Naît-on autonome ou le devient-on ?

Portrait de Chantal Calatayud

Cette question pourrait faire débat coupée de contextes et d'exemples évidents...

Il est certain que non seulement nous naissons autonomes psychologiquement mais la fécondation et la gestation le démontrent lorsque la réalité donne à voir des épreuves ou des drames : fausses couches, morts in utero, malformations congénitales, bébés anorexiques, morts subites de nourrissons... En sachant bien entendu que ces épreuves peuvent exister chez des géniteurs jeunes et sains qui étaient désireux de devenir parents et ce, dans d'excellentes conditions... Dans tous ces cas-là, même la médecine reste impuissante à pallier l'incompréhensible. Essayons de raisonner un enfant déficient mental, il nous mettra en échec, ce qui faisait dire à Françoise Dolto que ce type d'enfant présente " une intelligence débile ", en somme une forme d'autonomie qui a sa raison d'être.

Lorsque le bébé se développe normalement, il revendique en fait très tôt son autonomie : il dort s'il en a envie, pleure pour se faire entendre et comprendre même à deux heures du matin, babille dans son lit en pleine nuit, ne mange pas s'il n'a pas faim, refuse les légumes, la viande ou le poisson selon ses humeurs, veut se mettre et tenir debout, essaie de marcher... Ouf ! Ce petit roi de l'indépendance n'en fait qu'à sa tête... Scolarisé, il se comporte à l'identique car il peut accepter à certains moments les consignes de l'enseignant mais les rejeter à d'autres. Remontrances et punitions en perspective n'y changent rien. Quant aux notes, quelles soient très bonnes ou déplorables, elles sont à l'image du caractère unique et bien trempé !

En amitié et en amour, même constat : l'ado, puis l'adulte, choisira et établira ses liens relationnels sans tenir compte du moindre conseil. Le résultat peut être charmant, réussi ou déplorable pour la... famille ! Passons sous silence les conduites asociales qui n'ont rien à voir avec l'éducation que l'héritier a reçue. Il y a aussi les accidents corporels, plus ou moins graves, les maladies bénignes ou malignes...

Mais qui a dit que nous n'étions pas des êtres autonomes et que la liberté ça s'apprend ? Sûrement pas le Marquis de Sade qui rappelait que " ce n'est pas le désordre qui doit être opposé à l'ordre mais l'autonomie ", ni - plus récemment - le sociologue et philosophe Edgar Morin précisant que " si l'Homme est le fruit de sa civilisation, de sa nation, de sa famille, il peut quand même faire preuve d'autonomie et d'initiative ". Une chose est sûre quoi qu'il en soit, c'est que dès qu'il s'incarne et tout au long de sa vie, l'être humain ne s'en prive pas !

Catégorie :