Une injonction positive pas évidente pour moi

Portrait de Pier36

Je suis protestant et pratiquant.

Hier j'ai asssité à l'office religieux dans un temple où je ne me rends pas d'habitude puisqu'il est hors de mon département mais j'y accompagnais des membres de ma famille.

Le jeune pasteur, d'une foi enthousiaste et dynamisante, nous a largement expliqué ce qu'il a appelé "une injonction positive". C'est-à-dire qu'il faut parvenir à se réjouir de TOUT.

Comme il y avait énormément de monde qui désirait lui parler à la fin de l'office, et en plus ne le connaissant pas personnellement, je n'ai pas osé le solliciter mais je suis resté sur ma faim car comment se réjouir de tout? Quand on voit les tragédies humaines, ne serait-ce qu'actuellement, j'avoue que je me suis pas senti en accord avec cette parole d'espérance. J'en ai discuté avec des proches de ma famille, un couple très engagé dans ses convictions religieuses. Ils m'ont dit qu'eux aussi se sentaient tout bonnement incapables de se réjouir de tout. Je n'ai donc pas avancé sur ce chemin. Aussi j'ai pensé à vous chers forumers: peut-être aurai-je le bonheur de lire vos commentaires me dispensant la clé et la solution à mon interrogation?

Merci et agréable 26 décembre, notamment si vous ne travaillez pas... En ce qui me concerne je suis à la retraite depuis peu mais je sais me réjouir de cette nouvelle étape de ma vie. Je ne suis tout de même pas,complètement ingrat!

Portrait de Christian

Croyant et pratiquant catholique . J ' ai découvert ces forums il y a quelques temps et je ne crois pas que ce soit un hasard . Je le traduis dans ce sens de se réjouir de tout, d' une certaine façon . J' avais besoin , malgré ma foi de développer plus de sens positif en moi . Mon épouse atteinte d'un cancer de l 'utérus à ce moment-là il me fallait apprendre à accepter y compris pour l' accompagner . Dpuis bien qu'ayant subit une abblation , le cancer s 'est propagé et les médecins ne sont pas optimites loin s 'en faut . Je l 'accompagne demain pour une nouvelle chimiothérapie très agresssive , une sorte de dernière chance toujours selon les médecins . Une épreuve à vivre pour notre famille et poyur mon épouse encore plus... Bien que ce soit très difficile nous essayons tous de rester aussi positifs que possible . Peut-être est-ce donner un sens dans ce " se réjouir de tout " puisque nous sommes extrêmement soudés familialement et chacun de toujours témoigner un peu plus de gestes d' amours entre nous . Comme si à travers toute cette souffrance il y avait cette nécessité de dire l' amour de Dieu encore plus...

Portrait de Gilbert

Rassurez-vous, Pier36, se réjouir de tout n'est pas évident pour moi non plus. Pour autant, je ne traverse pas ce que  traverse Christian et son témoignage me permet de relativiser mes soucis. Une personne de ma famille est hospitalisée et à côté d'elle se trouve une personne paralysée qui me renvoie en miroir que je suis valide. En amenant le journal, j'ai pris connaissance que le soir de Noël une petite fille de 1 an avait perdu la vie dans ma ville lors d'un accident de voiture. Comment dès lors se réjouir de tout et ne pas prendre ces douleurs comme des punitions ? Pas évident tant que nous ne sommes pas directement concernés. Je me dis pourtant que tout cela a un sens qu'il m'est impossible de comprendre. Peut-être, comme vous dites Christian, qu'il y a une nécessité absolue d'avancer dans l'Amour, quoiqu'il arrive.

Belle journée du 26 décembre à vous aussi.

Gilbert

Portrait de Orlan

Se réjouir de tout est la preuve d'une foi inébranlable. Je suis croyant mais je suis très loin de parvenir à cette état d'Acceptation totale que j'aimerais tant atteindre. Il m'arrive de m'interroger sur mes manques de confiance en ma destinée et donc en Dieu. La conviction que j'essaie de sédimenter à ce sujet consiste à me dire que tant que je ne verrai que la partie émergée de l'iceberg, tant que je n'intègrerai pas le fait que toute situation actuelle qui m'inquiète et qui me fait souffrir est certainement la meilleure pour moi pour le moment, je souffrirai encore davantage. Intellectuellement, je saisis ce grand Principe divin mais quant à le mettre en pratique, j'en suis à des années-lumières. C'est en ce sens que j'apprécie beaucoup ces forums car les avis des uns et des autres m'aident sur mon chemin inabouti. 

Portrait de Soso

J'aimerais pouvoir vous aider mais quand je constate avec quelles difficultés je m'installe dans mon nouveau couple, je me dis que je suis très loin de me réjouir de tout.

Je saisis qu'il s'agit d'une dimension de foi exceptionnelle mais, sans vouloir être défaitiste, je me demande comment on peut parvenir à cet état. Je ne suis pas une acharnée de la spiritualité mais je crois en Quelque chose, en une Dimension d'Amour supra-naturelle mais, honnêtement, comment peut-on se réjouir de tragédies ? 

Cette discussion m'intéresse, moi qui, égoïstement, fait des drames de petits riens car je suis une anxieuse... Si quelqu'un a la clef, je la saisirai volontiers...

Portrait de Lilou.G

J'ai déjà lu pas mal de publications sur l'importance de l'acceptation quels que soient les épisodes douloureux de notre destinée. Pour ma part et bien que j'en comprenne l'intérêt spirituel (la démonstration et l'authentification de sa foi) et les conséquences positives en terme de confort de vie, je n'arrive pas à l'appliquer suffisamment. Rencontrant beaucoup de désaccords avec la fille de mon compagnon, je travaille dans cette direction, me disant qu'il n'y a pas de hasard et que si je suis confrontée à cette épreuve, comme à d'autres plus graves que j'ai dû traverser, c'est qu'il y a une raison que j'ignore aujourd'hui. Je sais que c'est une façon de grandir qui nous est proposée, de nous humaniser aussi, mais les enchaînements malheureux me démoralisent. Je sais également qu'il n'y a pas d'autre choix que d'accepter le drame que l'on ne peut pas changer et que c'est le début de la sagesse mais il n'en demeure pas moins que la joie s'effrite. C'est d'ailleurs à ce point précis que je ne suis pas cohérente.

Je suis prof. Il y a quelques mois j'ai rencontré un de mes anciens élèves qui avait mal tourné. Il avait échappé de peu à la prison, ce qu'il m'avait précisé lui-même. Je lui ai fait remarquer qu'il avait eu de la chance, ce à quoi il m'a répondu : " Mais si j'avais fait de la prison, c'est que c'était écrit dans ma vie " ! Sur le moment, je me suis dit qu'il avait tout compris mais cette impression n'a pas duré et, décidément, je n'en suis pas encore là...

Je vais suivre cette discussion avec grand intérêt moi aussi car il me semble que parvenir à se réjouir de tout est certainement la voie de la libération d'entraves qui, par conséquent, ne se pérenniseront pas, voire l'annulation de traumatismes potentiels, dès lors que j'accepterai sans restriction leur présence dans mon existence. J'aimerais véritablement savoir comment m'y prendre...

Portrait de Cécile

Mes galères et mon travail sur moi avec un thérapeute m'ont appris qu'il n'existe pas de négatif sans positif. Et inversement bien sûr. Ce qui ne veut pas dire que je sois dans l'Accepation totale, loin s'en faut. N'empêche que j'essaie à mon humble niveau de ne pas m'apesentir dans le desarroi. Il y a toujours quelque chose, aussi moindre soit-il à tirer d'une situation problématique. Mon divorce et ma solitude m'ont apportée une certaine liberté et une plus grande conscience que j'étais seule responsable de mon état d'âme. Impossible de projeter mon mal-être sur quelqu'un d'autre. Une manière de se faire confiance et de faire confiance en la vie. Je suis de plus en plus persuadée que le bonheur, le véritable, ne vient pas de l'extérieur mais relève d'une attitude intérieure face aux manifestations de l'existence. C'est vrai que je travaille de plus en plus le côté spirituel des choses essayant de plus en plus de comprendre que la Vie, comme le disent les Sages, veut me transformer lorsqu'elle met en face de moi des difficultés et surtout pas me punir. J'essaie déjà de le vivre avec des petits désagréments, comme un entraînement sachant aussi remercier de n'avoir vécu jusqu'ici que des événements que j'ai pu traverser même si c'était difficile sur le moment. Mais je me demande comment font les personnes qui ne s'intéressent pas à l'aspect spirituel de l'existence lorsqu'il leur arrive des coups durs. C'est un mystère pour moi que de penser que tout cela n'a aucun sens.

Portrait de Lakshmi

Très difficile pour moi aussi de me réjouir de tout. Cependant mes lectures m'apportent quelques clés de compréhension au moins intellectuelles à défaut de pouvoir en réaliser toujours l'exactitude dans mon quotidien. Pour exemple, dans " La liberté, le courage d'être soi-même " le Sage Osho fait allusion à l'âme en se plaçant du point de vue de cette réalité que nous sommes, citant un passage de la Bhagavad Gita ". Voici ce qu'il dit :

" Krishna a raison :  Aucune arme ne peut m'atteindre et même le feu ne peut me brûler. Il ne parle pas du corps, ni du cerveau, ni du moi. Ils seront tous détruits. Mais il existe en vous une chose indestructible, immortelle, éternelle. Cette chose était avec vous avant votre naissance parce que c'est vous, votre être essentiel ".

Encore une fois je pense qu'il n'est pas évident de réaliser ces dires d'Osho. Mais, cette essence divine sait très bien ce qu'elle doit vivre dans une incarnation pour évoluer. Les spiritualistes et certains psy comme Françoise Dolto pensent que nous choisissons nos parents, par exemple. Il s'agirait donc d'évoluer vers plus d'amour, vers plus de compréhension, au travers d'épreuves à traverser. Osho propose effectivement de pratiquer la méditation et de développer une vision spirituelle de l'existence afin de ne pas s'en arrêter à nos perceptions premières. En ce qui me concerne, c'est un énorme chantier mais je pense que le jeu en vaut la chandelle, en tous cas pour moi à aujourd'hui.

Portrait de cricri

Très modestement, il me semble que l'erreur que les êtres humains ont tendance à commettre c'est qu'ils s'en arrêtent à l'apparence. C'est la partie émergée de l'iceberg qui nous fait souffrir. Il est bien évident que nous n'avons aucune certitude quant à la partie immergée mais, pour autant et ce qui me concerne, quand je suis triste ou inquiète je me dis que l'évènement qui me gêne est sûrement fondamentalement protecteur. 

Portrait de Régis

Je rejoins votre commentaire, Cricri. Je crois fondamentalement en un Dieu d'Amour. Aussi, si je ne comprends pas, j'essaie de m'en remettre à cette foi qui est la certitude de choses qu'on ne voit pas, comme la partie immergée de l'iceberg dont vous parlez. Le Christ a d'ailleurs dit " Heureux celui qui croit sans avoir vu  ! ". Ce qui n'est pas facile, je vous l'accorde. Mais avons-nous un autre choix, en tant que croyant,  dans certaines circonstances incompréhensibles autant que douloureuses ?

Portrait de Vincent

C'est sûrement un peu " bâteau " ce que je vais dire mais je me le permets parce que je vais évoquer des stéréotypes qui me font du bien quand je doute ou quand je " re-doute "...

Rapidement je regarde dans le rétroviseur de ma vie et j'y vois tous les difficiles obstacles, toutes les épreuves douloureuses que j'ai traversés et que je suis donc parvenu à supporter, puis à dépasser. Ça me redonne un regain d'énergie et je continue à avancer, constatant que finalement j'en ressors à chaque fois un peu plus fort et un peu plus sage.

Je ne fais en aucun cas l'apologie des souffrances mais j'essaie d'y voir les enseignements qu'elles m'ont apporté.

Portrait de Louis

J'aime bien le com de Vincent, que je ne trouve pas  " bâteau " du tout. Il me rapelle une citation d'un philosophe célébre : " Ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort ". C'est vrai que les épreuves de la vie m'ont aussi fait avancer en sagesse. J'ai appris à relativiser et à moins désespérer. Cette notion de force n'a rien de violent. Je pense aussi à la carte du Tarot de Marseille, le XIème arcane. Elle a pour nom  " La Force " et allie justement la sagesse et la force, symbolisées par une femme tenant la gueule d'un lion. Une impression de force tranquille se dégage de cette image qui convient tout à fait à ma pensée en lien avec le titre de Vincent.

Portrait de Christine-zen

Même si le constat est douloureux en son principe, lorsque je suis angoissée et négative, je me dis qu'il n'est pas possible que nos épreuves n'aient pas un sens pour soi. 

Portrait de Mireille-cogolin

Il me semble que si j'avais à retenir un combat particulièrement mêlé d'échecs dans ma vie, ce serait cette injonction à accepter mes épreuves. 

J'y travaille constamment mais, même si j'ai moins d'angoisses par exemple par rapport à ma sœur qui n'est pas très équilibrée, je ne ressens pas cette Joie que je devrais ressentir en tant que chrétienne croyante et pratiquante. Sans attendre un vrai miracle par rapport à la petite personne que je suis, j'aimerais avoir ce déclic que j'attends depuis si longtemps et essayer de le transmettre sans prosélytisme...

Pour ne pas décourager Pier36 avec mes propos, je dois reconnaître qu'avec le temps je suis arrivée à progresser humainement et spirituellement et je me dis que cette lenteur n'est certainement pas un hasard et joue certainement pour moi...

Portrait de Ari

Ayant longtemps connu le découragement auquel vous faites allusion, un jour je me suis arrêté devant une évidence transmise depuis la nuit des temps par les spiritualistes : nous avons les épreuves que nous pouvons supporter. Ce qui, a contrario, signifie que l'Univers nous accorde la grâce de ne pas nous infliger des épreuves que nous ne pourrions pas supporter. Ce principe me calme tout de suite dès que je commence à me poser de mauvaises questions.

Portrait de Pier36

Vous me proposez un regard systématiquement positif sur les épreuves.

C'est cet appel à la récurrence qui me manquait si je réfléchis à mes réactions devant mes souffrances. La Joie indéfectible dont parlait le pasteur est probablement inhérente à cette recherche de "ce qui est bon" plutôt que "ce qui est mauvais" dans le déroulement des difficultés de toute existence humaine. 

Cette option spirituelle m'est encore étrangère puisque je suis du genre rationnel mais elle représente manifestement la seule voie sérieuse de l'harmonie. En revanche il m'apparaît que l'humilité véritable en est le moteur, CAD admettre que je ne sais pas TOUT, que je ne vois pas TOUT... 

Portrait de Jean-Marc

Accepter nos limites est un chemin d'ouverture spirituelle. J'en suis convaincu. C'est ce que le yoga nomme le lâcher prise. C'est dans nos failles que s'infiltre une lumière autre. Je crois que c'est le poète Christian Bobin qui transmet le miracle que peut engendrer l'humilité. C'est ce à quoi me fait penser votre phrase de conclusion.