Les relations amoureuses au travail

Portrait de Chantal Calatayud

Il y a une dizaine d'années, un sondage avait établi que les infidélités conjugales battaient leur plein dans les usines... Psychologiquement, on peut comprendre que ce type de vie professionnelle étant a priori plutôt ingrat, l'amour défendu donne l'élan nécessaire pour aller pointer (n'y voyez aucun mauvais jeu de mot de ma part... ). Toutefois, les médecins et les avocats mettent leurs démultiplications amoureuses sur le compte du stress. Les plombiers et autres électriciens expliquent, quant à eux, qu'il leur arrive de consoler - lors de leurs interventions à domicile - des dames esseulées ou mal-aimées. Certains assurent même être appelés pour des problèmes qui n'existent pas ! Les agriculteurs, par contre, sont obligés d'avoir leur émission de téléréalité pour envisager un binôme affectif en raison, disent-ils globalement, de la pénibilité de la vie à la campagne qui séduit peu d'emblée la gent féminine...

Tous ces avis, toutes ces rationalisations soulèvent effectivement des hypothèses mais les liens amoureux au travail cachent d'autres raisons plus inconscientes, comme une notion de pouvoir assouvi chez l'homme comme chez la femme, de l'ordre d'une conquête d'un genre aventurier, voire guerrier. Un jeu de transferts quoi qu'il en soit où les " rapports " dominants-dominés s'en donnent à coeur joie (un véritable euphémisme !)... C'est d'ailleurs cet aspect qui complique la tâche de ces " aimants " qui confondent donc inconsciemment et en quelque sorte travail et plaisir !

Si 25 % de couples français confient s'être rencontrés par le biais de leur profession alors qu'ils étaient libres sentimentalement à ce moment-là, l'amour au bureau n'est pas sans inconvénients : bruits de couloir, ragots, mensonges, jalousies, rivalités... Mais quelle excitation tous azimuts ! Un peu de piment dans une journée de labeur permet de décompresser, qu'il s'agisse des amants transis ou des " concierges ". Chacun transgresse à sa manière.

Valérie, mère de jumelles, supporte mal les séminaires organisés par la société bancaire dans laquelle elle occupe un poste à responsabilités. C'est ainsi, livre-t-elle, qu'elle est " tombée " (c'est le terme qu'elle emploie) dans les bras de son collègue, moins " gradé ". Mariés tous les deux, rien ne se passe entre eux en dehors de ces rencontres professionnelles, par accord tacite. Elle considère qu'elle limite ainsi les risques en termes d'attachement et de divorce... Prudente est donc cette jeune femme, surtout quand on sait que 95 % de ces liaisons se terminent mal ou très mal comme dans le cas d'Anne qui a succombé à son patron. L'histoire n'a pas duré longtemps. C'est lui qui l'a laissée, lui menant ensuite une vie insupportable au boulot de peur qu'elle ne parle. Épuisée, elle a quitté la " boîte ".

De toute façon, il paraît difficile d'arriver à cacher un amour illégitime au travail, malgré toutes les précautions prises. D'autant que le secret étant lourd à porter, spontanément il est confié à une personne jugée discrète dans l'entreprise mais qui, à son tour, éprouvera le besoin de se débarrasser de la confidence encombrante... Le docteur Laurence Pescay, médecin et psychanalyste, souligne que ce genre de duo affectif conduit souvent à des états dépressifs (plus généralement chez la femme), entraînant traitement médical et... arrêt de travail ! Un comble...

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Commentaires

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Un blog fort intéressant quant aux confusions des sphères affectives et professionnelles. On voit vient tous les problèmes engendrés dans ces cas là. Il doit y avoir de la synchronicité dans l'air car j'ai aperçu une question de notre ami Younes en psy et coaching s'interrogeant sur l'éventualité d'une rencontre - licite - amoureuse au travail. Peut-être fait-il partie de ces 25 % de couples français qui se  rencontrent par le biais de leur profession. C'est d'ailleurs tout le mal que je lui souhaite. Merci encore, Chantal Calatayud, pour ce texte réflexif qui va sans doute susciter d'intéressants commentaires.

Portrait de Jean

Je reste poli dans mon titre mais pour avoir connu ce type de situation dans ma boîte : une relation entre le directeur (marié) et une de ses collaboratrices, je peux vous dire que ça mettait un sacré " b... " dans l'équipe en majeure partie composée de femmes. Les rivalités se déchaînaient, l'ambiance était excécrable et l'élue du coeur du directeur a frôlé la dépression nerveuse.

Portrait de Lakshmi

Avec ce blog, j'ai cru revoir ma propre histoire. Il s'agissait d'une relation avec un politique... Cette ydille m'a conduite dans le cabinet d'un psychiatre et il m'a fallu du temps et un très bon thérapeute pour me reconstruire... Si ma mésaventure peut servir préventivement, elle aura au moins servi à quelque chose !

Portrait de Orlan

Si je comprends humainement ce qu'explique Chantal Calatayud, je pense qu'il ne faut jamais mettre le doigt dans cet engrenage. 

Portrait de Simon_L

Mal m'en a pris ! Aussi : plus jamais ce genre d'histoire !

Portrait de Sylvie-0570

Personnellement, ce n'est sûrement pas mon truc car ce genre de situation ne m'est jamais arrivé. Ceci dit, je pense qu'il ne faut pas juger car, effectivement, si un boulot est très dur, ou un boss odieux, de vivre une amourette, voire une liaison, au boulot, peut procurer un peu d'énergie... Et c'est tout de même mieux que les anxiolytiques !

Portrait de Jean-Marc

Ce n'est pas mon truc non plus mais j'apprécie cet absence de jugement dans votre commentaire, Sylvie. Pourquoi ne pas s'autoriser un peu de plaisir au milieu d'une ambiance excécrable ? Et puis si cela peut éviter le psychiatre, comme vous dites, ça peut être thérapeutique.  Je me méfie toujours de la morale des bien-pensants qui ne prennent pas en compte les cas particuliers...

Portrait de Jean

Votre commentaire, Sylvie, me pousse à venir mettre un bémol à mon post précédent. Effectivement, cette jeune femme dont je parlais à frôlé la dépression mais peut-être que si elle n'avait pas eu cette relation elle aurait sombré. Je me souviens que c'était quelqu'un, lorsqu'elle est arrivé dans la boite,  qui n'avait aucune confiance en elle... Peut-être que cette relation a évité le pire et qu'elle a pu quand même se renarcissiser. Comme quoi, le jugement extérieur ! Faut rester prudent.

Portrait de zab

Je suis complètement d'accord avec vous Sylvie pour ce qui est de la liberté de chacun mais côté conséquences ça peut être chaud et regrettable à postériori...

Portrait de Lakshmi

C'est vrai que j'étais moi aussi libre de nouer cette relation. N'empêche que j'ai payé cette liberté le prix fort. Mais il fallait certainement que je passe par là, ce que je ne conseillerais quand même à personne.

Portrait de Christine-zen

Après tout, ce genre de liaison fait peut-être partie de la destinée ? À mon avis je pense que oui. Quant au tentateur ou à la tentatrice, personne sur terre n'a la force du Christ qui a su et pu résister aux plans maléfiques du diable ! 

Portrait de Michèle

Je viens de lire le post de lakshmi. C'est un peu ce qu'elle induit quand elle dit qu'il fallait qu'elle passe par là. Et c'est vrai que la chair est faible pour chacune et chacun d'entre nous. Nous ne sommes ni des Vierge Marie ni des Jésus...

Portrait de Ludo_437

À voir la vie sentimentale dissolue de certains de nos élus, on ne peut que constater qu'on n'en fait pas tout un plat avec eux. Ou si peu ! Pourtant, c'est bizarre mais ils ont du boulot et pas de quoi s'ennuyer (LOL) ! Quant à celles et ceux, inconnus de la scène médiatique, qui dérapent, ça leur appartient et l'essentiel, si ça se termine mal, c'est qu'ils en tirent un enseignement... Les errances amoureuses permettent également de se construire, d'évoluer... En outre, on peut aussi partir du principe qu'une liaison consentie est aussi une rencontre qui peut permettre de pallier certains manques dans le couple légitime... Je n'ai aucune expérience de la sorte mais, comme toujours, il me semble qu'il est bien difficile de généraliser.

Portrait de Nadia

Je n'ai jamais expérimenté la chose non plus mais dans mon secteur (je travaille dans une mairie), cela arrive parfois. Et comme dit Ludo, nos dirigeants politiques ne se privent pas non plus. A chacun ensuite d'assumer. On ne connait certainement pas tous les tenants et les aboutissants de ces relations amoureuses. Chaque histoire étant unique.

Portrait de Oliver

C'est vrai que le " coup " du scooter et du casque, ça n'a pas dérangé plus que ça (lol) !

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Il serait effectivement maladroit de porter des jugements hâtifs et sans appel. Ludo décline plusieurs situations dans lesquelles un sens peut émerger malgré les apparences. L'inconscient ne génère rien par hasard.

Portrait de Sofia M

je rejoins l'avis de Ludo...

Portrait de nanou-69

Neutralité donc dans tous les cas.

Portrait de Cécile

Au travail, il n' y a que des femmes (lol).