Comment gérer sa colère ?

Portrait de Jean

J'ai entendu hier sur Internet une conférence faite par un psychiatre prônant ce qu'il appelle " la psychologie positive ". Il disait que, selon des études médicales dans ce domaine, la colère est l'émotion la plus toxique pour la santé, et notamment au niveau cardiaque. J'ai bien compris ce danger. Comment alors la gérer lorsque l'on se sent victime d'une injustice ? Faut-il la refouler et devenir un béni-oui-oui ? Ce psychiatre disait qu'il fallait l'exprimer dès le début et non la refouler. Un paradoxe dans la mesure où il n'a pas donné véritablement d'exemple précis. Je pose cette question qui m'intéresse car mon père était une personne très colérique et que j'en ai souffert enfant, comme les autres membres de ma famille d'ailleurs.

Portrait de Gilbert

D'après ce que j"en sais, la psychologie positive nous vient des Etats-Unis. Des chercheurs en neuroscience ont mesuré, selon des protocoles scientifiques, les effets néfastes de la colère sur les organes et en particulier le système cardiovasculaire. Ce qui prouve objectivement les découvertes empiriques de la psychologie grâce à l'imagerie médicale. Très bon point pour une approche plus holistique (l'homme n'est pas seulement un corps matériel) de la médecine psychiatrique. Je pense que la colère est une émotion qui n'épargne personne et qu'il faut prendre en compte dès qu'elle émerge en nous plutôt que de systématiquement la refouler et attendre que " ça " explose de tous les côtés. C'est peut-être ce qu'a voulu dire ce psychiatre : dire les choses calmement quitte à s'opposer plutôt que de les taire.

Portrait de Jean-Marc

Si c'est le psychiatre auquel je pense, indépendamment de la psychologie positive, il fait pratiquer à des patients guéris qui le désirent (pour éviter les rechutes) la méditation de la pleine conscience. Il s'agit en fait d'être vigilant sur nos fonctionnement interne sans les juger en se centrant sur la respiration. On retrouve d'ailleurs les mêmes méthodes en Yoga. Mais cela demande une pratique de tous les jours.

Portrait de Lakshmi

Osho est un spiritualiste qui a intégré les apports de Freud et de Jung. J'ai un livre qui s'appelle " Être en pleine conscience. Une présence à la vie ". Il y développe cette nécessité à devenir de plus en plus présent à soi-même, ce qui va, me semble-t-il, avec les propos de ce psychiatre.

Portrait de Louis

Je crois que la méditation de la pleine conscience est influencé par le Boudhisme. On n'invente rien finalement. On ne fait qu'actualiser. Pour cette tradition, la colère est un obstacle à la paix du coeur et à la sérénité. D'où l'outil méditatif.

Portrait de Régis

Les Bouddhistes insistent sur le fait de ne pas s'identifier à la colère pour qu'elle ne prenne pas toute la place. Même Jésus a eu une colère avec les marchands du temple mais on le dit quand même doux et humble de coeur...

Portrait de Michèle

Il me semble que selon l'histoire de chacun, la colère se manifeste de manière différente. Il suffit de regarder les enfants. Certains sont plus colériques que d'autres.

Portrait de Nadia

Ayant eu une mère - un peu comme le père de Jean -  qui se mettait fréquemment en colère, chaque fois que quelqu'un élève le ton j'ai un grand sentiment de malaise et j'ai envie de me mettre dans un trou de souris. Du coup, j'ai beaucoup de mal à exprimer mon mécontemant parfois. Je garde tout en moi et ensuite, au bout d'un très long temps, la coupe déborde et j'explose n'importe comment, comme s'il fallait que je laisse sortir d'un coup quelque chose qui me mine... Pas évident à gérer !

Portrait de M.Christine

Je comprends, Jean, que vous ayez souffert de la colère de votre père .

A mon avis, on n'est pas obligé de se mettre en colère chaque fois qu'on se sent victime d'une injustice . Il y a d'autres moyens de se faire comprendre ! La colère arrive quand on se sent vraiment impuissant à exprimer autrement un mal-être . Il paraît même que cela cache une peur à son origine .

J'ai aussi entendu dire que ce qu'on exprime extérieurement influe sur le sentiment intérieur . Autrement dit, une colère qu'on laisse éclater paraît soulager dans un premier temps, mais va entretenir le mécontentement intérieur par la suite .

Celà dit, la colère est humaine . Je pense que ce n'est pas un drame si on pousse parfois un cri de ras-le-bol, mais sans le diriger contre quelqu'un en particulier, sinon le négatif risque de nous revenir comme un boomerang .

L'idéal est de ne pas s'identifier à ce sentiment, et cela demande un travail sur soi de plus ou moins longue haleine, comme l'expliquent plusieurs foromers .

Portrait de Jean

Merci, M. Christine pour votre réponse. Je sais effectivement aujourd'hui que mon père se défendait comme il pouvait d'une grande fragilité psychologique. Une insatisfaction chronique.

Portrait de Nadia

Vous avez raison M. Christine, lorsque j'explose je me sens toujours coupable après. Il est important que je ne m'identifie pas à cet état et que je travaille sur moi.

Portrait de Lakshmi

Je suis d'accord avec le fait que la colère masque une impuissance. Et surtout qu'elle ne règle rien en profondeur même si les coups de gueule peuvent faire du bien à l'instanté... il y a certainement d'autres moyens pour poser des limites en amont. D'un autre côté, un peuple en colère peut faire une Révolution. Mais c'est qu'il avait été trop affaibli pendant des siècles...

Portrait de Isabelle

Et c'est sans aucun doute, un vrai grand travail personnel... La colère a aussi été, et paradoxalement, une sorte de "moteur" dans ma vie, dans certaines situations, même si je "sais" très bien, que c'est un mécanisme de défense au fond... Pourtant, quelquefois, lorsqu'il y a une vraie situation de danger, le fait de se mettre en colère, peut être protecteur pour soi tout de même... C'est vrai, que mon travail analytique, m'a "appris" à mieux "canaliser" ces élans premiers... Y compris, en "comprenant" pour moi-même, que les colères récurrentes de ma mère qui pouvaient être de vrais "pétages de plombs", étaient aussi un "miroir" à prendre en compte, comme "mesures" à ne pas dépasser, dans ce cas, pour ne pas "être en mauvaise identification"... Je suis d'accord avec le fait que lorsqu'on se met en colère, il y a bien évidemment une culpabilité qui jaillit aussi après... Mais, et sans faire du tout l'apologie de la colère ! Cette culpabilité, est là aussi, pour indiquer, que le surmoi fonctionne... Ce que je veux dire, c'est que la colère n'est pas bonne conseillère, certes... Mais un individu qui "refoule" systématiquement sa colère, ou qui n'en a jamais, en tout cas au conscient... Se met aussi en danger... Il m'arrive encore de me mettre en colère, et même si je peux en arriver à m'excuser ensuite, tout au moins "expliquer" cette colère... C'est aussi un peu ma façon d'être, qui "mieux canalisé", reste une part de moi aussi...

Portrait de Gabrielle

Il m'arrive de me laisser aussi aller à la colère. J'aime bien votre expression de  " mécanisme de défense ". Je n'ai pas fait de travail analytique mais je peux comprendre ce que vous expliquez. Et surtout, vous me déculpabilisez un peu, vous qui avez fait une psychanalyse -  car je me trouvais un peu anormale avec ce défaut. Ce qui veut dire que la perfection n'est pas vraiment de ce monde et que chacun fait ce qu'il peut, le tout étant de ne pas être dupe. Merci !

Portrait de fred67

Malheureusement je n' ai jamais vraiment appris à gérer mes émotions et je suis justement fort émotive , alors je garde tout à l ' intérieur de moi et c' est dur. Avec mon hypersensibilité je peux vivre des crises de nerfs à l ' intérieur pendant plusieurs jours. Je ne trouve pas d ' autre solution.

Portrait de Régis

J'étais un peu comme cela lorsque j'avais 40 ans. En ce qui me concerne, comme je suis croyant, c'est un prêtre qui m'a beaucoup aidé. Mais il peut s'agir d'une autre personne, un médecin, un pasteur, un psy, un coach... Faites-vous aider Fred67.

Portrait de Jean

Ce qu'il sort de tous vos commentaire, c'est que la colère est mauvaise conseillère. Merci à tous. Entre temps je suis allé fouillé un peu sur le site de Signes & sens et j'ai trouvé un article de Marie Borel très pratique. Je vous le partage : http://www.signesetsens.com/developpement-personnel-je-ne-me-mets-plus-en-colere.html

Portrait de Allain

Attention quand même à ne pas être excessif en gardant sa colère intériorisée: grand nb de cancers digestifs en découlent...

Portrait de suzy

Juste intervention Alain...

Une colère peut être justifiée et remettre les choses dans l'ordre. Le problème c'est la confusion qui est faite autour de cette émotion: qui dit colère ne signifie ni violence verbale ni violence physique ni violence tout court. Libérer sa colère c'est exprimer son mécontentement en parlant de sa souffrance mais il est possible (et conseillé) de le faire en utilisant un ton ferme avec un vocabulaire respectueux.

Portrait de Cécile

Ce n'est pas un détail que votre info. Une colère rentrée est donc indigérable.

Portrait de Nadia

Je vous remercie, Allain et Suzy pour vos précisions. Elles me montrent que je ne suis pas tout à fait à côté de la plaque même si j'ai de gros progrès à faire du côté d'une juste expression de la colère. Utiliser un ton ferme avec un vocabulaire respectueux en parlant de ma souffrance. Une véritable clé pour moi. Je vous assure, vous m'avez fait beaucoup de bien et je sais maintenant comment je dois travailler cette émotion. Encore merci aussi à Jean d'avoir initié cette discussion qui se conclut ici comme une véritable révélation. Je n'oublie bien sûr pas tous nos amis foromer qui chacun ont eu la gentillesse de donner leur point de vue. Forums fabuleux. Dommage que certains s'en privent. J'ai des amis autour de moi qui viennent lire régulièrement et qui n'osent pas s'engager. Pourtant je sais qu'ils auraient beaucoup de choses à dire...

Portrait de Younes

Je n'avais pas réfléchi sur cette émotion en profondeur. Passionnant !