Peut-on rire de tout ?

Portrait de cricri

Je ne pense pas être particulièrement " coincée " mais j'ai été très choquée d'entendre des plaisanteries que j'ai trouvées très déplacées sur Nabilla depuis qu'elle est incarcérée. Les jeux de mots étaient plus que douteux. Il ne faudrait quand même pas oublier que cette jeune femme est en prison pour des faits graves qui lui sont reprochés et que si ceux-ci sont démontrés et avérés, ça voudrait donc dire qu'elle est très fragile psychologiquement et qu'elle aura sûrement besoin d'un traitement et d'un suivi psychiatriques... Pour moi, on ne doit pas plaisanter avec la santé mentale des gens. Il se trouve que j'ai pris cet exemple médiatique actuel mais il ne se passe pas une semaine sans que les moqueries sans limites viennent éclabousser quelqu'un de connu... Parfois, dans des réunions amicales ou familiales, certains s'esclaffent sur une personne absente, ironisant sur son maqullage, sur ses tenues extravagantes, sur son manque de vocabulaire ou de culture, voire sur sa supposée bêtise... Et pour quelques-uns c'est l'occasion discutable de bien rire... Personnellement, ces sarcasmes gratuits me déplaisent... Mais, au fond, peut-être que je suis plus " vieux jeu " que ce que je le crois. Aussi j'ai bien envie d'avoir votre avis et que vous me disiez si, selon vous, on peut rire de tout ?

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Bonsoir cricri,

Bien que vous n'ayez pas posté votre question dans la rubrique " psy et coaching ", je me permets de vous faire une petite réponse.

Tout d'abord, je ne vous trouve pas " vieux jeu ". En psychanalyse, nous considérons le rire, tout comme les pleurs, comme un mécanisme de défense. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faille pas rire. Mais certainement pas pour n'importe quoi, n'importe où, n'importe quand et n'importe comment. Il y va d'une certaine bienséance. Rire pour se défouler lorsque l'on a rien d'autre à dire est non seulement névrotique, mais méchant. Combien de personnes ont souffert dans leur enfance parce qu'on se " moquait " d'eux. Ces souvenirs gardent des traces dans l'inconscient et sont souvent source d'inhibition. Votre post me fait penser à ces gens bien pensant qui riaient de l'  " innocent " du village. Une violence gratuite : le simplet étant le bouc émissaire idéal qui permettait de ne pas voir ce qui dysfonctionnait chez ces villageois dit normaux. La maladie mentale fait peur... Pour l'exorcicer, on rit des personnes qui en sont atteintes, comme si cela nous mettait à l'abri. Le rire peut donc devenir une violente projection lorsqu'il vise quelque chose que l'on ne comprend pas, que l'on accepte pas. On rit de la différence. Les enfants sont très cruels dans les cours d'école ! Ce qui veut dire que lorsqu'on rit de cette façon-là, c'est que l'on est resté fixé à des névroses infantiles.

Ceci dit, l'humour reste très important et il ne s'agit pas d'être, comme vous le dites " coinçé ". Il me semble qu'un humour sain consiste d'abord à être capable de ne pas se prendre soi-même au sérieux. Ce que font les humoristes de talent. Et il y en a ! Deuxième chose, il est important de savoir avec qui l'on fait de l'humour. Il est essentiel que la ou les personnes soient sur la même longueur d'onde. Quant à l'exemple que vous prenez, il est évident que c'est un peu facile. Il y a un post où Sofia évoque le fait que les amis sont " notre propre miroir ". Peut-être faut-il que vous fassiez le tri avec les vôtres pour être de plus en plus en accord avec vous-même ?

Bonne soirée

Portrait de Isabelle

Mon exemple est un peu différent en soi, mais il me semble intéressant de le mettre en lien cependant… 

Lorsque j'avais 9 ans, mes parents se sont séparés... Mon père était d'origine parisienne, et vivant en Provence depuis de nombreuses années, il est retourné vivre à Paris… 

À chaque période de Noël, nous retrouvions donc mon père à Paris, et la famille paternelle, ma sœur, mon frère et moi… Ce que je vais livrer ici, peut sembler anodin en soi… Pourtant, il m’a fallu un solide travail analytique pour « dépasser », un aspect véritablement « réducteur » véhiculé par la famille parisienne… Nous étions les « provençaux » tous les 3, et durant des années nous avons eu droit aux rires en lien à notre « accent »… Chacun y allait de sa « petite plaisanterie »… « On entendait les cigales, le soleil, le mistral et même le pastis… quand on parlait, disaient-ils ». Pour ma part, je « détestais » véritablement ces plaisanteries et les rires qui les accompagnaient… Qui plus est, il y avait immanquablement, les sempiternelles discussions allant avec… Nous les provençaux avions un accent, mais eux les parisiens n’en avaient pas… bien entendu… Ce qui à titre personnel, ne faisait que « rajouter une couche » de culpabilité en lien direct à la séparation parentale et à « certains décalages » que cette séparation a générée dans nos vies d’enfants… 

Il m’a fallu du temps pour comprendre, que ces « parisiens » très contents d’eux-mêmes, ne faisaient que projeter sur nous, leurs propres complexes d’infériorités entre autres… Et d’ailleurs, ce qui est très intéressant en soi… Ils se faisaient un « malin plaisir à nous faire parler, pour mieux en rire… », alors que paradoxalement, il y avait d’énormes non-dits côté paternel… Cela dit, et pour d’autres raisons, j’ai découvert bien plus tard, dans ma vie… que cette forme « débile » d’un chauvinisme à propos des origines… est la même du côté de Marseille… Au fond, la ségrégation raciale est malheureusement toujours aussi présente en soi… Et commence déjà par rire au dépend de… La violence prend bien des formes pernicieuses… Et à force de banaliser tout et n’importe quoi…

Je crois que le rire peut prendre véritablement valeur d’une forme de sadisme, lorsqu’il est au dépend de quelqu’un… Et bien qu’il ne traduise au fond, que les propres peurs inconscientes de ceux qui l’utilisent sans « charité » aucune, n’oublions pas, comme l’a dit Sigmund Freud le corollaire entre sadisme et masochisme… D’ailleurs, et ce que je dis-là n’engage que moi, les « dérapages notoires » d’un humoriste quant à certaines idéologies font tout de même grands bruits depuis un certain temps déjà… 

Où est donc la prise en compte de la souffrance humaine, quelle qu’elle soit, dans les plaisanteries d’un goût plus que douteux au sujet d’une Nabilla entre autres…  Si le rire est le propre de l’Homme, quel dommage que nous en oubliions bien souvent de nous comporter en véritables mammifères doués de raison tout autant que d’intelligence… Oserais-je dire du… cœur ?

Portrait de Danièle-Dax

Selon moi, pas question de rire de tout et je partage tous les avis contenus dans vos commentaires.
Ce que je voudrais ajouter pour justifier ma position, c'est que j'ai entendu Mimi Mathy dire dans plusieurs de ses interviews que les plaisanteries les plus déplacées sur sa petite taille lui ont été assénées. Aussi, précise-t-elle, maintenant c'est elle qui prend les devants. D'ailleurs c'est ce qui lui a donné l'occasion d'en rajouter des couches dans ses spectacles... Jolie réaction et bel enseignement...

Portrait de cricri

Tout d'abord Gilbert R. psy, je n'ai pas compris pourquoi vous dites que ma question ne se trouve pas au bon endroit. Je n'ai d'ailleurs pas compris le début de votre commentaire pour plusieurs raisons...
En premier lieu, j'ai estimé que la discussion que je lançais concernait vraiment tout le monde et qu'elle a sa place dans la rubrique " Discussion générale ". Ensuite, je n'avais pas compris non plus que les professionnels de la Psy devaient se cantonner exclusivement à la rubrique " Psycho et Coaching ". D'autant que dans cette même rubrique " Psycho et Coaching " j'ai pu constater que très souvent (et même la majeure partie du temps) les Psys professionnels sont absents ! Comme ils ne viennent pas répondre, les foromers - dont je peux faire partie - postent un commentaire en précisant modestement qu'ils ne sont pas Psys... Alors qu'y a-t-il à comprendre dans le début de votre propre commentaire, je n'ai toujours pas saisi. Pourtant je l'ai relu plusieurs fois ??? Quoi qu'il en soit, eh bien oui, il m'a donné envie de rire, de me moquer un peu, bien que je sache que ce n'est pas bien du tout ! Mais vous m'avez donné l'occasion de constater que je peux moi aussi ironiser facilement et que la question était certainement là pour chercher à me déculpabiliser de mes mots d'esprit personnels que j'ai tendance à utiliser et sûrement pas toujours à bon escient. J'espère donc que vous ne m'en voudrez pas Monsieur le Psy car, à la façon de Jules Renard et parce que ça m'arrange bien, je veux croire moi aussi que " l'ironie est un élément du bonheur "...

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Quelle remise en place, cricri... Il me semblait bien que vous étiez loin d'être coinçée ! Il se trouve que ma précipitation à donner mon point de vue sur le rire ne vous a pas vraiment fait " rigoler ". Mon propos, peut-être maladroit, visait pourtant simplement à ne pas vous embarasser de mon " supposé-savoir ". Il se trouve que j'adore rire et que je ne peux donc en aucun cas vous en vouloir ! J'ai beau être un " Monsieur Psy " mais je n'en suis pas moins un monsieur tout le monde... Pas toujours rigolo au premier " rabord " !-) Belle journée pleine de rires joyeux à tous les foromers, psy ou pas Pleasantry!

Portrait de cricri

Vous me faites une réponse un peu ambivalente Gilbert R., Psy... Je ne vois vraiment pas pourquoi vous m'en voudriez... C'est vous qui m'avez reproché de ne pas avoir posté ma question dans la bonne case !!! Bon, passons et comme vous dites, rigolons de nos maladresses... Par contre, et pour continuer sur le mode de l'ironie, je vous signale que dans la catégorie " Psycho et Coaching " il y a une question sur la parano qui vous attend !!!

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Merci pour l'info cricri... Je suis retourné d'un coup de " souris " dans  " ma case "  pour y répondre ! Bon après midi à vous et ne changez rien à ce que vous êtes Smile

Portrait de cricri

Vous pensez bien que je suis allée vérifier si vous aviez répondu à la question sur la parano...
C'est chose faite, en sachant que le coup de " l'Œdipe négatif " en lien avec le fantasme homosexuel, il m'a fallu le digérer par rapport à ma mère et à ma fille car vous vous doutez bien que j'étais impatiente de lire la réponse d'un spécialiste étant donné que je me sentais un peu concernée par la question de Nathalie, pouvant avoir les mêmes réactions parano qu'elle... Ceci dit, j'ai quand même un peu compris et que vous allez me faire avancer dans la mesure où je pense que chaque fois que j'aurai tendance à critiquer le caractère de ma fille, j'aurai à l'esprit que je me trompe juste de personne et qu'elle n'est pas ma mère... D'ailleurs, quand elle était petite et en parlant de ma fille, je disais d'elle qu'il fallait la surveiller comme le lait sur le feu...
Merci Gilbert R. pour votre apport psychanalytique qui servira, je pense, à d'autres mères un peu trop intrusive s...