Avez-vous déjà caché un secret de famille ?

Portrait de cerise-du-26

Avez-vous été amené à cacher un secret de famille ? 

Si oui, pourquoi ne l'avez-vous pas dévoilé ?

Portrait de Jean

Mon plus jeune fils  a eu pour parrain un homme d'église. Il le voyait, étant petit, puis les liens se sont espacés jusqu'à devenir inexistants. Entre temps, j'ai divorcé. Il se trouve que cet homme, que moi et mon ex-épouse avons beaucoup apprécié à un moment de notre vie de couple, a eu maille à partir avec la justice (à tort ou a raison, je n'en sais rien car je n'avais plus de contact avec lui).  Je n'ai jamais pu dire la vérité à mon fils, d'autant qu'il ne m' a pas demandé de ses nouvelles. Cet homme est décédé il y a quelques années d'un cancer dans un monastère qui l'avait accueilli. Je lui avais envoyé un petit mots gentil quelques temps avant qu'il ne meure et il m'avait répondu. Si mon fils m'avait posé des questions précises, je le lui aurais dit et je lui dirai s'il me pose des questions aujourd'hui. Ayant fait un travail sur moi, je ne pense pas qu'il ait été évolutif que je lui assène cette vérité qui, il me semble, l'aurait destabilisé. Mais je me trompe peut-être ! C'est délicat dans ces cas-là. Doit-on dire toute la vérité et rien que la vérité ? Je pose la question ! Mon fils sait que son parrain a eu des soucis mais je ne suis pas rentré dans des détails qu'il ne m'a pas demandés. Je crois que son inconscient n'est pas dupe et qu'il sait... Mais pouvait-il le supporter lorsqu'il était ado au conscient ? Donc je n'ai pas dit toute la vérité... jusqu'à maintenant. Mon fils a aujourd'hui 20 ans. Je pense que la " donne " est différente ! Mais vos avis sont les bienvenus bien sûr !

Portrait de Juliette

Cela m'est arrivé deux fois de savoir quelque chose et de ne pas en parler. Un secret de Polichinelle puisque beaucoup le savait : cela concernait deux tantes à moi et, leurs enfants, mes cousins, ne le savaient pas. 

 - La première de mes tantes avait déjà était mariée mais sans avoir eu d'enfant, un mariage éclair d'un an. Elle ne l'avait jamais dit à sa fille, ma cousine. Une honte, je ne sais pas. Je ne l'ai jamais dit à ma cousine, parce que ce n'est pas mon histoire et que c'est à sa mère de le faire. Je crois que depuis, cela a été fait d'ailleurs.

- La deuxième a eu quelques aventures et n'a pas été un exemple de fidélité. Là aussi, je n'ai rien dit à ses enfants, mes cousins alors qu'ils critiquaient la conduite de leur père, divorcé de leur mère, et qui était infidèle à son tour avec sa nouvelle compagne. Ils doivent régler ça entre eux.

On m'a confié deux secrets qui ne me concernent pas et, je ne sais pas pour quelles raisons inconscientes, ils sont arrivés à mes oreilles. Je n'ai plus de contact avec ses cousins, et s'ils veulent mieux connaître leurs parents et leurs histoires, ils doivent s'adresser aux personnes concernées. Même si je suis convaincue, que le non-dit fait du mal, ce n'est pas mon rôle d'en parler. Et j'avoue que je les avais oubliés !

Portrait de Isabelle

Personnellement, je crois qu'il faut être prudent avec "dire" les secrets de famille... Ne serait-ce que parce que celui ou celle à qui s'est dit, n'est pas nécessairement "à même" de l'entendre sans que cela fasse des dégâts... En psychanalyse on parle de maturité pulsionnelle, et ça n'est pas pour rien... C'est d'ailleurs pour cette excellente raison, que lorsqu'on s'adresse à un professionnel en psychogénéalogie, il vaut mieux passer par quelqu'un qui a réellement développé un travail analytique auparavant... C'était ma petite parenthèse du jour...

J'ai été confronté, il y a quelques années maintenant, à un non-dit, en lien à mon 3ème fils... Alors qu'il était encore très petit, je me suis un peu torturée, à savoir comment "dire" pour justement, ne pas cacher... Même si à mon sens, cette levée du non-dit, il me semble que c'était plutôt au père de mon fils de "verbaliser"...

Je pense, que ce non-dit peut être levé, lorsque l'individu concerné directement, pose lui-même les questions déjà... Mais et surtout, par lui-même, c'est-à-dire par ces propres questionnements et raisonnements... C'est tout à fait ce que m'a "signalé" mon fils... Alors effectivement "j'ai dit", en réponse à ces questions... et en laissant de côté, autant que possible, toute forme de jugement...

Mais je maintiens, à titre personnel, qu'il peut être nécessaire "de taire" certaines choses que l'on sait... Au fond, déjà parce qu'avant tout, cette sortie d'un non-dit me concerne moi, en premier lieu... Et que l'on peut estimer qu'il peut-être aussi "protecteur" de ne rien dire dans certains cas... y compris que personne n'est à l'abris, par le biais d'une verbalisation, de projections même très inconsciemment...

Portrait de Floriane

Plusieurs choses me sont venues, à la lecture de vos divers messges.

La première chose, c'est que c'est dans le non-dit que ce transmet le symptôme au sein d'une même famille, dit-on, en psychanalyse. Pour autant, on n'a pas à dire, à dévoiler le secret si on ne nous demande rien, et là je rejoins les commentaires précédents. Parce que l'autre n'est peut-être pas prêt à les entendre, parce que ça pourrait faire beaucoup de dégâts, et parce que, si l'on ne nous pose pas de questions, si l'autre ne montre pas qu'il est prêt à entendre, alors, c'est qu'il ne faut rien lui dire. Je repense ici à ce qui m'est arrivé il y a quelques années: le copain de ma soeur m'avait révélé, lors d'une soirée bien arrosée, être amoureux de moi. J'avais voulu, très vite, le dire à ma soeur, parce que j'estimais qu'elle devait savoir et parce que ça me dégoutait et je ne voulais plus le voir, lui. Sauf que mon psy m'avait mise en garde: "imaginez qu'elle se suicide après, vous en porteriez la responsabilité". J'avais été estomaquée et je ne comprenais pas qu'il me "conseille" de me taire alors qu'il ne cessait de me dire de parler... Sauf qu'un an et demi après, alors que je n'en pouvais plus de garder ce secret, les choses avaient fait que nous en avions parlé, ma soeur et moi, et qu'elle m'avait dit que son copain lui avait tout dit rapidement après; ça n'était simplement pas à moi de le faire à l'époque. Et puis ça n'étaient que des mots, il ne s'était rien passé. Et je retrouve là ce qu'écrit Chantal Calatayud dans son dernier post blog qui est en substance: ce ne sont pas nos paroles qui comptent, ce sont nos actes.

Ensuite, je voudrais rappeler que le secret de famille n'a pas à sortir de la famille: puisqu'il renferme le symptôme de la filiation, il ne faut pas aller le confier à autrui, au risque de refiler le symptôme (s'en s'en débarasser). De même, il ne faut pas accepter de se faire confier un secret de famille qui n'est pas la nôtre, au risque, cette fois, de se faire refiler le symptôme. Sauf à le confier à un professionnel que l'on paye.

Enfin, je voudrais rajouter que toutes les familles ont leurs secrets, cachés, c'est inhérent à chaque famille. Le jour où l'on apprend un secret, à nous de lui donner du sens, sans forcément lancer une bombe en dévoilant "la vérité" à tout le monde. Encore une fois, tout le monde n'est pas prêt à voir ce qui est caché. Si ça reste caché aux yeux des autres, c'est pour une bonne raison, pour eux. Ceux qui ont envie de voir lèvent le voile sur les secrets et choisissent, par exemple, de faire une psychanalyse...

Portrait de Mireille-cogolin

Ce sujet m'intéresse beaucoup parce j'ai sur les épaules, moi aussi, un secret de famille que je vous livre...

Un de mes oncles, qui vivait au Maroc, a rencontré une jeune femme et, a priori (vous verrez pourquoi je dis : a priori), il y aurait eu coup de foudre des deux côtés. Ils se fréquentaient mais mon oncle ne voulait pas épouser son amoureuse parce qu'elle avait un enfant illégitime de 3 ans qu'elle avait laissé en nourrice en France ! Ils ont fini par ne rien trouver de mieux que de faire croire à leur entourage que cet enfant était mort ! En fait, ma tante par alliance a abandonné ce petit garçon mais il serait trop long d'expliquer ici comment ma famille maternelle l'a appris... Débarrassés du " fardeau ", ils sont donc passés devant Monsieur le Maire et ont eu une petite fille qui a maintenant 60 ans et qui ne sait rien de cette histoire. Ma tante (décédée maintenant depuis quelques années) avait mis au mur de sa chambre le portrait du soi-disant petit défunt (elle est restée veuve assez jeune et n'a accroché ce portrait qu'à la mort de mon oncle). Elle a toujours raconté à ma cousine que cet enfant était son filleul décédé à l'âge de 3 ans ! Dans la famille, c'est le secret de Polichinelle mais personne n'a jamais rien dit à ma cousine... Cette histoire a fait brouiller toute la famille parce que mon oncle et ma tante voulaient tellement cacher cette " vérité ", qu'ils ont cherché des noises à quasiment tout le monde ! Meilleur moyen pour eux pour que leur horrible secret ne s'ébruite pas... En ce qui concerne ma cousine, qui a pourtant très bien réussi dans la vie, elle est odieuse ! Elle veut faire passer les membres de la famille pour des fous, dont moi qui ne lui parle plus d'ailleurs... Un psychothérapeute, à qui j'ai raconté cette histoire un jour, m'a dit que l'inconscient de ma cousine savait mais qu'elle ne voulait rien savoir au conscient et que c'était pour cette raison qu'elle affublait bien des membres de la famille de folie (les fous ne savent pas ce qu'ils disent !). Je lui ai demandé s'il vaudrait mieux que ma cousine soit informée... Il m'a répondu que certainement pas puisqu'elle ne faisait rien pour savoir en raison des ses attitudes projectives d'une part (les autres sont fous) et que la photo de l'enfant aurait pu déclencher des questions ciblées vis-à-vis de sa mère, pouvant la faire avouer, mais qu'elle n'a donc pas posées...

Ce qui me chagrine beaucoup dans cette histoire sordide, c'est qu'elle a détruit notre famille mais, en même temps, je me suis toujours rangée du côté du psychothérapeute qui m'avait dit lui aussi que lever un secret de famille de cette ampleur pourrait amener un drame chez ma cousine genre dépressiin, suicide, etc. Mais je vous assure que quand elle se permettait de me dire des horreurs sur mes propres parents (de son invention !), combien de fois me suis-je retenue pour ne pas lui asséner que ses parents n'étaient pas des saints, alors qu'elle les a complètement idéalisés... 

Pour la petite histoire, mon oncle est mort d'une leucémie (c'est sûr qu'avec ce non-dit qu'il fallait qu'il arrive à retenir coûte que coûte, il s'est fait du mauvais sang...) et ma tante a développé un cancer de la gorge (elle fumait beaucoup !) et est morte aphasique : c'est sûr que comme ça, elle ne risquait pas de parler !

Portrait de cerise-du-26

Vous vous doutez bien que si j'ai posé cette question, c'est que moi aussi j'ai un secret de famille sur les épaules qui me destabilise. J'en ai parlé à une amie qui fait un peu de psychogénéalogie mais en amateur. Quand je lui ai raconté mon histoire, elle m'a juste dit qu'il s'agissait d'un " évident caché ", qu'elle elle se tairait mais elle na pas su me dire pourquoi elle se tairait...

En fait, il s'agit d'un cousin dont pratiquement tout le monde " sait " dans la famille, à part lui et son père (!!!), que son père - dont il porte donc le nom bien sûr puisque sa mère s'est mariée enceinte - n'est pas son père... Ce cousin pose un certain nombre de problèmes et n'a pas de limites genre mains baladeuses, si vous voyez ce que je veux dire... Et je pense que sa mère a bien " baladé " son père pour se faire épouser... C'était d'ailleurs soi-disant un gros prématuré à la naissance alors qu'il pesait un gros poids à la naissance aux dires de ma mère !!! Par contre, ce que j'ai très bien compris en découvrant vos commentaires, c'est qu'il y a un danger à aller lever le secret de famille auprès de l'intéressé et que ce danger pourrait prendre une forme dramatique... C,est une révélation pour moi qui aurait plutôt eu tendance à imaginer qu'il fallait parler pour que la personne concernée et dupée soit libérée et moins perturbée... Alors qu'en fait ça pourrait être pire encore. Vous m'avez vraiment éclairée et donné une ligne de conduite dans ce domaine " pour la vie "... C'est super !

Portrait de Isabelle

Juste comme s'il fallait encore insister sur le fait, qu'il faut toujours être prudent à ce sujet... Il y a un bon nombre d'années maintenant... En "cherchant" dans les générations précédentes, je posais beaucoup de questions à ma mère... Qui un jour me montra le "livret de famille" qu'on lui avait donné... des parents de mes arrières-grands-parent... Une des problématiques familiales, qui m'a d'ailleurs conduite à un travail d'analyse conséquent... C'est la répétition de mort d'enfant, à chaque génération... Sur ce livret, était indiqué, le décès d'un enfant, garçon... portant le même prénom que mon neveu... Il est bien évident que je n'en n'ai jamais parlé à ma soeur, et j'ai même interdit à ma mère d'en parler également... A quel titre, me direz-vous, j'interdit ? Tout simplement, même si les inconscients "savent"... Si ma mère me l'a "verbalisé", c'est parce que j'ai posé des questions justement... Pas ma soeur...