciente que je ne suis pas objective,  ne pense pas que les mamans « quadra » soient forcément plus égoïstes que les autres car de toute façon, personne ne sait de quoi notre vie sera faite et jusqu'à quand elle durera alors tant que la vie est là...