Dans une discussion, quelqu'un a cité le terme équanimité, terme issu du Bouddhisme. Il s'agit, je crois, de ne se laisser affecter ni par les bonnes nouvelles, ni par les mauvaises. Je trouve cette pratique très difficile. Est-ce que vous y parvenez et si oui, avez vous une ou des méthodes ? Par exemple, comment faire lorsque quelqu'un vous insulte sur un parking ou, à l'inverse, lorsque votre compagne ou compagnon vous assure de son amour indéfectible ?
Coeur Serein
Bonjour ,
Bonjour ,
Cette pratique de l'équanimité est difficile lorsque vous êtes identifié à l'égo , le soi séparé ou faux soi . L'important est d'abord de reconnaître ses manifestations en soi-même basé sur l'auto-observation.
Si vous avez bien observé vous-même , vous verrez que lorsqu'on vous insulte ou on vous frappe la joue gauche, votre égo va répondre automatiquement selon le mécanisme suivant : Fuir ou Combattre. Ou lorsqu'on vous félicite , votre égo se sent gonflé ou orgueilleux . Dans l'un ou l'autre cas , vous ne pouvez pas répondre avec équanimité car vous êtes attaché émotionnellement par des mécanismes automatiques de votre subconscient.
Il y a une pratique qui marche c'est de poser à l'envers à votre égo la question jusqu'à ce qu'il ne soit plus capable de répondre : T"es content quand on te félicite , t'est pas content parce qu'on insulte, t'es en colère ... et puis après , ben content pareil !!!
Cette façon de répondre va débusquer votre égo et le faire sortir de sa cachette.
Jean
Je vais réfléchir à votre post
Merci pour votre réponse, Coeur Serein. Je vais y réfléchir et voir ce que cela déclenchera en moi dans mon quotidien.
Ari
Un travail de très longue haleine
Il s'agit d'un travail sur soi quotidien qui nécessite de s'observer, d'observer ses réactions sans complaisance quel que soit le cas de figure, afin que son état émotionnel se dilue. Une sorte de " neutralité bienveillante " comme aurait pu le dire Freud.
Jean-Marc
Développer une attitude de témoin non impliqué
Comme le dit fort justement Ari, il s'agit d'un travail de tous les jours. En yoga, il se prépare par des exercices de méditations sur les émotions en couples d'opposés (haine/amour, répulsion/attraction, etc). On demande au méditant d'observer ces émotions dans une attitude de témoin, le corps et le mental étant préalablement mis en état de relaxation. L'ordre est toujours le négatif pour finir sur le positif, tout en abandonnant l'émotion quand même. Un travail qui demande beaucoup d'effort et de persévérance pour pouvoir ensuite l'appliquer naturellement dans la vie quotidienne. Un entraînement de l'esprit en quelque sorte.
M.Christine
le fond avant la forme
Votre question est intéressante, Jean .
Je vais y répondre par une constatation . Chaque fois que je me suis surprise à pratiquer l'équanimité, c'est quand, dans un premier temps, j'ai attaché plus d'importance à la justice, à la vérité de la situation plutôt qu'à la manière dont j'ai été traitée .
Il m'est arrivé plusieurs fois de me faire insulter au volant, et à chaque fois j'ai vu tout de suite que j'étais en tort . J'ai évalué rapidement les faits et j'ai reconnu que j'avais commis, même involontairement, une faute qui aurait pu être dangereuse, d'où la colère compréhensible de l'autre conducteur (due à une peur, que j'aurais eue aussi à sa place) .
Bien sûr, après coup, en repensant aux insultes, ça ne fait pas plaisir, d'autant plus que je n'aurais moi-même pas réagi ainsi, mais c'est grandement atténué par cette idée de justice indéniable dans les faits ...
C'est un peu comme si on était l'un des acteurs et un spectateur en même temps : il y a en nous une troisième personne qui regarde de l'extérieur se dérouler la scène et juge la situation en toute impartialité .
Jean
Prendre de la distance par rapport à une situation
Votre exemple; M. Christine, est très explicite et je vous en remercie. En fait, c'est un peu ce que propose Jean-Marc, cette attitude de témoin. Comme s'il y avait une troisième personne témoin de cette situation et qui voit mieux l'ensemble. Elle est détaché de la peur du conducteur et en même tant de la réaction à l'insulte. C'est très parlant. Merci.
M.Christine
le recul
Oui, en effet, c'est cela dont parle Jean-Marc .
Ca m'est arrivé aussi dans des réunions entre collègues lorsque nous préparions un projet . Nous n'étions pas tous forcément d'accord . Parfois même j'étais contrariée si on n'acceptait pas une de mes propositions . Puis le "témoin" en moi arrivait, je voyais l'ensemble des personnes réunies et l'importance du point de vue de chacun pour arriver à un consensus nécessaire à la réalisation du projet . Alors le sentiment de frustration de devoir renoncer à une idée, que je jugeais pourtant bonne, s'atténuait pour finalement aboutir à une complète acceptation .
L'auto-dérision est aussi du même genre, je pense . On rit de se voir dans une situation cocasse au lieu de rester enfermé dans la honte ou la colère ou la tristesse ou la rancune, etc...
Jean
L'exemple concret illustre la théorie
J'aime bien ce type d'exemple personnel M. Christine. Il ancre dans le quotidien et permet de se mettre en situation.
Jean-Marc
La pensée du jour d'Omraam Mikhaël Aïvanhov
J'aime beaucoup ce Sage. Dans " Pensées quotidiennes " à la page du 5 mai, il fait allusion à ce versant de équanimité qui consiste à ne pas se réjouir de trop de nos succès de manière à ne pas s'enorgueillir. J'ai envie de vous transmettre ce qu'il dit car cela me parle beaucoup. Je ne sais pas si vous êtes d'accord avec ce qu'il dit. Mais cela peut faire avancer la discussion à mon avis.
" Vous accomplissez une tache difficile, vous remportez des succès, vous sortez victorieux d'une épreuve ? Tâchez de ne pas vous en glorifier mais dites : " Ce n'est pas moi, Seigneur, c'est à Toi qu'en revient le mérite ", sinon vous risquez de tomber dans les pièges de l'orgueil. Et lorsque vous recevez des éloges, des félicitations, soyez vigilant, ne vous pressez pas d'avoir tellement bonne opinion de vous, mais répétez : " Ce n'est pas à moi, Seigneur, c'est à ton Nom que revient la gloire. ". Souvent, sans le savoir, sans le vouloir, les autres vous tendent des pièges : vous prenez leurs compliments tellement au sérieux que vous devenez prétentieux , vous vous croyez déjà arrivé au sommet, et c'est dangereux pour votre évolution.
Vous devez travailler pour la gloire de Dieu, et si l'on vous donne des louanges, reportez ces louanges sur Lui : c'est ainsi que le côté impersonnel, désintéressé de votre être pourra se développer. Le Ciel vous juge d'après cette attitude. la véritable gloire du disciple, c'est de glorifier le Seigneur. "
M.Christine
paroles de sagesse
J'aime beaucoup Aïvanhov aussi . Merci Jean-Marc pour ce rappel essentiel !
Régis
Texte très sage effectivemement
Aïvanhov prodigue là de très sages conseils effectivement.
Isabelle
La joie...
Ce matin, avec Affirmez la sagesse divine, auquel il est souvent fait allusion sur ces forums, je suis "revenue" (parce que ce n'est pas la première fois, que je suis "guidée" vers ce chapitre) page 77 "Quatre petits mots"... Dans ce chapitre Emmet Fox explique combien il est important d'envisager "Ta volonté soit faite" avec Joie et non en pensant qu'accepter rime nécessairement avec souffrance... Je viens, je crois... d'entrevoir combien il faut d'humilité pour simplement entrevoir que l'acceptation à son niveau "élevée" se transforme en joie, parce qu'elle est la paix de l'esprit...
Gilbert
Je suis d'accord avec Emmet Fox
C'est le problème du dolorisme de certaines interprétations négatives de ces quatre mots qui frisent le fatalisme. Emmet Fox met l'accent sur le fait que la Volonté de Dieu, même si on ne la comprend pas toujours, débouche sur la Joie qui se situe au-delà du bon/mauvais parce que l'on fait confiance. Il s'agit vraiment d'acceptation. L'équanimité, à mon sens, c'est accepter de ne pas comprendre et faire confiance. Ce qui s'appelle la foi, il me semble.
M.Christine
Se voir avec l'oeil de Dieu
En relisant les questions de Jean, je me dis quand même qu'on n'est pas encore des sur-humains . Je me dis que je peux m'accorder le droit d'éprouver du plaisir ou de la peine dan certaines circonstances . Sinon, je me mets trop la pression !
L'équanimité se cultive pendant des années . Je crois qu'il faut se pardonner de ne pas y arriver totalement . Parfois, je me culpabilise inutilement alors que Dieu, je parie, est plein de compassion pour les efforts fournis . Et la culpabilité m'éloigne de Lui, le comble ! C'est déjà bien si on arrive à ne pas être dans l'excès . C'est déjà une capacité de maîtrise appréciable . Avoir de la compassion pour soi-même, car nous savons à quel point nous faisons des efforts pour nous rapprocher de Lui .
On est souvent trop durs avec soi-même . Plus durs que Lui . Si on pouvait se voir comme Lui nous voit ! S'aimer comme Lui nous aime !
Imaginez si on marchait dans la joie de ses encouragements, qui seraient en même temps nos propres encouragements à nous-mêmes ... au lieu de Le voir comme un juge impitoyable qui sanctionne au moindre faux-pas .
Charles
Rester humain
J'aime beaucoup le côté humanisant de votre commentaire, M. Christine. Comme on dit, à vouloir faire l'ange on fait parfois la bête.
Jean
Une question d'équilibre
D'accord avec vous Charles à propos du com de M. Christine. Il n'est pas question de devenir des robots d'une pseudo spiritualité au final. On fait ce qu'on peut avec ce que l'on est du mieux possible. Quoiqu'il soit, merci pour votre participation qui me permet, encore une fois, d'avancer plus loin sur le chemin. Et bon jeudi férié à tout le monde.
Coeur Serein
Le meilleur moyen de
Le meilleur moyen de pratiquer l'équanimité est de réciter mentalement le mantra du Bouddha de Sagesse Ratnasambhava qui détient la Sagesse de l'équanimité que les êtres humains ont perverti en poison de l'orgueil.
Gilbert
Om Ratnasambhava Tram
Je ne connaissais pas ce mantra " Om Ratnasambhava Tram ". Je suis allé sur you tube pour l'écouter : très apaisant. En même temps, cela m'a permis d'aller chercher des infos sur cette manifestation du Bouddha qui transmue le poison de l'orgueil en la Sagesse de l'Egalité. Ce dont j'ai grandement besoin. Merci.
Gilbert. R. Psy...
Swami Prajananpad sur l'acceptation, un pas vers l'équanimité
Swami Prajnanpad est le maître spirituel d'Arnaud Desjardins. Il était très intéressé par l'apport de la psychanalyse et a encouragé un de ces disciples à faire une psychanalyse. Je voudrais transmettre un texte tiré d' " Entretiens " qui peut s'inscrire dans cette discussion, notamment au niveau de l'acceptation, porte d'entrée de l'équanimité à mon sens :
" Tout doit être accepté, le bon et le mauvais. En fait, vous n'avez pas le choix. Si vous voulez le bon, vous aurez le mauvais aussi. Chaque chose a deux aspects. Si vous voulez le côté face d'une pièce, vous devez prendre aussi le côté pile. C'est inutile d'attendre seulement du plaisir. Le plaisir et la peine vont toujours de pair. Prenez les deux, ou rien du tout.
Quant une chose arrive, acceptez-là d'abord. C'est la vérité. C'est arrivé. Pouvez-vous la refuser et dire que ce n'est pas arrivé ? Non. Après avoir pleuré et vous être lamenté, vous l'accepterez en tout état de cause. Pourquoi ne pas l'accepter dès le début ?
Dite " oui " à tout. Quand vous acceptez de plein gré une chose, il n'y a pas de souffrance. La peur doit être bannie de votre vie. "
Swami Prajnanpad
Comme le précise Ari, il s'agit d'un proposition de travail sur soi de longue haleine. Moi-même n'en suis pas à ce degré d'acceptation mais ce me semble la seule voie possible. Sigmund Freud a montré le chemin. Carl Gustav Jung l'a continué, ainsi que Jacques Lacan. Axe de travail passionnant, je remercie mon analyste de me l'avoir induit ainsi que mes formateurs mais aussi les analysants qui me font confiance et qui me montrent par leur acceptation et leur évolution que ce chemin est pratiquable.
Lakshmi
A méditer effectivement
Je connais un peu les écrits d'Arnaud Desjardins mais je ne connaissais ce texte de Swami Prajnanpad. A méditer effectivement.
Christine-zen
L'équanimité, le stade de la délivrance
Mon souhait le plus cher est de parvenir à ce niveau spirituel exceptionnel.
J'en suis très loin mais je commence à intégrer des principes eux aussi spirituels, je les applique de + en + spontanément, ce qui me donne bon espoir...
Charles
Exceptionnel en effet
" Tout doit être accepté... " C'est sûr qu'en arriver là doit être libérateur et exceptionnel. Déjà, savoir que cet état existe donne envie d'emprunter le chemin de la spritualité, à mon rythme. Plein d'espoir effectivement.
Mireille-cogolin
L'arrêt de tout jugement
J'essaye de travailler le plus souvent possible sur l'équanimité.
J'ai découvert ce concept il y a plusieurs années en arrière car je commençais à m'intéresser au bouddhisme. J'ai été séduite d'emblée, ne serait-ce qu'en raison de cette finalité qui m'attire tant : ne plus juger, rien ni personne et encore moins ma trajectoire de vie, quelle qu'elle soit...
cricri
Le sens des religions
Dans le Notre Père, il y a le célèbre " Que ta volonté soit faite "...
Plus facile à réciter qu'à appliquer !
Je suis pleinement d'accord avec Mireille : ce projet spirituel d'atteindre l'équanimité est assurément le plus important pour le croyant qui ne peut que se sentir " délivré " une fois qu'il parvient à cette réalisation. " Et délivre-nous du mal ", supplie encore celle ou celui qui accorde une importance au Notre Père...
Christine-zen
Des similitudes effectivement...
Ceci étant, l'équanimité telle qu'expliquée par le bouddhisme me fait davantage écho...
cricri
C'est ça l'important
Dieu sait comment toucher nos cœurs...
Régis
" Que ta volonté soit faite " à la lumière du Bouddhisme
Je crois que chaque tradition authentique peut s'éclairer l'une l'autre. J'ai lu un livre du Dalaï Lama qui parle des écritures chrétiennes, de Jésus, à la lumière de la spiritualité bouddhiste. Les moines chrétiens qui l'avaient invité à la causerie sont unanimes sur ce point. Le Bouddhiste ne demande pas que l'on change de religion, mais simplement de creuser sa propre tradition en s'ouvrant à d'autres points de vue mais qui finalement exprime la même chose. " Que ta volonté soit faite ", je suis d'accord avec Cricri, c'est s'ouvrir en confiance sur l'équanimité.
Mireille-cogolin
" Je choisis tout "
Cette phrase inconditionnelle de Sainte Thérèse de Lisieux rejoint, selon moi, l'équanimité. En même temps, c'est ce qui la faisait sainte. Pour ma part, je suis encore très, très loin de cette acceptation de ce qui ne me convient pas ou de ce qui m'effraie dans ma vie mais, comme je l'ai exprimé précédemment, j'essaie de me maintenir de mon mieux sur ce chemin qui consiste à quitter le " Pourquoi " et le " Comment " et à me tourner le plus vite possible vers Le Seigneur dès qu'une angoisse arrive, menaçant de me submerger...
Jean
Je lis avec délectation vos commentaires
Je lis avec délectation vos commentaires tout aussi inspirants et enthousiasmants les uns que les autres. Je me rends compte que ce chemin est ardu, mais, comme a dit quelqu'un, qu'il est praticable. Vous m'encouragez à persévérer sur la voie. Merci de tout coeur.
Jean
Jean-Marc
Un peu chaque jour
" Je choisis tout " de Sainte Thérèse de Lisieux est l'aboutissement d'un travail d'acceptation que j'essaie, par l'outil du yoga entre autres, de réaliser un peu chaque jour. C'est le OM, le AMEN, le OUI à ce qui est, était et sera de toute éternité.
Daniel01
Accepter semble être la clé
Ma situation de chômeur semble bouger un peu. Il y a quelques ouvertures pour cet été, d'après les coups de téléphone que j'ai passés et que j'ai reçus aujourd'hui. J'ai l'impression qu'il a fallu que j'accepte ma situation pour que des opportunités se présentent. Du coup, cette discussion me parle beaucoup. Merci.