Je vois bien, quand je réfléchis honnêtement à mes réactions, que je ne sais pas pardonner.
Que ce soit au boulot quand je considère qu'on m'a mis des bâtons dans les roues ou avec mon amie quand je la trouve injuste avec moi, ou avec des copains quand je ressens qu'ils ne sont pas toujours sincères et qu'ils peuvent jouer double jeu, je ronge mon frein et je ressasse l'affaire à m'en rendre malade. Et plus le temps passe et plus je sens la colère, même la révolte monter en moi.
Je ne peux que constater le mal que je me fais et que je fais autour de moi.
Ma question vous semblera peut-être idiote mais tant pis... : peut-on apprendre à pardonner et si oui, comment dois-je m'y prendre pour obtenir un vrai résultat ?
Charles
J'ai aussi beaucoup de mal avec ça !
Comme je l'ai déjà un peu expliqué il y a quelques temps, mes parents n'ont pas été (loin de là) des parents rêvés. Même si je m'en suis assez bien sorti grâce à ma grande soeur qui les a remplaçé, je leur en veux encore de ne pas avoir assuré. Du coup, je n'arrive pas à m'engager dans un couple " normal ". D'un autre côté, je sais que les choses ne se dénoueront pas à ce niveau tant que j'aurais cette colère rentrée. Parfois je me dis qu'il faut que j'en finisse avec ça en l'exprimant mais j'ai aussi peur de faire n'importe quoi. Je crois que le pardon, c'est surtout n'être plus parasité par les rancunes passées et présente. Je suivrai donc cette discussion avec un grand intérêt car je voudrais me débarasser aussi de ce poids du non-pardon.
Jean
Une grande question !
C'est une grande question que vous posez, Horia. Je pense que nous y sommes tous confrontés, peu ou prou. Paradoxalement, je me méfie toujours de certaines personnes qui proclament haut et fort qu'ils ont pardonné. Il y a un certain positionnement de dominant dans ce discours. Il me semble qu'il faut, à l'inverse, beaucoup d'humilité pour parvenir à un pardon authentique. Mais peut-être suis-je injuste ? Pourtant, pour avoir eu des discussions un peu poussées avec ces personnes, j'ai pu me rendre compte qu'il s'agissait souvent d'un pardon de surface dans la mesure ou la plainte était toujours au rendez-vous. Pour ma part, je crois que le pardon demande un important travail sur soi-même et qu'in fine, seul Dieu est capable de pardon véritable. Mais il nous est possible de tendre vers. " Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés " dit le Notre Père. Prendre conscience que nous ne sommes pas sans défaut est peut-être une première étape pour se pardonner soi-même... Je suis un peu comme Charles, j'attends beaucoup de ce partage. Car, dans certaines situations où je me suis véritablement senti trahi, j'ai encore beaucoup de mal à pardonner...
jeanne
Erreur identitaire !
" Pardonnez "-moi Jean mais je ne m'appelle pas Horia (très joli prénom d'ailleurs) mais Jeanne !
Jean
" Pardonnez "-moi, Jeanne !
Autant pour moi ! Il y a certainement une poutre dans mon oeil quelque part pour avoir fait une confusion de cet ordre étant donné mon identité. Mais vous me permettez aussi de comprendre qu'avant de pardonner, il est peut-être bon pour moi que j'ai assez d'humilité pour demander pardon aux personnes que j'ai certainement injustement zappées dans mon existence. Merci !
Cécile
Il ne suffit pas de le dire !
Je rejoins Jean dans la mesure où il ne suffit pas de dire que l'on a pardonné pour que ce soit une réalité. D'autant que pardonner ne signifie pas exempter. Il s'agit peut-être de savoir donner une seconde chance et ne pas enfermer l'agresseur dans son acte. J'ai bien conscience que l'absence de pardon est source de souffrance pour soi et pour l'entourage. Lorsque je sens monter la colère, j'essaie donc de me centrer sur moi. Mais ce n'est pas toujours facile.
Gilbert. R. Psy...
Sortir du couple bourreau victime
Sortir du couple bourreau victime est la proposition que fait Chantal Calatayud, psychanalyste et didactitienne, dans un article qui s'appelle justement " Apprendre à pardonner ". Un article que je trouve très éclairant sur le sujet : http://www.signesetsens.com/psycho-apprendre-a-pardonner-chantal-calatayud.html
Jean-Marc
De belles pistes !
Je viens de lire cet article. Il ouvre vraiment des perspectives dans la mesure où il explique que pardonner n'est pas mission impossible. En même temps, il n'est pas question d'injonction mais avant tout d'un travail sur soi. Ce qui m'a intéressé c'est le fait que l'agresseur est avant tout un insatisfait qui a peur. Il est donc question de ne plus avoir peur de la peur de l'autre...
Lakshmi
Un livre à acquérir !
Si cela vous intéresse, Jean-Marc, je vous invite à acquérir le livre de Chantal Calatayud du même titre. Je l'ai lu plusieurs fois et y trouve toujours de nouvelles raisons de travailler sur le pardon.
Jean-Marc
Volontiers Lakshmi
Merci pour la suggestion, Lakshmi. Ce texte m'a mis en appétit. Je vais me le procurer.
Louis
Quelqu'un qui fait du mal est un malade !
Au fil de mon existence, j'ai appris que celui ou celle qui m'a fait souffrir était en fait un être souffrant lui-même. Il faut en effet être souffrant soi-même pour vouloir faire souffrir autrui. J'ai d'ailleurs ce défaut (de moins en moins j'espère). Peu à peu je n'ai peut-être pas pu tout pardonner mais j'ai récupérer beaucoup d'énergie en me détachant de ce type de personnes pathétiques qui sont devenues plus à plaindre, à mes yeux, qu'à blâmer.
Amélie
Pardon...
Ne croyez pas que je veuille être donneuse de leçon... Car j'ai bien des défauts autant que de limites... Mais ce sujet m'intéresse par rapport à mon histoire, et surtout à ce dont j'ai déjà parlé à plusieurs reprises sur ces forums... La conception peu "ordinaire" de mon fils aîné... Il m'est arrivé bien souvent de penser que sans le positionnement "ouvert et généreux" de mes parents, d'accepter mon "choix" de garder cet enfant et de "m'encourager" à être en accord avec mon choix, autrement dit assumer... Je crois qu'en moi, un processus de pardon s'est mis en place... A 18 ans, on est encore très jeune, avec très peu d'expérience de la vie... Et c'est sûrement la "non colère, le non jugement" de mes parents, qui m'ont "guidée"... Mais à tort ou à raison d'ailleurs... Je pense aussi qu'une "énergie divine" m'a aussi accompagnée... Au fond, peut-être que ce petit être s'est aussi incarné de cette façon, pour nous permettre, parent et grand-parents de "développer" ce "pardon" ? Et peut-être alors, que dans une prochaine vie, il n'y aura plus "nécessité" à vivre ce type de situation... Je crois qu'il y a aussi quelque chose de l'ordre du "mystère divin"... Car Lui pardonne... Avec une majuscule ! Mais quand même, comme nous ne sommes qu'humain, je pense qu'il doit "rester enfoui très profondément, une part "inachevée" de ce pardon... Puisque ma fille, 27 ans, est la seule de sa fratrie, à n'être ni mariée (même si elle a un compagnon, mais ils ne vivent pas complètement ensemble...) ni mère pour l'instant...
Gilbert
L'Esprit Saint " inspire " le pardon
Je crois qu'il a été beaucoup fait allusion à l'Esprit Saint dans ces forums. Votre post, Amélie, m'a beaucoup ému. Je crois qu'il est difficile pour nous - êtres limités " d'accéder à un pardon total. Mais, étant croyant, je suis persuadé que l'Esprit saint nous inspire au pardon. Et je trouve cette intervention assez fabuleuse. Car elle nous aide là où on ne l'attendait pas forcément...
Michèle
Pardonner sans être béni-oui-oui !
Je suis moi aussi persuadée que le pardon est la solution à la paix de l'âme. Pourtant je crois qu'il reste important de savoir discerner le bien du mal. Ainsi, si l'Amour doit toujours l'emporter, il me semble qu'il existe des colères légitimes. J'ai lu dernièrement un texte d'un pasteur qui définissait la sainteté de Dieu comme comportant deux élans libérateurs, la réprobation et la miséricorde en s'inspirant du Psaume 30. 5-6 : Célébrez la mémoire de sa sainteté ! Car son courroux dure un instant, mais sa faveur toute une vie.
Régis
Une discussion très intéressante !
Le sujet du pardon m'intéresse. Je viens donc de m'inscrire sur ce forum que je lisais depuis déjà quelques jours. Je suis très intéressé par les questions religieuses et spirituelles. J'espère pouvoir partager avec vous tous !
Isabelle
Héritage
Voilà sans aucun doute une énorme difficulté dans mon existence ! Et je vois bien, tant il m'arrive souvent encore de "ressasser" certains épisodes de ma vie... Combien ce chemin du pardon, est difficile pour moi aussi ! Depuis quelques semaines, je pense fréquemment à mon père... Et pour être honnête, "je sens au fond de moi", que j'ai encore beaucoup de colère, en lien à la part d'héritage à laquelle j'avais droit... et dont ma belle-mère, s'est "intelligemment chargée de faire disparaître"... Certes, il ne s'agit pas d'être "injuste" à mon tour... J'en ai cependant "reçue" une petite partie, pour laquelle il a d'ailleurs fallu "se bagarrer"... Et même si je sais par le suicide même de celle-ci, 6 mois après le décès de mon père... Qu'elle s'est fait "payer son détournement"... J'ai toujours, à ce jour, de la colère en moi... Dans ces moments-là, je m'applique à voir tous les aspects positifs dont je dispose dans ma vie... Ne serait-ce que le simple fait qu'à aujourd'hui, je suis en vie, en bonne santé, enfants et petit-fils aussi... Et que j'ai aussi à disposition, un confort matériel indéniable, même si je suis loin d'être millionnaire... N'empêche ce pourrait être pire ! Alors... Je remercie Dieu, et je m'excuse d'être aussi injuste dans ma colère... Je crois que ma colère est de plus, très "ambigüe"... Car au fond, de quoi suis-je le plus en colère ? Que mon père me "manque" ou d'un argent familial "détourné"... En écrivant ces lignes... Vu les larmes qui me montent aux yeux... Il s'agit bien d'une question d'un "présent" que je n'accepte pas, tel qu'il est...
Régis
Bonjour Isabelle
Je crois qu'il est important de prendre conscience de l'héritage positif. Quant à celui qui semble négatif, il est là pour nous faire avancer vers plus d'Amour. A nous de le transformer et de ne pas répéter. C'est un moine de l'abbaye de Sénanque qui m'a montré il y déjà pas mal de temps ce chemin vers le pardon. On n'est pas tout seul sur ce chemin. Comme le dit Gilbert, l'Esprit saint nous souffle nos propres réponses. Je ne pensais pas intervenir si vite (je suis tout nouveau)... L'Esprit m'a donc soufflé une réponse grâce à vous. Excellente journée à vous !
Régis
Gilbert
Bienvenu Régis !
Super cadre inspirant que le site de Sénanque. J'ai eu l'occasion de m'y rendre. Soyez donc le bienvenu parmi nous...
Jean-Marc
Un lieu paradisiaque !
Très bel avatar qui anticipe sur le paradis (rires !). Bienvenu également, Régis !
Mireille-cogolin
Je ne suis pas encore parvenue au pardon sincère
Le pardon a toujours posé question à la croyante que je suis. J'ai, par exemple, beaucoup de problèmes avec ma sœur qui recherche souvent le conflit. J'ai fait à plusieurs reprises des démarches de pardon quant à elle mais, comme elle m'insupporte encore énormément, je ne peux que constater que je ne lui ai pas fondamentalement pardonné... J'aimerais être neutre vis-à-vis de ses reproches récurrents - que je trouve vraiment injustifiés. Je travaille des petites astuces mais le résultat n'est pas probant même si je n'oublie pas pour autant que je peux, moi aussi, avoir une poutre dans l'œil qui m'aveugle...
Jean
C'est mon problème aussi !
La poutre dans mon oeil, c'est mon problème aussi. J'en veux encore (même si je suis moins en colère) à certaines personnes de mon entourage professionnel qui ont eu et ont encore un comportement que je ne comprends pas. Il faut donc que je continue à balayer devant ma porte...
yamina.174
Notre " bourreau " peut être un repère quant à soi...
Ce qui est très difficile dans le pardon, c'est le rôle épouvantable que jouent nos affects et nos affects déclenchent malheureusement nos projections... Difficile à ce compte de pardonner aisément. En ce qui me concerne et pour essayer de ne pas en vouloir à celui que je considère comme mon agresseur, quelle que soit la forme que puisse prendre l'agression, je me dis le plus rapidement possible qu'il fait ce qu'il peut avec ses limites psychologiques. Ensuite, je félicite mon âme d'être un peu plus cohérente, respectueuse d'autrui que mon " bourreau "... Après tout, tout interlocuteur peut avoir valeur de miroir et nous permettre de voir où nous en sommes de notre évolution...
Gilbert. R. Psy...
Entièrement d'accord !
Cette notion de miroir, explicité par Yamina, est importante. Je suis entièrement d'accord avec son commentaire !
Allain
Si Gilbert. R. Psy est d
Si Gilbert. R. Psy est d'accord avec Yamina, alors elle va être contente!
Gilbert. R. Psy...
Si vous le dites !:)
Je ne sais pas si elle va être contente. Mais si vous le dites, Allain, je vous fais confiance et tant mieux En tous cas, je n'aurais pas fait mieux qu'elle sur ce coup là !
Orlan
Quand l'inconscient parle...
Bonjour Allain,
Si vous relisez bien linguistiquement le titre de votre commentaire, vous constaterez que Gilbert R. " aide " !!!
Orlan
Ma façon singulière de pardonner
Je sais que ce que je vais dire peut faire tiquer les psys mais je me lance : à choisir et selon moi, il vaut encore mieux être victime que bourreau... Même si certains psys vont sûrement me reprendre en me disant que toute victime cache un bourreau potentiel... Mais tant pis : je resterai tout de même sur ma position !
Régis
Un chemin christique !
Jésus a été une victime. Pourtant, on ne peut pas dire qu'il ait été maso. En ce qui me concerne, je préfère suivre son chemin, même s'il n'est pas toujours facile, que celui de ses bourreaux. Les psys vont peut-être me mettre dans une grille de lecture, mais tant pis. Question de Foi !
Sofia M
Le pardon est noble en son principe mais...
... En son essence, le pardon accordé à l'autre n'est jamais qu'une libération pour soi...
Christine-zen
Ce n'est déjà pas si mal
Je comprends votre raisonnement Sofia M mais, bien que je ne sois pas psy, je pense que d'être libérée de cette tension qui ronge de l'intérieur tant que nous n'avons pas pardonné permet de ne pas faire grossir la haine...
iverlaine
Accepter la différence pour pardonner
Même si ce n'est pas simple à mettre en place, je pense que pardonner nécessite d'accepter toutes les différences car, tant que nous voulons réduire l'autre à soi, nous lui en voulons de ne pas rentrer dans notre moule. Je sais que certains pourraient m'opposer le fait qu'on n'a pas à accepter les trahisons, l'irrespect, etc mais pour autant il n'y a pas deux êtres humains qui se ressemblent sur terre et contre cette évidence nous ne pouvons rien... D'ailleurs, pardonner ne signifie ni accepter ni se résigner. Pardonner prend en compte les multitudes d'incarnations, leurs qualités et ce qui nous apparaît être des défauts. Dans le registre d'évènements tragiques comme les attentats qui ont tué ou blessé à vie, il me semble que la seule façon de pardonner consiste à se dire que ces actes barbares sont le résultat d'une lourde pathologie mentale chez ceux qui les ont pratiqués... Or, un malade psychiatrique reste un malade psychotique...
Régis
La maladie mentale existe !
Votre post, Iverlaine, me fait penser au témoignage d'un enfant martyrisé par ses parents qui a maintenant 21 ans. Son histoire a fait la une des medias il y a une dizaine d'années lors d'un procès qui a accusé des innocents. Il assure qu'il est impossible pour lui de pardonner à ses parents même s'il tente de se reconstruire en s'occupant - via une association - d'enfants vivant la même détresse. Cette notion de maladie mentale me paraît importante car elle existe - et dans tous les milieux ! Elle reste un grand mystère mais fait effectivement de gros dégâts dans le monde. Une interrogation pour moi !
Cécile
Il faut parfois une foi solide pour pardonner !
Certaines personnes traînent des " casseroles " existentielles très lourdes à porter effectivement. Pour eux le pardon est une sacrée difficulté. Il me semble qu'il doit falloir une foi solide pour y parvenir. J'ai ouvert ma Bible et suis tombé sur ce verset de Genèse 39 20-21 qui dit " Joseph demeura dans la prison. Mais l'Eternel fut avec lui et lui témoigna sa bonté ". Je pense à tous ceux, de part le monde, qui sont emprisonnés à tort à cause de la folie des hommes. Et il y en a...
jeanne
Je ne regrette pas de vous avoir posé ma question sur le pardon
La richesse des réflexions de chacun s'est largement exprimée dans cette discussion et cette lecture m'a déjà soulagée car je me suis sentie comprise. Il paraîtrait que je ne suis donc pas la seule à être peu douée pour le pardon... Ce n'est cependant pas une raison pour que je m'accorde les circonstances atténuantes ! D'ailleurs, vos posts et autres témoignages contiennent des pépites à travailler... J'espère bien les intégrer pour vivre davantage en paix...
Charles
Vous avez même eu une belle inspiration !
Comme vous Jeanne, je me sens moins seul et j'ai là aussi de quoi m'améliorer comme à chaque fois !