J'ai du mal à accepter les faiblesses des autres

Portrait de jeanne

Plus le temps passe (j'ai 44 ans) et plus je me rends compte que j'ai du mal à accepter les faiblesses des autres. Par exemple, je ne supporte pas les gens qui n'ont pas de parole. J'ai une amie qui fonctionne comme ça : alors que je ne lui demande rien, chaque fois qu'elle vient me voir, elle me dit qu'elle m'apportera des œufs de ses poules quand elle reviendra me rendre visite. Je pense que je vais finir par la virer. Avec mon amie, c'est un peu pareil : ça fait un mois qu'elle me dit qu'elle va nettoyer la bibliothèque à fond. Sauf qu'elle ne le fait pas et quand je lui dis que je vais le faire, elle pique une crise parce que justement elle avait prévu ce nettoyage pour le week-end prochain. Et le week-end passe et la bibliothèque n'est toujours pas astiquée ! J'en ai ras le bol des " Je dis et je ne fais pas ". J'aimerais m'en foutre éperdument mais je n'y arrive pas. Est-ce que vous pouvez m'aider à lâcher prise ?

Portrait de Jean

Vous avez raison de parler de faiblesse de la part de personnes qui ne font pas ce qu'ils disent. Il est facile effectivement de lâcher prise lorsqu'il s'agit d'une relation avec laquelle on ne vit pas au quotidien. Il suffit de s'arranger pour mettre de la distance. Quant il s'agit d'une relation de travail ou d'une vie de couple, comme la vôtre Jeanne, l'affaire est plus difficile à gérer. Dans la Bible, il est justement question des " faibles " et des " forts ". La sagesse voudrait que l'on voit dans les comportements des faibles (ceux à qui l'on ne peut pas se fier) une grande immaturité. Peut-être nous montrent-ils en miroir qu'il ne faut rien attendre d'eux, mais encore plus de nous-mêmes ? Facile en théorie, difficile en pratique mais je ne vois guère d'autres solutions, sinon alimenter un conflit inutile et encore plus épuisant. Le mieux consiste à faire pendant qu'eux parlent. Si la bibiothèque a besoin d'être néttoyée et que cela est très important pour vous, passez à l'acte sans demander son avis à votre amie... Ce peut être la solution. Si ce n'est pas le cas, cela reste son histoire et pas la vôtre.

Portrait de Lili

Bonjour Jeanne, 

Je partage entièrement  l'avis de Jean en lisant votre post. Je dirais même en ce qui me concerne que le fait que vous soyez de plus en plus sensible à ceux qui n'accordent pas leur dire et leur faire est peut être le signe que vous y accordez vous même de plus en plus d'importance pour vous. Si c'est le cas , vous devez être sur le chemin de la paix avec vous même. Alors les faiblesses des autres vous affecteront de moins en moins car ce sont vraiment les leurs et pas les vôtres,  c'est souvent rassurant.  En outre, vous aurez de plus en plus tendance à attirer des personnes qui sont sur la même longueur d'ondes que vous et vos relations pourront être plus harmonieuses. Cela vous semble-t-il vous correspondre , Jeanne? 

Bon dimanche. 

Portrait de jeanne

Il est vrai que je suis très exigeante et particulièrement avec moi-même. Je dois reconnaître aussi que j'ai une capacité de travail que beaucoup n'ont pas. Je sais aussi que je dois être dans l'acceptation de la différence des autres. Je le sais d'autant plus qu'étant homosexuelle, j'ai souffert, et je peux souffrir ancore, du regard des autres sur moi...

Portrait de cricri

Comme je vous comprends Jeanne... Comme sont horripilantes les personnes qui ne font pas ce qu'elles disent. Les bouddhistes nous recadrent cependant quand on se plaint de cet état de fait en nous énonçant que si nous avions les mêmes structures mentales que les gens peu fiables, nous agirions comme eux ! Quand je suis en colère après ma fille, colère devenue muette maintenant parce qu'elle est majeure, je me calme ainsi. Ou alors je pense à la célèbre phrase du Christ : " Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font "...

Portrait de Danièle-Dax

Quand je suis confrontée à ce genre de situation qui m'énerve aussi au plus haut point, je me pose et je réfléchis. Je suis encore toujours obligée par contre d'interrompre mon flot de pensées négatives en faisant un effort mais ce n'est pas grave... Je me pardonne ce manque de réflexe que j'aimerais systématique en me disant que j'espère qu'un jour ça deviendra instinctif... Quand je me suis bien centrée sur moi, je passe en revue mes qualités dont les gens faibles me font prendre conscience car eux n'ont pas la chance de les posséder. Je réalise systématiquement à ce moment là qu'ils sont victimes d'eux mêmes, ou de leur destin, et que je n'ai vraiment pas à me plaindre.

Portrait de Isabelle

Faire pour soi... Personnellement j'aimerais arriver à rester toujours sur cet axe... Mais j'avoue humblement que cela reste un défi à titre personnel... sans doute aussi par manque d'humilité... Lâcher prise sur le non faire que certains vous renvoient, me mets souvent en colère encore... Mais si j'essaie d'être juste vis-à-vis de moi-même aussi, je crois que je suis en colère également après moi, face à mes propres limites limitatives... Là est mon manque d'humilité ! Car bien au-delà d'une simple apparence masochiste, je pense que l'on peut souvent repousser ses limites... Oui, mais voilà, jusqu'où ? Sans que celà devienne véritablement du masochisme ? Alors effectivement cette différence est bien ce que je dois garder à l'esprit... Car ces limites limitatives sont valables pour tout un chacun ! S'il m'arrive de trouver certains positionnements injustes, et que j'ai parfois la sensation de "faire pour l'autre", fondamentalement, ça n'est jamais que pour moi-même... Si on le fait, c'est bien que nous pouvons le faire... Et tant pis si "l'autre" peut croire "qu'il nous a roulé dans la farine", en nous "laissant faire à sa place"... C'est son histoire ! Sur un plan surmoïque, je suis quoi qu'on en dise, en accord avec moi-même... De toute façon, si ça n'est pas juste, le retour surmoïque sera là comme un rappel à l'ordre ! Mais pour aller dans ce sens juste, nous n'avons même pas à attendre que ce retour se manifeste... il sera, au moment nécessaire, avec cette liberté, de l'envisager à l'instant "t" comme un "rappel" évolutif ou pas...

Portrait de Armelle B. Psychanalyste

Bonjour Jeanne, 

Effectivement lorsqu'un comportement particulier chez les autres dérange, il est bon de s'interroger sur le "comment se fait-il que cela nous dérange". D'après ce que vous décrivez, la différence entre le dire et le faire chez certaines personnes de votre entourage vous agace énormément.

Dans les situations que nous pouvons rencontrer dans la vie, certaines nous mettent en colère, d'autres nous attristent, d'autres encore nous émeuvent ou nous apportent une grande joie. Quelle que soit l'émotion qui nous submerge alors, une interrogation personnelle s'impose. Car les autres nous renvoient un miroir constant, qui nous ramène en fait à nous-mêmes, nous parle. Le mieux est alors de se demander s'il ne nous arrive pas de nous comporter de cette même manière qui nous a agacé chez l'autre. Pour utiliser le terme que vous avez employé, il s'agit de nous demander si nous n'avons pas finalement la même "faiblesse". Car ce comportement qui nous agace chez l'autre n'est finalement, le plus souvent, qu'un de nos comportements qui nous agace. Peut-être vous est-il déjà arrivé de dire à vos amies ou à votre amie que vous alliez faire quelque chose et ne pas le faire ou ne pas réussir à le faire par la suite, Jeanne ?

Cordialement, 

Armelle B.

 

Portrait de Thierry

Bonjour Jeanne,

Votre demande d'aide m'a touché, à plus d'un titre ... Vous vous posez humblement la question : comment lâcher prise face à des personnes qui "n'ont pas de parole" ? 

Vous semblez avoir un entourage qui n'est pas toujours conforme à vos attentes. Quelle chance ! Mosking
Grâce à eux et à leur différences, vous allez pouvoir, vous aussi, améliorer vos "faiblesses" en vous questionnant sûr cette colère qui semble vous animer dans certaines situations.  En effet, vous utilisez des mots assez dur et qui peuvent paraitre démesurer : 
« je vais finir par la virer", "J'en ai ras le bol" ou encore « je suis très exigeante ».
Finalement, pourquoi vous sentez vous si concerné par des personnes au profil du type : " Je dis et je ne fais pas ". C'est vrai après tout, vous pourriez en rire, non ? Mais au contraire, quelque chose semble vous toucher profondément. Pourquoi donnez-vous autant de pouvoir à ces paroles ?

Je sens comme une blessure en vous sur ce sujet. Tout cela m’amène à me questionner sur cette colère. Ce questionnement ne m’appartenant pas, les éléments qui suivent ne sont à prendre que comme des hypothèses bienvaillantes de réflexions, des intuitions … : Quel membre de votre famille  n'a pas tenu sa parole jadis à votre sujet ou au sujet de votre famille ?  Qu’est-ce que  vous  n'arrivez  pas à "virer" (à pardonner) ? Quelle faute ou quelles paroles voulez-vous  nettoyer, « virer » ? Qui n'a pas donné "l'oeuf ou les oeufs" promis (adoption, PMA, donneur défaillant ...) ?

Tout comme nos différences, nos blessures ne sont pas des faiblesses. Bien au contraire, je pense qu’elles sont une merveilleuse invitation pour partir à la recherche de notre vraie nature. Concernant l'exigence, Guy Finley* écrivait : « bien que le désir de perfection soit présent dans la trame même de notre âme, peu d’entre nous savent comment réaliser ce vœu d’un amour total. Voici pourquoi la voie de la perfection traverse secrètement la contrée de l’imperfection ». 


Jeanne, je veux juste vous dire : aimez-vous, acceptez-vous et pardonnez (pardonnez-vous) !

Je vous souhaite de trouver des pistes de réflexions pour avancer dans votre volonté de lâcher prise et ainsi gagner la paix intérieure.

Bien cordialement.

* « Vivre et lâcher prise » - Guy Finley Editions Pocket.

"Chacun pense qu'il faut changer le monde, mais personne ne pense qu'il faut se changer soi-même. Le monde est ce qu'il est car nous sommes ce que nous sommes, le monde sera différent si nous sommes différents. Nous sommes le monde..."  -  Tishan.

Portrait de jeanne

Vous avez mille fois raison Thierry de me rappeler que personne n'est parfait, à commencer par moi. Le fil conducteur que vous avez la générosité de me donner est non seulement intéressant mais, et c'est curieux, il me renvoie à un exercice que je m'applique à faire.
Effectivement, certains foromers parlaient chaleureusement d'un écrivain, Eckhart Tolle et de son ouvrage " Le pouvoir du moment présent ". Je l'ai acheté et même si je le trouve très difficile à lire, je commence à trouver la bonne porte de la compréhension. Cet auteur ne facilite pas la tâche du lecteur mais je pense que c'est volontaire car il ne cherche en aucun cas à faire du prosélytisme. J'applique donc au mieux ses conseils et en ce moment, je pratique l'exercice suivant :
" Observez les nombreuses façons dontnle malaise, l'insatisfaction et la tension se traduisent chez vous par le jugement inutile, la résistance à ce qui est et la dénégation du présent "...
Voilà ce que rajoute Eckhart Tolle :
" Tout ce qui est inconscient se résorbe lorsque vous envoyez la lumière de la conscience sur tout cela. "...
J'ai compris ainsi, que si je veux progresser et alléger mon fardeau le plus possible, il fallait que j'entre dans la réalité de ce qui m'est donné à vivre sans en vouloir à qui que ce soit, et sûrement ni aux autres, ni à Dieu, ni au diable...

Portrait de Gilbert. R. Psychanalyste

Bonjour Jeanne,

Vous évoquez au terme de votre commentaire la notion de réalité. Sigmund Freud accorde une importance essentielle à ce qu'il nomme " Le principe de réalité ". Tout le sens d'un travail sur soi, quelle que  soit la forme qu'il prenne, induit à accepter cette réalité telle qu'elle est, sans l'enjoliver ni la dramatiser. Pour cela, il est nécessaire effectivement d'un lâcher prise, comme l'indique Thierry. Lacher prise sur le jugement sans pour cela tout excuser. Ainsi, votre ami n'est pas parfaite Jeanne, tout comme vous ! Tout comme moi ! Oui, comme titre Thierry Nobody's perfect (personne n'est parfait,) mais à partir de ce constat ô combien réaliste, chacun peut devenir alors perfectible...

Portrait de Isabelle Hatier Psycho-Sophrothérapeute

Il est difficile de définir ce que l’on ressent lorsque l’on parle de lâcher prise, Jeanne. Si j’osais en donner une approche personnelle ici, se serait de ressentir sans nier, sans juger, sans nourrir des pensées négatives et ainsi permettre à tout ce qui se présente à moi d’être là, en acceptant la réalité de l’instant. Ce pourrait être, par exemple, comme regarder le soleil un soir d'été, en me laissant baigner par lui. Par ce que les rayons solaires chaleureux et lumineux produisent et éveillent en moi ; comme si j’étais spectatrice de ce que je ressentais. Simplement être là, sans se faire envahir par le mental , en accueillant ce qui vient ici et maintenant. Lâcher prise reste malgré tout cela, synonyme pour beaucoup, de danger, de perte d’équilibre avec une impression de déstabilisation… A contrario, Être en prise des évènements... des autres... pourtant est un leurre, un leurre de sécurité, un positionnement énergivore et limitant dans notre épanouissement personnel et social !