Still Alice

Portrait de Floriane

Je suis allée voir ce film hier soir. Il traite de l'histoire d'Alice, atteinte d'une forme précoce de la maladie d'Alzheimer à 50 ans. Il m'a amenée à une réflexion portant sur les raisons inconscientes pour lesquelles elle a développé cette maladie. J'ai essayé de faire une exégèse de ce film que j'ai eu envie de partager avec vous. Peut-être des psys (qui ont vu le film..?) pourront me dire ce qu'ils en pensent, ou, comme lorsque j'avais voulu partager une réflexion au sujet de Simone Veil, ce n'est pas l'endroit pour ce genre d'exercice?

Still Alice

Je pense que la cause de l'Alzheimer d'Alice est une problématique alcoolique :

- Ce qui m'a interpellée c'est la présence de bois dans les deux maisons, que ce soit celle où elle vit à Columbia mais aussi celle au bord de la mer. Il y a du bois sur les murs, l'escalier, des poutres... des boiseries partout. Bois= boit.

- De plus, son père est mort d'une cirrhose : alcoolique, précise-t-elle lors de sa première consultation chez le neurologue. Et lorsqu'elle sait qu'elle est bien atteinte d'un Alzheimer précoce elle précise que cela vient de la branche paternelle.

- Quand on a Alzheimer, et on le voit bien dans la dernière scène du film, l'élocution devient difficile, puis impossible. Quand on a bu on a ces mêmes difficultés. On perd la mémoire, on a des trous noirs (d'ailleurs, toujours chez le neurologue, on lui demande de retenir le nom de John Black=noir), on oublie ce qu'il s'est passé.

- Lors du repas au restaurant (toute première scène du film), elle, son mari et deux de ses enfants (l'aînée et le cadet) trinquent aux 50 ans d'Alice, avec leurs verres d'alcool : l'alcool est présent dès le début, en amont du diagnostic.

- Elle oublie le mot « lexique » (le lexique c'est les mots=maux), en tout premier, lors de la scène de la conférence où elle distingue phonologie et phonétique, puis, dans le taxi elle retrouve ce mot qu'elle avait remplacé par « vocabulaire » lors de la conférence.

- Lors du repas dans la maison de vacances, avec les 3 enfants, ils félicitent les futurs parents et la sœur aînée énumère les choses qu'elle ne peut plus manger, et elle évoque aussi l'alcool.

- Le neurologue lui fait épeler WATER à chaque séance ; elle veut se suicider en avalant des cachets avec un grand verre d'eau (comme pour effacer l'alcool?). D'ailleurs elle ne le fait pas, elle est "interrompue" juste avant.

- Sa fille Anna semble être dans la fidélité à la filiation : elle a fait des études, elle porte le gène, elle aura un Alzheimer précoce (100% de risque, selon le neurologue), ses parents reconnaissent même qu'elle fait comme eux (conversation sur le lit dans la maison de la mer). Elle ne supporte pas sa sœur Lydia qui ne fait pas d'études, est comédienne, ne fait pas le test pour savoir si elle est porteuse du gène, travaille sa mémoire (apprentissage des rôles). Anna cherche à éviter l'Alzheimer pour ses enfants : elle trie les embryons.

- Lydia, la benjamine, est-elle en train de sublimer cette problématique de par son choix professionnel ? Elle pose sa différence par rapport à sa famille : elle ne fait pas d'études ni de médecines (comme le père et le frère), ni de droit (comme Anna), ni comme sa mère. Mais elle travaille sur les mots, le dire (représentations théâtrales), elle travaille sa mémoire, elle apprend et retient des textes, des mots, sur  un axe social, professionnel.

- Columbia où travaille Alice, dans la symbolique c'est Columbia pictures (les films). Lydia précise à son père qu'elle est plus côte est, quand elle revient s'occuper de sa mère à la fin (Columbia, New York) que côte ouest (Los Angeles). Or, elle ajoute qu'à New-York elle fera du théâtre (Brodway), au lieu du cinéma (Los Angeles, Hollywood, où ça n'a pas marché pour elle).

Symbolique :

- Toujours en symbolique : Washington est évoqué à plusieurs reprises (Washington street, dans les séances avec le neurologue) ; Geoge Washington est le premier président des États-Unis en 1732 (ce qui corrobore le fait que la problématique d'Alice est ancienne?, donc liée à du transgénérationnel?). Héros de la guerre d'indépendance.

- Alice prend toujours « myrtille noix de coco » quand elle va dans la boutique à yaourts. On fait de la liqueur de myrtilles.

Je reste interpellée par sa date d'anniversaire : le 26 novembre c'est mon anniversaire.

Portrait de Orlan

Je n'ai pas vu ce film (et je n'ai pas envie d'aller le voir !) mais votre développement se tient...

Pas assez calé dans l'exégèse psychanalytique, je laisse donc le clavier à plus compétent que moi...

Portrait de yamina.174

Je n'ai pas vu ce film mais, quoi qu'il en soit,  si vous voulez que votre exégèse soit juste, c'est un petit peu plus compliqué comme travail...

Tout d'abord (et c'est ce que vous avez fait), il faut prendre en compte les compulsions de répétition mais par 3 et à chaque stade psychogénétique. En revanche, il y a des pièges possibles... Je m'en explique...

Si en oralité (transferts positifs), vous prenez en compte les scènes dans lesquelles compulse l'alcool, c'est juste évidemment mais si en analité, vous prenez comme base d'étude l'alcool c'est erroné : à ce stade, ce sera le bois (coupé - transfers négatifs) qui devra être pris en compte, etc...

Tout exégèse nécessite le respect de l'ordre des stades psychogénétiques et de leur loi respective, jusqu'au bout de la psychogenèse, sinon le résultat est faux... C'est d'ailleurs ce qui se passe dans chaque séance d'analyse : on ne prend pas en Œdipe positif les mêmes homonymies transférentielles qu'en Stade phallique, par exemple... C'est ainsi que je ne suis plus allée au Ciné club de ma ville : les exégèses étaient complètement fantaisistes ! 

Ceci étant et si vous avez envie de revoir ce film, malgré la gravité du sujet, vous pouvez le reprendre analytiquement en respectant tous les stades de la libido et les images compulsives idoines. Si la maladie d'Alzheimer est ainsi la conséquence de la pathologie alcoolique transgénérationnelle, visiblement non tue (compte tenu des éléments que vous avez fournis : la cirrhose), vous saurez alors que votre raisonnement est totalement juste. En revanche, la cirrhose constituant le symptôme (donc l'explicite, le masque, l' " arbre " qui cache la forêt), ce n'est pas sûr du tout que vous aboutissiez au résultat du départ... Cas auquel cette date du 26 novembre aura un tout autre sens...

Portrait de Floriane

Ok, j'ai comprs: c'était simpliste et trop évident, et donc pas une exégèse.

Vous m'apprenez des choses sur la méthode que malheureusement les didacticiennes du centre de formation ne m'ont, me semble-t-il, pas apprises ou que je n'ai, jusqu'à présent, pas comprises.

Portrait de yamina.174

La méthode psychanalytique étant tellement vaste, vous n'avez peut-être pas encore fait tout le programme mais, ne vous inquiétez pas, il y a des paliers d'intégration des stades de la libido et des liens que l'élève fait progressivement en fonction de sa maturité pulsionnelle du moment (analyse didactique individuelle). Dans ce type d'études, les résistances peuvent donner l'illusion d'un échec alors qu'il n'en est rien. Cet apprentissage de la vie psychique se fait aussi par le prisme des affects que chacun liquide à son rythme.

En ce qui concerne l'exégèse que vous avez largement développée, comme l'induit de son côté Orlan, votre approche (très courageuse) contient des éléments très pertinents mais qui, comme vous l'avez compris, demandent à être vérifiés par la mise en lien avec les stades progressifs. C'est non seulement un exercice très utile mais également passionnant...

Ce que j'ai envie aussi d'ajouter c'est que ce post que vous nous avez proposé traduit votre grand intérêt pour les sciences humaines et je crois sincèrement que vous êtes à votre place dans ce cursus... Sans compter que fort égoïstement, je me suis " régalée " à communiquer avec vous (oralité quand tu nous tiens !!!)...

Mille mercis pour votre proposition exégétique et à bientôt,

Yamina