Mon enfance me colle à la peau

Portrait de Horia

Je n'arrive pas à me debarrasser de mon enfance encombrante et gênante pour différentes raisons.

J'aimerais pourtant y arriver, d'autant qu'il paraît que c'est mauvais pour la santé psychologique, physique, et pour nos enfants.

Pouvez-vous me conseiller pour ne plus souffrir d'une période que j'ai détestée et qui revient régulièrement me persécuter ?

Portrait de Cécile. G.. Psychanalyste

Votre enfance a été difficile et c'est le souvenir de cette souffrance qui vous persécute. Il n'est pas possible de vous  débarrasser de votre enfance car elle a fait la femme que vous êtes aujourd'hui. 

Votre titre, " Mon enfance me colle à la peau ",  traduit le fait que pour l'instant, votre enfance est comme une étrangère car si elle colle à la peau, c'est qu'elle est à l'extérieur de vous. Vous ne l'avez pas acceptée et c'est ce qui vous fait souffrir.

Bien sur, vous ne voudriez certainement pas revivre cette période mais essayer de regarder votre enfance sous un autre angle :  elle vous a certainement permis de développer des qualités et des capacités que n'ont pas ceux dont l'histoire est plus facile. Accepter votre enfance, c'est en faire un " plus " , un agent d'évolution. 

Si, ce souvenir vous persécute au point de vous handicaper dans votre quotidien, peut-être, est-ce le moment de commencer un travail sur vous, d'opérer un changement en consultant un spécialiste de la psyché. 

Portrait de Isabelle

Je confirme... Lorsque j'ai commencé mon travail analytique, j'avais déjà cherché par d'autres biais auparavant à me libérer d'un mal-être véritable... Outre des faits traumatiques réels (le décès de mon jeune frère en particulier...), celà m'a permis aussi de me "libérer" d'une enfance difficile... et d'évènements traumatiques survenus bien avant la mort de mon frère... Ce qui a été mon "moteur" conscient et inconscient, c'était ma peur d'une répétition de "mort d'enfant" sur mes propres enfants, en bas âge au début de ma cure... Je ne peux donc qu'aller dans le même sens que Cécile. G. Psy... Mais pas par prosélytisme, juste parce que pour moi, c'est sans aucun doute le meilleur choix que j'ai fait dans mon existence...

Portrait de Sofia M

Comme Cécile et Isabelle vous l'ont induit, cette peau c'est vous-même, seul vrai témoin (pour les autres) de votre existence. À mon sens, l'erreur que vous commettez c'est de vouloir vous en débarrasser.

Votre question m'a parlé car, compte tenu de votre prénom, je pense que nous avons toutes les deux des origines maghrébines. La couleur de la peau donne une indication aux personnes que nous rencontrons et qui peuvent ainsi nous situer " géographiquement " quant à nos origines, à notre culture... À mon sens, cette peau voyez-la comme une différence qui vient ajouter en positif à la différence de tous les autres. C'est aussi dans la différence d'autrui que nous puisons notre force. Personnellement, quand je vois un Français de souche, à la peau bien blanche, je prends chez lui sa capacité à revendiquer ses droits légitimes car la mémoire de la Révolution n'est pas loin pour lui (ce que ne s'aurorisent pas à faire les Arabes en règle générale dans leur pays d'origine). Quand je rencontre un Africain, je puise chez lui son optimisme. Quand je parle avec un Juif, j'entends toujours les fondements de sa solidarité envers ses proches. Quand j'observe des Nordiques, je prends une leçon de libéralisme. Quand je m'entretiens avec un Anglais, j'intègre son indépendance. Quand j'échange avec un Asiatique, je " reçois " sa capacité de travail. Quand je suis avec un Allemand, je ressens tout de suite sa fermeté sur les avis qu'il peut énoncer... Je n'oublie pas aussi que c'est une Espagnole qui m'a appris à faire la paella et que j'adore les pizzas italiennes et les spaghetti... Et que j'ai donné à une de mes collègues de travail les recettes de tajines et de couscous de ma Maman... Etc... Etc...

Si vous revisitez votre enfance au nom de votre superbe différence, vous serez heureuse et réaliserez tout ce que vous avez apporté alentour, ne serait-ce que sur ses forums...

Merci, Horia, d'être vous...

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Même si notre parcours nous paraît " étrange ", pas comme les autres, ou pas comme on l'aurait souhaité, cela devient paradoxalement une richesse, comme le précise si bien Sofia, qui vous remercie d' " être vous " ! Vous êtes unique Horia, et votre unicité déclenche des commentaires qui font avancer l'alter ego (autre mais différent !). Alors, merci des cadeaux que vous nous offrez en initiant ces réflexions !

Portrait de Horia

Vous m'avez fait beaucoup de bien... Peut-être que vous allez penser que je suis une grosse naïve mais avant de découvrir vos commentaires - d'où ma question -, je me voyais comme une véritable paria ! Pourtant ce n'est pas faute d'avoir lu vos posts sur ce que vous appelez la centration... Mais je n'avais pas compris... Grâce à vous, excusez-moi si je vous choque -, je me sens plus pure de l'intérieur... Quand j'entendais parler positivement à la télé de différence, j'avais le sentiment que c'était de la démagogie... Je n'avais pas intégré que j'avais pu et que je pouvais encore apporter à autrui...