Comment développer mon esprit de gratitude ?

Portrait de luna_95

J'ai changé de thérapeute spirituel car, comme je vous l'avais dit, ça ne passait plus du tout avec lui...

J'ai démarré un travail de réflexion avec ce nouveau prêtre en lui disant que bien que le temps passant, je n'arrivais pas à enclencher le deuil concernant la mort de mon petit garçon. Il m'a écoutée puis il m'a dit qu'il fallait que j'apprenne à systématiquement apprécier ce que j'ai et non ce que je n'ai pas. Je lui ai répondu que c'est ce que je fais depuis très longtemps, y compris avant le décès d' Enzo. Il s'est repris et m'a dit alors qu'il fallait que je vive quidée par un esprit de gratitude pour que ma peine disparaisse et que la joie revienne dans mon cœur. Comme il semblait pressé avec les préparatifs des cérémonies de Pâques, je n'ai pas osé lui demander qu'il m'en dise un peu plus sur la question. Il est bien évident que je sais ce qu'est la gratitude, qu'il me semble que je dis " merci " au Seigneur de m'aider et pour tous les cadeaux qu'Il me fait mais j'ai l'impression que le prêtre a voulu me dire autre chose...

Est-ce que vous pourriez m'aider à la compréhension réelle de ses propos ?

Portrait de Isabelle

S'il est bien évident que c'est sans doute un aspect "difficile" à développer en continu... en tout cas pour moi... car j'ai cette très fâcheuse tendance à me rebeller et à râler... Il me semble que l'esprit de gratitude, outre le fait qu'effectivement, comme vous le faites déjà, c'est remercier pour ce que l'on a... il s'agit peut-être de remercier également pour cette épreuve... (désolée si c'est un peu direct... je ne sais pas l'exprimer autrement...), dans le sens de l'acceptation... car aussi douloureuse qu'elle puisse être, elle est sur votre chemin de vie pour vous permettre d'avancer spirituellement encore et toujours, et que sans votre souffrance, il n'y aurait sans doute pas autant de questionnements et de réflexions... Bien que mon histoire soit différente de la vôtre, je suis persuadée que sans le décès de mon frère, et tout aussi "petit" que puisse être mon propre cheminement, j'en serais sans aucun doute à des années lumières... Et il m'arrive, lorsque je me sens "bousculée" plus qu'à l'ordinaire, de "remercier"... Mais personnellement, il m'a fallu beaucoup de temps, même avec un travail analytique... Et les tentations sont souvent encore là de rester dans une forme de colère... En fait, je le vois, comme cette possibilité que nous avons, d'un renouveau... qui va d'ailleurs dans le sens de Pâques... Un pardon qui permet de se re-connaître dans tous nos possibles aussi... Une sorte de "Aller plus haut"...

Portrait de cricri

J'aime beaucoup le commentaire d'Isabelle qui est plus réaliste qu'il n'y paraît si on a le courage de penser aux cadeaux que la vie nous fait malgré nos épreuves...

Comme vous êtes croyante Luna, je me permets de vous donner quelques lignes de la Lecture de la lettre aux Hébreux qui pourra vous aider (12, 5-7, 11-13). Personnellement, quand il m'arrive d'être découragée, je retravaille ce passage en notant des exemples de bénédictions que j'ai reçues :

. " Frères, n'oubliez pas cette parole de réconfort, qui vous est adressée comme à des fils :

Mon fils, ne néglige pas les leçons du Seigneur, ne te décourage pas quand Il te fait des reproches. Quand le Seigneur aime quelqu'un, Il lui donne de bonnes leçons ; Il corrige tous ceux qu'Il reconnaît comme Ses fils.

Ce que vous endurez est une leçon. Dieu se comporte envers vous comme envers des fils ; et quel est le fils auquel son père ne donne pas des leçons ? Quand on vient de recevoir une leçon, on ne se sent pas joyeux, mais plutôt triste. Par contre, quand on s'est repris grâce à la leçon, plus tard on trouve la paix et l'on devient juste. C'est pourquoi il est écrit :

Redonnez de la vigueur aux mains défaillantes et aux genoux qui fléchissent...

Et :

Nivelez la piste pour y marcher. 

Ainsi, celui qui boite ne se tordra pas le pied ; bien plus, il sera guéri. "...

Il me semble que le terme " leçon " n'est pas péjoratif ici. D'ailleurs, une leçon c'est toujours quelque chose de constructif, même si notre société conteste malheureusement de plus en plus ce grand principe. On ne répètera jamais assez que nous sommes " ici-bas " pour évoluer, pour nous amender... Tous les drames, comme la perte d'un enfant, restent une énigme, mais s'ils font partie de notre vie, c'est qu'il y a une " Grande " raison et il faut avoir la sagesse de les accepter. Ce qui revient, selon moi, à (me) dire que développer son esprit de gratitude, c'est avoir déjà la certitude que nos épreuves nous sont utiles et indispensables. Ensuite, et ce registre appartient à chacun, malgré nos douleurs, même les plus intolérables, il ne faut jamais ignorer ce que le Seigneur nous envoie aussi en positif... 

Portrait de Jean

C'est comme si l'extrait de la lettre aux Hébreux que vous citez, Crici, m'était personnellement adressée. Non pas que j'ai de grandes raisons objectives de me plaindre mais il m'arrive parfois d'être tenté de baisser un peu les bras face aux difficultés. Votre com arrive à point pour relancer la machine. C'est comme une carte postale qui m'invite à continuer à avoir la Foi. Alors, gratitude Smile

Portrait de luna_95

Vos commentaires n'ont pas été faciles à lire pour moi mais je sais que vous avez raison...

Il est sûr que je ne peux pas prendre la mort de mon enfant comme une leçon au sens premier du terme. Comme vous le dites, cette tragédie était sur ma route sans que je puisse expliquer pourquoi moi et pourquoi Enzo est parti si tôt. En revanche et même si je craque encore souvent, je sais qu'il m'a fait grandir. Ce qui prouve bien que son âme était plus évoluée que la mienne... Après, ce qui est difficile c'est de mettre dans les plateaux de la balance mon évolution face à son décès. J'ai beaucoup aimé cette phrase de la Lettre aux Hébreux qui dit : " Plus tard on trouve la paix et l'on devient juste "... C'est mon souhait le plus cher...

D'ailleurs, moi qui appréhendais tant ces Fêtes de Pâques, elles se sont plutôt bien passées... Je les ai prises de fait comme un cadeau de Dieu, comme Sa réponse à ma détresse, comme la marque de Sa présence indéfectible...