Les informations dramatiques concernant la mort de nos trois champions sportifs et de leurs accompagnateurs et pilotes m'ont fait une peine immense. Je pense énormément aux parents de ces disparus et la douleur de la perte de mon bébé s'est beaucoup réveillée.
Je souhaite de tout mon cœur à ces familles accablées de trouver la force de surmonter leur chagrin mais peut-on décider d'être fort ? Naît-on ainsi ou peut-on le devenir ?
Isabelle
La force de l'amour
Personnellement, il me semble que lorsqu'on tend de plus en plus, chaque jour, à regarder du côté de la vie, même au travers des épreuves, je crois que d'une certaine façon on décide surtout "de faire avec", autrement dit, de "se brancher acceptation"... Mais c'est aussi, bien plus facile de le dire ainsi, lorsque certains "écueuils" sur notre chemin, nous semblent un tant soit peu "dépassés"... Car, c'est quelque chose que je vérifie souvent dans ma vie, peut-être que la "force" se situe avant tout, dans le fait de ne jamais perdre de vue l'humilité. Cet axe essentiel, passe à mon sens par une reconnaissance de ce que je suis (imparfaite... mais un peu perfectible quand même...), mais également de tous ceux, et tout ce que nous rencontrons sur notre chemin qui nous poussent à grandir... Et puis l'humilité c'est aussi ne jamais oublier d'où l'on vient, et que nous sommes tout autant issu de tants d'autres humains avant nous... Ce qui me fait dire, que d'une certaine façon alors oui, nous "décidons d'être fort" lorsque nous n'oublions pas, qu'avant tout, nous ne sommes pas Dieu... mais que son Amour Inconditionnel est partout, pourtant... Notre faiblesse, et pour moi la première... C'est que la plupart du temps nous l'oublions, en ne regardant que les aspects destructeurs... Je pourrais dire aussi alors, qu'on est plus fort si l'on s'attache à voir le sens... Mais ce que vous dites sur le fait que le chagrin de ces familles durement éprouvées, ramène aussi à nos propres chagrins personnels... A aujourd'hui, il me semble que c'est très honnête de le reconnaître vis-à-vis de soi... Et pour autant, c'est peut-être ce qui fait qu'on est aussi "plus fort" en ce sens, que personne ne "sait" le chagrin d'un autre, mais en même temps la plupart d'entre nous le "connaissons"... qu'il nous appartient de transformer ou pas... Mais je ne suis pas sûre d'avoir répondu à votre question Luna... cependant fort réflexive... Je répondrais donc, sans amour nous sommes "faibles"... Et quelle que soit notre histoire, nous sommes tous issu de l'amour...
yamina.174
Méfions-nous des apparences !
Quelle question complexe mais ô combien passionnante...
Je n'ai pas pour habitude de ne pas m'engager mais j'ai envie de poser les deux miroirs de la force pour répondre...
En lisant votre question, j'ai eu une première impulsion qui m'a fait penser que tout le monde n'est pas fort dans sa tête... Et puis, en prenant des exemples concrets, je me suis rendu compte que tout le monde est fort, sans exception ! Mais la destinée de chacun n'est pas fatalement supportable par d'autres que soi... Je prends pour exemple la perte de votre bébé : personnellement, je n'aurais pas supporté cette épreuve (d'ailleurs je n'ai pas d'enfant)... Comme je n'aurais pas supporté d'être SDF, ayant toujours fait en sorte d'assurer mes sécurités ! Je ne fume pas et ne bois pas : je n'aurais pas supporté d'avoir ce type d'addiction. Et ainsi de suite... Par contre, m'être fait traiter de " sale arabe " dès le CP, je l'ai supporté et quand je vois aujourd'hui des personnes me dévisager de la tête aux pieds parce que je suis maghrébine, ce sont elles qui m'attristent avec leur racisme racial... Mais ces mêmes personnes n'auraient pas supporté d'être arabes mais elles supportent d'autres choses que je ne supporterais pas... Si je reviens aux SDF, bien sûr qu'ils supportent difficilement leur situation pénible mais ils la supportent le temps qui leur est donné de vivre sur terre... Ce qui m'amène à une hypothèse que j'ai faite mienne il y a longtemps : on supporte pour transmettre à des humains dont les forces les abandonnent et pour qu'ils puissent puiser de l'énergie chez d'autres qu'eux qui ont à souffrir de graves problèmes qu'ils ne supporteraient pas... À ce sujet, j'ai cru comprendre qu'une vidéo sur le Net a été vue par 5 millions d'internautes : il s'agit d'une jeune femme de 21 ans qui a perdu l'usage de son bras gauche dans un accident de moto et qui se met en scène pour donner à voir des gestes nouveaux pour elle qu'elle a dû s'approprier, comme pour se vêtir par exemple ou se coiffer ou mettre ses chaussettes, afin de simplifier la vie d'autres handicapés... Je n'ai pas envie d'être handicapée mais ma sagesse me fait dire qui si un jour je devais subir cette épreuve, c'est que j'aurai la capacité de la supporter... Je pense donc que tout être humain est fort dans sa tête mais chacun à sa façon, étant là avec son courage d'exister pour que, encore une fois, d'autres bénéficient de la force qu'on leur renvoie et qu'ils arrivent à relativiser leurs souffrances... Pour conclure, je vais vous raconter une anecdote...
Il y a une dizaine d'années, je suis allée chercher ma voiture qui était garée dans un parking municipal. À l'entrée de ce parking se trouvait un SDF qui faisait la manche. J'ouvre mon porte-monnaie pour lui donner un peu d'argent et, contre toute attente, il engage la conversation... C'était un Anglais qui parlait très bien français... Il m'a dit qu'il était de bonne famille, qu'il avait fait des études d'ingénieur, qu'il avait travaillé dans une grosse boîte, qu'il ne s'entendait pas avec son supérieur hiérarchique, qu'il avait tout envoyé paître parce que le système ne lui convenait pas. Devant mon étonnement, il m'a assuré que maintenant il se sentait libre ! Ce que moi je n'étais pas professionnellement... Cet homme m'a rendu en fait un grand service : il m'a enlevé la peur de ne plus avoir de travail... Je me suis dit que, finalement, il y avait toujours une solution... Pas faire la manche parce que je sais que ce n'est pas pour moi ce truc-là mais que si d'aventure je perdais mon boulot, il y aurait une porte devant moi que je n'aurais qu'à ouvrir... C'est à ce SDF que je dois cette certitude ! Il n'était pas là pour rien, bien plus fort que moi côté social malgré mon petit tailleur et mes escarpins...
Juliette
Les prématurés !
Je pense que c'est l'épreuve qui va révéler la force qui est en soi. Quand on voit certains bébés prématurés et l'énergie qu'ils mettent en place pour survivre, ils n'ont pas eu le temps de devenir forts : ils le sont ! En tout cas, pour certains, pour cette épreuve la. Ils nous arrivent donc les épreuves que nous sommes capables de supporter.
Isabelle
La force de notre destinée
Je reviens sur ce thème aujourd'hui... Tant je le trouve d'une grande richesse... et tout autant parce que certaines considérations m'ont poussées à réfléchir encore... Bien que je ne sois pas née "prématurée", mon tout petit poids de naissance à terme (1 kg 950) m'a sans doute "permis" d'une certaine façon, de ne pas être "angoissée" du petit poids de naissance de mes trois garçons... qui étaient en parfaite santé et qui ont bien vite "rattrapés le retard de croissance in utero"... Par contre, je reste aujourd'hui persuadée (par des signes compulsifs à une période précise de ma vie...), que si j'avais eu une fille (et je n'ai que des garçons...), elle aurait sans doute été trisomique, et là, je ne pense pas que j'aurai pu "gérer"...
Outre ces petites considérations, je réfléchissais ce matin, au fait qu'une analyse fonctionne... et c'est bien aussi, parce que justement, l'analyste à qui l'on s'adresse, jamais par hasard... sur le plan inconscient "renvoie en miroir" une histoire de vie plus douloureuse que la nôtre, dont il a fait quelque chose, qu'il a acceptée... "sa force donc", en la mettant "au service" de l'analysant, libre lui-même de faire de sa propre histoire "sa force" à son tour...
Mais pour en revenir à la trisomie plus particulièrement... Je me suis souvenue de l'histoire d'un jeune couple, que connaissait bien ma soeur, il y a plusieurs années maintenant... je connaissais un peu le jeune homme moi-même, puisque sa famille habitait près de chez nous, lorsque nous étions des adolescentes confirmées. Ce jeune homme issu d'une fratrie de 3 enfants, dont il est le second, est orphelin de mère dès l'âge de 12, 13 ans, la mère étant morte d'un cancer fondroyant... Le père travaillait à l'étranger, et ne rentrait qu'1 week-end tous les 15 jours. Il y avait une soeur aînée, qui prit largement le relais au décés de la mère... Ce jeune homme, rencontre une jeune fille du même village, âgée de 15 ans, alors qu'il en a 17... Il sont très amoureux et dès qu'elle est majeure, il vivent ensemble, puis très vite se marient... Une petit garçon "arrive" dès la 1ère année de leur mariage... Très heureux, ils décident cependant d'attendre un peu, pour un 2ème enfant, préférant "privilégier" l'existence matérielle, et ainsi la rendre plus confortable... Ah oui... J'ai oublié de préciser, que la jeune femme, de son côté est orpheline de père dès l'âge de 3 ans, mais sa mère s'étant remariée quelques années après son veuvage, la jeune femme a bénéficié d'une excellente relation avec son beau-père qui l'a élévée comme sa propre fille... Leur vie de jeune couple se déroule "sans histoire", et au dire des regards extérieurs, il renvoie l'image d'un couple amoureux et tout à fait impliqué dans l'éducation de leur très beau petit garçon... Lorsque ce petit garçon à environ 4 ans, les parents se sentent prêt pour un 2ème enfant, et la jeune femme se retrouve enceinte rapidement... Au bout de quelques mois, ils "savent" que ce sera une fille... La naissance se passe bien, mais contre toute "attente" si je puis dire, étant donné que la mère est encore très jeune... cette petite fille est trisomique... La jeune mère semble "accepter" trsè vite cet enfant différente, mais le jeune père de son côté, "rejette" son enfant... et devient "sombre", se repliant sur lui-même et refusant la communication avec son épouse... Lorsque la petite fille à environ 18 mois, le couple se sépare, et le père s'éloigne un peu géographiquement... Il s'occupe de son fils régulièrement, mais refuse cependant la "charge" que représente pour lui sa fille... Durant 3 années à peu près, chacun vit de son côté, mais aucun des deux ne "refait" véritablement sa vie... Et puis un jour, le père avec son fils, a un accident de voiture assez sérieux, dont ils sortent cependant indemnent tous les deux... Suite à cet accident, il se retrouve dans un état dépressif durant quelques mois... Il rétablit peu après, une communication plus importante avec son ex-épouse... et 1 an après l'accident, ils décident tous deux de reformer le couple et peu à peu le père "accepte son enfant différente"... La jeune mère, durant tout ce temps, s'est toujours beaucoup investit dans l'éducation de sa petite fille, laissant un peu de côté, aux dires de certains, son fils plus autonome...
A ma connaissance, ce couple est toujours existant aujourd'hui... et suit le fil de sa vie... Tout ça pour vous dire, qu'il me semble, sans chercher à véritablement "décortiquer" cette histoire... qu'ils ont sans doutes tous les deux "puisé" leur force, dans leurs histoires respectives, pour en arriver à une acceptation "plus forte" de la différence en définitive...
khangi
Être fort on peut le devenir.
Être fort on peut le devenir. Mais ce n'est pas être insensible à des choses horribles qui nous arrivent, à nous ou à des gens qu'on aime ou même. ..à des inconnus.
Être fort c'est extérioriser le chagrin, et lacher prise. C'est aussi réussir à faire le deuil. C'est réussir à se relever après maintes batailles. C'est d'avoir foi et confiance en la vie mais avant tout en nous même.
La mort est quelque chose de difficile, surtout du fait que ce sont des pertes physiques. Mais il faut savoir que la mort n'est pas une fin en soi car notre âme est éternel. ;)
luna_95
Vous m'avez fait grandir...
J'ai beaucoup appris de vos commentaires tout en subtilités. J'en suis tout émue car non seulement ils contiennent de l'amour mais ils expliquent que nous sommes tous utiles... Beaucoup d'émotion pour moi... Plein d'immenses mercis...