Découverte d’une mémoire immunitaire chez les fœtus

Portrait de Partage santé

Des chercheurs de l’Institut Pasteur à Paris, de l’Institut Pasteur de Shanghai et de l’unité Inserm 1041
« Régulation immunitaire et vaccinologie », en collaboration avec l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris viennent de mettre en évidence l’existence d’une immunité mémoire de type inflammatoire que le fœtus développe pendant la grossesse. Ces résultats, publiés dans Science Translational Medicine le 28 mai, suggèrent qu’il serait possible de mettre en place une mémoire vaccinale anténatale propre au nourrisson, et d'augmenter ainsi son immunité au cours des premiers mois de vie.

La mémoire immunitaire repose sur l’action des lymphocytes T mémoire, des cellules qui gardent la trace des infections anciennes et peuvent réagir rapidement pour défendre l’organisme en cas de nouvelle exposition au même pathogène. Pendant la grossesse, le système immunitaire du fœtus se développe dans un environnement considéré comme stérile, qui ne permet pas l’activation de cette mémoire immunitaire. Ainsi, si aucune pathologie infectieuse n'est survenue chez le fœtus, les lymphocytes T du nourrisson étaient jusqu’à présent considérés comme naïfs, sans mémoire. En outre, même si la mère peut apporter au fœtus une immunité protectrice par transfert de ses anticorps contre les infections qu’elle a contractées ou les vaccinations qu’elle a reçues, elle ne peut lui transmettre ses lymphocytes T mémoire.

Le groupe de Richard Lo-Man, au sein de l’unité 1041 « Régulation immunitaire et vaccinologie » (Institut Pasteur/Inserm), dirigée par le Pr. Claude Leclerc, vient de faire une découverte qui remet en cause ces données : les scientifiques ont en effet mis en évidence, chez le nourrisson, une petite population de lymphocytes T mémoire. Au cours de la grossesse, le fœtus développe donc, malgré l’absence d’agent pathogène dans l’environnement stérile du ventre de sa mère, sa propre mémoire immunitaire, activée et fonctionnelle dès la naissance. Ces lymphocytes, capables de produire très rapidement des molécules antimicrobiennes de type cytokines, garantissent au nouveau-né une réponse immunitaire inflammatoire efficace.

En considérant des vaccins, administrés à la femme enceinte et capables de stimuler l’immunité de l’enfant à naître, la découverte de ce processus laisse désormais penser qu’il pourrait un jour être possible de vacciner le fœtus in utero. Cette stratégie vaccinale anténatale pourrait ainsi augmenter l’immunité du nourrisson au cours des premiers mois de vie.

 
En savoir + : www.pasteur.fr