Ciel, ce début d'année !

Portrait de Lucile Biraud

Une de mes cousines s'est éteinte le jour du drame de Charlie Hebdo. C'est curieux d'ailleurs parce que née au Maroc, elle passait son temps à se méfier de la montée de l'Islam dans le monde... Mais là n'est pas mon propos.

Ce décès, à la lueur du mois de Janvier, m'a conduite à être en relation avec d'autres cousins et cousines, entre autres, et notamment en lien téléphonique avec un petit cousin, issu de germain, que je ne connaissais pas jusque-là. À la retraite, s'ennuyant visiblement dans son département français montagneux très enneigé actuellement, il a profité de ce deuil commun pour transférer sur moi ses réflexes qui se sont vite révélés borderline, m'inondant d'appels téléphoniques plusieurs fois par jour, de mails, de vidéos dérangeantes, utilisant des prétextes fallacieux pour rationaliser cette avalanche d'informations injustifiées. Si j'ai commencé, bien entendu, à mettre en place une distance qui s'imposait et qui va aller grandissant (les télécoms, très efficaces, le permettent rapidement !), toujours est-il que je n'ai pas attiré cette situation ahurissante par hasard...

Très surmoïque, je me suis tout d'abord flagellée intellectuellement en me rappelant que Confucius nous avait laissé en héritage une sagesse pertinente : " Un homme qui n'a pas réformé ses inclinations injustes n'est pas capable de mettre de l'ordre dans sa famille. "... Ceci dit, n'étant pas un homme, j'en ai conclu que le fautif c'était plutôt le petit cousin ! Cependant, l'histoire ne s'en arrête pas là...

Qu'avais-je ce matin au petit déjeuner ? Le récit de l'attentat au Danemark, envoyé par cet homme décidément complètement malade !

Après un rejet notoire de ces pollutions mentales, j'ai pioché dans mes connaissances thérapeutiques personnelles pour essayer d'entrer dans une paix légitime. C'est ainsi que, pour ne pas me laisser déstabiliser, je suis passée par cette triste répétition quant aux actes terroristes de 2015, imaginant naïvement que la boucle était bouclée (compulsions obligent) et que le petit cousin en avait sûrement terminé de ses projections et de ses délires... C'était sans compter sur la vivacité psychique du fou qui s'ignore : nouveau mail cet après-midi, truffé d'horreurs par proposition de vidéos détestables, que je n'ai pas regardées et que j'ai éjectées immédiatement, on s'en doute !

Déterminée à reprendre mes esprits coûte que coûte, je me suis dit, à l'instar du marquis de Villiers de L'Isle Adam, pionnier du symbolisme, qu'il y a toujours du bon dans la folie humaine... Et là tout s'est éclairci comme par magie... Voilà plus d'un mois que mes critiques dirigées vers ledit petit cousin m'aveuglent. Par voie de conséquence, mon inconscient ne pouvait que me torturer puisque je n'avais pas compris...

... Je n'avais surtout pas ressenti que j'avais oublié l'espace de quelques semaines que seul le symbolique avait vocation à me fournir la réponse qui me libèrerait...

Le 7 janvier c'est la Saint Raymond. Raymond était mon oncle œdipien (dixit la psychanalyse), décédé depuis quelques années maintenant. Quand j'étais ado, j'adorais l'écouter. Il m'avait dit que son prénom signifiait " Celui qui protège par conseils éclairés ". Je viens de réaliser, dans l'ici et maintenant, que je suis devenue professionnelle de la relation d'aide grâce à... Raymond. Une reconnaissance que j'avais ignorée et qui me permet aujourd'hui d'authentifier le rôle important que cet homme a joué dans ma vie, ayant perdu mon père très jeune... Sans omettre, mais cela va de soi, que le petit cousin a participé - avec ses moyens psychologiques déficients - à la levée du voile ! Une double reconnaissance en somme avec, comme toujours, la place du pardon pour l'ennemi qui nous fait avancer quoi qu'il en soit...

Commentaires

Portrait de Gilbert

Un grand enseignement pour moi que l'histoire que vous nous transmettez, Lucile. Pardonnez-moi le jeu de mots du titre mais s'agissant de cousin, je 'ai pas pu m'en empêcher ! Vous expliquez que lorsque l'on se sent agressé, il y a toujours moyen d'en faire quelque chose de positif, à condition de ne pas ressasser indéfiniment la pathologie du dit-agresseur. S'en protéger puis s'interroger sur le sens : votre démonstration va m'aider à me servir plus souvent de ce symbolique qui renvoie à soi... Une belle leçon pour aborder le second degré d'une situation, celui qui ne remet pas une couche au conflit externe et surtout interne. J'aime beaucoup aussi votre dernière phrase : Une double reconnaissance en somme avec, comme toujours, la place du pardon pour l'ennemi qui nous fait avancer quoi qu'il en soit...