Supporter l'échec ?

J'aurai tendance, à tort ou à raison d'ailleurs, à voir les choses sous le même angle... Je m'explique... Quelqu'un qui ne doute pas trop de lui-même, qui a confiance en lui, abordera une situation d'échec, pas nécessairement comme un échec en tant que tel, mais bien plutôt comme un "signal" qu'il y a un changement à mettre en place... donc plus précisément et paradoxalement, comme une opportunité à faire "différemment" et donc "en faire quelque chose" en définitive... autrement dit, l'échec dans ce cas, n'en est pas un, dans la mesure ou il n'est pas "invalidant", ce qui à mon sens, induit tout autant qu'on envisage la vie et ces divers évènement avec en tête, les revanches qu'elle nous propose... et non plus une volonté de vengeance... En fait, l'échec n'a plus valeur d'échec, parce qu'il n'est pas "perçu" sur un plan inconscient de façon immature... L'échec est alors, une "opportunité" créative... y compris, par le fait même d'un "faire mieux avec ces différences" encore, par et pour soi-même... Un "je le vaut bien"... à sa juste évaluation... et non plus en "rivalité" des constructions infantiles...

A propos d'échec scolaire, que je connais un peu pour avoir travaillé très longtemps dans l'Education Nationale auprès d'élèves majoritairement en échec scolaire, je ne peux qu'abonder dans les propos de ce prof. J'ai vu des élèves en difficultés plonger et d'autres, face aux même difficultés, en faire quelque chose. Le poème " Le cancre " de Jacques Prévert en dit long à ce sujet. Ne pas se laisser étiqueté par le regard de " maîtres " réducteurs, voilà ce qu'ont réussi ceux qui ont pu sublimer leur échec scolaire. J'en connais même un qui reprend des études dans un établissement de formation privé alors qu'il n'est pas allé plus loin que la 4ème.... Il ne manque pas d'argent car il a réussi à monter une entreprise qui fonctionne bien dans le secteur de l'automobile... Et il ne compte pas s'en arrêter là. C'est sûr que sa confiance en lui ne s'est pas limitée à des échecs apparents que lui renvoyait l'extériorité...

Il me semble que tous les Psys véhiculent l'importance de la confiance en soi. En même temps, sait-on véritablement ce qu'est la confiance en soi ?

Personnellement, j'aurais tendance à envisager cet atout potentiel comme une chance de plus mais sans volonté, sans persévérance, sans curiosité intellectuelle et spirituelle, sans aucune passion, la confiance en soi ne serait rien. Pour moi il s'agit d'un tout, c'est-à-dire de profils psychologiques capables de sublimation quelle que soit leur destinée... Mais, paradoxalement aussi, je pense que tout est écrit et j'ai plutôt tendance à me dire que les êtres humains sont tous différents et que toutes ces différences ont leur utilité. Le dernier de la classe, sans le savoir, rend service à l'avant-dernier qui se vit un peu moins nul... C'est d'ailleurs peut-être en ce sens que " les derniers seront les premiers " ??? Vaste question là encore... Dans ce registre, j'ai acquis la conviction que chaque individu est altruiste au fond de lui puisqu'il devient un miroir réflexif pour les autres et ce, quels que soient ses agissements, même les plus barbares... Il peut nous poser des limites que nous allions transgresser ou nous faire voir que nous sommes dans la bonne direction... Partant de là, je ne vois pas très bien ce qu'est la confiance en soi ??? Johnny Hallyday est toujours passé pour quelqu'un manquant de confiance en lui !!! À bientôt 72 balais, il ne se débrouille pas si mal que ça !!! D'accord, il picole et a eu une attirance prononcée pour les substances illicites, dont je ne fais en aucun cas l'apologie, mais il a rendu heureux plusieurs générations... Certes, je ne suis pas philosophe mais j'avoue que je préfère humaniser les liens interhumains plutôt que de faire des distinguos stériles... Je crois au bienfondé de toute incarnation, à condition de la resituer dans un ensemble. Les attentats, les guerres, les maladies, les morts prématurées, le chômage, la pauvreté, etc, etc, sont des malédictions pour qui les subit mais ces êtres endoloris sont plus solides que le nanti égoïste : ils ont la force de supporter l'insupportable... Un exemple personnel : la clochardisation me fait flipper. Chaque fois que je croise un SDF, je salue la divinité qui est en lui : d'une part parce qu'il me remet à ma petite et médiocre place de privilégié et d'autre part parce que je n'aurais jamais pu supporter ce qu'il supporte... Un clochard a plus confiance en lui que moi, qui ai peur de l'inconnu, même si ça ne se voit pas sur lui (ou sur elle)...

Je suis tout à fait en accord avec ce qu'a développé Orlan, d'autant que je suis toujours mal à l'aise lorsque je croise un clochard et qu'il me demande quelque pièces. Je ne sais jamais comment me comporter. Faut-il que je donne ou non ? Comprendre qu'il est en train de m'enseigner quelque chose sur moi à ce moment va me faire considérer les choses sous une autre perspective... Oui, il a certainement plus confiance en lui que moi, qui cherche à l'éviter...