Bébé anorexique ?

Portrait de Lilou.G

Une de mes collègues m'a dit que le bébé de 6 mois de sa sœur est anorexique.
Est-ce que c'est possible ?

Portrait de Cécile

Bonjour Lilou,

A ce qu'il me semble, suite à mes lectures, cette pathologie est heureusement très rare chez la bébés mais elle existe. D'autant que j'ai justement lu qu'elle peut se manifester à partir de six mois. La médecine semble relativement désarmée face à ce trouble. Toutefois, il semblerait que cela concerne la position inconsciente de l'enfant qui fantasme que la nourriture est mauvaise et la rejette. Une consultation en pédopsychanalyse peut être envisagée pour faire évoluer les choses.

Portrait de Sofia M

De mémoire de mes cours de Psycho, un prof nous avait expliqué que les bébés anorexiques sont tellement " gavés " par les angoisses de leur mère qu'ils refusent toute nourriture, pouvant aller jusqu'à coller leur langue au palais pour qu'aucune introduction alimentaire ne soit possible. Et la langue étant un muscle d'une puissance étonnante, ça fonctionne très bien ! Une lutte s'installe ainsi entre le " nourrisson " et sa mère. Ce conflit inconscient se renforce au fur et à mesure des repas. L'enfant rejette de plus en plus ce " sein " insuffisamment bons selon son immaturité pulsionnelle. La mère démarre un syndrome dépressif dans la plupart des cas. Le bébé ne prend pas de poids, ce qui inquiète davantage encore la mère qui peut pleurer chaque fois qu'elle doit le nourrir. Elle extériorise peu à peu un affect de mauvaise mère et considère qu'elle n'était pas faite pour être maman... Les inconscients communiquant, bébé en " profite " pour se sentir le plus fort. Son narcissisme, quant à lui, se porte de mieux en mieux mais passant toute son énergie à faire " la guerre du lait ", il maigrit et se retrouve en général hospitalisé. La mère peut aller jusqu'à verbaliser que maintenant, elle abandonne son enfant qui, le ressentant, développera un abandonnisme pouvant aller jusqu'à nier sa mère et transférer inconsciemment son amour sur un membre du personnel hospitalier (pédiatre, puéricultrice, etc).
Ce problème s'arrange souvent grâce à ce transfert ou, mais c'est la même chose, dès que le bébé va chez une nounou ou à la crèche. On assiste alors en général à un bébé qui mange très bien avec " le sein de substitution " et mal, peu ou pas avec la mère ! Heureusement, il grandit et la découverte du père fait rentrer les choses complètement dans l'ordre.
Un ancien bébé anorexique pourra développer un trop gros appétit progressivement et prendre un poids anormal en compensation, ce qu'il pourra répéter à l'âge adulte de façon singulière avec des phases d'amaigrissement et de surpoids en alternance. Il ne sera pas boulimique mais,pourra attirer un conjoint boulimique...
Sur un plan purement psychologique, le bébé anorexique deviendra souvent un solitaire doué d'un caractère très fort et trës affirmé. Il pourra être distant, voire méprisant mais il se débrouille plutôt très bien dans la vie ! Ceci compense encore cela...
Notre prof de fac nous avait dit que certains enfants, dont la mère ne désirait pas inconsciemment la venue par angoisse dépressive (problèmes de couple au moment de la conception, problèmes maternels avec la propre mère de la génitrice...), deviennent anorexiques dès la naissance. Mais peut-être aurons-nous la chance d'avoir des témoignages réels illustrant ce mauvais démarrage dans la vie ?

Portrait de Lilou.G

Vos explications vont me permettre de ne pas gaffer avec ma collègue le cas échéant et puis tout ce développement psychologique chez le tout petit d'Homme m'a beaucoup apportée à titre personnel.
Merci pour cette belle communication.

Portrait de Jean

Le développement de Sofia M m'interroge en effet. Ma mère a souvent évoqué que je ne voulais pas prendre son sein. Je ne sais pas quelle en était réellement la raison. Toujours est-il qu'une nourrice a pourvu à cette défaillance... Je vais creuser la question car je me retrouve parfois dans les descriptions qu'en fait Sofia. D'autant qu'à l'âge adulte j'ai connu ces oscillations de prise de poids et des phases d'amaigrissement. Et puis, j'ai un rapport très particulier à la nourriture (tantôt boulimique, tantôt avec une attitude inverse)... Ces forums sont décidément de vrais miroirs de connaissance de soi !

Portrait de Isabelle

Bien que je n’ai pas été un bébé anorexique en tant que tel… J’aimerai apporter mon témoignage, car je pense qu’il y a tout de même beaucoup de liens… Bien qu’étant née à terme… j’étais un « minuscule bébé », je pesais 1 kg 950, autrement dit sans doute, un retard de croissance intra utérin. Paradoxalement d’ailleurs, cette première grossesse pour ma mère fut accompagnée d’une prise de poids très conséquente : 25 kg. Prise de poids bien moins importante, pour les grossesses de ma sœur et de mon frère, qui n’ont pas eu non plus de retard de croissance intra utérin… Ceci dit j’étais un bébé très tonique et en bonne santé, sans nécessité d’être placé en couveuse. Outre le fait que mon « petit poids » justifiait pour le personnel soignant de la maternité, de me faire ingurgiter systématiquement toutes les 2 ou 3 heures de l’eau sucrée par biberon… D’après ma mère, il s’est avéré dès la maternité, très compliqué de « prendre le sein », pour ce que j’en sais, entre autres pour des raisons de difficultés de succions de ma part… Dès les premiers jours, j’ai donc eu droit au lait maternel, via le tire-lait avec le biberon… Mais l’affect de « mauvaise mère », était sans aucun doute on ne plus présent… Ma mère ayant perdu la sienne à l’âge de 2 ans, je suis née ma mère avait tout juste 18 ans (ce qui n'était pas l'âge de la majorité à ce moment-là). Durant sa grossesse des « idées noires » assez évidentes… elle n’avait de cesse que de vouloir se promener dans les cimetières… J’ai compris, bien plus tard… qu’elle « cherchait » désespérément sa propre mère sans doute. Durant toute mon enfance, je suis restée une enfant chétive, voire maigre, « gavée » à grand renfort de fortifiants en tout genre. En revanche, ma sœur arrivée juste 1 an après moi, fonctionnait à l’inverse… Plutôt d’une nature ronde, ma mère n’avait de cesse de « freiner » quelque peu son appétit conséquent… Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours vu ma mère « osciller » sur son poids, de façon importante, bien qu’étant « charpentée » au vue de ma propre « ossature d’oiseau ».  Je pense qu’un état dépressif « latent », était déjà en place, avant notre arrivée à ma sœur et à moi… Et alors que nous avions aux environs respectivement 3 et 2 ans, ma mère fit une très grave dépression nerveuse… Quelques années plus tard, il y aura aussi le décès accidentel de mon petit frère… Décès d’enfants répétitifs, depuis de nombreuses générations, dont j’ai parlé dans un autre sujet…

Pour ma part, tout cela ayant été travaillé en cure analytique, je me souviens d’une séance qui me semble en lien plus directement, d’où il ressortait que j’aurai pu tout autant, ne jamais être mère moi-même…

Quand à mon poids, je suis restée très mince fort longtemps… Je m’arrondis un peu avec le temps… Mais lors de périodes de vie particulières, je l’ai toujours traduit par une perte d’appétit et de poids… Quand à ma façon d'être, ma mère a toujours dit de moi : "petite mais concentrée"...

Je dirai que je ne suis pas naturellement Zen... Mais au fond, au vue de ma trajectoire de vie, ça ne m'a pas causée que des désagréments... Bien que je m'applique maintenant à un fonctionnement qui arrondis un peu plus les angles... Je ne pense pas que j'ai été véritablement un bébé anorexique, mais il y avait quand même suffisamment de similitudes avec ce qui est dit plus haut, pour que je m'autorise à témoigner...