Pourquoi peut-on avoir le trac ?

Portrait de Lotus

Certes, cette petite peur indique encore de nos jours une réaction de sauvegarde — en tant qu'utile palpeur de notre environnement — mais elle traduit surtout, en situation, le doute de nous-mêmes et notre appréhension du jugement des autres, avec son cortège de réactions physiques gênantes. Ceci dit, il est intéressant de remonter à la source : comment se forme le trac ? Sans entrer dans la querelle de l'inné et de l'acquis, on peut avancer qu'à des degrés divers et de façons différentes tout le monde l'éprouve et l'entretient ou non. De fait, maintes raisons nous y prédisposent, selon notre sensibilité :
- L'enfance. Au gré de notre vision du monde à travers le prisme parental, de notre apprentissage du permis et du défendu, s'inscrivent en nous sentiments et préjugés, notamment sous forme de méfiance plus ou moins marquée de nos semblables.
- L'éducation. En dehors des injonctions familiales, le système scolaire compétitif, la socio-culture volontiers culpabilisante, les médias aussi, pourvoyeurs d'informations quotidiennes dramatiques, forment un ensemble inévitable d'agents tracogènes.
- La quête de reconnaissance. Conditionnés enfants à satisfaire nos parents pour être aimés, nous recherchons ensuite avec inquiétude cet amour. Devenus adultes, nous ne cessons de vouloir être reconnus dans notre vie personnelle et professionnelle.
- La peur de l'autre. De notre naissance à notre mort, nous avons besoin de l'autre. Il est à la fois notre miroir, notre juge et notre rival. Cet autre moi représente donc un regard et une force, deux raisons suffisantes pour nous apeurer, à première vue.
- La timidité. Il ne faut pas confondre trac et timidité. Schématiquement, le premier est une peur circonstancielle et la seconde, une peur existentielle. Celle-ci, faite d'auto-dépréciation permanente, constitue donc par nature un facteur favorisant du trac.
- L'orgueil. Nous pensons souvent que, pour être aimés, il convient d'afficher notre force et non nos faiblesses. Nous dépensons ainsi une grande énergie à cacher notre appréhension, qui de ce fait s'amplifie en parlant en public ou en courtisant l'être aimé !
- L'imagination. Cette faculté de notre esprit à produire des représentations mentales nous entraîne à anticiper les événements. Partant, nous pouvons les optimiser ou, à l'inverse, nous en offrir une vision négative qui, d'évidence, se transforme en peur !
- Le trac... du trac. Lorsque nous ressentons le trac dans une situation donnée, à l'occasion d'un examen, par exemple, il est enregistré par notre mémoire. Nous sommes alors à même d'avoir le trac à la seule évocation d'une autre épreuve à venir.
- La société moderne. L'organisation de notre société moderne est une source permanente de peurs, de tensions et de chocs qui, répétés, nous mettent sous stress, qu'il s'agisse de l'emploi, de l'argent, de la circulation ou encore de nos rapports avec l'administration !

... Autant d'éléments générateurs de trac qui, on le voit, peuvent être constitutionnels mais également culturels.