J'ai beaucoup, beaucoup aidé professionnellement 3 personnes. Comme elles se sont très mal conduites avec moi ensuite, j'ai fait un travail de pardon sur elles, même s'il ne m'a pas été facile à mettre en place... Je viens d'apprendre qu'elles rencontrent actuellement des difficultés importantes dans leur boulot. Ma question va peut-être vous surprendre mais elle m'est venue comme ça...
Dans son principe, un travail de pardon - dirigé vers une personne dont on considère qu'elle nous a fait du mal - nous libère de ses emprises multiples et variées. Mais, et ce serait paradoxal d'un point de vue spirituel mais pourquoi pas ?, sur un plan psy - dès lors qu'en pardonnant on " abandonne " la personne concernée à son propre et triste " sort ", ne prend-elle pas des rétorsions inattendues ?
Orlan
Il y a nécessité d'une solide maîtrise spi et psy
Votre question est très intéressante mais, à mon sens, elle demande une sacrée réflexion spi et psy... Ceci étant, j'attends avec impatience la venue de formers qui pourront m'éclairer un peu - je n'en doute pas - pour entrer pour ma part modestement dans cette disccussion qui promet d'être passionnante et instructive...
Christine-zen
Comme un lien de cause à effet...
Je le pense mais, en ce qui me concerne moi aussi, à ce stade de la discussion je ne saurais trop l'expliquer... Je vous livre juste ce que je ressens intuitivement...
cricri
J'opte également pour le lien de cause à effet...
Mais, sans pouvoir réellement l'expliquer, je crois que les ennuis que rencontrent actuellement ces 3 personnes indélicates peuvent leur faire réaliser qu'elles se sont mal conduites avec Sylvie et, ainsi, décider de réparer, acte qui les libèrerait à leur tour... Je leur souhaite juste que ce ne soit pas un vœu pieux...
Régis
Une occasion pour s'interroger !
Je crois que les psys parlent d'un effet miroir à identifier lorsque quelque chose ne va plus. Comme s'il fallait peut-être effectuer un changement, voire une conversion à l'issue d'une honnête interrogation. N'étant pas psy je pense à la parabole de l'enfant prodigue. Ce n'est bien sûr pas le même contexte mais ce fils - au plus bas de l'échelle sociale - a eu cette formidable humilité de s'interroger et de revenir vers son père. Son père qui a fait une fête, même si cela a rendu un peu jaloux le deuxième fils qui est rester " sage ". Comme Cricri, je souhaite qu'une réparation soit possible et qu'une humilité retrouvée puisse libérer ces trois personnes. Espérant aussi que ce ne soit pas qu'un voeux pieux... Mais je crois aux miracles divins. Dieu seul connaît et scrute nos coeurs.
Lakshmi
Une discussion qui s'avère profonde
Complexe effectivement ! D'un point de vue psy, je ne suis pas qualifiée et aimerait en savoir plus. Quant à ma modeste réflexion spirituelle, je me réfèrerais à la Bible qui prône un Dieu d'amour et de pardon. Jésus-Christ a pardonné à Judas, ce qui n'a pas empêché Judas de se pendre après avoir trahi Jésus pour 30 pièces d'argent.
Madeleine
Un cadeau pour soi et pour l'autre
Votre questionnement Sylvie est très intéressant. Ce que je comprends c'est que pardonner à celui qui nous a fait du mal c'est se libérer certes mais, c'est aussi " donner la part divine à l'autre ", lui offrir la possibilité de s'interroger et de se libérer à son tour. Et comme tout changement et remise en question passe par l'épreuve...
Younes
Retour de manivelle !
Mon père, très honnête, m'a toujours dit que si dans la vie on se comporte mal, tôt ou tard on a un retour de manivelle. Pardon ou pas, on récolte ce que l'on sème il me semble. Aujourd'hui une vieille mamie est venu remercier une hôtesse de caisse qui avait récupéré son porte-monnaie alors qu'elle le croyait perdu. Cette mamie pensait que des gens l'avaient ramassé, avait pris son argent, sa carte bleue. J'ai assisté à une belle leçon de vie. La caissière a refusé gentiment sa récompense - la vieille dame voulait la dédommager - en disant que ramasser les porte-monnaie par terre (lorsque cela arrive) fait partie de son métier... J'espère que ce qui arrive à ces trois personnes, Sylvie, sera bénéfique pour elle, à savoir que l'on a tout a gagner à bien se comporter.
Isabelle
Ordre et loi
Je ne suis pas sûre que je sois toujours proche d'une démarche de pardon... Je crois que mon humilité me fait bien encore défaut quelquefois... Et je ne parle que de ma petite personne... Mais je crois cependant que le lien de cause à effet existe en réalité. Lorsque je réfléchis à la mort de ma belle-mère (seconde épouse de mon père), qui s'est suicidée quelques mois après la mort de celui-ci... J'en arrive à une compréhension de certains aspects aujourd'hui... Qui me semble comme une "évidence"... Lorsqu'on fait du mal à autrui, et quelle qu'en soient les raisons... On se coupe d'un aspect protecteur inconscient qui fait qu'on est en lien avec telle ou tel sur son chemin... Si cet "autre" blessé s'éloigne alors, un effet "boomerang" se met en place... Je vais essayer d'être un peu plus claire... La seconde épouse de mon père était aussi sa cousine (les grand-mères maternelles étaient soeurs). En plus de faits objectivables mis en place par ma belle-mère à notre égard, nous les enfants de son mari... Ce que j'ai "compris" (?) récemment, c'est que par sa volonté de nous couper de notre père et de notre héritage, elle a retourné les choses contre elle-même certes (et de façon caricaturale), mais en plus, elle a "oublié" ce lien qui l'unissait à mon père... Et du coup, ce qui l'a protégeait d'une part "difficile" de son héritage y compris sans doute, transgénérationnel... Puisqu'elle a mis fin à ses jours, et son corps n'a été découvert qu'environ 8 jours plus tard à son domicile... Mais, et c'est là où je veux en venir, c'est que son père, avant elle, est mort de la même façon... Et qu'avant de vivre puis se marier avec mon père, elle partageait sa maison avec son père... Bien sûr, ce n'est que mon expérience et ma compréhension... Mais dans ce cas, il s'agit qu'on le veuille ou non, d'un ordre et d'une loi qui n'ont pas été respectés... Il m'arrive de penser encore à elle de temps en temps... Et je n'ai plus de colère... Souvent je pense, à tort ou à raison, à son âme qui doit être en souffrance...
Sofia M
Rétorsion, leçon... De quoi changer quoi qu'il en soit !
Le terme " rétorsion " que vous utilisez est juste sur un plan psychanalytique. Du côté de la spiritualité, il est possible d'utiliser à la place le terme " leçons ", moins agressif... Quoi qu'il en soit et tout aussi surprenant que cela puisse paraître, pardonner entraîne effectivement un détachement qui offre toutefois l'opportunité à la personne indélicate, non reconnaissante, d'être titillée inconsciemment par une culpabilité qui va la mettre en lien psychologiquement, en pensée donc, avec la personne qu'elle a dévalorisée, flouée, méprisée, etc. Le problème c'est que si l'agresseur a un surmoi faible, il ne changera pas et continuera ses méfaits sur quelqu'un d'autre... En revanche, pardonner c'est aussi se protéger.
nanou-69
Le surmoi faible
Vous me faites réfléchir sur cette notion de surmoi. Je comprends mieux pourquoi lorsque quelqu'un continue à se comporter mal avec d'autres personnes c'est que son surmoi est faible. Je pense que ça doit être d'autant plus difficile de pardonner sachant que même si on en est libéré, il va continuer ailleurs.
Nadia
La voie du pardon est donc la solution
J'ai compris beaucoup de choses sur le pardon. J'ai compris que j'ai encore gardé des rancunes face à certaines personnes et c'est pour cela que je me mine parfois de l'intérieur en y repensant, comme s'il n"y avait pas de justice. Vos posts m'ont fait comprendre que cela ne sert à rien. Bien au contraire. Je vais y réfléchir plus en profondeur quant à moi.
Mireille-cogolin
Pardonner ne veut pas dire oublier
Parfois, après un gros travail de pardon, on reste étonné que le souvenir négatif persiste. Un jour, j'en ai parlé à un prêtre qui m'a expliqué que cette mémoire signifiait d'une part que la personne à laquelle on voulait pardonner s'était vraiment mal conduite, sinon il n'y aurait pas persistance de ce mauvais souvenir, et d'autre part, cette mémoire est là pour bien nous faire comprendre que nous n'avons pas à nous comporter de façon négative vis-à-vis de la personne indélicate : c'est comme si ce relent désagréable nous conseillait de nous abstenir de toute vengeance pour ne pas être à notre tour tout autant méprisable... Autrement dit, cette mémoire est là pour nous informer qu'il n'est pas question de mal nous conduire : ne jamais faire aux autres ce que nous n'aimerions pas qu'ils nous fassent ou encore, ne jamais faire à l'agresseur ce qu'il nous a fait subir...
Jean
Très apaisant !
En aucun cas s'identifier à l'agresseur... Votre post est effectivement très apaisant, Mireille. Merci.
Nadia
Vos explications me font du bien !
Je viens de lire votre post, Mireille. Il m'a fait beaucoup de bien car il donne des explications que je peux comprendre.
Sylvie-0570
Une jolie leçon pleine de sagesse
Tout comme Nadia, je peux dire que vos commentaires m'ont apaisée, tout en restant très humains...
Merci et très belle soirée,
Sylvie