Comment donner sans rien attendre en retour ?

Portrait de Jean

J'ai lu, via un psy, qu'aucun inconscient n'est philanthrope. Réfléchissant sur la phrase " Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir " véhiculé par les sages de toutes les traditions, je trouve donc très difficile de mettre en pratique le fait de donner sans rien attendre en retour. J'essaie de le faire mais je me rends compte qu'au fond ce n'est jamais totalement gratuit et que j'attends subtilement une reconnaissance. Est-ce que vous arrivez à donner sans rien attendre ? Si oui, comment procédez-vous ? J'aimerai progresser sur cette voie car je sais que la vraie Joie se situe à ce niveau... Très difficile à emprunter et surtout à y persévérer pour moi. Merci.

Portrait de Jean-Marc

Je n'ai pas la recette non plus et Dieu qu'il est difficile de vivre l'instant au quotidien. Je réflechissais ce matin  à propos de la nature qui nous offre ses merveilles gratuitement. Et puis, en surfant sur Signes & sens j'ai fais, dans un article dont le titre est  " Choisir de s'épanouir "  un lien avec la fleur qui ne demande rien. Dans le texte, j'ai été attiré par la phrase : " Ne rien attendre, il est peut-être là le secret...  ". Et si donner sans rien attendre en retour revenait à être tout simplement sans ce sacro besoin illusoire d'avoir. Tout un programme qui demande une prise de conscience, un éveil, un épanouissement dans le ici et maintenant. Ce qui ramène à nos discussions à propos de la transmission d'Eckart Tolle.

Portrait de Michèle

Rassurez-vous Jean, je suis loin d'avoir atteint le niveau de spiritualité auquel vous faites allusion. Je m'y applique aussi mais je ne suis pas dupe. Il faut, à mon sens, une sacrée dose de détachement pour donner absolument gratuitement. Ce qui n'est pas mon cas.

Portrait de Oliver

J'ai percuté sur votre phrase à propos de l'inconscient. Ce qui voudrait dire que le bénévolat ou l'altruisme cache donc toujours certains bénéfices, même inconscient. C'est intéressant.

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Il est important de faire un distinguo, Oliver. Ainsi, il est des comportements pseudo-altruistes teintés de séduction et d'autres, réellement altruistes, mus par une authentique démarche de don. Certes l'inconscient n'est pas philanthrope, aussi est-il important de ne pas en être dupe pour ne pas utiliser l'autre comme objet de jouissance. L'exemple en est ces dames patronesses qui clament haut et fort qu'elles aident les pauvres. Pensons aussi aux dérives d'une association humanitaire telle que les  " enfoirés " qui certes récupèrent de l'argent mais dont les acteurs soignent leur carrière par la même occasion. Le rapport dominant/dominé peut s'installer subtilement et les " donneurs " peuvent vite devenir " donneurs de leçon ". A l'inverse, donner de manière totalement anonyme, sans le crier sur les toits ou sur la toile, est un comportement beaucoup plus mature qui devient un rapport de soi à soi. Faire un don conséquent dans un tronc d'église peut parfois nous arracher le coeur mais on n'en tirera aucune gloriole, ne sachant même pas qui on a aidé. A ce propos j'aime beaucoup l'épisode du bon samaritain, dans l'Evangile, qui secourt un laissé pour compte. Il donne ce qui déborde de la coupe, sans plus. Et il ne reverra même plus la personne qu'il a aidé, l'ayant simplement aidé à reprendre sa route.

Portrait de Régis

Vos explications à propos du bénévolat me donne envie de méditer cette magnifique parabole du Bon Samaritain. Merci !

Portrait de Gilbert

En cette période de Carême, il est intéressant d'approfondir cette question du don. Un moine disait ce matin à la télévision, évoquant St Paul,  qu'il est question de se dépouiller de nos suffisances, de nos certitudes en reconnaissant le Christ chez le plus démuni chez celui qui ne correspond pas à nos canons de beauté, de statut social, d'intelligence. Tout un travail sur soi.

Portrait de Jean

Cette citation transmise par notre ami Thierry sur une autre discussion a, il me semble, toute sa place dans cette discussion. Avec un grand merci pour vos éclairages !

Portrait de Thierry

Jean,
Je partage avec vous ce proverbe soufi : "La sincérité est la perle qui se forme dans la coquille du coeur" qui me parait adapter à votre questionnement initial.

Après je ne vais pas faire "étalage" de mes actions de dons mais pour moi l'important est d'être en lien avec mes valeurs et mes convictions. Dans ce cas, je suis presque sûr de ne pas me tromper puisque je serais en accord avec moi-même

Bien à vous.
Thierry

Portrait de Jean

Très beau proverbe. Merci Thierry !

Portrait de Lakshmi

Choisir de servir plutôt que d'être servi. Les indiens appelle ce yoga la Bhakti.

Portrait de jenny.brisson

Comment partager quand il n'y à personne de réceptif ? Le débat est lancé. Merci.

Portrait de Gilbert

Bonjour jenny.brisson et bienvenue à vous sur ces forums.

Votre question est assez lapidaire mais intéressante. J'ai envie de vous dire : que désirez-vous partager ? Pour ma part je crois être relativement réceptif mais encore faudrait-il que je sache à quoi. Pourriez-vous nous en dire davantage ?

Gilbert

Portrait de Viviane

Bonjour à vous jenny.brisson. A titre personnel, et ma vision des choses vaut ce qu'elle vaut... Je trouve encore aujourd'hui, que les "actes gratuits" dans le sens d'un réel partage, sont souvent "compliqués" pour moi... Tant il est difficile de ne pas y trouver son propre intérêt... Cependant, je pense que partager sur ces forums, est déjà en soi, un véritable partage... Mais, et c'est là où votre question m'interpelle jenny.brisson, c'est que je ne comprends pas votre titre "Oracle ou pas ?"... Et je crois également, que si vous avez le "sentiment" qu'"il n'y a personne de réceptif", c'est peut-être alors qu'il faut peut-être un peu revoir de votre côté, ce que signifie "réceptivité" pour vous ? Vous dites "le débat est lancé"... Plutôt que "débat" je préfère de mon côté "dialogue et communication"... Ce n'est que mon avis en tout état de "causes"...

Portrait de Jean

Tout d'abord bienvenue, jenny.brisson et merci d'intervenir sur cette discussion que j'ai proposée. J'avoue que j'ai - comme Viviane - des difficultés à saisir le sens de votre titre. Parlez-vous de voyance ou pas ? C'est le terme oracle qui m'y fait penser. Je pense aussi que le partage va dans les deux sens. Vous lancez un débat, mais peut-être faut-il récupérer la balle quand elle est dans votre camp. Sinon le match s'arrête (rires). En espérant que vous relanciez le jeu (je)... Sachant que j'essaie de ne rien attendre en retour, quoi qu'il en soit !

Jean

Portrait de Christine-zen

Je dirais à Jenny.brisson que si " nul n'est prophète en son pays ", il y a de toute façon toujours quelqu'un alentour qui ne demande qu'à partager et qui, par conséquent, est réceptif !

Portrait de Sofia M

Je ne pense pas que l'inconscient soit façonné pour donner et ne rien attendre en retour... En revanche, ce qui pourrait sembler un défaut ne l'est pas fondamentalement à mon sens car ce processus permet des échanges, qui sont ce qu'ils sont mais qui sont là bien tangibles. C'est d'ailleurs sur ce point précis que Jacques Lacan parlait de communiCÂtion en mettant volontairement un accent sur le A du phonème CA qui, une fois doublé, en dit long sur l'alternance de transferts positifs et négatifs utilisés par les êtres humains...

Portrait de Orlan

J'ai mes limites d'humain basique. Je donne et, même si je ne tiens pas de comptabilité (encore heureux !!!), quelque part j'attends ne serait-ce qu'un merci... Merci qui d'aileurs souvent ne vient pas de qui il devrait venir mais ça c'est une autre histoire, et qui vient de quelqu'un d'autre ou du dénouement inattendu d'une situation... 

Portrait de Lilou.G

Au petit enfant auquel on donne un biscuit, en lui tendant cette friandise on apprend à dire merci dès que ses petits " DOIT " la saisiront... Pétri de cette mémoire identificatoire, il la fera sienne : plus grand, il donnera à son tour et attendra un merci qui permettra d'avancer dans l'échange... C'est en partant de ce recevoir et entre personnes civilisées que les mots se disent, renforçant un narcissisme qui a en général la fâcheuse tendance à défaillir à la moindre déception ou autre déconvenue... Donner et ne rien attendre en retour est donc de l'ordre du leurre !

Portrait de Amélie

Je vous avoue que je me suis sentie rassurée à la lecture des réponses "techniques" (je commençais à me dire que j'étais particulièrement égoïste, ne sachant pas comment "donner sans en rien attendre")... Car même si je ne comprends pas nécessairement tout ce qui est développé dans ces posts, je pense en saisir l'essentiel... Ce qu'explique Lilou.G, sur le fait que le petit enfant apprend à dire merci... C'est extrêmement aisé pour ma compréhension... Et je saisie d'autant plus l'importance de continuer à développer le sens du mot "merci" dès le plus jeune âge... Politesse et merci sont les premiers "fondamentaux" dans l'échange humain... Conserver "ses et ces" règles basiques c'est permettre à l'Humanité de continuer son évolution... 

Portrait de cricri

Prier et remercier en faisant un don en... attendant...

Portrait de Jean

Je viens de lire vos posts faisant suite à ma dernière intervention dans cette discussion. Je dois vous dire merci car je n'en " attendais " pas autant. Vos commentaires m'ont procuré une vraie joie. Tout d'abord parce que vous m'avez déculpabilisé tout en m'apportant finalement les réponses que j'attendais. " Donner et ne rien attendre en retour est un leurre " écrit Lilou G. C'est une véritable libération pour moi. Et l'exemple du tronc d'église montre que nous avons en nous une espérance, dans le sens de la nécessité de donner... en attendant (j'ai beaucoup aimé ce " en attendant ") car il nous oblige à attendre, à patienter, à ne pas savoir ce que ce geste va nous apporter. Par ailleurs,  les explications didactiques, via Notre amie Sofia M.,  de cette  " communiCÂtion " vu par Jacques Lacan m'a beaucoup éclairé. Quant à Orlan, il me conseille subtilement de faire preuve d'une plus grande humilité et d'arrêter de me prendre pour le Christ. En clair, vous m'avez beaucoup plus apporté que ce que vous pouvez imaginer. Et je vous dois un GRAND MERCI.