En fait-on trop pour notre corps ?

Portrait de Fanchon Picaud

Quand on lit les statistiques et le temps quotidien consacré à l'apparence, cette question prend tout son sens : 3 heures par jour en moyenne pour les femmes et 2 heures pour les hommes...

Même s'il n'est pas facile d'échapper au culte du corps de nos jours, certains rituels peuvent devenir, à la longue, de dangereuses compulsions. C'est le cas de Paule, secrétaire comptable, qui se lève à 5 heures 30 tous les matins pour ses soins de beauté. Elle prend son poste à 9 heures ! Indépendamment du manque de sommeil notoire dans cet exemple précis, il faut savoir que le miroir peut devenir un redoutable vecteur de manque de confiance en soi car, à chercher la perfection, l'essentiel (l'âme) n'existe plus ou occupe une place insuffisante en terme de " réflexion " psychologique et/ou spirituelle... De toute manière, il ne s'agit pas de confondre beauté avec santé... Cette confusion peut sembler excessive mais reconnaissons que la fréquentation quasi quotidienne par certains de salles de sport pour sculpter leur corps atteste de cette approche erronée : entretenir son corps oui, mais le transformer en une œuvre d'art supposée revient à l'envisager et à le manipuler comme un objet. Or, le corps est la limite extrême du Sujet, corps que nous quitterons le moment venu, c'est une certitude...

L'enveloppe corporelle - aussi mise en valeur soit-elle - est trop mince, au propre comme au figuré, pour apporter l'assurance attendue. Marilyn Monroe et sa trajectoire de vie tragique le confirment avec, pourtant, 17 interventions de chirurgie esthétique avouées ! Installés devant la " psyché " de façon névrotique, beaucoup d'humains cherchent à nier que le temps passe réellement. Ce type de comportement prend peu à peu une tournure démoniaque. Ce mauvais réflexe gomme la nécessité protectrice de ressentir chaque instant comme le seul atout bien-être qui soit. Ne dit-on pas d'ailleurs " se sentir bien dans sa peau "... À l'inverse, à idéaliser leur corps, ces spécialistes de la superficialité le projettent dans l'avenir, toujours davantage, pour que leur " véhicule " éphémère soit de plus en plus beau ! Cependant, un retour à la sagesse s'impose : c'est le contraire auquel il faut s'attendre... Mais, toutefois, avec quelques nuances positives. Un corps qui vieillit, un visage qui se ride, des mains qui se tachent, une démarche qui se fait plus lente, restituent au regard une noblesse : l'expérience qui, elle, n'a besoin d'aucun artifice pour séduire. La bienséance s'en fait le témoin : on " s'efface " devant une personne âgée...

Catégorie :