Mon fils me cache toujours ses mauvaises notes

Portrait de zab

Mon fils, qui a 12 ans maintenant, a toujours fonctionné comme ça: il cache ses mauvaises notes. J'aimerai qu'il change et qu'il comprenne que je ne vais pas le manger si son bulletin n'est pas bon. Je lui ai déjà expliqué mais rien n'y fait.

Est-ce que vous savez pourquoi il a ce travers et est-ce que vous pouvez me dire comment je dois m'yprendre pour qu'il change?

Portrait de Gilbert

Je ne connais pas beaucoup d'élèves qui montrent facilement de mauvaises notes à leurs parents. Votre fils de 12 ans sait pertinemment que cela ne va pas vous faire plaisir. Et peut-être désire-t-il trop vous faire plaisir ? Vous avez beau le lui expliquer, il ne veut pas vous décevoir. Peut-être pourriez-vous adopter une attitude plus neutre même lorsqu'il vous montre de bonnes notes. Ce peut être une piste qui lui montrerait qu'il travaille pour lui et non pour vous...

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Votre fils étant au collège, vous devez recevoir chaque fin de trimestre un bulletin de notes par la poste ou remise en main propre par le professeur principal. Et puis, il me semble qu'il existe un carnet de notes et de liaison à faire signer tous les mois. Ainsi, votre fils ne pourra jamais vous cacher indéfiniment ses mauvais points. Ceci dit je trouve la remarque de mon homonyme ex-enseignant assez judicieuse. Il est possible que votre fils sente inconsciemment que vous attachez beaucoup d'importance à sa réussite et donc à ses échecs. Laissez-le prendre ses responsabilités et il sera toujours temps de faire le point avec ses enseignants au moment opportun. En attendant, essayez de lâcher prise et, comme dit Gilbert, restez assez neutre (ce qui ne veut pas dire indifférente), même si les notes sont bonnes... Par couple d'opposés, il aura moins peur de votre déception si les notes sont à la baisse...

Portrait de Jean

Je n'ai pas été un bon père à un moment de ma vie. Des ennuis de couple faisient que je n'étais pas assez vigilant et il est arrivé à mon fils de signer son carnet de notes à ma place... Je n'en suis pas fier ! Toujours est-il qu'il n' a pas pu tricher longtemps car le bulletin scolaire trimestriel et la rencontre avec les enseignants était incontournable. Mon fils a quitté le collège assez tôt et mène une vie équilibrée, même sans diplôme important. Tout cela pour vous dire de ne pas trop vous angoisser à ce niveau. Je suis d'accord aussi avec les conseils donnés plus haut. On ne refait pas le passé mais je crois que j'en aurais tenu compte à l'époque !

Portrait de cricri

Comme le disait très sagement une foromeuse il y a quelques mois : votre fils sait lire, écrire et compter ? Eh bien, avec ce bagage sachez qu'il pourra toujours travailler ! Avec cet excellent raisonnement, vous allez progressivement mettre de la distance entre vous et votre garçon, meilleur moyen pour qu'il réagisse à bon escient et commence à se responsabiliser.

Portrait de Orlan

Je viens de découvrir cette discussion et, ayant un ado paresseux de chez paresseux (c'est un euphémisme !), vos commentaires pleins de bons sens m'ont fait un bien fou ! En particulier celui de Cricri... 

Portrait de Soso

Je suis enseignante et plus j'avance dans ma carrière plus je me dis que les mauvaises notes sont le reflet POSITIF du " mauvais " élève qui ne l'est que par rapport à une norme nécessaire certes mais pas suffisante. Je veux dire par-là que votre fils est en train d'affirmer sa personnalité et qu'il faut que vous dédramatisiez le fait même qu'il cache ses " fameuses " mauvaises notes. En agissant de la sorte, vous en apprendrez bien davantage sur ses désirs, c'est-à-dire sur ce pour quoi il est fait, qu'en vous transformant en gendarme. Son comportement changera car il sentira et réalisera que son existence lui appartient. Laissez-le vivre sans vous préoccuper du regard des autres (n'est-ce pas ?) et des diktats statistiques sociétaux, et vous constaterez que vous n'aurez pas à le regretter. Ce n'est pas du laxisme mais simplement le respect de la différence. Une fois pour toutes, il faut accepter que tous les êtres humains ne peuvent pas rentrer dans le même moule...

Portrait de Lilou.G

J'allais entrer dans cette discussion importante quand j'ai lu le commentaire de Soso.

Je suis prof et je trouve qu'elle a très bien résumé l'attitude que tout parent devrait avoir avec son collégien. 

Je me permets de citer un dicton français très ancien qu'il ne faut pas prendre au premier degré et qui ne s'adresse bien entendu aucunement à l'intelligence du fils de Zab, pas plus qu'à l'intelligence des mauvais élèves en règle générale mais ce dicton, à mon sens, dit tout :

. " On ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif ".

Il est bien évident, et comme l'a précisé ma collègue, s'acharner à vouloir faire de son enfant un premier de la classe en fonction de ses propres projections parentales est une aberration lourde de conséquences. Chaque être humain abrite des potentialités de grande qualité qu'il faut lui permettre de développer à son rythme sans s'angoisser. Le résultat sera que l'enfant se sentira compris et prendra peu à peu ses marques à lui pour le meilleur.

Portrait de Jean

Si je gardais une forme de culpabilité, Soso, votre com a contribué à véritablement accepter la différence qu'a mise en place mon fils. Il n'a pas fait les études que j'ai faite mais a pris ses responsabilités d'adulte beaucoup plus tôt que moi... Une belle différence ! Votre question, Zab, a déclenché une belle prise de conscience que je n'avais pas nécessairement avant votre post. Merci à vous... et à votre fils !

Portrait de Ludo_437

Ces posts ont fait émerger la sagesse très inconsciente sûrement de mes parents...

Ils n'avaient ni vraiment le temps et encore moins les moyens intellectuels d'accompagner mes études. J'ai toujours été un bon élève, ayant appris dès les petites classes à me débrouiller seul en matière de devoirs et de leçons. En revanche, ils ont su me faire comprendre, sans démonstration inutile, qu'ils m'aimaient, ce qui semble être le cas de Zab pour son fils. Et ça c'est très important pour prendre l'assurance nécessaire à son envol...

Portrait de zab

Une heure de + de sommeil c'est super mais vos com, c'est non seulement une clé mais un véritable apaisement pour la maman inquiète que je suis avec mon petit dernier.

Portrait de Sofia M

Vous parlez Zab de votre " petit dernier "... À méditer...

Portrait de Cécile

On oublie souvent cette parole du Christ lorsqu'on enferme les gens dans des critères normatifs. Merci, Sofia M, pour ce joli rappel, toujours d'actualité !

Portrait de Gilbert

" On ne donne pas à boire à un âne qui n'a pas soif " était la devise d'un pédagogue, Célestin Freinet, qui a un peu révolutionné les méthodes d'enseignement rigides du début du XXème siècle. Il est certes allé un peu trop loin et a abouti à l'enfant roi des années 70. Depuis, on a fait marche arrière -enfin on essaie - mais quoi qu'il en soit, cet enseignant a apporté une vision beaucoup plus positive surtout en ce qui concerne les élèves en difficulté scolaires. Il a su les accepter comme des sujets à part entière et ne les jugeait pas en fonction d'une notation normative. J'ai été très influençé dans ma carrière d'enseignant par sa façon d'aborder l'élève. Il faut dire que je m'occupais plus spécifiquement de ceux que le système rejetait et parquait dans des classes un peu rebut. Et quand je revois certains de ces enfants devenus adultes, je trouve que certains - pas tous bien sûr - ont sorti joliment leur épingle du jeu et ont trouvé leur place dans le marché du travail, qui pourtant est de plus en plus difficile...

Portrait de Lilou.G

Je ne savais pas que ce dicton était la devise de Célestin Freinet mais, tout aussi parlant qu'il soit encore de nos jours, il est véritablement très ancien : on le retrouve dans des récits campagnards écrits du début du 19ème siècle mais il est probable, étant donné l'utilisation quotidienne de l'âne dans les fermes depuis déjà fort longtemps, qu'il soit même beaucoup plus vieux. Tout ça pour rappeler qu'une vérité se transmet au fil des siècles et que si Zab prend du recul par rapport à son fiston, elle le découvrira sous d'autres angles très rassurants...

Portrait de Gilbert

Je me suis certainement mal fait comprendre. Célestin Freinet a effectivement repris à son compte ce dicton. Il n'en n'est bien sûr pas l'inventeur. D'autant qu'il était issu de la campagne et a passé une enfance rêvée au milieu de la nature et des animaux dont certainement des ânes. Une enfance qu'il a d'ailleurs idéalisée puisqu'il rêvait ce retour à la nature et à la sagesse des gens de la terre dans la pratique de sa pédagogie. Ce qui s'est avéré impossible dans les villes, d'où son échec (à lui aussi !). Il faut remettre cet enseignant dans le contexte donc d'une enfance idéale et d'un homme traumatisé par la guerre de 14/18. Il ne comprenait pas comment la civilisation qui était la sienne avait abouti à tant d'horreur. Il a voulu amener sa pierre à l'édifice d'un monde plus humain. Il a donc fait ce qu'il a pu. Mon com est un peu décalé par rapport à la problématique de Zab mais je voulais préciser. Je ne désirais surtout pas - et bien au contraire - inquiéter Zab. Son fils, à ce que j'en sais, est loin d'être en difficulté scolaire. Mes élèves n'ont pas pu suivre un cursus normal dès l'école primaire, ce qui n'est pas le cas ici... Mais je voulais aussi insister sur le fait que " le pire n'est jamais décevant ", une citation que j'ai lu quelque part sur ces forums et qui me paraît aussi très rassurante !

Portrait de Lilou.G

En fait, je craignais que certains foromers puissent penser que Célestin Freinet était l'auteur de ce dicton, même si vous précisiez bien dans votre commentaire que l'homme en avait fait sa devise. Encore mon caractère d'enseignante qui ressort !!! Toutefois, votre mise au point m'a permis de me régaler avec vos précisions quant au milieu rural qu'a connu à l'époque ce même Monsieur Freinet... Époque que je me surprends parfois à idéaliser, à tort au nom du principe de réalité et malgré mon âge encore jeune, tant la société d'aujourd'hui me déçoit et me pèse...

Merci et bon dimanche,

Lilou

Portrait de Viviane

Ce que je trouve le plus difficile "à doser" dans cette inquiétude de parent, que je connais bien aussi... Avec mon fils de 13 ans... C'est la part "saine" qui traduit quand même qu'on se sent concerné, qu'on est un tant soit peu attentif, et la part qui devient véritablement invalidante (donc la projection) autant pour lui que pour moi d'ailleurs... Puisque cette projection parentale, ne fait avancer personne au bout du compte. A aujourd'hui, j'essaie de souligner sans exagération, le bien fondé pour lui-même dans l'obtention d'une bonne note, ne serait-ce que parce qu'elle signifie une reconnaissance de son investissement travail en tant que tel... Je ne sais pas si c'est véritablement ce que je me dois de faire en tant que parent, mais il semble que mon fils, le traduise par le fait qu'il a peut-être l'impression d'être un peu plus écouté (?), dans la mesure ou il s'autorise à dire qu'il y a des leçons et devoirs en math par exemple, où il a besoin d'explications extérieures pour comprendre... Et nous faisons appel alors, aux bonnes volontés autour de lui, à même d'expliquer ce qu'il n'a pas compris, puisque là, je ne suis pas capacitaire à fournir ces explications... Au fond, être parent relève d'apprentissages constants et réajustables... Tout en maintenant des cadres auquels on ne peut déroger... Le simple fait comme en témoigne les interrogations de Zab, qu'on n'est jamais "arrivé" en tant que parent, et qu'on "sait à l'avance" en quelque sorte, que de toutes façons, nos enfants auront à leurs tours à "faire avec ce qu'ils sont" quoi qu'il en soit... N'est-ce pas un peu de sagesse à transmettre ?

Portrait de Mireille-cogolin

Si ça peut contribuer à aider Zab et d'autres parents, je me propose de vous livrer un extrait de livre - je ne sais plus lequel - qu'une de mes amies m'avait donné à la suite d'une période de grosses difficultés avec ma sœur qui est objectivement caractérielle. J'ai toujours gardé cet extrait car il peut s'adapter à bien des écueils relationnels dans lesquels l'incompréhension règne :

. " Le paysan et l'âne "

" Un paysan était propriétaire d'un âne mais il aurait bien aimé avoir un cheval. Même si son âne lui rendait de fiers et beaux services aux champs, il essayait par tous les moyens d'obtenir un étalon dans l'idée d'obtenir de meilleures récoltes. Il demanda à son voisin, qui en avait plusieurs, de lui en vendre un mais l'homme n'accéda pas à sa requête. Le paysan voulut aller en acheter un au marché mais il n'avait pas assez d'argent, même en vendant son âne. Il invoqua alors le Ciel pour que Celui-ci lui donne l'inspiration pour avoir son cheval . Il passa beaucoup de temps à prier, délaissant quelque peu son travail de labour, mais toujours rien. Les années passèrent et son âne était toujours présent à ses côtés, l'aidant dans ses travaux de moisson. Pourtant, l'homme attendait toujours le cheval qui ne venait pas.

Un jour, la guerre se déclara et tous les chevaux furent réquisitionnés. Alors, le paysan vit son bonheur. Grâce à son âne, il put continuer à récolter sa moisson, tandis que ses voisins ne pouvaient plus rien récolter du fait de la perte de leur animal. "...

Émouvant et instructif, non ?

Portrait de Lucien

Je souffre de la paresse de mon propre ado mais, grâce à cet extrait de livre et à tous les posts, je vais voir mon fils autrement... C'est-à-dire l'accepter comme il est... J'espère de tout mon cœur de père pouvoir y parvenir.

Portrait de Gilbert

Ce texte est un véritable récit de sagesse...

Portrait de nanou-69

Mireille-cogolin, votre histoire sublime se passe de tout commentaire. Mais à moi elle m'a surtout fait comprendre qu'on n'a jamais vraiment conscience de ce que l'on a. Une bonne leçon pour moi aussi avec mon enfant qui n'a pas l'âge du collège, que je voudrais parfois plus ceci ou plus cela,  mais qui est ce qu'il est et c'est tout simplement magique ! Merci !

Portrait de Alicia

Pour suivre régulièrement ces forums... Et sans vouloir "pleurer sur mon triste sort de mère célibataire", qui ne simplifie pas certaines difficultés avec mon ado de 13 ans... Je trouve votre histoire Mireille-cogolin très rassurante, et je vous en remercie ! En fait, nos inquiétudes parentales tout aussi justifiées soient-elles, puique nous souhaitons le "meilleur" pour nos enfants... Peuvent aussi s'avérer très égocentriques, puisque les "tatonnements" de nos enfants, leurs "échecs", leurs "errances" voire leurs "mensonges"... Ne devraient avoir leurs raisons d'être que pour nous renvoyer à nos propres "doutes" mais aussi de temps en temps, au fait que chacun a ses propres "réalités" a développer... Et un âne fidèle dans son travail peut s'avérer bien sûr bien plus fiable, qu'un hypothétique étalon... Une belle "leçon" pour moi, ce matin, Mireille-cogolin ! Car quand même, en tant que mère, et avec toutes mes propres déficiences, je pense que mon fils "voit" qu'il peut toujours "compter sur moi"...

Portrait de Michèle

" Le paysan et l'âne " est à conserver dans les mémoires... Merci pour cette transmission !

Portrait de Viviane

Je viens d'ailleurs de comprendre autrement, avec ma connection matinale, le "comment" d'une bannière publicitaire que je vois en haut des forums où il est écrit "Occupez-vous de vos affaires... ", pour souligner une célèbre chaîne d'hôtels (Mercure), pour ne pas les citer... Appartenant, si je ne me trompe pas, au Groupe Accor... Pas que je veuille rajouter de la pub à la pub... En plus, pour des tas de raisons personnelles, dans mon histoire... Ce nom d'hôtels, fait véritablement écho... Et d'ailleurs, tout en écrivant, je réalise plus particulièrement, que je viens en l'espace de quelques mots... de faire référence à la mythologie par deux fois... Et lorsque j'étais collégienne, les mythologies grecque, romaine, égyptienne étaient au programme,  alors que j'avais moi-même 13 ans... Programme, qui a suscité chez moi, un véritable intérêt durant les cours d'histoire... Mythologies qui ont sans aucun doute pour moi, largement participées à mon investissement dans un travail analytique, des années plus tard, dans ma vie...

Portrait de Cécile

Je ne pouvais pas m'en empêcher, chère Viviane de faire cette association phonétique puisque vous évoquez votre travail analytique (sourire !). Et votre lien avec " accord, à corps... hôtel me renvoie quant à moi à autel, cet autel qui est là dans une église pour donner la joie !!! Un peu décousue ce que je dis mais Jésus était monté sur une ânesse et pas sur un cheval au moment des rameaux !!! Amen (rires !).

Portrait de M.Christine

Le plaisir d'apprendre, de savoir, de comprendre, n'est-il pas le moteur ? Les notes étant, ensuite, la cerise sur le gâteau . Il me semble donc plus judicieux de demander à son enfant : "Qu'est-ce que tu as appris d'intéressant aujourd'hui  ?",  plutôt que : "quelles sont tes notes ?"

L'enfant sentira sûrement qu'on s'intéresse plus à son être intérieur, sa personne, qu'à son statut extérieur ...

Portrait de Lakshmi

Je n'ai pas d'enfant mais je suppose, qu'à la maison, mieux vaut comme le dit M.Christine privilégier la relation affective et laisser aux enseignants faire leur travail...