Séduction ou vraie gentillesse ?

Bonjour Christine-zen,

A mon sens, votre intuition semble déjà avoir fait la différence entre gentillesse et séduction intéressée. Le flou  pas du tout artistique (dans le bon sens de l'adjectif !) qui entoure l'activité professionnelle de cet homme vous a sans doute mise sur la voie. En tout cas, j'aurais eu les mêmes doutes que vous. Le côté " mielleux " est pour moi toujours redoutable. J'ai connu ce type de personnes et je m'en méfie au plus haut point. Elles naviguent toujours en eau trouble. Votre amie semble effectivement la proie rêvée pour un séducteur de ce type. Fragilisée par le deuil de ses parents, elle est, à mon avis, en danger. Sans vous mêler de ses affaires, il me semble que vous pourriez subtilement la mettre en garde. Je sais que ce n'est pas évident mais elle vous a demandé votre avis. A votre place, et avec le caractère que j'ai,  je le donnerais. Mais il est vrai que je ne suis pas à votre place. Et peut-être suis-je dans l'erreur ? Je suis sûre que des avis plus autorisés que le mien vont vous être donnés. Je serais heureuse de les lire moi aussi ! Bonne fin d'après-midi à vous Christine-zen

Vous êtes proche de votre amie et vous dites même qu'elle est "chouette". A ce sujet, savez-vous que la chouette est l'animal qui représentait la déesse de la sagesse chez les grecs ? Avec ce symbole, c'est un peu comme si vous reconnaissiez que chacun porte en soi les ressources nécessaires pour y voir clair... C'est aussi une façon d'exprimer à juste titre que votre amie n'a pas besoin de vous déléguer sa place en vous demandant de répondre à sa question , comme si vous pouviez voir à sa place et endosser la responsabilité de la réponse... dans une histoire qui ne concerne pourtant qu'elle et son ami de coeur. 

Il me semble que votre question ne portait que sur la différence entre vraie gentillesse et séduction et que vous n'avez pas l'intention, a priori, de vous mêler de ce qui ne vous regarde pas. En fait vous ne voulez pas être dans le jugement, c'est-à-dire que vous ne désirez aucunement être en projection.
D'un point de vue psy, les profils de type séduction correspondent à des personnes qui endorment leur proie notamment avec des promesses qu'ils ne tiendront jamais. Ils disent avec moult circonvolutions qui donnent de l'espoir mais il n'y a jamais de passages à l'acte qui attestent de leur bonne foi. Un film a très bien illustré ce thème pathologique, c'est : " La bûche de Noël ".
À l'inverse, la vraie gentillesse est toujours concrétisée par des passages à l'acte probants.
En résumé :
. Le séducteur ou la séductrice dit mais ne fait jamais ce qu'il ou elle dit.
. Le vrai gentil ou la vraie gentille fait toujours ce qu'il ou elle dit.

Il est important de nuancer un peu les remarques faites par Sofia car de très gentilles personnes aussi ne tiennent pas leur parole : c'est leur profil psychique qui veut ça. En revanche ils en ressentent de la culpabilité, ce qu'ignore la personnalité séductrice.

Certes, Sylvie, on peut raisonnablement apporter une nuance. Cependant, les personnes gentilles dont vous parlez sont en hystérie de séduction. Ce ne sont pas de " vrais " gentils tels que les définit avec beaucoup de justesse Sofia. Et lorsque leur manque de parole est récurrent, il y a de quoi se poser des questions sur leur authentique sentiment de culpabilité. Quoi qu'il en soit, un sujet qui ne fait pas ce qu'il dit le fait toujours pour séduire, consciemment ou inconsciemment. Sofia ne porte aucun jugement, elle ne fait que restituer des connaissances psychanalytiques parfaitement intégrées. Bonne soirée !-)

La question que soulevait justement Sofia était, me semble-t-il, de savoir quand on a affaire à un profil destructeur ou pas en distinguant une séduction qui vise à manipuler et un intérêt sincère dans l'intention consciente.

C'est en ce sens que vérifier s'il y a culpabilité ou pas est protecteur.

Votre post, Gilbert, amène à souligner la différence de séduction entre un profil basiquement névrotique et une personnalité border ou encore psychotique.

 Si le névrosé peut être en séduction, dans le cadre de l'hystérie, les enjeux sont cependant très différents de ce qui se passe pour les deux autres profils, car il a un surmoi et ce dernier ne le rate pas du côté de la culpabilité quand il régresse pour se fondre fantasmatiquement en l'autre tant il manque de confiance réelle en lui. En ce cas il se réduit à ce qu'il suppose être le désir de l'autre et c'est ce qu'il paie invariablement.

Chez le border ou plus encore pour le psychotique il y a d'autant moins de culpabilité qu'il y a moins de surmoi. La conséquence est que l'autre n'existe plus en tant que tel mais il est plutôt considéré comme un objet et traité comme tel.

Je ne suis pas  calée en psy, mais ce que disait Sofia me paraît très clair et pratique : Soit quelqu'un fait toujours ce qu'il dit et je sais que je peux lui faire confiance, soit il ne fait jamais ce qu'il dit et je dois m'en méfier. Je ne crois pas à la sincérité dans l'intention consciente lorsque celle-ci n'est pas suivi d'action. Ce que je trouve formidable dans le forum, c'est que les réponses sont applicables dans le quotidien. Je connais une personne soit disant amie, au demeurant gentille puisqu'elle a une profession ayant trait à la relation d'aide (psy scolaire) qui m'avait promis de me téléphoner pour m'aider à résoudre mes problèmes avec mon fils qui me causait beaucoup de soucis : elle ne l'a jamais fait ! Sacrée déception de ma part. Je sais maintenant que n'importe qui, bien sous tout rapport, peut porter un masque très discutable, sans pour cela être étiqueté de psychotique ou de border line. Tout ce que je sais c'est qu'il n'est plus question que je lui fasse confiance... Je préfère poser mes questions ici !

Je suis pour ma part, tant sur le contenu des réponses psy, autant que par expérience personnelle, entièrement d'accord avec ce que disent Sophia et Gilbert R. Psy. Un vrai gentil se reconnait au fait, qu'il dit et fait ce qu'il dit, ce qui est loin d'être le cas, du faux gentil, qui dit beaucoup, en vous passant des litres de "pommade" pour  "endormir" votre propre vigilance... Mais au bout du compte pour simplement servir son propre narcissisme, car pour ce type de profil, pas nécessairement border line ou psychotique d'ailleur, "l'autre" est par essence "méchant", puisqu'il n'est pas envisageable que lui ne soit pas "gentil"... Il est le Père Noël en personne ! Alors bien entendu, comment se fait-il que vous ne teniez pas compte de ces cadeaux... Voire que vous les refusiez... L'hystérie de séduction peut-être très "masquée", y compris que ce faux gentil, véritable bourreau, sait très bien "utiliser" vos propres failles, je dirais même s'y "engouffrer", pour d'autant mieux vous mettre en culpabilité... et au final, en arriver à vous démontrer par a + b que c'est vous qui êtes dans l'erreur... Ce qui est le comble du comble ! Mais n'oublions pas que le bourreau masque lui-même une victime, et le surmoi un jour ou l'autre se manifeste... En d'autres termes, l'hystérie de séduction, ne signifie rien d'autre, en miroir, qu'un "attention danger" ! Car par angoisse de castration interposée aussi, le faux gentil n'aura de cesse de vous projeter tout ce qu'il refuse de voir pour lui-même... En celà déjà, il est d'une grande importance, de rester sur ses gardes et de s'accorder, à juste titre, confiance quant à ces propres "ressentis" (qu'il est possible d'évaluer, pour justement vérifier qu'il ne s'agit pas de projections personnelles) face à certains profils, qui ne fonctionnent que pour servir leurs propres intérêts, quitte à "détruire" ceux qui pourraient s'y "opposer"... L'hystérie de séduction est une véritable menace en tant que telle, qui à mon sens est véritablement à ne surtout pas mésestimer... car indéniablement le profil en hystérie de séduction n'est pas fiable...

Je rejoins les commentaires de Sofia et Gilbert. Une personne qui "est" gentille fait ce qu'elle dit. En psychanalyse, comme le souligne Sofia, dire + faire = être ( gentil ).

Curieux, Sylvie, cette insistance à relativiser la séduction. J'ai bien lu toute la discussion et essayer de comprendre votre propos qui me paraît ambivalent. Vous titrez " Se protéger ". Or, on se protège toujours d'un danger. Le séducteur, me semble-t-il, lorsqu'il séduit n'éprouve aucune culpabilité. Et si la culpabilité survient après coup, c'est qu'il aura définitivement compris que séduire est un danger, pour lui-même et pour l'entourage. De fait, il ne peut plus y avoir séduction !

J'adhère, pour ma part, aux propos d'Isabelle, : "... angoisse de castration interposée aussi, le faux gentil n'aura de cesse de vous projeter tout ce qu'il refuse de voir pour lui-même... L'hystérie de séduction est une véritable menace... " Ainsi, celui qui séduit se prend toujours pour le gentil et il vous menace inconsciemment, par le jeu des couples d'opposés, de prendre la place du méchant... et un inconscient qui menace n'éprouve jamais de culpabilité... même s'il lui arrive parfois de verser des larmes de crocodile stratégiques pour vous faire encore plus passer pour l'horrible bourreau : ultime arme subtile autant que redoutable du séducteur (ou de la séductrice) dont il est important, même si cela n'est pas toujours évident, de se méfier !-). Ne pas oublier qu'un crocodile, c'est très dangereux !-)...

Dans l'hystérie de séduction, il n'y a pas une gentille séduction et une méchante séduction. La séduction chez l'hystérique est un moyen, un "outil" pour prendre le pouvoir sur l'autre. Il y a donc menace quel que soit le niveau de séduction. Il est donc important de repérer cette séduction et de ne pas en être dupe. Et comme le soulignent Sofia M, Hugo Natoli Psy et Gilbert. R. Psy la seule façon de les repérer c'est qu'ils ne font pas ce qu'ils disent.

Tout à fait d'accord avec la dangerosité de la séduction. À ce sujet, je vous renvoie à un film admirable de Roger Vadim des années 50 : " Les liaisons dangereuses ", avec - entre autres - Jeanne Moreau, Gérard Philipe, Jean-Louis Trintignant... No comment ! Et malheureusement ce type de drame existe dans la vraie vie...

Bonjour Jean, je suis psy, et j'ai, dans ma vie et dans mon travail, le désir d'être aussi juste que possible. Dans cette perspective, les débats avec des avis différents, souvent complémentaires aussi, sont très intéressants pour nuancer un point de vue, sans vouloir banaliser quoi que ce soit parce que... la souffrance humaine n'est pas banalisable.

Bonsoir Hugo,

Je trouve l'équation "dire + faire = être" lumineuse.

Merci