Je viens proposer cette discussion à la suite d'une courte conversation lors des Fêtes de fin d'année avec un ami sur les choses de Dieu. Cet homme, très agréable au demeurant, m'a expliqué qu'il avait beaucoup de mal à parler de Dieu et - voire à en rejeter même l'idée - car il avait beaucoup souffert de la psychorigidité d'un pensionnat religieux où ses parents l'avaient mis. Il m'a expliqué qu'il a tout fait pour se faire renvoyer, y a réussi et a commencé à revivre lorsqu'il a fréquenté un lycée laïque. Il est bien évident que je n'ai pas appuyé là où ça faisait visiblement mal. Avez-vous eu ce type d'expérience, vous ou votre entourage ? Comment positiver ces histoires particulières sans se braquer contre la religion ?
Younes
Ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain !
J'ai moi aussi baigné dans un univers religieux dans lequel je me suis senti etouffé. Non pas à l'école mais dans ma propre famille où les rituels prenaient le dessus sur la communication. J'en suis même arrivé à me couper des miens en rejetant en vrac les préceptes religieux. Une histoire amoureuse hors norme avec une femme que ma mère a tout de suite rejetée. De surcroît cette femme était plus âgée que moi est athée. Ce n'est qu'il y a peu de temps que je redécouvre ma tradition religieuse - grâce aussi à ces forums - en me rendant compte que la spiritualité n'est pas une question de dogme. Je crois qu'il a fallu que je passe par un moment de rejet, que je m'autorise à vivre par moi-même quitte à m'opposer pour revenir à l'essentiel de ce que transmettent toutes les religions. Le seul fait que votre ami ait pu vous livrer cette épisode de sa vie sans qu'il se sente juger constitue, à mon sens, un premier pas vers cet essentiel qui n'exige pas d'adhérer à une institution religieuse. Quelqu'un a dit ici lors d'une discussion qu'il n'était pas nécessaire de jeter le bébé avec l'eau du bain lorsque l'on a eu affaire avec une éducation religieuse psychorigide. Et je crois que j'en suis un peu là.
Cécile
Spiritualité plutôt que religiosité
Ayant pris beacoup de distance avec l'institution ecclésiale depuis mon divorce, il me semble que cela a paradoxalement renforcé une foi authentique débarrassée d'un certain formalisme religieux. Dieu n'est la propriété d'aucun culte, me semble-t-il. Le fait que votre ami ait souffert des défauts de la religiosité n'exclut pas sa soif de sens et donc de spiritualité.
Isabelle
Une relation intime
Dans ma fratrie, nous avons uniquement été baptisé, par simple tradition... Ma mère, du plus loin que je me souvienne, a toujours été en opposition aves les rituels et encadrements religieux, ayant vécu elle aussi, une expérience en pensionnat chez les soeurs dont elle a gardé de forts mauvais souvenirs... L'époque ou il fallait dormir les bras hors des couvertures par exemple... Paradoxalement, j'ai pourtant souvenir, que lorsque nous passions en voiture, devant un cimetière, elle nous demandait d'envoyer un baiser à notre grand-mère... Ou bien aussi, que nous faisions chaque soir, une petite prière, à genoux sur le lit, face à un petit "cadre" bleu, représentant un petit ange portant notre prénom... Les quelques mots de cette prière enfantine disaient à peu près : "Petit Jésus, protégez mon papa, ma maman, toute ma famille et tous les gens que j'aime. Je vous envoie un gros bisou"... Je pense encore aujourd'hui, que celà à "influencé" mes propres interrogations, questionnements, et une volonté chez moi, à développer ma relation intime à Dieu... Bien plus tard, en tant qu'adulte, j'ai fait le choix lors de mon premier mariage, d'une union en passant par le chemin de l'Eglise, puis encore de "faire ma communion"... Depuis, et selon mon "propre chemin", ma relation intime à Dieu s'est aussi "transformée" au fil du temps et de mes expériences de vie... Mais toute aussi "chancelante" que puisse être ma foi... Cette "communion" avec le Divin reste présente... Et malgré toutes mes "errances"... "Prier" continue de m'accompagner au quotidien... Et je "crois", que sans le "vouloir" peut-être... Mes parents ont participé tout de même à en jalonner mon chemin...
Gilbert
Séparer le bon grain de l'ivraie
Comme le dit Isabelle, toute éducation comporte ses bons et ses mauvais côtés, qu'ils soient d'ordre religieux ou non. Votre ami n'a certainement pas vécu que du négatif dans son pensionnat... Et puis, comme je ne crois pas au hasard mais en Dieu, je suis sûr qu'un sens jaillira de tout cela. Le poète, chanteur et musicien Léo Férré a souffert aussi de cette situation étant enfant, ce qui ne l'a pas empêché de largement subblimer...
Jean-Marc
Trouver sa voie !
J'ai été élevée par une mère très dévote dans le catholicisme. J'ai éprouvé aussi le besoin de m'en éloigner. Ce qui n'empêche qu'avec le yoga, j'ai trouvé ma voie spirituelle et je comprends mieux aujourd'hui le sens des " mantras " chrétiens comme par exemple le " Kyrie Eleison " que j'ai eu l'occasion de chanter dans le cadre d'une formation en " Yoga du son " dans une chapelle abandonnée que ma mère, en lien avec le curé du village, m'avait proposé comme lieu...
Jean
Des témoignages qui me font voir cet ami autrement !
Merci pour vos témoignages et commentaires. Ils me permettent de voir cet ami autrement et surtout de partager avec lui sans a priori. Bonne journée de l'Epiphanie !