Dois-je suivre ma compagne?

Portrait de Igor.P

Bonjour,

Je suis un peu perdu en ce moment face à une décision à prendre. Ma compagne a trouvé un boulot dans une autre région et me demande si je veux la suivre, sachant qu'elle y va à condition que j'y aille aussi. Nous sommes dans un relation qui est assez conflictuelle au quotidien car elle me reproche de ne pas gagner suffisemment d'argent et de ne pas être suffisemment affectueux avec elle. Elle me dit que de deménager est une chance pour notre couple, qu'avec un plus gros salaire elle pourra payer des études à notre fils ( il n'a qu'un an aujourdh'hui)...
J'avoue que je suis un peu dépasser par les événements et  j'ai l'impression à l'entendre que je suis souvent le seul responsable de ses difficultés. Que faire???

Portrait de Cécile

Bonjour Igor,

Si  " déménager " résolvait les problèmes de couple, il me semble que cela se saurait... Un psy viendra certainement vous donner son point de vue mais il me semble que le positionnement de votre compagne est sacrément ambivalent. D'un côté elle vous fait une proposition : " Veux-tu me suivre ? " et d'un autre " Si tu ne viens pas je n'y vais pas ! ". Avec la menace de confictualiser encore plus la relation puisque, comme vous le dites, si les choses s'agravent, c'est parce que vous n'avez pas su prendre la perche du " déménagement ". Par ailleurs, l'argument du " gros " salaire est sacrément anticipatoire et encore une fois ambivalent. S'agit-il de votre couple ou des études lointaines de votre fils ? Affectif et argent semblent faire un drôle de ménage. Mais, au fait, et votre boulot à vous, qu'en est-il ?

Portrait de Igor.P

Je suis artisan, et c'est vrai que les finances ne sont pas toujours stable, mais je me suis toujours débrouillé pour y arriver.

Portrait de cricri

Même si ça ne se voit pas particulièrement sur moi aujourd'hui, je suis restée très longtemps une femme en rébellion, pour tout et n'importe quoi... Je faisais pression sur mon mari, pour des achats de maison ou autre lieu d'habitation... Nous avons toujours fait de mauvaises affaires chaque fois que j'ai fait pencher la balance... Je ne voulais pas reconnaître mes torts mais, au fond de moi, je savais que j'avais une énorme part de responsabilité dans ce qui n'avait pas marché ou dans ce qui ne marchait pas. Un jour, toujours aussi butée, j'ai lu le passage de la Bible qui dit : " Femmes, soyez soumises à vos maris "... Allez savoir pourquoi ce jour là précisément mais j'ai eu comme une levée du voile. J'ai compris l'ampleur de mes erreurs. À partir de ce moment, j'ai pris l'habitude de consulter mon mari pour tout. Notre couple s'est fortifié en bonne intelligence, avec une bonne répartition des tâches en fonction de nos compétences respectives et nos finances se sont enfin bien portées... Je me permets de vous faire ce récit pour vous rappeler que c'est la femme qui doit suivre son mari et non l'inverse, comme le dit Monsieur le Maire le jour du mariage avec le code qu'il énonce devant les futurs mariés (qui peuvent encore dire non...) et les témoins. Très sincèrement, je pense que vous commettriez une erreur en acceptant cette forme de chantage de votre compagne...

Portrait de Jean

Je n'aurais pas voulu paraître macho, c'est pour cela que je me suis gardé d'intervenir après le com de Cécile, mais Cricri m'encourage à exprimer ce que je pense. Le sentiment d'être perdu relève à mon sens d'une totale inversion du schéma. C'est comme si vous, Igor, étiez la femme et votre compagne l'homme. " Payer des études à votre fils " sonne comme si elle était le chef de famille. En tant qu'homme, je " couperais " court à ce type de menace, quitte à prendre le risque de dé-ménager, c'est-à-dire à défaire ce ménage noué à l'envers... L'expression " Femmes soyez soumise à vos maris " de la Bible n'est pas à comprendre, à mon sens, en tant que relation dominant/dominé. Simplement, comme le disent je crois les psys, si la femme est garante de l'ordre, l'homme en tant qu'extériorité symbolise plutôt la loi. Il s'agit alors là d'une juste complémentarité. Reprenez votre place Igor, et votre décision jaillira  naturellement ! N'ayez pas peur, comme disait le pape JeanPaul II. Si vous avez la foi, faites comme moi , ouvrez un passage de la Bible au hasard et laissez-vous inspirer Smile Bonne journée Igor !

Portrait de Igor.P

Je vous remercie tous les trois pour vos commentaires plein de bon sens et de sincérité. Mon angoisse s'en trouve apaisée... Je retrouve mon axe et mon esprit s'est éclairci. je vais essayer d'avoir une discussion plus sereine avec ma compagne, en respectant ma position!

Mes amities

Igor

Portrait de Igor.P

Aprés un peu de réflexion, je suis allé ouvrir la bible... pour m'appercevoir qu'il était ecrit aussi, plus loin: " Et que chacun de vous aime sa femme comme lui-même"... je prends conscience que reprendre ma place d'homme c'est aussi aimer ma compagne comme moi-même. Je vois bien en miroir le chemin qu'il me reste à parcourir pour que l'on se rejoigne.
Encore merci de m'avoir permis d'aller au delà de la problématique de "départ".

Igor

Portrait de Gilbert

" Aime ton prochain comme toi-même ", c'est le message des Evangiles, le prochain étant tout interlocuteur, qu'il soit femme ou homme. Ce qui est intéressant c'est l'ordre de cette proposition. Il est question d'aimer à partir de soi et non de l'autre. Un prêtre disait dans une emission religieuse : Comment aimer l'autre comme on se déteste soi-même ? On voit bien qu'il faut commencer par s'évaluer soi avant de se permettre d'évaluer autrui. " Charité bien ordonnée... " poursuit l'adage. Votre compagne semble vous reprocher ce qu'elle semble incapable de se reprocher à elle " m'aime "... Ne rentrez donc pas dans ce jeu stérile. Aimez la comme vous vous aimez... Mais commencez par vous et donnez, sans rien attendre en retour, ce qui déborde... Amitiés !

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

" Heureux les artisans de paix, ils seront appellés fils de Dieu ". C'est un passage des Béatitudes que l'on trouve au chapitre 5 de l'Evangile de Saint Matthieu. Cette référence parce que vous faites allusion à la Bible et à votre métier d'artisan. D'où l'intérêt de passer par votre métier pour que la paix jaillisse. Ce n'est peut-être pas très psychanalytique (quoique !) mais je n'ai rien à ajouter à ce qui vous a été si justement transmis.

Au passage, je vous conseille un ouvrage de Bernard Rerolle intitulé " Dynamique des Béatitudes ". L'auteur commente le texte sacré à la lumière du quotidien. Il s'agit d'un prêtre catholique ayant effectué un travail sur lui avec Graf Dürckheim, un spiritualiste imprégné de Zen et de psychothérapie jungienne.

Portrait de Igor.P

Merci Gilbert et Gilbert.R, pour vôtre aide. J'aime bien cette idée d'être artisan de paix! La chose n'est pas aisée mais je vais mettre tout mon cœur à l'ouvrage...

Portrait de Igor.P

Une nouvelle dispute hier soir, cette fois-ci parceque je suis rentré avec une demi heure de retard. Elle me reproche de le faire exprés pour fuir la discution au sujet du changement de région. Ce matin elle me reproche de ne pas lui dire que je l'aime et que je veux vivre avec elle. Je ne comprends plus rien du tout???

Portrait de Danièle-Dax

Tel que vous relatez votre histoire de couple, j'ai le sentiment que votre compagne souffre d'un malêtre profond qui n'a certainement rien à voir avec vous ou ce qu'elle attend de vous... Par expérience, ces personnes là ne sont jamais satisfaites. Où qu'elles soient, où qu'elles aillent, elles créent des problèmes qu'elles projettent sur leur entourage. Mais vous n'êtes pas son psy et vous n'arriverez jamais à la faire changer si elle n'a pas une prise de conscience de sa névrose qui semble très importante.il faut que vous acceptiez ses reproches en ne disant rien et sue vous restiez bien centré sur vous, c'est à dire que vous continuiez à vaquer à vos occupations comme si de rien n'était. Je pense que les psychanalystes n'hésiteraient pas à poser le diagnostic d'hystérie sur votre femme et tant qu'elle sera malade, rien de raisonnable et de cohérent ne pourra se mettre en place. La difficulté dans ce genre de cas, c'est que nous voudrions que la personne malade raisonne normalement, voit la réalité de son état. Or ce n'est pas possible. En fait, nous voudrions qu'elle guérisse, qu'elle soit normale. C'est humain mais c'est un vœu pieux. Si votre compagne a été mise sur votre route, c'est que vous avez de quoi supporter son instabilité. C'est elle qui est souffrante mais pas vous. C'est elle qui est victime mais pas vous. Je sais que c'est simple à conseiller quand on n'est pas pris dans cette toile d'araignée mais si vous regardez cotre compagne comme quelqu'un de souffrant psychologiquement, si vous acceptez de la voir comme quelqu'un de réellement malade psychiquement, vous ne vous leurrez plus. Il ne s'agit pas là d'une attitude de résignation mais de ne pas vous laisser embarquer vers des strates inconscientes qui ne vous appartiennent pas et que vous ne connaissez pas. Dans le film de Robert Redford, "Et au milieu coule une rivière", dans un des dialogues une question (qui ne peut que rester sans réponse...) est soulevée : pourquoi les gens malades psychologiquement refusent d'être aidés et refusent d'être soignés ? Je ne crois pas que la réponse puisse appartenir au plan humain... "Les voies du Seigneur sont impénétrables"... En revanche, si nous allons bien et si nous sommes en prise au type d'épreuve que vous traversez, il faut apprendre à vous protéger. L'attitude de votre compagne d'hier est effectivement incompréhensible. Ne mettez pas d'énergie à comprendre quoi que ce soit. Soyez calme avec elle mais restez bien campé sur votre décision de ne pas être mené par elle on ne sait trop où mais sûrement pas où il faut... Ce genre de comportement peut lui donner tout de même à réfléchir et parfois, un éclair de lucidité peut jaillir...

Portrait de Viviane

Je suis totalement d'accord avec ce que dit Danièle-Dax. Au sujet du film qu'elle met en avant, je l'ai vu il y a quelques mois... Outre, la beauté des paysages et l'excellence du jeux des acteurs, cette question essentielle posée dans le film, m'a permis personnellement de mieux "intégrer", cet aspect tout à fait "incontrolable" de certains profils souffrant d'une névrose grave, pour reprendre là aussi les propos de Danièle. C'est extrêmement bien montré dans ce film. Le plus jeune des 2 fils ira jusqu'au bout de ses pulsions autodestructrices, sans que ni les parents ni le frère aîné puissent réellement lui "porter secours", pourtant ils tenteront tous les trois, à plusieurs reprises, chacun dans son rôle... A partir du moment, où vous savez par rapport à vous même que vous avez fait ce qu'il vous était possible... Les "refus de l'autre" ne vous appartiennent pas, et ce qui n'est pas compréhensible... appartient à un autre plan effectivement... Il s'agit alors de se protéger avant toute chose... Et le très sage conseil de Danièle est sans doute le meilleur que je connaisse (petite expérience personnelle... Ces grands névrosés, quel que soit le profil, n'attendent qu'une chose, que nous "pétions un plomb", qui justifie du coup leur façon d'être inconhérente...) et qui en plus nous entraîne par identification à l'agresseur, vers des états qui peuvent générer de l'autodestruction et une dénarcissisation difficiles à gérer pour soi... Courage Igor ! Rester Zen et les pieds bien campés sur la terre ferme...

Portrait de Igor.P

Merci pour votre soutien et vos derniers commentaires trés parlants. Je suis rentré à la maison à midi et je lui est dit que dans l'état actuelle de la situation je ne trouvais pas raisonnable de partir. Ma compagne a un peu changé de discours ( elle est allé consulter sa sophrologue ce matin). En fait, elle est revenu sur quelques points:
En début de semaine, son discours était de me dire que si nous décidions d'aller là bas, il fallait que je m'engage à avoir lacher définitivement ma clientèle ici et retrouver une autre clientèle là bas au plus tard dans les six mois, chose qu' il m'est impossible de prévoir à l'avance. La sophrologue lui a fait comprendre qu'elle ne pouvait pas m'imposer un rythme à ce niveau là.
Deuxiéme chose, elle en est arrivée à la conclusion qu'elle ne suportera pas son boulot actuel encore bien longtemps et que vu nos disputes régulières nous avions moins à accepter ce changement.
Et enfin elle me dit être persuadée que celà nous permettra de repartir à zéro sur de bonnes bases, ailleurs, et qu'elle sera mieux dans sa peau. Donc a priori elle est bien décidée à y aller, que je la suive ou non.
Il est vrai que n'ayant pas ici du travail à plein temps et que la nouvelle destination n'est qu'à trois heures de route, je me demande si celà peut être une opportunité pour moi de faire évoluer ma vie professionnelle. Seulement je ne voudrais pas me tromper dans ce choix qui pour le coup devient le mien???

Portrait de Igor.P

désolé, j'ai oublié quelques mots dans une phrase..." nous avions moins à perdre à accepter ce changement".

Portrait de Orlan

Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras...
Personnellement, c'est mon grand principe et ça m'a toujours réussi.
Vous le dites vous-même : comment savoir si dans six mois vous vous serez refait une clientèle ??? Si votre compagne continue à penser qu'elle sera mieux dans un autre département, laissez-la faire toutes les démarches, sans l'aider (pour ne pas prendre la responsabilité d'un échec possible), et vous verrez bien ce qui se passe... Ceci dit, je ne comprends pas votre valse hésitation car il me semble, comme Danièle-Dax vous l'a dit, que le problème de votre femme vient d'un processus psychologique bien verrouillé et que vous prenez pour le coup un risque énorme à liquider votre clientèle actuelle, en particulier dans un pays en crise...

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

 " Et enfin elle me dit être persuadée que celà nous permettra de repartir à zéro sur de bonnes bases, ailleurs, et qu'elle sera mieux dans sa peau. Donc a priori elle est bien décidée à y aller, que je la suive ou non. "

J'ai du mal à comprendre ! Repartir à zéro, " ça " n'existe pas, ou alors il serait question de ce que nous appelons dans notre jargon une " annulation rétroactive ", le fantasme de revenir en amont d'un traumatisme qui lui appartient Igor, mais qui n'est pas le vôtre. Vous semblez coller à son désir pour vous faire payer quelque chose... Je confirme le signal de prudence lancé par Orlan qui est quelqu'un - je l'ai remarqué dans d'autres posts - de très pragmatique et pour qui le principe de réalité n'est pas confondu avec un imaginaire hypothétique.

Par ailleurs , je ne trouve pas cohérent ce que vous relatez... Un nous (noue) qui se confond avec un je. D'ailleurs, vous ne semblez pas y croire vous-même et votre oubli de l'expression " à perdre " est une expression de votre inconscient... Comme dit Orlan, " un " tient vaut mieux que " deux "...

Portrait de Igor.P

Bonjour Orlan, merci pour cette intervention pragmatique et réaliste. Ma valse hésitation vient du fait que lorsqu'elle me parlais de changer de région depuis quelques mois, ne se sentant pas bien ici, je lui ai dit pourquoi pas, à condition que je puisse faire la transition professionnelle et que celà ne serait pas simple. Elle a passé plusieurs entretiens professionnels ces derniers mois, tout en me disant que finalement elle n'était pas certaines de vouloir bouger, alors je ne me suis pas affolé étant persuadé que ça allait lui passé. Et c'est lundi qu'elle a eu une réponse positive pour un des postes. Je me sent un  peu responsable de ne pas avoir réagit plus tôt.

Portrait de Igor.P

Vous avez raison Gilbert.R, si je relis ma phrase cela veut dire que j'aurai "moins " à accepter ce changement de région. Et je me souviens qu'un jour  elle a évoqué une histoire d'amour qui ne s'est pas bien terminé lorsqu'elle est arrivé dans  la région.