Complexe de supériorité

Portrait de Aglaé

Je pense que nous avons tous rencontré, un jour, cette personne qui a déjà tout fait, tout visité, qui travaille mieux et plus que tout le monde, cette personne sans qui le monde s'arrêterait probablement de tourner.. Cette personne qui, mis en miroir, nous renvoit le reflet de la médiocrité, nous dénarcissise et nous fait nous sentir plus petit que petit ! Cette personne qui, selon tout un chacun, a un "complexe de supériorité" monstreux.

Mais si nous prenons en considération que le complexe de supériorité ne fait que masquer le complexe d'infériorité, et que plus l'un est grand, plus l'autre est profond, comment se positionner afin de s'en protéger, d'une part, et éventuellement, aider à le faire chuter ? En évitant, bien sûr, de se prendre pour le Sauveur !!

Voilà mon questionnement nocturne ! Je me réjouis d'avoir vos avis Smile

Portrait de Hugo Natoli Psychanalyste

Bonjour Aglaé,

Comme vous le dites si bien, vouloir sauver l'autre est un voeu pieux.
"Plus l'un est grand, plus l'autre est profond", cette phrase peut vous donner un éclairage... Le couple d'opposés "supérieur/inférieur" ( qui devient vite dominant/dominé )  pourrait alors se transformer en "supépriorité/profondeur" d'esprit. En miroir, cette personne vous fait voir cette partie de vous à exploiter (pour ne plus vous laisser exploiter) .
Le thérapeute Thomas d'Ansembourg préconise de " mettre plus de vie dans les choses que nous faisons plutôt que plus de choses à faire dans notre vie ". 

Portrait de Gilbert

Bonjour Aglaé,

Ma déjà  longue vie - et j'en rend grâce ! - m'a fait rencontré ce type de personnage que vous évoquez. Ils vous font, parfois même malgré eux, culpabiliser à outrance. Ils deviennent les modèles incontournables, consciemment ou inconsciemment. On oublie simplement qu'ils ne sont que des êtres pas plus mauvais et pas meilleurs que d'autres. Pour sortir de leur influence dans laquelle - soit dit en passant - nous sous sommes nous-mêmes enfermés parce que cela nous a bien arrangé à un moment de notre existence, il est urgent d'objectiver ce que nous sommes capables de faire et qu'ils ne font pas. Ce peut-être tout à fait anodin. Mais en mettant cela bout à bout sur une feuille de papier, on réalise que l'on n'a pas besoin de ses conseils faussement surmoïque. En clair, il s'agit de " laisser " l'autre à ses histoires, sans vouloir surtout le changer ni entrer dans une conflictualisation stérile, comme dit Hugo, mais de se centrer de jour en jour sur soi. Le détachement se fera alors tout naturellement et si ce " sujet-supposé-savoir ", comme disent les psys, est vraiment intelligent, il reviendra de lui-même en " ça " voir un peu plus ! Excellente après-midi à vous !

Portrait de Igor.P

Que je vous comprends Aglaé, je traverse un peu les mêmes difficultés depuis quelque temps avec ma compagne, et je sais que ce n'est pas facile à vivre... Pour ma part, j'essaie de ne pas rentrer dans la recherche de conflit de l'autre. Dès que je sens que ma compagne cherche à prendre le dessus en me faisant culpabiliser et autres tactiques, je vais vaquer à mes occupations quitte à prétexter du travail à finir dans mon atelier ( je suis artisan). Ce n'est peut-être pas la meilleure solution mais au moins j'y passe un peu moins d'énergie et pendant ce temps là, j'en profite pour évaluer la situation et réfléchir à comment en sortir.
Je me suis aussi apperçu au fil du temps que la où elle appuyait, c'était là où j'avais des doutes intérieurs quand à moi, une sorte d'auto-jugement négatif intérieur, qui faisait que forcément je partais au quart de tour!

Portrait de Juliette

Votre post Aglaé m'a tout de suite fait penser à ma grand-mère. Après le bac, je suis allée en Fac et en 3ième année j'ai été en difficulté. Ma mère est venue me chercher à la Fac car elle a sentie que ce qui posait problème ce n'était pas forcement au niveau scolaire. Et bien la première chose que je lui ai dit c'est "Que va penser Mémé?". Il m'a fallu l'analyse pour comprendre que j'avais idéalisé ma grand-mère sur le plan des connaissances (elle y a bien contribué), qu'elle était sur un supposé-savoir comme dit Gilbert et que je m'étais réduit de ce fait. J'avais fantasmé que ma grand-mère avait été enseignante alors qu'elle avait fait quelques remplacements dans le bled au Maroc, ses connaissances se limitent à une partie de l'histoire qu'elle nous a "rabachée" maintes et maintes fois : vous savez la fameuse phrase "la culture, c'est comme la confiture, moins on en a, plus on l'étale". Désidéaliser ma grand-mère m'a permis de lâcher une pression quant à ma propre réussite et m'a permis de me réaliser quant à moi.

Portrait de Aglaé

Merci à vous tous pour vos réponses Smile Toutes, à des niveaux différents, me donnent des éléments de "réponse". J'ai tout lu plusieurs fois (pour bien comprendre ?!), et tout se résume parfaitement à travers vos titres : On ne peut rien pour l'autre, si ce n'est le laisser face à lui-même..se recentrer sur soi-même en ne rentrant pas en conflit et désidéaliser ! Merci Smile

Sans surprise, la personne dont je parle est le père de ma fille. Pour tout vous raconter, il n'est pas allé jusqu'au bac. Il est allé au lycée militaire de St Cyr et s'en est fait renvoyé pour problèmes de discipline. Son père est ancien colonel de gendarmerie. Du coup, il s'est formé tout seul à l'informatique, qui le passionne., et il a atteint un niveau d'ingénieur. Comme c'est un perfectionniste, il n'accepte que le meilleur (ce qui est un compliment pour moi, je dois dire !!). Il a commencé à travailler dans une entreprise à renommée internationale et, chose exceptionnelle après moins d'une année, vient d'être promu. Depuis 2 mois, il travaille du matin jusqu'au milieu de la nuit, du lundi au dimanche, ne mange pas vraiment, est pendu à son téléphone et son ordinateur et ne parle et ne s'occupe que de son boulot. Il a même changé physiquement, il a adopté une posture "hautaine", et nos amis l'ont remarqué. D'ailleurs, sa vie sociale est quasi-inexistante.

Cette semaine, notre fille a été malade. C'est moi qui ai dû rester à la maison avec elle. Bien sûr, ma place était auprès d'elle mais je suis toujours dans ma période d'essai..heureusement ils ne m'en ont pas tenu rigueur. Néanmoins, lorsque la nounou m'a appelée pour me dire que notre fille n'était pas bien, il m'a engueulée sous prétexte que je ne lâchais pas tout pour aller la chercher, qu'elle devait être notre priorité et qu'il ne voulait pas entendre parler de mon boulot..... Tout ceci depuis son téléphone de bureau, bien entendu ! Si j'ai le malheur d'exprimer de la fatigue, il me dit que ce n'est pas moi qui travaille 14h par jour, qu'élever un enfant n'est tout de même pas fatigant et que je refuse de me remettre en question ! Surtout que notre fille me fait tourner en bourrique en ce moment !!! J'ai l'impression qu'elle me fait payer d'être retournée travailler.. Tiens, bourrique = âne = bête = mon complexe d'infériorité ?! "ça" me parle.. Surtout que j'ai trouvé du boulot dans une entreprise plus petite que celle de mon ex-ami et je vous laisse deviner ce que "nous faisons" : des logiciels informatiques, entres autres....!! Et je suis toujours en train de dire que "je n'y comprends rien"... 

Merci à vous tous encore pour vos réponses qui me font beaucoup réfléchir...comme d'habitude ! Wink

Portrait de Cécile

Bonjour Aglaé,

Vous nous livrez là avec confiance une véritable " Histoire " que je qualifie de spartiate dans la mesure où l'acharnement au travail de votre ami semble quasi guerrière et à mon sens discutable ! Serait-il devenu le colonel, le chef des " gens d'armes " ? C'est en effet devenu la vie de caserne Smile à la maison ! Vous ne paraissez pas comprendre votre situation de " petit soldat ". Pas d'inquiétude, je crois que tout cela a du sens, et comme dit dans une discussion sur le forum... " Derrière tout " mâle " se cache un " bien ". Dites-vous, indépendamment de la pression hiérachique de votre ami, que vous faites bien. Cela sans vous identifier à l'agresseur qui apparemment voudrait vous donner la place de l'"indiscipliné ". Donnez du sens à votre travail tout en vous centrant sur vous. Cultivez vos passions, un hobbie, quelque chose qui vous fait vibrer. En ce qui me concerne, comme expliqué à Flora dans un autre commentaire, c'est la musique qui me permet de donner une respiration à mes  " obligations " professionnelles en tant que  " secrétaire " (secret-taire). On appelle l'armée la " Grande muette ". Et la gendarmerie, il me semble, a longtemps fait partie de l'armée. Je crois qu'aujourd'hui elle  " dépend " du ministère de l'Intérieur. Soignez donc votre intérieur, centrez-vous et vibrez à partir de votre centre intime tout en acceptant une situtation qui, quoi qu'il en soit, est là pour vous faire évoluer ! Amitiés...

Cécile

Portrait de Isabelle

En lisant les différents commentaires qui vous sont fait Aglaé, je ne peux que réagir à l'unisson... Pour des raisons personnelles, ce que vous livrez et vivez me parle "bien" également... J'aime aussi beuacoup la com de Cécile et le "derrière tout "mâle" se cache un bien"... Si je devais faire à l'instant "t" un bilan de ce que je ne me pensais pas capable de faire, voire de comprendre, il n'y a pas si lontemps encore... J'en aurai pour un temps conséquent à lister sur ce forum (rires) ! Ce que m'ont permis d'intégrer peu à peu, mes "divers agresseurs, moi qui était une super victime..." (autodérision à titre tout à fait perso !), c'est que tant qu'on accepte de se laisser réduire par l'autre (dont le bénéfice premier entre autres, pour soi est, vous le dites d'ailleurs vous-même, de copieusement alimenter ce "foutu" complexe d'infériorité...), il n'est pas possible de véritablement nous accorder la place que nous méritons... Donc, et je sais que vous avez les ressources en vous, ne vous laisser plus "piétiner"... Surtout ne lâcher pas votre nouveau job... Sous aucuns prétextes... Courage ! Amitiés

Portrait de Aglaé

Cécile, moi aussi, ma passion, c'est la musique ! Et tous les liens que vous faîtes dans votre commentaire me poussent en ce sens. Je réalise depuis combien de temps, je suis "muette" et n'ai pas chanté...sous de fallacieux prétextes rationalisés, naturellement ! D'ailleurs, face à l'attitude injustifiable de mon ex-compagnon, j'ai tendance à "ne rien dire" pour ne pas empirer la situation, comme si je n'avais pas "voix" au chapitre. Je dois dépoussiérer ma belle guitare et chanter à nouveau Smile

Aussi, c'est rigolo que vous parliez "de soigner mon intérieur" parce que c'est exactement ce que je fais en ce moment ! Je viens de déménager et j'adore mon nouvel appartement. Je nous concocte, à ma fille et à moi, un délicieux petit nid pour l'hiver à venir !

Tous vos commentaires m'ont redonnée un bel élan de confiance et je vous en remercie encore Smile