Un "bon" parent ?

Portrait de zab

Je doute de plus en plus de mes bonnes capacités de maman...

Peut on vraiment être un vrai bon parent?

Je suis séparée du papa de mon fils de 11 ans et de toutes les façons je ne peux pas compter sur lui car il est complètement immature... Mais pour en revenir à moi, je vous expose ma difficulté maternelle : allier autorité et complicité avec mon garçonnet. Autant dire que je ne suis pas à l'aise.

Est ce que c'est possible de réunir ces deux aspects?

Comment?

merci

Portrait de Cécile. G.. Psychanalyste

Freud disait que l'éducation est l'un des métiers "impossibles" comme celui de gouverner.  Elever un enfant n'est pas facile, d'autant plus lorsqu'on est seul à devoir faire office de mère et de père.

Comment être un parent "acceptable", terme emprunté à Bruno Bettelheim, c'est à dire comme vous le dites, Zab, savoir jongler entre complicité et autorité. Un juste dosage entre complicité et autorité. La complicité, oui, mais qui doit s'arrêter dès que l'enfant dépasse les limites et faire place à l'autorité : pas question de devenir le copain de nos enfants mais, pas question non plus d'être un général en chef : une main de fer dans un gant de velours.

Et puis, n'oublions pas que chaque être humain est unique. Il va donc falloir en plus s'adapter au profil de l'enfant. On le voit bien dans une fratrie, on n'élève pas tous les enfants de la même façon. Dolto disait : "Il n'y  a pas d'éducation parfaite" et ma mère de dire, elle n'est pas psychanalyste mais a du bon sens : "L'éducation, c'est pas linéaire, un peu à droite puis un peu à gauche, le tout c'est d'aller dans la bonne direction". 

Zab, il faut être aussi indulgente avec vous-même et dans les moments compliqués se rappeler ce que disait encore Dolto : "Ce sont les enfants qui choisissent leurs parents", alors faisons leur confiance !

Portrait de Orlan

Même si je comprends votre souci éducatif Zab, il me fait penser - de par la formulation que vous avez utilisée - à une recette d'éducation idéale que vous recherchez pour votre enfant. Cette association " autorité/complicité" rejoint les articles d'une presse qui se veut  un peu spécialisée et qui donnent l'illusion, quand un parent se sent en difficulté avec son héritier, de lui apporter les ingrédients magiques pour établir une sorte de perfection relationnelle... Déjà, je n'ai jamais compris comment un parent pouvait être complice avec ou de (?) son enfant ??? Ce terme, resitué dans le lien parent-enfant, a pour moi une connotation malsaine. Ensuite, et comme l'induit Cécile G., élever un enfant, ce n'est jamais 1 + 1 = 2 ! Il ne faut pas oublier qu'un enfant a ses propres perceptions du milieu familial dans lequel il vit, qu'il a sa destinée à accomplir et que nous n'y pouvons rien si nous considérons qu'il a l'art de prendre les mauvais chemins... Il me semble aussi qu'un parent qui nourrit correctement son enfant, au propre comme au figuré, qui l'habille tout aussi correctement (j'en profite pour noter au passage que malgré la crise et le chômage ambiant, on ne voit plus d'enfants mal vêtus, comme ça pouvait être le cas encore il n'y a pas si longtemps que ça), qui lui propose une activité sportive et une activité musicale, qui lui permet d'aller le plus loin possible dans ses études s'il le désire, est un " bon " parent... 

En ce qui concerne votre fils, malgré son papa qui semblerait un peu absent, et compte tenu de vos posts, il est certain qu' il bénéficie de beaucoup d'atouts...

En ce qui me concerne, je n'ai vraiment pas eu de parents idéaux au sens où certains parents d'aujourd'hui pourraient l'entendre... Pourtant, j'ai fait ma route et je suis arrivé à une situation conjugale et professionnelle très positive... Mon fils, gentil ado, est paresseux... Est-ce si grave finalement ? Plus je le vois grandir et plus je réalise qu'il est plein de ressources et je suis quasi certain qu'il saura les utiliser le moment venu... Et puis, lui aussi s'est incarné pour de bonnes raisons, même si je les ignore et que je les ignorerai probablement toujours.

Pour illustrer mon raisonnement, j'ai envie de vous parler d'un de mes cousins... détestable au plus haut point !

Avocat, il est le fils d'un homme qui a été un grand chirurgien. Ce cousin a une relation abominable à l'argent. Nous venons de perdre un membre de notre famille et il cherche par tous les moyens à recupérer des bibelots, des livres anciens qui ont appartenu à la défunte qui n'avait ni conjoint ni enfant... Il est à la limite de la légalité et nous nous sommes disputés très sévèrement ce week-end. Je lui ai expliqué que s'il continuait ses petites manœuvres, il ne serait plus jamais en paix. Eh bien Monsieur l'a pris de très haut et est monté sur son piédestal. J'ai pris la décision définitive de ne jamais plus le voir tellement il me donne la nausée... Je vous livre cet exemple pour vous montrer le cas d'un fils unique, qui a énormément d'argent de par ce que son père lui a laissé en décédant et qui en veut toujours plus : pourtant, il est censé avoir été bien " élevé ", mais moi, je le trouve de plus en plus petit, de plus en plus insignifiant... Tout ça pour dire aussi que je sais comment véritablement  il a été éduqué : commandement n° 1 : l'argent avant tout car sa mère et son père étaient comme ça avec un portefeuille à la place du cœur... Commandement n° 2 : l'argent, toujours l'argent et ainsi de suite...  

Ainsi, Zab, vous ne donnez pas du tout l'impression d'élever votre fils comme si l'Univers lui appartenait. Lorsque vous intervenez, vous me donnez toujours le sentiment d'être dans une idée de partage et c'est aussi cette dimension altruiste que vous offrez à votre fils : la meilleure des éducations... dont il fera ce qu'il voudra ou ce qu'il pourra...

Portrait de Jean

Je suis 100% solidaire avec tout ce qui vous a été dit jusqu'ici. Et j'ai particulièrement été touché par le témoignage d'Orlan quant à son cousin, en apparence bien né, mais qui montre la pire des failles, celle qui ne peut se combler qu'avec cette intelligence du coeur qui semble lui faire cruellement défaut... Ce qui est loin d'être votre cas, Zab, car vous vous interrogez et nous interrogez par la même occasion, ce qui est la conséquence positive d'un authentique partage !

Portrait de zab

Vous avez pu remarquer que quand je suis désorientée je viens vous exposer mon problème. Je sais que je reçois toujours des avis sérieux et dont je peux me servir tout de suite.

Cette fois ci, je ne sais pas trop ce qui m'a pris avec mon coup de blues parce que je sais pertinemment que mon fils a déjà la chance de pouvoir compter sur moi et qu'il ne manque de rien pour l'essentiel. Par contre, vos commentaires m'ont conduite jusqu'à cette notion de partage et c'est curieux mais j'ai toujours inculqué cette valeur à mes enfants parce qu'elle me paraît primordiale. Je suis peut-être un peu naïve mais avec vos réponses, je me suis dit que comme cet aspect altruiste avait marché pour mes deux grands qui sont deux mecs super, il n'y avait pas de raison pour que ça ne fonctionne pas avec le plus jeune. C'est vrai d'ailleurs que ce qui me rassure toujours c'est quand il me raconte l'égoïsme de certains de ses copains qui le choque.

J'ai une grosse journée au boulot aujourd'hui mais vous m'avez remise sur orbite...

Portrait de Gilbert

Une jolie phrase du Bouddha à propos du partage : à méditer Smile Excellente journée à tout le monde !

On peut allumer des dizaines de bougies à partir d'une seule sans en abréger la vie. Ainsi on ne diminue pas le bonheur en le partageant...

Bouddha

Portrait de Isabelle

Je suis tout à fait d'accord avec les propos développés ici. D'ailleurs votre questionnement Zab, m'a fait me questionner en tant que mère pour être honnête... Et j'ai autant qu'il m'est possible, chercher à ne pas tricher avec moi-même... Pour en arriver à la conclusion première déjà, qu'effectivement comment peut-on parler de "complicité" avec ses enfants... On peut sans doute parler d'une bonne entente en soi... Mais j'avoue que l'histoire de la complicité me dérange fondamentalement dans la mesure ou pour moi, celà renvoie plutôt à un "partage" dans une relation amoureuse déjà, et puis effectivement, celà induit qu'il y a des limites qui ne sont pas véritablement posées de la part du/des parents... Car, permettre à ses enfants d'intégrer les limites, c'est déjà être un "bon" parent... Mais et c'est très important à véritablement conscientiser en tant qu'individu, même si l'éducation donnée est convenable, il y a aussi toute une part, qui fondamentalement n'appartient qu'à l'enfant... et il en fera ce qu'il a à en faire pour lui, de cette éducation... Et je suis persuadée maintenant, que le plus important, c'est cette idée primordiale, que "faire passer le message" qu'en tant qu'individu en devenir, l'enfant grandit à tous les sens du terme parce qu'il intègre qu'il n'est pas le Maître du Monde ça n'est déjà pas si mal ! Car cette altérité nous permet nous parents "d'être des parents acceptables", comme le souligne Cécile G. Psy... Pour autant, cet adulte en devenir, pourra s'appuyer par lui-même sur des ressources suffisantes et nécessaires pour avancer à son tour... Etre un "bon" parent c'est tout sauf des recettes toutes prêtes et toutes faites... C'est autant que faire se peut, s'adapter et être adaptable tout en ne perdant jamais de vue que nos responsabilités de parents s'arrêtent là ou commencent déjà celles de nos enfants en devenir d'adultes... Et quand je vois le plus jeune de mes garçons, avoir ce réflexe de donner une petite pièce à un SDF dans la rue, de sa propre initiative... Je crois que c'est en soi, une belle leçon de vie déjà, et il me montre à voir, par ce geste, qu'il a sans doute quand même conscience à 12 ans, qu'il est bien loin de "manquer" de choses essentielles à sa sécurité et son bien-être... Le sens des valeurs et du partage...

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Evidemment en accord avec tout ce qui a été transmis jusqu'ici ! J'ajouterais cette notion de confiance à développer, quant à soi, à son enfant ainsi qu'aux contacts qu'a l'enfant en dehors du milieu familial. Cette complicité, il la trouve avec ses camarades de classe. Cela relève de son jardin secret qui l'aide à se construire indépendamment de sa maman. Et même s'il manque une relation paternelle, l'inconscient est une merveille, nous disait notre didactitienne psychanalytique du temps de mes études, car il va élire des substituts, ne serait-ce que par le biais d'un professeur (femme ou homme) avec lequel " ça " va passer ! Arrêtez donc de vous faire du souci, Zab, et passez une bonne journée !