Fruits et légumes : savez-vous ce qui se cache derrière le "bio" ?

Portrait de Vincent

Bonjour,
Tout le monde connait aujourd’hui la signification ou l’appellation bio en ce qui concerne nos produits issus de l’agriculture. Mais sait-on vraiment ce qui se cache derrière ce sigle ? Puisque les producteurs bio n’utilisent plus de pesticides et d’engrais, comment arrivent-t-ils à cultiver des fruits et légumes de belle qualité­ en évitant les parasites et autres maladies ? Qu’est-ce que véritablement l’agriculture bio ? Je vais essayer de vous éclairer en vous expliquant comment travaille un exploitant agricole bio qui veut lutter de façon naturelle contre les maladies qui touchent les fruits et légumes aujourd’hui.

L’agriculture biologique est une source constante d’innovations et ce, à tous les échelons grâce à la mise au point de process alternatifs à l’utilisation de produits chimiques de synthèse.
Voici quelques-unes des techniques alternatives utilisées actuellement en bio dynamie :
- le désherbage mécanique, généralement réalisé avec une herse étrille ou une bineuse, mais aussi, avec le dépôt d’une bande de compost lors du semis.
- la solarisation pour réduire les mauvaises herbes et les champignons.
- la lutte biologique pour réduire les effectifs d’une espèce animale ou végétale en ayant recours à un de ses ennemis naturels. Ces auxiliaires peuvent être des insectes ou d’autres invertébrés, des protozoaires, des champignons, des bactéries ou des virus.
-la conduite centrifuge en arboriculture qui consiste à supprimer des branches de l’arbre fruitier, ce qui allège la densité du feuillage, modifiant ainsi le microclimat de cet arbre pour réduire in fine le risque parasitaire.
- la thermothérapie utilisée par exemple pour lutter contre le mildiou de l’oignon grâce à un trempage des plants de 1ère année dans une eau à 40°. Cette technique permet également une plus longue conservation des pommes grâce à un trempage des fruits dans l’eau chaude selon des conditions règlementées.
- la mise au point de méthodes de lutte à partir de molécules naturelles d’origine végétale comme, par exemple, les tanins.
D’une manière générale, la meilleure façon de limiter l’utilisation de produits chimiques de synthèse est de s’appuyer sur la diversité des cultures, dans le temps et dans l’espace. Les bases de l’agronomie sont incontournables en agriculture biologique. Les agriculteurs mettent en place des rotations de longue durée faisant se succéder des cultures ayant des besoins complémentaires (en minéraux en particulier). Ces rotations longues permettent de lutter contre les maladies et les mauvaises herbes en rompant les cycles biologiques spécifiques de certains organismes responsables de maladies. C’est pour cela qu’il est important au sein d’exploitations bio, d’utiliser des prairies afin de permettre ces rotations. La présence d’herbivores (vaches, chevaux...) est incontournable dans le fonctionnement des fermes bio en permettant la valorisation d’une partie des céréales produites et de la paille, l’utilisation des fumiers sur les cultures  et la maîtrise du parasitisme par le renouvellement fréquent des prairies.
En résumé, les agriculteurs bio innovent en ayant une approche globale de leur exploitation.
Il faut savoir que la France est un pionnier de l’agriculture biologique avec l’Allemagne dans le monde.

Portrait de Jean

Dans les années 1920, l'Allemand Rudolf Steiner est à l'origine de la première méthode d'agriculture biologique qu'il a nommé " agriculture biodynamique ". Il serait donc le précurseur de ce mouvement qui vient en réaction à l'utilisation d'engrais chimique dans les années 1930.

Merci, Vincent, pour ce développement très instructif .

Portrait de Viviane

Effectivement Jean ! Rudolf Steiner fait parti de ces précurseurs de l'agriculture biologique. Je fais mon petit "rajout" parce qu'il me semble important de préciser, que ces différents précurseurs ce sont positionner dans le sens de l'agriculture "bio", par la volonté de revenir au bon sens du lien essentiel entre l'humain et la nature... Qui englobe entre autres : le respect d'un rythme de productions naturel, en fonction du sol, des saisons par exemple. Bien évidemment, le respect de l'environnement naturel, puisque plus d'utilisation de produits fertilisants, pesticides chimiques. Ce qui relie l'Homme à la Nature sur un aspect plus spirituel également...

Portrait de Jean

Vous faites allusion à un aspect spirituel, Viviane. Vous avez tout juste ! En effet Rudolf Steiner est le créateur de l'anthroposophie, une discipline qui se fonde sur l'affirmation d'un dépassament d'une vision essentiellement matérialiste de la nature. Il parle ainsi de processus vitaux, d'âme et d'esprit...

Portrait de Viviane

J'ai relu avec attention votre com Vincent... C'est vrai que le "bio" est un vaste sujet qui m'intéresse beaucoup... Cette approche globale de l'exploitation agricole bio, génère, si j'ai bien compris le principe, une approche économique différente. Cela permet une autonomie non négligeable, dans la mesure lorsque l'exploitation fonctionne, économiquement elle permet à l'exploitant d'en vivre sur un mode "je donne ce qui déborde de la coupe" en quelque sorte... En somme nous revenons à une agriculture sensée, sur l'idée des anciens, à la différence qu'elle nourrit véritablement tout le monde de façon équitable...