Devient-on réellement ce que l'on pense ?

Portrait de luna_95

Les bouddhistes assurent qu'il vaut mieux méditer sur le Soi que sur une forme car l'être humain finit par devenir ce qu'il pense...

J'avoue que je ne vois pas vraiment le sens à donner à cette idée, sans omettre le fait que je la trouve plutôt effrayante mise en perspective...

Pourriez-vous m'aider à davantage de compréhension ?

Merci.

Luna

Portrait de Cécile

Est-ce que les Bouddhistes signifient par là que la forme est impermanente alors que le Soi est immuable ? Je ne sais que trop en penser. Encore faudrait-il savoir comment méditer sur le Soi et qu'est-ce que le Soi. Est-ce Dieu ou l'équivalent ? J'avoue que votre question est très intéressante mais je là câle.

Portrait de Jean

Un peu dans l'idée de Cécile, il me semble que le Bouddhisme considère les formes comme changeantes donc source d'illusion. Etant donné qu'il est question aussi de psycho sur cette rubrique, il y a peut-être un lien avec le fait que l'on peut s'identifier à un autre que soi, une forme extérieure, et se leurrer en devenant ce qui n'est pas soi. Une hypothèse qui n'engage que moi, bien sûr.

Portrait de Daniel01

Pour apporter ma modeste participation, je pencherais pour l'hypothèse de Jean, à savoir le risque de se prendre pour ce que l'on est pas.

Portrait de Lakshmi

Est-ce qu'il n'est pas question dans ce propos bouddhiste du risque de l'idolâtrie ?

Portrait de Louis

Je pense aux sosies de vedettes du showbizz.

Portrait de Gilbert

Dans certaines traditions bouddhistes, les méditants utilisent des supports de méditation, comme les mandalas par exemple. Je crois qu'il s'agit de formes permettant d'établir un lien avec le sacré.

Portrait de Michèle

Le mandala, comme toute représentation spirituelle, ne serait donc que symbole.

Portrait de Jean-Marc

En yoga, deux formes de méditation sont possibles : avec forme (en se servant d'un support de méditation comme le mandala effectivement, (un Chrétien peut méditer sur la croix du Christ) et sans forme (beaucoup plus difficile pour le mental).

Portrait de Charles

Dans le langage courant, on parle souvent du fond et de la forme. Je crois que les Bouddhistes dans cette idée privégient le contenu au contenant, c'est-à-dire l'essence de l'être plutôt que son apparence. Devenir une apparence, s'identifier à une image, ce serait donc perdre sa véritable identité. D'un autre côté, nous habitons une forme, un corps. Difficile de s'en passer. Votre question est très intéressante et mérite effectivement réflexion.

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Je ne sais pas si les Bouddhiste emploient le terme  " Soi " dans le sens de la psychologie des profondeurs de Carl Gustav Jung. Quoiqu'il en soit, selon les concepts jungiens, le Soi désigne l'entièreté psychique de l'être au-delà des perceptions sensorielles du moi, et donc des formes. Jung, prenant en compte la composante spirituelle de l'être,  propose donc ce travail sur soi sans concession et pas facile du tout.

Portrait de Nadia

" Devenir ce qu'il pense ". Difficile pour moi de comprendre ça. Méditer sur la forme équivaudrait à devenir cette forme... Complexe !

Portrait de Younes

J'ai du mal à comprendre cette phrase qui irait à l'encontre - si je comprends bien - des visualisations positives, par exemple. Il est conseillé de visualiser une maison pour avoir une chance de l'attirer. Mais, c'est sûr que dans ce cas là on ne devient pas une maison. C'est bien confus dans mon esprit. Est-ce que cela a à voir avec les projections. Finalement votre question déclenche chez moi d'autres questions.

Portrait de Kévin

Je pense qu'il est question pour les Bouddhistes de se détacher de la forme. Quant à savoir comment, c'est là où je coince aussi.

Portrait de Serge

Même si j'apprécie énormément le bouddhisme, il me semble qu'il ne faut pas tout prendre à la lettre dans ces textes anciens. Ou alors il faut les travailler avec un grand sérieux et ne pas les survoler mais encore faut-il en avoir le temps, ce qui n'est pas (encore) mon cas à mon âge. C'est ainsi d'ailleurs que je rentre sur la pointe des pieds dans ces écrits, tout aussi essentiels soient-ils. Autrement formulé, j'y vais à mon rythme.

En ce qui concerne votre interrogation, je crois qu'il ne faut surtout pas avoir peur de mal agir quant à soi dès l'instant où on est correct et cohérent. Quand je revisite mon passé, je crois que je peux affirmer qu'au fond je reste assez proche de ce que j'ai toujours pensé depuis mon plus jeune âge. J'y retrouve mes qualités et j'essaie au maximum de corriger mes défauts qui cherchent systématiquement à venir me titiller (c'est si facile de succomber à la facilité !) mais, qualités et défauts étant toujours en résonance avec son propre destin, je tente de faire pour le mieux et, dans l'ensemble, je trouve que je n'ai pas trop à me plaindre du résultat ! Il est bien évident que j'évoque ici les liens de moi à moi et que j'admets complètement que les autres me voient très différent de ce que je vis et constate de mon évolution humaine et spirituelle...

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Pour revenir à Carl Gustav Jung, qui s'est intéressé aussi au Bouddhisme, cet éminent chercheur a prévenu que l'inconscient collectif du monde occidental était différent de celui du monde oriental. D'où l'importance, comme le dit Serge, de ne pas prendre à la lettre ces textes qui s'adressent, quoiqu'on en dise, à une culture spécifique. Ce qui n'empêche bien sûr aucunement de s'y intéresser mais avec le mode de pensée qui est le nôtre.

Portrait de Cécile

Votre post me fait un peu respirer, Serge. J'avoue que je commençais à me prendre un peu la tête avec cette citation. Mais, vous avez raison, je ne suis pas moine bouddhiste et il me semble important de relativiser et de voir les choses par rapport à soi et  de regarder ce qui fonctionne et ce qui dysfonctionne dans ma vie avec le plus d'honnêteté possible, ce qui n'est déjà pas si mal.

Portrait de Jean

Même remarque que Cécile. Je partais aussi dans les méandres d'une philosophie bien trop abstraite pour moi. S'interroger tout en gardant les pieds sur terre et être en adéquation le mieux possible avec son quotidien, voilà qui me paraît la priorité. Je ne suis pas un moine non plus.

Portrait de Daniel01

J'aurais le temps de travailler ces textes mais je crois qu'il y faut aussi des compétences, ce qui n'est pas mon cas. J'ai beaucoup apprécié aussi le post de Serge qui remet les choses à leur juste place et qui me remet par la même occasion à ma place de chef de famille essayant de penser le plus justement possible avec ce que je suis.

Portrait de Gilbert

Les textes bouddhistes sont en effet d'une extrême complexité. Sorti d'un contexte, une citation comme celle-ci peut amener à des digressions qui égarent. Je ne suis pas exégète non plus et je crois que j'ai déjà bien à faire avec ma propre tradition chrétienne même si moi aussi, l'esprit du Bouddhisme m'intéresse... Confers l'avatar que mon inconscient n'a certainement pas choisi par hasard.

Portrait de Orlan

L'être humain est très démuni dans ses quêtes psychologiques et spirituelles puisque malgré la sincérité de sa démarche, de son auto-analyse, il est confronté en parallèle et en permanence par les écueils de sa propre existence.

Tout comme Luna, il m'est arrivé des centaines de fois de me prendre la tête avec des préceptes qui me semblaient complètement hermétiques. Alors j'ai pris l'habitude de lâcher prise quand je bute maintenant sur une incompréhension. Comme je continue à chercher comment gravir ma montagne de mon mieux, j'ai aussi acquis la certitude que les lumières s'éclaireront quand je pourrai non seulement les supporter mais les assimiler.

Permettez-moi juste de vous rappeler, Luna, que " tout arrive à point à qui sait attendre "... Et ne vous angoissez plus avec un niveau de Sagesse qui nécessiterait d'avoir un gourou continuellement à vos côtés. Vous vivez en Occident et votre culture est celle qui, en priorité, doit - me semble-t-il - alimenter votre réflexion... Mais ce n'est que mon humble avis...

Portrait de Ludo_437

Philosophiquement, il est possible de tenir un raisonnement tout aussi logique et évolutif : on peut penser en permanence à ce que l'on devient au fur et à mesure de sa propre évolution. Ce qui permet de rectifier ce qui nous semble ne pas aller ou ne pas nous convenir. Je suis personnellement plus à l'aise avec cette maîtrise de soi qui s'apparente à la liberté de chaque devenir. Je comprends ainsi la position de Luna qui n'a pas l'air d'apprécier l'aspect un peu menaçant, même s'il se veut préventif en son essence, du concept qu'elle a énoncé car, quoi qu'il en soit de la Vérité, nous faisons aussi ce que nous pouvons...

Portrait de Nadia

Avec la meilleure volonté, j'ai essayé de réfléchir à la question de Luna, sans succès. Aussi le post d'Orlan me rassure. J'essaie moi aussi de faire de mon mieux. Je n'y parviens pas toujours mais ces discussions m'encouragent à continuer à mon rythme d'occidentale et de petite employée de mairie.

Portrait de luna_95

Finalement, j'en étais presque à en oublier ma culture occidentale et ma religion catholique ! 

Il est évident que si les brassages culturels et cultuels sont intéressants et complémentaires, la dominante doit rester ses propres racines.

C'est ainsi que vous me permettez de prendre conscience qu'il est indispensable que j'adopte le recul nécessaire par rapport à ce que je lis, que je découvre, car mon grand défaut, et je viens encore de le constater avec vos commentaires, c'est que dès que je suis attirée pe une discipline qu'elle qu'elle soit, j'ai envie de me l'approprier entièrement. Il est certain que c'est une erreur parce que, pour le coup, on doit toujours rester Soi...

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Entièrement d'accord avec  " ça  " ! Rester soi c'est accepter d'être né quelque part, dans un environnement singulier et pas ailleurs. Ce qui n'empêche pas d'être ouvert à d'autres modes de pensée qui deviennent alors évolutifs en terme de complémentarité.

Portrait de Mireille-cogolin

Quand j'étais enfant, tout ce qui touchait à la religion (on ne parlait pas de spiritualité) était finalement peut-être plus simple. Il n'y avait pas toutes ses publications spirituelles, le bouddhisme était inconnu du plus grand nombre et on se contentait de ce que nous racontaient Monsieur le Curé et les Religieuses. Des fois, je me sens un peu perdue et je me demande si ça n'était pas mieux avant côté foi ?

Portrait de Régis

Non pas que je dénigre les progrès de la connaissance en matière de spiritualité mais je rejoins Mireille-cogolin dans le sens où - que ça accroche où non - on avait affaire à des personnes que l'on voyait vivre. Certains curés me posaient question, d'autres m'inspiraient. Mais les répères étaient plus facile. En ce sens j'aime bien la position d'Arnaud Desjardins qui a eu la chance de voyager et d'approcher personnellement des Sages. Il a écrit un livre retranscrivant certaines conférences qu'il a donné. Ce livre s'appelle " En relisant les Evangiles ". Il explique que nous pouvons fuir dans la spiritualité en zappant notre tradition. Ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain, explique-t-il. Ce n'est pas parce que les institutions religieuses sont allés parfois à contre courant d'un Dieu-Amour qu'il faut pour cela rejeter ce qui nous est transmis des paroles sages d'un homme qui a vécu sur Terre il y a plus de 2000 ans et dont notre culture - qu'on le veuille ou non - est fortement imprégnée. Allez voir les traditions orientales n'a de sens pour moi que si cela m'aide à approfondir ma compréhension du massage christique. Très intéressante cette prise de conscience que de toute manière nous ne sommes pas né dans une contrée par hasard et que Dieu est présent partout. Merci pour cette discussion, Luna, encore une fois (foi !) très riche humainement, psychologiquement et spirituellement. Je ne m'en lasse pas de pouvoir partager avec des personnes comme tous les foromers qui interviennent ici. Une relation vivante !

Régis

Portrait de Juliette

Je me retrouve dans ce que vous dites Luna car moi aussi dès que je découvre autre chose, j'ai tendance à vouloir tout savoir sur le sujet. Les commentaires de chacun confirment ce que disait un médecin français spécialiste de l'acupuncture lors d'une conférence sur la sagesse chinoise à laquelle j'ai assisté. Il a été formé par un médecin acupunteur chinois qui lui disait qu'il restera un médecin occidental dans sa pratique asiatique car il n'a pas bu le lait de la femme chinoise. Il a compris ce jour là qu'il devait accepter d'être un occidental qui a complété sa pratique médicale mais qu'il ne devait pas se couper de ses origines. 

J'aime aussi beaucoup la sagesse chinoise mais elle ne peut être qu'un complément qui fasse lien et sens avec mes origines. C'est, pour moi, accepter d'être née ici, en occident, parce que mon parcours doit se faire dans la culture occidentale et avec une spiritualité chrétienne.

Portrait de Cécile

" Il n'a pas bu le lait d'une chinoise ". Vous dites tout, Juliette. J'ai beaucoup aimé votre témoignage.