La morale à l'école

Portrait de Chantal Calatayud

Le débat sur la nécessité du retour de la morale à l'école revient de temps en temps comme proposition réfléchie par certains de nos élus. Le terme " morale " pourrait éventuellement être remplacé par un terme moins péremptoire pour ne pas choquer les sensibilités... Comme toujours avec ce type de suggestion, il y a les pour et les contre, la colère gronde, la polémique enfle, on dénonce une régression possible et le projet de loi en reste là.

Quoi qu'il en soit, une triste évidence s'impose à qui veut bien observer objectivement et lucidement la société d'aujourd'hui pour ce qui est de la politesse basique. Prenons un exemple courant parmi tant d'autres : pratiquement plus aucun ado ne s'effaçant de nos jours sur le passage d'une personne plus âgée que lui, l'adulte très adulte - c'est-à-dire souvent sexagénaire ou beaucoup plus - laisse (quasiment contraint et forcé) le " jeune " se déployer à son aise et à sa guise sur le trottoir tandis que celui ou celle qui pourrait être son parent ou son grand-parent préfère affronter la chaussée destinée aux véhicules, histoire de ne pas se sentir humilié devant l'allure indifférente ou arrogante du gamin...

Eh bien moi qui suis d'une génération où le quart d'heure de morale commençait la journée de classe, je déplore qu'il n'existe plus ! Tout d'abord, j'adorais la petite histoire qui précédait cette leçon de civisme mais, surtout, j'ai toujours en tête des phrases complètes telles celles qui incitaient à aider un aveugle à traverser la rue. Ce que j'ai fait dans ma vie à plusieurs reprises, comme beaucoup d'entre nous. Mais il est vrai qu'on dit aujourd'hui mal-voyant ou non-voyant, ce qui peut signifier tout à fait autre chose dans le psychisme de nos chères têtes blondes devant lesquelles, de toute façon, même les enseignants n'ont plus voix au chapitre...

Catégorie : 

Commentaires

Portrait de Jean

" Ni Dieu ni maître ", " Il est interdit d'interdire ", tels sont les slogans que ma génération (j'ai un peu plus de 60 ans) a reçu en héritage de mai 68. Et je pense que nous subissons les conséquences de l'ambivalence de cette période. Certes la parole s'est libérée et c'est une bonne chose. Mais ne s'est-elle pas également débridée au point de ne plus opérer de discernement sur les priorités ? Dans certaines discussions qui ont eu lieu ici, il me semble que même des psys critiquent certains livres de la psychanalyste Françoise Dolto qui ont contribué à mettre l'enfant sur un piédestal, en réaction à une éducation psychorigide. Le problème, c'est qu'on en arrive à l'envers de la médaille : plus question de morale à l'école et donc absence de moralité sociétale ! Je fais encore partie de ces personnes qui ont bénéficié des leçons de morale matinale, que j'appréciais. Je me souviens, au CM2, c'était un moment très humanisant qui ouvrait la journée et au cours duquel je ne me suis jamais senti brimé. Quoi qu'il en soit, les choses étant ce qu'elles sont, je connais aussi (ils existent même s'ils ne sont pas majoritaire) des jeunes gens bien élevés qui respectent leurs aînés. Peut-être une question d'éducation parentale ? Ou de bon sens naturel ? En règle générale peut-être que le retour du spirituel va équilibrer les choses, à condition toutefois que la spiritualité ne soit pas une occasion perverse de se prendre là aussi pour l'autorité suprême, Dieu, et de le déclarer à tout bout de champ. Ce serait oublier que liberté ne peut pas rimer avec absence de responsabilité quant à soi et à l'Alter... Merci de m'avoir permis cette réflexion, sachant que je peux aussi me tromper. Bonne journée.

Jean