Porter du coton?

Portrait de Danièle-Dax

Il y a quelques mois, j'ai eu un zona. En gros, les choses sont rentrées dans l'ordre mais en ce moment, j'ai l'impression d'avoir quelques sensations de piqûres dans cette zone, des démangeaisons aussi, et avec l'hiver qui arrive et les pulls, je redoute le pire... J'en ai parlé à une amie aux idées écolos. Elle m'a conseillé de porter du coton. Je raconte ça à mon mari qui se met à lever les bras au ciel en me disant qu'il fallait se méfier du coton, qu'il y a coton et coton... J'ai vite arrêté la discussion en sachant qu'en venant discuter sur ce forum, vous me donneriez de bons conseils et neutres qui plus est... Avez-vous un point de vue sur la question pour que je ne fasse quand même pas n'importe quoi?

Portrait de Viviane

Je pense pour ma part que porter des vêtements en coton biologique, peut-être une excellente solution anti-réactions cutanées… Mais à l’heure actuelle, il existe d’autres fibres naturelles, qui présentent les mêmes avantages anallergiques tout autant qu’une culture raisonnée et peu polluante, comme la fibre de bambou, le chanvre, le lin et bien entendu la soie naturelle…

Mais tout d’abord, un tout petit « historique » sur la culture du coton, pour « justifier » ma position… La culture du coton « classique », est une des plus polluante et coûteuse de la planète. Le coton est aussi la plus importante fibre naturelle cultivée et représente plus de la moitié de la consommation mondiale de fibres textiles. Sa culture conventionnelle utilise environ 1/4 des pesticides vendus au niveau mondial alors qu’elle n’utilise que 2,4 % des terres cultivables…

De plus, bon nombres de « petits producteurs » de coton s’endettent pour l’achat des pesticides et autres engrais chimiques, ce qui génère une situation économique très difficiles pour ses producteurs. De par une utilisation très importante des produits chimiques, tant pour la culture que pour la fabrication des tissus par la suite, notamment avec les colorants, le coton est de plus en plus nocif pour ceux qui le cultivent et pour ceux qui le portent. 

À la différence, la culture du coton biologique utilise des composts naturels qui remplacent les produits chimiques et la consommation en eau nécessaire à sa culture est réduite de moitié.  La fibre est blanchie à l’eau oxygénée et non plus au chlore (polluant majeur) et les teintures sont réalisées avec des colorants ne contenant pas de métaux lourds entre autres…

Le coton naturel est ainsi plus souple, plus épais et plus doux au toucher, et comme je le disais plus haut, naturellement anallergique… En plus, se vêtir avec du coton bio (et le choix vêtements, lingerie et linge de maison est désormais très vaste) permet aux « petits producteurs » de vivre mieux économiquement et sur un plan santé. Cela permet également de préserver la richesse naturelle de la terre agricole puisque le principe même de la culture bio s’appuie sur une rotation des différentes cultures, pour ne pas « épuiser » le sol cultivé. Le prix du coton bio, est généralement plus élevé, mais tend cependant de plus en plus à être tout de même véritablement abordable. Les grandes surfaces proposent elles-mêmes de plus en plus d’articles en coton bio… Mais il existe également divers sites Internet spécialisés, tout autant que des « petits commerces » un peu partout en France. Vous n’aurez donc que l’embarras du choix…

Mon avis un peu moins neutre que d’habitude peut-être… Tout simplement parce que la culture du coton fait véritablement partie, à mon sens, de ce que l’être humain doit accepter de modifiée à court terme… De plus, sur un plan santé pour nous qui portons du coton conventionnel, il y a de plus en plus d’études scientifiques qui démontrent la nocivité réelle de ce type de tissus pour la peau… Même si je ne suis absolument pas dupe des enjeux économiques remis en question, en tout cas pour certains « gros producteurs »… Merci pour votre question Danièle-Dax et à bientôt !

Portrait de Danièle-Dax

Votre superbe commentaire donnent tout de même raison à mon mari... Le coton n'a ainsi rien d'anodin... Vos conseils sont quasiment à suivre à la lettre pour ne pas arriver au résultat inverse que celui escompté, côté pollution donc et côté santé, ce qui est - notamment dans mon cas - extrêmement important.
Merci pour vos renseignements hyper complets et hyper précieux...
Bonne soirée,
Danièle.

Portrait de Viviane

Merci à vous Danièle-Dax... Car en plus d'aller chercher les infos pour vous répondre convenablement, tout en vous écrivant hier, cela m'a permis de réfléchir à "l'histoire de l'esclavagisme" en lien direct au champs de coton justement... Ces "champs" qui malgré toutes les horreurs qu'ils ont généré, ont permis tout autant les "chants" des esclaves, sur lesquels je crois s'appuient encore aujourd'hui toute une forme musicale... Peut-être que le coton bio c'est aussi une possibilité "d'évacuer" une part d'histoire humaine pas très jolie, ne serait-ce que parce que sa culture met en place un juste équilibre pour tout le monde... Bonne journée Danièle-Dax !

Portrait de Cécile

Mon intervention est certainement hors sujet, Danièle-Dax, mais je n'aurais manifestement pas pu faire mieux que le commentaire très pro de Viviane. Ce qui m'a surtout parlé, en tant que musicienne et guitariste amateur, c'est l'allusion positive que notre Viviane fait quant au chant des esclaves dans les champs de coton. Il est en effet intéressant de savoir que toute la musique américaine , du négro spiritual, au blues, en passant par le jazz et le rock'n roll, n'existerait pas sans la sublimation des esclaves africains et les apports de la musique noire.

Appelée d'abord " work-song ", signifiant " chant de travail " et ayant effectivement pris naissance dans les champs de coton, notamment sur les bords du Mississipi, cette musique, à partir du milieu du XVIIIème siècle, poursuit son évolution au sein des temples de l'église baptiste dans lesquels les esclaves sont accueillis pour chanter. Ainsi naît un nouveau genre musical, le negro spiritual dont le rythme africain va finalement séduire tout le Nouveau Monde, ainsi que la vieille Europe...