Comment réhabiliter ses parents ?

Portrait de Elise

Question pour une copine de boulot...

Elle est suivie par un psy depuis un an à peu près. Ses parents ont eu souvent affaire avec la police pour des histoires d'escroqueries. Elle en a beaucoup souffert adolescente, surtout quand elle a compris certaines choses qui lui semblaient étranges... Elle est partie vivre chez ses grands-parents et petit à petit, elle a ressenti du dégoût pour ses géniteurs. Comme elle a rencontré d'énormes problèmes de santé psychologique, elle a fini par se décider à faire une psychothérapie.

Avant-hier, elle a eu une séance qui ne s'est pas très bien passée selon elle. Son psy lui a dit qu'il serait temps qu'elle réhabilite ses parents. Elle lui a demandé comment elle devait faire. Il paraît qu'il s'est levé brutalement, qu'il lui a ouvert la porte de son cabinet et qu'il n'a plus prononcé un mot. Il ne lui a même pas dit au revoir.

Elle pleure depuis et elle est furieuse à la fois.

J'aimerais savoir ce que signifie " réhabiliter ses parents " et comment elle peut faire pour y arriver parce que sur ce coup, je ne la sens pas trop ?

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Elise, je comprends votre inquiétude quant à votre copine. Toutefois, je pense qu'il ne faut pas trop cautionner un comportement et un discours qui peuvent vous laisser entendre que le psy ne fait pas bien son travail.

Votre amie est suivi depuis près d'un an et je suppose que les choses ont avancé quant à ses problèmes de santé psychologique. Il est impossible de porter un jugement sur cette séance un peu particulière, d'autant que vous ne possédez qu'une seule version de ce qui s'est passé.

Au cas où les choses seraient vraiment produites telle que le relate votre amie, le psy a certainement pensé qu'il était temps pour sa patiente de prendre sa destinée en main et a fait en sorte de la pousser un peu énergiquement du nid douillet de la thérapie. S'il a agi ainsi, c'est qu'il a ses raisons et qu'il la sent maintenant assez solide pour s'interroger seule.

Votre copine de travail, dites-vous, ressent du dégoût pour ses géniteurs. Pourtant, elle est issue de l'amour de ce couple, aussi discutable soit-il. Le travail d'un psy consiste justement à faire accepter au patient son incarnation. Le professionnel ne peut pas prendre indéfiniment la place des véritables parents, cas auquel la psychothérapie serait interminable et deviendrait infantilisante.

En résumé, faites confiance en votre copine et en son psy et ne vous imiscez pas de  trop dans cette histoire, qui ne vous appartient pas...

Portrait de Danièle-Dax

Je crois que pour réhabiliter ses parents il faut toujours se souvenir de ce qu'ils ont fait de bien pour nous: ils nous ont nourri, ils nous ont habillé, ils nous ont abrité, ils nous ont gâté, ils nous ont pardonné, ils nous ont donné la possibilité de faire des études, ils nous ont appris la politesse, ils nous ont appris à coudre ou à jardiner, à faire la cuisine ou de la maçonnerie, et tant d'autres choses encore qui nous ont structuré et qui nous structurent encore... Donc ne jamais oublier tout ce qu'ils nous ont offert de positif...

Portrait de Aglaé

Je crois que Gilbert a tout dit !

Personnellement, s'il y a une phrase qui m'a soutenue dans cet réhabilitation, c'est que les parents "font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont " !

Portrait de Isabelle

Un travail d'analyse bien mené permet aussi de réhabiliter ses parents, c'est essentiel pour soi-même et pour les générations suivantes. Je suis d'accord ! Les parents font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils sont... Personnellement si je devais donner un aspect positif et constructif que m'ont transmis chacun de mes parents ? Ma mère a su faire passer une approche de la nature pleine de vie. Mon père a su faire passer aimer le travail bien fait... Je me suis laissée dire très récemment : "Votre mère vous a porté 9 mois"... Réhabiliter ses parents c'est aussi intégrer un principe de réalité : nous sommes issus d'eux ("nous venons de" également d'ailleurs). Et tant qu'on ne l'accepte pas, comment "accepter l'autre" sans jugement ?

Portrait de Elise

Je pense pouvoir lui communiquer vos conseils sans trop de difficulté. Mais j'ai eu une idée ce matin : je vais lui dire que ses parents, comme tout un chacun, peuvent mourir brutalement et qu'une fois qu'ils seront au cimetière, ce sera trop tard et qu'elle n'aura plus que ses yeux pour pleurer... Parce que demander pardon devant une tombe, ce n'est pas évident quand il n'y a personne qui répond...