15 grossesses : une maman autodestructrice

Portrait de Chantal Calatayud

Ce couple d'Anglais détient le record national de son pays : 15 enfants !

La famille se laisse filmer. Les prises de vue sont habiles, voire un peu partisanes pour les besoins de la cause. Les époux, de 43 ans pour Madame et 46 ans pour Monsieur, sont toujours aussi amoureux l'un de l'autre. Lui a un petit job, se dit " pauvre " (?) mais heureux, content tout de même de laisser femme et marmaille à la maison quand il part travailler. La fratrie donne l'impression de ne jamais se disputer. On ne voit pas le moindre cahier de classe ou de livre ouvert sous le toit familial. Les repas, " c'est comme à la cantine " disent les parents ! Les menus pas terribles, laisse entendre un ado, et répétitifs : steaks hachés-frites (des surgelés), quasiment pas de légumes, avec une alternance de pizzas... On se partage les chambres à 3 ou 4... Même les plus petits doivent s'habiller seuls et tenter ranger leur chambre, le rangement ne devant pas être tâche aisée vu l'exiguïté des lieux. La maman n'a pas une minute à elle (on s'en doute) entre les courses, le ménage, les machines, le repassage, et la dernière née qui n'a que 6 mois...

Retour en arrière sur l'origine de cette famille nombreuse. C'est elle qui parle et qui justifie ses maternités compulsives par une enfance solitaire durant laquelle elle dit s'être sentie abandonnée : sa mère, alcoolique, quittait le domicile pour aller au pub, et ne l'emmenait pas. C'est d'ailleurs dans une circonstance identique qu'est née son envie d'avoir beaucoup d'enfants. Elle n'était encore qu'une petite fille. Sa mère l'avait laissée jouer sur la plage pour aller dans un pub situé à proximité. La fillette s'ennuyait quand elle a entendu et observé un couple avec plusieurs enfants : tout le monde semblait heureux...

Au début de son mariage, la jeune femme voulait 6 enfants. D'autres ont suivi et elle ne compte pas s'en arrêter à 15, sans réaliser qu'elle met sa santé en péril, l'organisme - aussi robuste soit-il - ayant ses limites. Les kilos très excédentaires sont déjà bien installés... Mais qu'est-ce qui peut bien pousser à avoir une attitude pareille, un réel déni de soi, qu'on le veuille ou non ? Cette mère donne un " embryon " d'hypothèse en confiant à l'objectif de la caméra une photo d'elle à l'âge d'un an environ. Elle est photographiée dans les bras de sa mère, femme au regard dur... Cette photo laisse envisager une hypothèse psychanalytique : la maman de cette famille (trop) nombreuse a pu imaginer et ce, sûrement à juste titre, que sa génitrice n'était pas alcoolique au moment de sa gestation. Ainsi, inconsciemment, cherche-t-elle à se protéger d'un alcoolisme potentiel dans lequel elle pourrait sombrer à son tour. Enceinte, pas de risques !

Le danger pourra frapper à la porte à l'heure de la ménopause, quand il n'y aura plus de maternité possible. Non pas que cette dame devienne addict par reschématisation, celle-ci paraissant improbable dans la mesure où elle a beaucoup souffert de l'irresponsabilité maternelle, notamment en terme d'abandon, mais elle pourra déclencher une maladie irréversible. Le terreau y est malheureusement propice : une santé fragilisée et très exposée de par les 15 grossesses (ou plus), à laquelle s'ajoute une identification à sa mère dont elle a pu fantasmer qu'elle était responsable de son alcoolisme, tout enfant se vivant en grande partie coupable des drames familiaux. Or, la maladie est une forme... d'autodestruction...

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Commentaires

Portrait de Jielgeai

... lorsque j'étais enfant, il y avait dans notre quartier une famille comme ça... 17 enfants...

La ville leur avait offert un autobus pour se déplacer.

La maman, fille d'aristocrates déchus mais à la petite fortune bourgeoise était dévouée corps et âme à son mari, militaire de carrière qui voulait ainsi se constituer sa propre "mini armée"...

Il venait en permission une fois l'an, mettait madame enceinte et repartait sous ses drapeaux...

Enfans sages et silencieux, aucun d'entre eux ne fit jamais parler de lui.

La maman mourut un jour de sage épuisement et l'immense famille se dissipa dans l'éther...

Nous n'en sûmes jamais rien de plus... étrange.

Portrait de Danièle-Dax

Votre témoignage Jielgeai m'a fait froid dans le dos. Une infinie tristesse s'est emparée de moi avec cette façon qu'ont certains couples à défier en quelques sortes les lois de la nature... 17 enfants et puis s'en vont...
Vous avez fait émerger une histoire similiaire mais carrément "à l'envers" comme dit la jeune génération. J'ai 60 ans, ce dont je vais parler ne va certainement pas évoquer grand chose aux moins de 50 ans...
Il s'agit du Prix Cognacq-Jay qui récompensait les familles nombreuses. Je crois qu'il fallait avoir atteint le chiffre coquet de 18 enfants pour gagner le lot, dont je ne me souviens absolument plus de ce qu'il rapportait... Je reviens à mon histoire: des voisins d'une grand-tante, aux fameux 18 enfants, milieu ouvrier extrêmement pauvre, le père alcoolique, la mère toujours "grosse", plusieurs enfants anormaux...
Je suis partie en pension. Ma grand-tante est décédée, sa maison fut vendue, j'ai quitté la région... J'avais oublié cette famille à la Zola. Mauvais souvenir d'une France qui remontait difficilement la pente après la deuxième guerre mondiale. Des familles qui survivaient, des hommes qui assouvissaient leurs besoins sexuels sous l'emprise de l'alcool, des femmes qui mouraient jeunes et en couches ou d'avortements... Et dire que la jeunesse d'aujourd'hui n'est jamais satisfaite...

Portrait de Jielgeai

... Ces gens étaient peut être heureux.... chi lo sa?

"Cognac Jay", c'était "à vous les tudios!", cher à Léon Zitrone, lors des Intervilles Dax vs Bayonne..lol

Je crois que vous évoquez plus simplement le "Prix Cognac" qui récompensait les familles nombreuses... à partir de 5 enfants...

C'était l'entre deux guerres, il fallait repeupler la France...

Ma grand mère maternelle ayant eu 5 enfants, elle a effectivement reçu ce prix honorifique dont elle était très fière de nous exhiber parfois la jolie médaille qu'elle conservait précieusement dans la grande armoire de sa chambre à coucher, entre deux piles de linge...

J'ai moi même quatre enfants... et je ne les vois plus... divorces obligent... who's right? who's wrong?

I don't know!!!!

Bises.

Portrait de Mireille-cogolin

Je n'ai pas de compétence médicale mais si c'est leur destinée à ces femmes, je ne vois pas trop ce qu'on peut y faire...
Vous avez décrit deux milieux différents. À chacun son incarnation.
Je n'ai pas eu d'enfant mais c'est sûr que je ne me serai pas vue avec 15 petits à élever. Après, Dieu est juste même si nous ne le comprenons pas toujours. Il assiste toujours ses enfants. Est ce alors vraiment un problème que de mettre au monde une grande famille. C'est une sorte d'équilibre bien orchestré sur terre puisque d'autres femmes ne peuvent pas avoir de grossesse...

Portrait de Frédérique Tirtiaux Psychanalyste Art-thérapeute

Cinq enfants ça me parle bien ; ma grand mère maternelle en a eu cinq, sa mère  sept... ma tante sept... Heureusement que la psychanalyse a croisé mon chemin et ne m'a plus lachée .

J'ai pu ainsi renoncer pouvoir fantasmatique que représentaient mes enfants. 

J'ai abandonné la fééerie du " ils se marièrent, vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants "...

Parfois les enfants masquent un problème de couple, de mal être... Ils évitent que le ballon ne se dégonfle en servant de rustine, mais tôt ou tard cela se fragilisera, comme le dit très bien Chantal Calatayud.

Portrait de Patricia B.

Ma mére a eut treize enfant et elle m'a dit en avoir perdus deux je ne parle pas beaucoup avec elle donc souvenir pas certain pour les deux fausses couche mais les frères et soeurs eux oui; je les pas tous connus car elle nous laissait seule tous les jours donc tous furent placer sauf celui qu'elle attendait a ce moment là et c'est le seule qu'elle a élevé comme son enfants; Mon père était beaucoup coureur et a uen époque buvait !

Je me dit que des fois il vaut mieux arrêter vite dés que l'on peut pas gérer et le pire c'est que j'aurai tant voulu avoir des enfants et je suis stérile; là seule dans tout mes frére et soeur  j'ai beaucoup de petit neveux et niéces. drôle de circonstance.

Amicalement

Portrait de Céline DAVID

C'est une famille que j'ai connu par ma fille car une des filles était dans sa classe. Lorsqu'ils sont arrivés dans le village, il y avait déjà 4 enfants. Aujourd'hui, il y en a 11. Soit 7 enfants en 10 ans. Le plus agé a 24 ans et le plus jeune a 4 ou 5 mois. En 24 ans soit 288 mois, cette femme en a passé 99 enceinte. Presque 1/3 du temps.

La maman m'a dit un jour : "j'aurai autant d'enfant que le Seigneur m'en enverra !". J'ai compris que c'était une famille très "cato et un tantinet intégriste".

A priori, les grossesses se sont très bien passées, ormi un jumeau mort in utero. La mère a malgré tout, conservé un corps svelte, pas de kg en trop, pas de fatigue apparente non plus.

Ce sont des gens qui ne se posent pas de questions. Ils font des enfants c'est tout. L'enfant que je connais a clairement exprimé le souhait que ses parents n'ai plus d'enfant après le 7ème mais elle n'a pas été entendu. Et le enfants sont arrivés les uns après les autres jusqu'au 11ème.

Au niveau organisation, les grands s'occupent des petits, pour que la mère puisse se consacrer au petit dernier et au taches ménagères un peu plus difficiles. Organisation assez militaire et peu de place à la spontanéinté. Mais, en apparence tout le monde semble heureux. Je dis en apparence car, je ne vis pas avec eux et peut etre qu'a y regarder de plus près......

Je les ai rencontré, il y a quelques semaines, un des enfants avait le petit dernier dans les bras et je me suis rendu compte qu'il était atteint de mongolisme. Un peu surprise, car ils n'en n'ont jamais parlé durant toute la grossesse. Le père me regarde, un peu dépité et avec une pointe de fatalisme dans la voix et me dit : "C'est celui de trop !"

Peut etre fallait il cet enfant pour les amener à se poser des questions ?

Céline David