Les jolies colonies de vacances...

Portrait de Chantal Calatayud

Les infos viennent de relayer un drame : un petit garçon de 8 ans est décédé des suites d'une " infection digestive aiguë " alors qu'il se trouvait depuis 48 heures dans un camp de vacances situé dans l'Ariège. La raison pourrait être que l'eau du robinet du chalet où il logeait contenait une bactérie coliforme, fait connu depuis le début du mois de juillet. Les petits pensionnaires recevaient donc de l'eau minérale, en sachant qu'un enfant peut toujours transgresser les consignes. Les enquêteurs poursuivent pour l'instant de toute façon leurs investigations. L'eau contaminée n'est d'ailleurs peut-être pas à l'origine de la mort du garçonnet, d'autant que trois autres camarades présentaient des symptômes identiques.

Personnellement, j'ai envie de tirer une sonnette d'alarme différente, les représentants de la loi agissant maintenant pour que toute la lumière soit faite...

Pierre Perret avait dénoncé dans sa célèbre chanson " Les jolies colonies de vacances ", en 1966, certaines conditions alimentaires et sanitaires insuffisantes dans ces lieux surtout destinés à l'époque aux enfants plutôt défavorisés. Les paroles avaient certainement contribué de leur côté à porter leurs fruits puisqu'il faut reconnaître qu'au fil des décennies, les contrôles se sont renforcés dans ces établissements. Mais tous les ans, sans exception, un enfant ou un ado y perd sa jeune existence... Pourquoi lui et pourquoi pas un autre ? Qui le sait ? C'est injuste, ô combien. La famille ne comprend pas et c'est logique devant une telle absurdité. Alors, ils suivent - avec le peu de forces qu'il leur reste - le déroulement de l'enquête. Tout aussi pénible soit-elle pour eux, ravivant leur douleur jour après jour, ils attendent les résultats, tandis qu'ils ont déjà dû supporter l'autopsie obligatoire. Le mot " procès " commence à être prononcé. Les journaux titrent quotidiennement sur la tragédie. Les médias télévisés et informatiques tous confondus font de même et transmettent comme il se doit. Les autorités sont sur le qui-vive. Chacun fait son travail.

Mais il y a la municipalité concernée qui traverse elle aussi des turbulences insupportables. Les accusations, certaines gratuites, tombent à tort et à travers. Les élus culpabilisent en attendant le verdict. On tend des micros aux parents dont leur enfant, rentré sain et sauf, faisait partie de la " colo ". Ils donnent leur avis et quelques-uns dénoncent ex abrupto, sans savoir... Les loups sont lâchés, féroces, prêts à attaquer et à mordre. Sur l'instant. Car toutes ces accusations, souvent fantaisistes et projectives, infondées sur l'heure pour la plupart, se dilueront. Comme toujours. " Vous savez, il faut bien que la vie continue... Chacun a ses malheurs "...

Mais il y a plus précisément les maires... J'avais été frappée par les propos de l'un d'entre eux il y a 3 ans environ. Décontenancé, il expliquait dans une interview que les camps de vacances fermaient les uns derrière les autres en France car les maires, pouvant être poursuivis et pénalement condamnables, redoutaient le moindre problème...

Triste, il y a de quoi l'être. Aussi, à chacun d'entre nous d'avoir la sagesse de ne jamais produire de jugements péremptoires. D'autant qu'en ce qui concerne les colonies de vacances, il serait dommage de participer, certes involontairement et par pulsions intempestives maladroites - même en tant que simples citoyens - à ce qu'elles disparaissent un jour complètement de l'Hexagone : ce serait oublier qu'il existe un grand pourcentage d'enfants qui vivent dans des cités atrocement impersonnelles, glauques, qu'il existe aussi beaucoup d'enfants dont les parents n'ont pas les moyens financiers de leur offrir des vacances. Alors, oui à la prévention, oui la sécurité, oui à la bienveillance, mais non à la récupération systématique et facile de concours de circonstances malheureux et tragiques...

Catégorie : 

Commentaires

Portrait de Frédérique Tirtiaux Psychanalyste Art-thérapeute

Lorsque l"on vit une telle expérience, que la douleur de l"incompréhension envahit, la première réaction est d'accuser, de trouver un coupable. Cela permet de projetter sur les autres de la même façon que l'on a reçu la nouvelle, avec la même agressivité. Cela va entrainer des angoisses pour les autres avec un sentiment de culpabilité . Pourquoi lui et pas moi? Il n'y a pas de réponse qui puisse apaiser.

Lorsque j'avais 20 ans, des amis étaient sortis en "boite" , un virage mal pris, l'alcool, l'un d'eux est mort. Il était d'un physique qui ne laissait pas de souvenir. J'ai longtemps culpabilisé de l'avoir mis en "boite" à chaque fois qu'on le voyait. Il avait 20 ans, j'ai oublié son nom mais jamais je ne l'ai oublié. Ce n'est pas pour cela que je n'ai plus conduit, plus bu ou, que j'ai interdit à mes enfants d'en faire autant . 

Je vous rejoins Chantal Calatayud, il faut laisser les autorités faire leur tavail et ne pas contaminer tout le monde.

Portrait de Isabelle

Même s'il est bien évident que la mort d'un enfant est une tragédie sur un plan familial et humain, et qu'il est compréhensible dans un premier temps d'avoir ce mouvement de colère parce que c'est injuste... Mais pourquoi vouloir à n'importe quel prix trouver un bouc-émissaire ! Accepter l'inacceptale est certes très difficile et douloureux... Mais quand chacun rempli son rôle, y compris les maires (fort heureusement pour le plus grand nombre)... Si les colonies de vacances disparaissent, les victimes au bout du compte seront tous ces enfants à qui ces mêmes colonies de vacances permettent de vivre des expériences socialisantes positives et donc valorisantes pour eux-mêmes... Expériences sur lesquelles ils auront aussi la possibilité de " s'appuyer " en tant qu'individus devenus adultes. Je suis allée plusieurs années consécutives en colonie lorsque j'étais enfant... J'en ai gardé beaucoup d'expériences (les 2 premières années, ce que j'ai vécu comme difficile, c'était l'éloignement familial...), mais surtout dans l'ensemble, de très jolis souvenirs aussi. Peut-être un peu cliché... mais c'était bien réel ! Les feux de camps autour desquels on chantait, les " monos " qui proposaient des jeux... les ateliers d'activités dans la journée... les randonnées... les veillées... et le spectacle de fin de séjours avec toute la créativité des adultes et des enfants... Une vie communautaire constructive dans un environnement différent, avec des règles établies protectrices pour tout un chacun !

Portrait de Céline DAVID

Le système français est fait ainsi. Il faudra une responsable coute que coute, que se soit l'eau ou pas qui soit la cause du décés de cet enfant.

Un responsable qui ne sera peut etre pas coupable, d'ailleurs. Tiens ça me rappelle quelque chose ! Mais un responsable quant meme.

Les parents ne peuvent pas entendre que c'est la faute de "personne", que c'était la destinée de leur enfant. Que peut etre ça serait arrivé quand meme, meme s'il était resté à la maison, ....

Aujourd'hui la souffrance est trop vive. Ils sont un peu anesthésiés mais avec le temps, le processus de deuil va s'enclencher et la vie reprendra le dessus. Ma grand mère a vécu 51 ans, (elle est toujours en vie-90 ans), après le décés de son fils de 14 ans suite à un cancer. Il lui restait un 2ème fils, mais c'est pas pour ça qu'elle l'a enfermé dans un cocon ou qu'elle l'a surprotéger.

Pour moi, c'est les médias qui parlent trop et trop vite. Pourquoi ne pas attendre d'avoir les résultats de l'enquete ? Pourquoi avancer des hypothèses sans réels fondements ? Pourquoi en parler tous les jours, matin, midi et soir, s'il n'y a rien de nouveau ?

Tout ça sème le trouble dans l'esprit des gens qui récupèrent des bribes d'infos par ci, par là, font des amalgames et tirent des conclusions trop hatives.

Après, on entend des choses, du genre : Je n'enverrai plus jamais mon fils en colonnie ! Il est pas question qu'il aille dans ce centre, les moniteurs ne s'occupent pas bien des enfants ! ... Il y a des tas d'excuses pour ne plus envoyer les enfants dans ces centres de vacances.

Au final, c'est quand meme les enfants qui sont privés de vacances. Et croyez moi, il vaut mieux passer 3 semaines en Auvergne ou en Bretagne que dans un HLM à St Denis ou dans les quartiers nord de Marseille, avec un balcon de 2 m2, si balcon, il y a, pour tout terrain de jeux.

Laissons les autorités faire leur travail. Au départ, elles ont quand meme un role de protection des populations. Faisons leur confiance pour nos enfants !

Céline D.

Portrait de Vincent

Le problème est que les médias, sans s'être déplacés nomment des coupables pour faire vendre ou faire de l'audience. On vit dans un pays où la présomption d'innoncence n'est jamais respectée par les journalistes. Des gens sont mis en examens ou cités dans des affaires, ils font  les gros titres en tant que coupables par avance puis quand deux ans après lors d'un procès, il sont innocentés, cela fait qu'une petite ligne à la page  14 des journeaux.
Pour ma part, je comprends que les maires de petites villes ne souhaitent plus gérer des établissements abritant des enfants l'été. Entre les accidents potentiels, les intoxications alimentaire et autres aggressions, ils ne peuvent plus dormir tranquilles... Je crois que le code pénal aujourd'hui, c'est n'importe quoi. Un mec multi récidiviste violeur ou  un type qui agresse une vielle dame dans la rue avec un couteau pour lui voler son sac ne va plus en prison. En revanche, le maire d"un petit village bénévole est incarcéré si un enfant de sa colonie tombe malade... Faut pas déconner quand même !Aggressive