J'avais déjà un peu parlé dans un forum de mes difficultés à communiquer avec ma mère qui voit le mal partout. Son univers est très négatif et elle a l'art d'assombrir le mien.
Cet après-midi, j'ai fait l'effort de passer la voir. Rebelote : selon elle, si Sarkozy se présente aux Présidentielles, Marine Le Pen va être élue et à l'âge que j'ai, il faudra que je file vivre à l'étranger, aux États-Unis de préférence... Quand je lui ai dit mon étonnement, elle m'a répondu qu'elle avait vu tout ça dans " les cartes ", que les cartes ça ne mentait pas (sauf qu'elle ne sait pas les faire et qu'elle raconte n'importe quoi comme je vous l'avais déjà précisé), et je vous passe tous les détails abracadabrants qu'elle m'a livrés... J'ai essayé de me contenir mais elle l'a senti et a conclu en me disant que j'étais " ingérable ", tout ça accompagné du haussement de sa voix... De toute façon, elle est tellement vulgaire qu'elle me fait honte et que je redoute toujours de croiser ses voisins quand je vais chez elle.
En rentrant, j'ai raconté tout ça à mon amie qui m'a redit que j'étais maso et que j'aurais mieux fait d'économiser mon essence et mon énergie plutôt que d'aller voir ma mère... Bien sûr on s'est engueulées parce que je ne me sens pas très épaulée de ce côté-là non plus... Je sais qu'avec mon amie ça va s'arranger, donc ce n'est pas le plus important, mais je ne sais plus ce que je dois faire avec ma mère, d'autant que le soutien ne viendra jamais de mon père, homme effacé qui rase les murs et qui a peur de sa femme...
Connaissez-vous ce genre de problème qui me sape mon existence et dont je voudrais sortir ? Avez-vous des conseils qui marchent à me donner car je sens que mon amie commence à en avoir ras-le-bol de ce que je lui raconte sur ma mère ?
Cécile
Lâchez-prise
Bonjour Elise,
Visiblement, il n' y a pas grand chose à faire avec votre mère. Vous n'avez rien à vous reprochez puisque vous avez fait l'effort d'aller la voir. Désormais, il me semble que vous devriez lâcher prise et accepter la situation tout en vous protégeant. N'allez plus la voir. Par contre, il serait peut-être bon que vous puissiez discuter avec votre père qui doit vivre, sans rien dire, des choses difficiles. Une manière peut-être de mieux comprendre et de lui donner la parole ?
Juliette
L'accepter telle qu'elle est
Bonjour Elise,
Je comprends votre désarroi car je vis la même chose avec mon père. C'est un homme avec qui on ne peut pas discuter et qui est très négatif. Bref, il est nuisible. Cela a été compliqué avec lui jusqu'au jour où j'ai accepté qui il était, qu'il ne changerait pas mais que je devais me protéger.
Nous nous voyons rarement et c'est moi qui décide quand je vais le voir ou quand il peut venir me voir. Nous mangeons à l'extérieur au restaurant ce qui limite le temps de la rencontre ( on ne peut pas rester toute la journée au restaurant). Il est content parce qu'il est sorti et le fait d'être dans un lieu public évite les débordement. Comme je choisis le restaurant, je sais que je vais prendre du plaisir à table et nous passons un moment convenable.
J'espère que mon expérience vous apportera quelques pistes.
Lili
Se libérer de ses propres attentes pour se détacher ...
Bonjour Elise, j'ai aussi connu des difficultés importantes de communication avec mon père . Elles n'étaient pas tout à fait du même type mais la communication et les moments ou nous nous voyions étaient toujours difficiles pour moi car j'attendais toujours qu'il montre de l'intérêt pour moi, mes enfants, ce que je faisais dans la vie, etc. J'attendais toujours qu'il soit content de me voir et de discuter avec moi. Mais au lieu de cela, je trouvais toujours quelqu'un de renfermé, qui se plaignait de sa vie, presque de ses enfants (!!!), etc. Et je ressentais toujours un grand sentiment de tristesse et de déception au retour des visites que je lui faisais. Déception pourquoi ? Parce qu'il était toujours égal à lui-même et qu'il n'avait pas changé !!! Un jour une amie à qui je m'en plaignais moi-même m'a dit : "Mais ton père est comme cela, c'est un grand mélancolique qui est incapable d'être heureux de quoi que ce soit. Tu ne pourras pas le changer. Tu est déçue, mais c'est comme si tu étais déçue par un père qui serait paralysé et à qui tu reprocherais de ne jamais venir fair un footing avec toi sur la plage." Je crois que cet exemple m'a fait comprendre plein de choses. Qu'effectivement, il ne changerait pas, qu'il souffrait sans doute lui-même de quelque chose contre quoi je ne pouvais rien. Et que c'etait mes propres attentes qui me faisaient souffrir. M'alléger de cette souffrance ne dépendait donc que de moi.
Ca a été vraiment libérateur pour moi, et peut être pour lui aussi? On a les parents qu'on a et on n'y peut rien. Certains pensent que nous choissisons notre incarnation dans une famille, que cela a un sens pour nous, que nous avons quelque chose à comprendre là aussi. Finalement je suis assez d'accord.
Si l'on, accepte cela, on peut réussir à ne pas couper complètement le lien avec eux mais à faire en sorte qu'ils ne nous fassent plus souffrir, à poser un certain détachement sur eux. D'ailleurs, je trouve la solution que propose Juliette vraiment intéressante. Si vous lâchez ces attentes vis à vis de votre mère, vous récupèrerez sans doute de l'énergie pour inventer de nouvelles formules pour la voir tout en vous protégeant : se rencontrer à dose homéopathique, dans un lieu "neutre", pas forcément chez vos parents, pour un moment limité , et peut être même éviter les conversations de plus d'un certain temps, etc. Pensez surtout à vous et à vous protéger lors de ces rencontres !
Bon courage et bien à vous, Elise.
Orlan
Ne pas rentrer dans sa sphère
Si ça peut vous aider, je peux vous communiquer une technique de coaching. Cette méthode passe par une métaphore. Elle est tellement imagée que chaque fois que je suis confronté à un interlocuteur au profil psychologique identique à celui de votre mère, je m'en sers parce qu'elle est
maintenant gravée en moi. C'est le processus de la sphère. Explications...
Une sphère, tout le monde sait ce que c'est et, à l'évocation de ce terme, on peut facilement imaginer un cercle. Il suffit de visualiser l'interlocuteur négatif (quelle que soit la raison de sa
négativité) dans une forme sphérique hermétique un peu éloigné de soi. Cette distance, tout imaginaire soit-elle, permet la réflexion et de se dire : pas question d'aller dans la sphère du
prédateur car je m'y ferai croquer. Ce qui a pour effet de ne pas alimenter les propos ou l'attitude de " l'agresseur " qui ne nous conviennent pas... Curieusement, on reste zen dès qu'on applique
cette méthode. L'interlocuteur déprimant le sent et peut chercher à nous déstabiliser en haussant le ton, comme vous l'avez signifié dans votre post, mais si - encore une fois - on n'entre pas dans sa
sphère, il change de ton et on constate très vite qu'il passe en culpabilité...
Pour rester positif, je pense que les attitudes déplaisantes de votre mère sont là pour vous apprendre à communiquer car vous êtes encore jeune et nous rencontrons souvent en chemin, quand ce n'est pas tous les jours, des personnes qui recherchent le conflit en permanence. Vous n'y échapperez donc pas maisvous aurez fait vos tout premiers exercices grâce à elle...
Elise
Vous me permettez de réhabiliter mon père...
En fait, je viens de comprendre que ce n'est pas vraiment le dos rond que fait mon père : c'est qu'il ne veut pas alimenter la névrose de ma mère... Heureusement sûrement parce qu'il y a longtemps qu'ils se seraient séparés et, contrairement à ce que ma mère pense d'elle-même, ça aurait été compliqué parce qu'elle est incapable de s'assumer, de faire le moindre compte, de savoir comment on remplit une feuille d'impôsition...
Comme par ailleurs je sais qu'il ne faut pas fuir ses difficultés, sinon elles reviennent décuplées à un moment ou à un autre, je vais essayer de faire une bonne synthèse de vos posts pour m'en servir selon le cas de figure qui se présente...